Marmouset d’un homme vert : un nouveau projet pour le sculpteur du Dominion

Juin 2016

Créer des marmousets d’hommes verts, ornés de cornes et de feuillage : une journée comme une autre dans la vie de Phil White, sculpteur du Dominion du Canada.

Un homme dans un atelier est assis devant une imposante sculpture de pierre illustrant un hibou.

Phil White, sculpteur du Dominion

M. White travaille à la Direction de la conservation du patrimoine de la Direction générale des biens immobiliers de Services publics et Approvisionnement Canada, le ministère fédéral responsable de l’entretien des édifices du Parlement. Il est le sculpteur officiel du Canada depuis 2006.

Au Canada, seulement cinq personnes ont occupé les fonctions de sculpteur du Dominion depuis que le poste a été établi en 1936. Ce rôle avait été créé pour concrétiser la vision de l’architecte de l’édifice du Centre, John Pearson. Dans ses plans de conception, Pearson avait inclus quelque 3 000 blocs de pierre intacts à l’extérieur de l’édifice du Centre et environ 2 500 de plus à l’intérieur. Les pierres avaient été laissées intouchées pour que les futures générations de sculpteurs puissent y graver la représentation continue de l’histoire et de la culture du Canada pour des décennies et même de siècles à venir.

L’un des sculpteurs du Dominion les plus connus a été Eleanor Milne, la seule femme à avoir occupé le poste. Eleanor a été nommée en 1962 et a pris sa retraite en 1993. Au nombre de ses œuvres les plus marquantes, mentionnons 12 vitraux représentant les provinces et les territoires du Canada, la restauration du plafond en lin de la Chambre de communes et la réalisation d’une sculpture en pierre calcaire de 120 pieds représentant l’histoire du Canada.

Depuis 2006, M. White met à profit sa propre créativité dans le cadre du rôle qu’il joue. Comme le temps a laissé sa marque sur les édifices, il doit consacrer des efforts plus importants à la conservation et à la restauration. Cependant, il sculpte toujours des statues, des portraits et des œuvres décoratives et continue de graver notre histoire dans les pierres de l’édifice du Centre.

Mais qu’en est-il donc des hommes verts dans cette histoire? Le lien avec le sculpteur du Dominion commence à prendre un sens lorsqu’on sait que l’expression « homme vert » désigne une sculpture architecturale d’un visage orné d’un feuillage quelconque. Pour ce qui est des marmousets, ils désignent des sculptures représentant des figures humaines ou animales, déformées et fantastiques. L’édifice du Centre du Parlement compte à lui seul près de 900 de ces créatures perchées tout en hauteur sur ses murs extérieurs.

Les marmousets peuvent être effrayants, comiques et même joyeux. Si vous partez à leur recherche, vous les trouverez décorant les églises, les universités, les hôtels de ville et, bien entendu, les édifices du Parlement du Canada.

Le sculpteur du Dominion s’est intéressé aux marmousets lorsque la Monnaie royale canadienne lui a fait une proposition intéressante : concevoir trois pièces de monnaie à partir de sculptures architecturales que l’on retrouve sur la Colline du Parlement.

De nombreux choix de sculptures s’offraient à lui : les édifices parlementaires sont ornés de faune et de flore canadienne, de dinosaures, de licornes, de personnages historiques et plus encore. Personne ne les connaît aussi bien que le sculpteur officiel du Canada.

Après avoir sélectionné quelques œuvres, M. White a soumis une douzaine d’esquisses, principalement de flore et de faune, à la Monnaie royale canadienne. Après de nouvelles discussions, cette dernière a déterminé qu’elle voulait présenter des images médiévales sur les pièces de monnaie.

Le sculpteur du Dominion a réexaminé les nombreuses sculptures des édifices du Parlement, s’attardant particulièrement à celles qui comportaient des éléments médiévaux. Son choix s’est finalement arrêté sur les hommes verts, que l’on retrouve sur les édifices du Centre et de l’Est.

Il a alors préparé des dessins en s’inspirant des trois marmousets. Traduire des sculptures tridimensionnelles en bas-relief constituait un nouveau défi. La Monnaie royale canadienne a bien aimé ses esquisses. L’étape suivante consistait à consulter les graveurs.

Les graveurs et M. White ont discuté longuement des outils et des techniques qui auraient été utilisés à l’époque pour sculpter les hommes verts sur la pierre et de la meilleure façon de reproduire ces marmousets sur les pièces de monnaie.

Les graveurs étaient maintenant prêts à passer à l’étape de production et, à la fin de ce projet qui a duré une année, la première pièce de monnaie a été présentée en janvier. La série est complète et vous pouvez voir le résultat sur le site Web de la Monnaie royale canadienne, où les trois pièces de monnaie sont en vente.

Comme les pièces de monnaie sont achetées par des collectionneurs et des amateurs de pièces de monnaie, nos trois hommes verts auront la chance de voyager bien au-delà des murs des édifices du Parlement. Cette toute première collaboration entre la Monnaie royale canadienne et le sculpteur du Dominion fera connaître une petite part de la magie et des qualités artistiques de ces magnifiques édifices à un nouveau public.

Dessin en noir et blanc d’un visage masculin d’allure sauvage

Esquisse du marmouset d’un homme vert

Dessin en noir et blanc du visage d’un jeune homme avec des cornes recourbées sur la tête

Esquisse du marmouset d’un homme vert cornu

Dessin en noir et blanc d’un visage masculin tirant la langue, délimité par du feuillage

Esquisse du marmouset d’un homme vert feuillu

Questions au sculpteur du Dominion

Pourquoi la préservation du patrimoine est-elle importante?

Je crois qu’il est important de connaître notre passé et de savoir d’où nous venons. Par exemple, l’édifice du Centre est au cœur de notre identité nationale. Il a établi l’orientation de notre pays et sur ses murs est gravée notre histoire. Comme le dit si bien l’expression : « Ceux qui oublient les erreurs du passé sont condamnés à les répéter ».

Qu’aimez-vous le plus de votre travail?

La créativité et l’emplacement; pouvoir me servir d’un tel espace de premier plan (les édifices du Parlement) comme toile vierge. J’ai la possibilité de créer de nouvelles sculptures à un endroit où il n’y en avait pas, et je jouis d’une belle liberté artistique pour le faire. C’est une chance incroyable. J’aime aussi l’aspect de recherche qui s’y rattache. J’apprends une foule de choses différentes.

Décrivez-nous l’un de vos projets préférés.

Il me faut choisir la conception des nouveaux autels pour les Livres du Souvenir dans la Chapelle du Souvenir. Il s’agit de l’un des rares espaces pour lesquels nous disposons d’une grande quantité de renseignements fournis par l’architecte. Je voulais respecter ses intentions du point de vue de l’espace, et apporter ma contribution d’une façon significative sans pour autant empiéter sur la conception artistique de la pièce. Je désirais aussi respecter le sujet de la chapelle, soit des dizaines de milliers de gens qui ont donné leurs vies pour leur pays.

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