Présenté par
Ken Vollman
Président
Office national de l'énergie
Forum mondial sur la réglementation de l'énergie
Washington, D.C.
10 octobre 2006
Enjeux mondiaux liés au gaz naturel
Je contribuerai à notre discussion sur les enjeux liés au gaz naturel en offrant le point de vue d'un organisme canadien de réglementation.
Vu le thème de notre discussion, je tenterai de présenter ce point de vue dans un contexte nord-américain et mondial.
Après avoir dressé un portrait du gaz naturel au Canada, j'aborderai cinq grands enjeux.
Deux diapositives décriront le contexte dans lequel s'inscrit chacun des enjeux. Étant donné que de tracer un portrait détaillé de chaque enjeu prendrait certainement plus de dix minutes, je concentrerai mes propos sur les éléments qui méritent le plus d'attention. Je serai heureux de répondre aux questions durant la discussion qui suivra ma présentation.
Je dois d'abord mentionner que la production canadienne de gaz naturel, en rouge, est la troisième dans le monde, après celles de la Russie et des États-Unis.
Parlons maintenant de la place du Canada dans l'offre nord-américaine de gaz naturel.
La production du Canada est illustrée en rouge, celle des États-Unis en bleu et celle du Mexique en vert.
Le gaz naturel produit au Canada continuera de jouer un rôle important pour l'Amérique du Nord.
À l'heure actuelle, le Canada répond à un quart de la demande nord-américaine de gaz naturel.
Nous pouvons donc nous demander quel sera le rôle du Canada dans les années à venir.
Voici un graphique représentant notre perspective de la production canadienne de gaz naturel. J'aimerais attirer votre attention sur deux éléments :
Le Canada dispose de vastes ressources en gaz naturel non classique, dont le méthane de houille, le gaz de réservoir étanche et le gaz provenant des régions pionnières. En outre, un certain nombre d'emplacements sont à l'étude pour l'installation de terminaux méthaniers. Le rythme de mise en valeur sera défini par certains facteurs, dont le besoin d'investir de façon importante dans l'infrastructure, les avancées technologiques, ainsi que les climats d'investissement et de réglementation.
Nota : Ce scénario a été créé par l'ONÉ après consultation auprès d'une variété de parties prenantes. Il ne constitue pas une prévision de l'ONÉ.
Je dois d'abord parler de l'utilisation croissante, en Alberta, de gaz naturel pour extraire le pétrole des sables bitumineux.
On trouve au Canada d'énormes gisements de bitume, déposés dans les vastes sables bitumineux de l'Alberta. Selon les estimations de l'organisme de réglementation provincial de l'Alberta, plus de 300 milliards de barils de pétrole pourraient être extraits de ces gisements. À l'heure actuelle, on considère le gaz naturel comme le meilleur combustible pour produire les immenses quantités d'énergie thermique nécessaires à l'extraction de la ressource.
Quoi qu'il en soit, nous croyons que le besoin en gaz naturel pourrait tripler au cours de la prochaine décennie et continuer d'augmenter par la suite.
Bien que la production de gaz demeurera probablement stable, l'Alberta exportera moins de gaz en raison des besoins croissants dans le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien.
Le secteur examine présentement des changements fondamentaux éventuels touchant les procédés d'extraction et de valorisation, ce qui pourrait freiner la croissance de l'utilisation.
Parlons maintenant de l'utilisation croissante de gaz naturel pour produire de l'électricité en Amérique du Nord.
Ce graphique illustre la capacité de production ajoutée aux É.-U. depuis 1990. La capacité de production au gaz naturel est illustrée en rouge, le reste en jaune.
Au Canada et aux É.-U., la presque totalité de l'augmentation récente de la capacité de production est attribuable aux nouvelles installations de production au gaz naturel. En effet, plus de 160 000 MW de production au gaz naturel ont été ajoutés depuis 2000.
Ces installations ont été construites en partant de l'hypothèse que le gaz naturel était abondant en Amérique du Nord et que les prix du gaz naturel seraient relativement peu élevés.
Les secteurs du gaz naturel et de l'électricité n'ont jamais été aussi intimement liés. Bien que le rythme de la croissance ait ralenti dernièrement, on perçoit toujours un esprit de « ruée vers le gaz ».
En général, aucune des deux hypothèses ne s'est concrétisée. Au contraire, l'offre est relativement serrée et les coûts sont plus élevés que par le passé.
Je vous invite à vous attarder à ce graphique un peu plus tard. Il vise simplement à illustrer qu'en hiver (les ovales rouges), la production d'électricité au gaz naturel est inhibée par l'utilisation du gaz naturel à d'autres fins (le chauffage des espaces commerciaux et résidentiels, par exemple).
