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Bibliothèque nationale du Canada
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Janvier / Février
2001
Vol. 33, no 1

SAVOIR FAIRE
La vie d'un écrivain 

Susan Globensky, Services de recherche et d'information

Linda Hoad et Catherine Hobbs
Linda Hoad (à gauche) et Catherine Hobbs.

La nouvelle saison de SAVOIR FAIRE a débuté le 19 septembre 2000 par une présentation très instructive sur la Collection des manuscrits littéraires de la Bibliothèque nationale. Les conservatrices Linda Hoad et Catherine Hobbs ont présenté « La vie d'un écrivain : Les manuscrits littéraires de la Bibliothèque nationale du Canada », un aperçu fascinant de la vie et des œuvres d'écrivains canadiens à travers leurs manuscrits, documents et objets divers.

Nombreux étaient les visiteurs venus entendre Mme Linda Hoad. Elle a débuté sa conférence par un bref historique de la Collection, dont l'origine remonte au legs fait par le poète et éditeur primé Arthur Stanley Bourinot en 1969. Avec Bernard Amtmann, un éminent négociant en livres anciens et amateur de documents canadiens, Bourinot a contribué à l’acquisition des fonds qui formeraient la base de ce qui allait graduellement devenir une importante collection de manuscrits. Guy Sylvestre, l'administrateur général de la Bibliothèque nationale du temps, accorda son soutien au projet et incorpora la Collection des manuscrits littéraires dans sa vision de la Bibliothèque nationale du Canada.

De ses modestes débuts, à l’aube des années 1970, la Collection grandit par à-coups, souvent assujettie au climat financier de l'époque. L’opulence de la fin des années 1970 et des années 1980 permit un grand nombre d'acquisitions. La Collection se développe de façon spectaculaire et inclut maintenant les fonds de Carol Shields, Phyllis Webb, Michel Tremblay et Roger Lemelin, pour n'en mentionner que quelques-uns.

Livres

Catherine Hobbs a poursuivi la présentation par une explication claire des critères d'acquisition de la Collection. La Bibliothèque nationale cherche à acquérir les manuscrits, documents de travail, articles de correspondance, œuvres de jeunesse et documents connexes d'écrivains canadiens dans les deux langues officielles. De plus, la Bibliothèque rassemble les documents de travail et documents éphémères d'individus et d'organisations appartenant au domaine de la littérature et de l'édition canadienne. En tenant compte des contraintes budgétaires perpétuelles, Mme Hobbs a expliqué comment les acquisitions éventuelles sont étudiées avec soin et évaluées en rapport avec le mandat de la Collection avant que la Bibliothèque nationale n’entame des négociations avec les écrivains.

Mme Hobbs a fait remarquer que l'acquisition de manuscrits dépend parfois d'un certain degré de chance  --  l’accessibilité simultanée aux manuscrits et au financement. Citant l'exemple de la romancière et poète Elizabeth Smart, Mme Hobbs a raconté comment la pure chance, un appel téléphonique fait au hasard, et l'aide d'une subvention à la propriété culturelle canadienne ont mené à l'importante acquisition du fonds de Mme Smart, dont une holographie unique et très convoitée de By Grand Central Station I Sat Down and Wept.

Mme Hoad a souligné l'importance de la Collection pour la culture, la littérature et l'érudition canadiennes. La Collection des manuscrits offre un aperçu unique de la vie et des pratiques créatrices tant des nouveaux écrivains canadiens que de ceux qui sont déjà reconnus. Les spécialistes peuvent retracer la genèse d'une oeuvre littéraire grâce à ses nombreuses ébauches et révisions. Les annotations sur un manuscrit, par exemple, révèlent souvent les détails de l'inspiration et de l'évolution du travail d'un écrivain. Ainsi, Mme Hoad a montré la première page du roman Stone Diaries de Carol Shields, qui contient des commentaires et suggestions faits par ses deux filles. D'autres documents d'un écrivain peuvent refléter les événements et priorités d'une période donnée de sa carrière. Quoique des talons de billets, des affiches et autres composants éphémères d'un fonds puissent dérouter les meilleurs efforts des catalographes, de tels articles représentent néanmoins des repères importants dans la vie et la carrière de ceux qui les ont collectionnés.

Invités
Choix de documents tirés de la Collection des manuscrits littéraires.

De maintes façons la Collection accentue aussi la vocation solitaire de l'écrivain. Cet isolement, une condition inévitable du métier, en a conduit plusieurs à rechercher interaction, critique et réconfort dans leur correspondance avec des amis et collègues. Une partie de la correspondance de Michael Ondaatje sollicitait les suggestions d'amis, qu'il utilisait ensuite pour donner forme à son œuvre. Pour plusieurs écrivains, la correspondance constitue une partie essentielle de la démarche artistique.

La Collection des manuscrits littéraires est extrêmement précieuse pour la recherche spécialisée. Ainsi, beaucoup de chercheurs utilisent la Collection pour faciliter la compilation de bibliographies étoffées. En fait, la recherche savante est une activité importante qui bénéficie au fonds en retour : cette recherche approfondie permet souvent en effet un niveau supérieur de catalogage descriptif des fonds. Ainsi, le fonds de Marie-Claire Blais fut fondamental à la préparation du livre Marie-Claire Blais: An Annotated Bibliography d'Irène Oore et Oriel C.L., paru chez MacLennan (Toronto, ECW Press, 1998).

D'autres chercheurs universitaires utilisent la Collection pour préparer des documents biographiques sur un écrivain en particulier. Ainsi, François Ricard, qui a reçu ultérieurement un prix pour son ouvrage, a consulté le fonds Gabrielle Roy pour compiler Gabrielle Roy, une vie : biographie (Montréal, Boréal, 1996); les fonds de la famille Moodie-Strickland-Vickers-Ewing ont joué un rôle essentiel dans la recherche de Charlotte Gray pour son livre Sisters in the Wilderness: The Lives of Susanna Moodie and Catherine Parr Traill (Toronto, Viking, 1999). Même si certaines restrictions relatives à la vie privée peuvent s'appliquer à un fonds, les biographes jouissent souvent de l'accès à un vaste éventail de notes, à de la correspondance et à des documents éphémères disponibles pour consultation.

La présentation s'est terminée par une brève période de questions, après quoi l'audience a été invitée à examiner une exposition d'objets sélectionnés dans les divers fonds de la Collection. Des manuscrits littéraires de Gabrielle Roy et Carol Shields, des documents de travail et des cartes postales du fonds Michael Ondaatje, ainsi que quelques objets inhabituels  --  comme une fascinante collection de cuillers à thé « subtilisées » dans plusieurs cafés parisiens par des membres de Coach House Press  --  couronnèrent une présentation instructive et divertissante.