Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
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Une idée toute simple :

un rideau de bulles d'air permet de sauver des poissons et des phoques, et d'épargner un temps précieux

personnes et un joint à la cale sèche, détails dans le texte qui suit l'image

Avant l'installation du rideau de bulles d'air, des phoques se faufilaient souvent dans la cale sèche d'Esquimalt. Ici, un visiteur est gentiment escorté hors de la cale afin que les travaux de réparation d'un navire puissent commencer.

Le nouveau rideau de bulles d'air utilisé à la cale sèche d'Esquimalt permet de sauver des centaines de saumons et d'assurer le bon fonctionnement du chantier maritime.

La cale sèche, qui appartient à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC), est située à Victoria (Colombie-Britannique). Il s'agit d'une installation de réparation de navires de renommée mondiale. Mesurant plus de 350 m de long (la longueur de trois terrains de football) et près de 40 m de large (largeur supérieure à celle du canal de Panama), la cale sèche peut accommoder 90 % de tous les navires de haute mer actuels. TPSGC loue ses installations à des chantiers maritimes privés qui y réparent les traversiers de la société BC Ferries, des paquebots de croisière et d'autres navires. Environ 70 embarcations y sont conduites chaque année.

Des visiteurs non désirés

Jusqu'à tout récemment, des visiteurs non désirés faisaient leur entrée dans la cale sèche en même temps que les navires. Une fois toute l'eau retirée, des dizaines de poissons et, à l'occasion, des phoques se retrouvaient prisonniers, échoués sur le plancher de la cale sèche.

Il s'agissait d'un problème de taille : des employés devaient inciter les phoques à gagner des nacelles de sauvetage, puis les transporter au moyen d'une grue au-dessus des murs de la cale sèche pour les remettre à l'eau.

« C'était toute une aventure que de les sortir de là, indique Daryl Lawes, coordonnateur des services environnementaux pour TPSGC à Victoria. Ils essayaient de mordre nos balais et il fallait jusqu'à six employés pour les remettre en liberté. »

Les poissons posaient toutefois un problème encore plus grand. M. Lawes explique qu'une association locale de pêcheurs à la ligne relâche des saumons dans une marina voisine, et les efforts visant à faire revenir les poissons dans le port et les rivières adjacentes ont entraîné une hausse considérable de leur population. Pour les saumons, la cale sèche grisâtre ressemblait un peu trop à l'embouchure d'une rivière et les attirait en grand nombre.

Dès que l'eau était vidée, une vingtaine d'employés chaussés de bottes de caoutchouc devaient parcourir en tous sens le plancher de la cale, munis de filets, pour ramasser les poissons. Les propriétaires de navires ne pouvaient qu'observer la scène, mécontents de perdre un temps précieux, tandis que les employés, parfois par centaines, étaient réduits à l'attente.

Le point tournant s'est produit il y a environ un an et demi lorsqu'un navire est entré en cale sèche vers 23 h. Une fois l'eau retirée, près de 150 saumons (pesant de 20 à 25 kg chacun) s'agitaient sur le plancher.

Bill Anderson, opérateur de quai à TPSGC, se souvient s'être fait dire d'enfiler ses cuissardes. « Il y avait des poissons partout, raconte-t-il. Je n'en avais jamais vu autant. On nous a demandé d'essayer de sauver les cohos femelles. Nous avons travaillé jusqu'à 4 h du matin, tandis que tous les travaux de réparation étaient mis en suspens. »

Une solution géniale

tuyaux à la cale sèche, détails dans le texte qui suit l'image

Un tuyau noir longe les parois et un tuyau blanc, le fond de la cale sèche d'Esquimalt. Ils libèrent de l'air qui forme un rideau de bulles et empêche les poissons et les phoques d'entrer dans le bassin en même temps que les navires.

C'est à M. Anderson, qui a déjà travaillé dans le secteur des pipelines, qu'on a demandé de trouver une solution au problème. Ses recherches l'ont amené à adapter aux fins de la cale sèche un rideau de bulles d'air utilisé sur les lieux de certains barrages et écloseries. Un tuyau a été installé le long des parois de 25 m de haut et du plancher. Une série de trous, espacés d'environ 60 cm, ont été percés dans le tuyau, sur lequel on a ensuite placé un manomètre.

Le projet a été toute une expérience et a valu à M. Anderson le surnom de « Bubble Boy ». « Je me suis beaucoup fait taquiner. Les gens n'étaient pas convaincus que ça allait fonctionner. Moi non plus! »

Pourtant, ce fut un franc succès. À l'approche d'un navire, un tour de manivelle force l'évacuation d'air par les petits trous, ce qui crée un rideau de bulles. Les saumons s'en éloignent et les phoques, curieux de nature, sont attirés par cette chose étrange mais ne la franchissent pas.

M. Lawes souligne qu'il n'y a eu aucune plainte depuis la mise en place du rideau. Selon lui, le véritable test aura lieu à l'automne lorsque les saumons reviendront dans le secteur pour le frai, mais il demeure optimiste. Et puis, cette solution qui permettra d'immenses économies n'aura coûté en tout et pour tout que 700 $.

« C'est une véritable réussite, indique M. Lawes. Tout le monde est satisfait. Parfois, les solutions les plus simples s'avèrent les meilleures! »