Cela soulève des questions quant à la place que nous devrions accorder à la production d'électricité au gaz naturel pendant l'hiver.
L'utilisation croissante du gaz naturel dans la production d'électricité a bien d'autres ramifications.
En voici quelques unes parmi les plus importantes, dont la volatilité des prix. Pensons aussi à la flexibilité que doivent démontrer les organismes de réglementation dans leurs processus visant à répondre aux nouveaux besoins des fournisseurs et des consommateurs. Entre autres, des tarifs ou des mesures de flexibilité tenant compte de l'emplacement pourraient devenir nécessaires.
Le troisième enjeu est celui de l'augmentation inévitable des importations de GNL en Amérique du Nord.
Des graphiques comme celui-ci, qui illustrent bien comment le marché imagine le développement de projets éventuels, vous sont probablement familiers.
En utilisant des flèches d'une taille proportionnelle aux importations qu'elles représentent, j'ai tenté d'illustrer les occasions que cherche à saisir le marché et que le total de ces occasions pourrait faire décupler la capacité de regazéification actuellement installée.
Au Canada, le GNL est tout nouveau. J'ai donc très hâte de connaître votre expérience durant ce congrès.
On peut facilement anticiper certaines répercussions de son arrivée.
Il faut noter la volatilité des prix, le besoin de nouvelles infrastructures et l'émergence du gaz comme produit de base mondial.
Il faut aussi parler de l'évolution des axes d'écoulement du gaz naturel sur le continent.
L'Amérique du Nord s'approvisionne en gaz naturel dans quatre grandes régions.
Plus de la moitié de la demande nord-américaine provient de régions éloignées de la ressource.
C'est ce qui explique l'importance des nombreux grands pipelines qui sillonnent le continent.
Les axes d'écoulement changent avec le temps, ce qui amène le besoin constant de modifier l'infrastructure pipelinière.
Cette diapo vise simplement à illustrer les changements observés dans les bassins au cours de deux années seulement. Pouvez-vous imaginer l'amplitude des changements à l'infrastructure auxquels nous devons nous préparer pour les 10 ou 20 prochaines années?
Les changements à l'infrastructure touchent souvent au moins deux pays. Il est donc important de maintenir et d'améliorer les ententes institutionnelles de coordination entre la FERC et l'ONÉ ou entre la FERC et la CRE.
En dernier lieu, je désire aborder les changements pour lesquels nous, organismes de réglementation, devrions nous préparer.
Selon certaines prévisions, il est raisonnable de croire que la demande nord-américaine de gaz naturel pourrait s'accroître de 16 Gpi3/j d'ici 2020. On ne prévoit pas que l'offre provenant de sources classiques augmentera de plus de 2 Gpi3/j. Il faut donc prévoir un déficit d'environ 14 Gpi3/j.
Bien sûr, nous ne serons pas à la recherche de 14 Gpi3/j. Mais d'où viendront-ils?
Répondre à de telles questions nous permet de découvrir si nous, organismes de réglementation, sommes prêts à traiter les propositions concurrentes qui nous seront soumises. Comment le ferons-nous? Les règles sont-elles prêtes? Sont-elles connues? Ces règles sont-elles équitables et justes pour tous les participants? Quelle est la place des organismes de réglementation dans l'établissement des politiques?
Tout ce qui est en rouge, à gauche, représente la croissance prévue de la demande de gaz naturel en Amérique du Nord. Cependant, il faut surtout s'attarder à ce qui est en bleu, à droite, et qui représente les sources d'énergie nécessaires pour combler le déficit. En général, les prévisionnistes comptent sur l'approvisionnement en gaz naturel provenant de l'Alaska (la quatrième colonne) et en GNL (la cinquième colonne), qu'ils considèrent comme des éléments fondamentaux de la solution.
Peut-être ne partagez-vous pas cette opinion, mais j'espèce qu'il s'agit là d'un bon point de départ qui nous permettra de poser certaines questions.
Les enjeux et leurs conséquences que j'ai abordés aujourd'hui proposent des défis stimulants aux organismes de réglementation. Je me permets de clore ma présentation avec quatre défis qui consistent à concilier:
Enfin, je persiste à croire que le rôle des organismes de réglementation se déploie en deux volets: celui de protéger et d'habiliter ce qui, selon moi, signifie qu'il faut atténuer les effets négatifs du développement énergétique tout en habilitant les résultats positifs. Peut-être que les conditions actuelles affecteront les consommateurs de telle sorte que le rôle d'habilitation prendra de l'importance aux yeux du public.