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Septembre / Octobre
2001
Vol. 33, no 5

SAVOIR FAIRE
Le passé au grand écran :
Le Canada : une histoire populaire

Risë Segall, Services de recherche et d’information

Hubert Gendron et Monica MacDonald
Hubert Gendron et Monica MacDonald.

Dans le cadre de la série de séminaires SAVOIR FAIRE présentés par la Bibliothèque nationale du Canada, la présentation en mai, qui a fait salle comble, a offert à son auditoire un point de vue fascinant des coulisses de la série télévisée appréciée, de CBC et de la Société Radio-Canada, intitulée Le Canada : une histoire populaire. M. Hubert Gendron, réalisateur-coordonnateur de la série, et Mme Monica MacDonald, coordonnatrice de recherche des Archives nationales du Canada, ont parlé du processus complexe de la production de la série et de leur utilisation des collections de la Bibliothèque nationale du Canada et des Archives nationales du Canada.

M. Hubert Gendron a entamé la présentation en partageant avec l’auditoire les principes fondamentaux qui ont guidé l’élaboration de la série télévisée. L’objectif principal consistait à créer une série diffusée pendant l’heure de grande écoute, qui pourrait être accessible au plus grand nombre possible de téléspectateurs et de téléspectatrices. Pour assurer le succès de la série, on estimait qu’il était important d’aborder la réalité selon laquelle il n’y avait pas qu’une seule histoire du Canada, mais plusieurs.

Selon l’endroit où ils ont fait leurs études, les Canadiens et Canadiennes ont été exposés à divers programmes d’études, présentant des points de vue différents de l’histoire. Pour illustrer ce point, M. Hubert Gendron a partagé une anecdote personnelle. Ayant étudié au Québec dans les années 50, le seul Howe que M. Gendron ait connu au cours de sa jeunesse n’a pas été Joseph Howe, l’homme réputé de l’histoire, mais le célèbre joueur de hockey Gordie Howe.

Dès le début, on avait pris une autre décision fondamentale, soit celle de présenter exactement le même contenu dans la version française, Le Canada : une histoire populaire, et dans la version anglaise, Canada: A People’s History.

Afin de relever le défi de susciter l’intérêt public à l’égard d’une série axée sur ce que M. Gendron a décrit en trois mots apparemment somnifères, soit « documentaire », « histoire » et « Canada », on a pris certaines décisions-clés. On s’est ainsi inspiré d’un principe directeur créatif de la série, selon lequel on allait présenter l’histoire en donnant la parole aux personnes qui l’avaient vécue. Il n’y aurait donc pas d’historiens et historiennes à l’écran. Ainsi, on raconterait l’histoire selon une approche journalistique, en présentant des témoignages, des photographies et des textes historiques.

M. Hubert Gendron a précisé que la décision qui avait suscité le plus de débats et de controverse pour l’équipe de production avait été celle d’avoir recours à des comédiens et à des comédiennes jouant devant la caméra et dont le dialogue reposait sur des textes et des documents historiques. Pour prendre cette décision, ils se sont inspirés de deux documentaires historiques américains très touchants : The Civil War, produit par M. Ken Burns pour PBS, et Liberty! The American Revolution. Après cette décision-clé d’utiliser des témoignages et des documents historiques pour donner vie à l’histoire, le prochain défi consistait à rechercher les voix appropriées, les textes et les images pour accomplir le travail.

Lorsque M. Gendron a parlé de la réalisation de l’un des premiers épisodes de la série, il a illustré le défi de trouver la bonne voix pour raconter l’histoire. Il s’agissait de l’épisode qui portait sur un élément important dans la société de la Nouvelle-France du XVIIe siècle, soit le Régiment de Carignan-Salières. M. Gendron avait écrit le script, mais il n’avait pu trouver de témoin de la campagne d’hiver désastreuse du Régiment contre les Iroquois. En se reportant à une note en bas de page dans une histoire du Régiment, il a découvert le témoignage personnel qui donnerait vie à ce moment historique : le Marquis de Salières, le bon commandant, qui exprimait sa fureur en voyant ses hommes condamnés à une mort certaine. Une copie du document original était disponible aux Archives nationales du Canada.

Monica MacDonald a décrit la diversité des documents conservés à la Bibliothèque nationale du Canada et aux Archives nationales du Canada qui ont appuyé ses efforts de recherche pour la production de la série. Elle a utilisé les ressources de la Bibliothèque nationale tant pour la recherche de base que pour trouver les textes appropriés aux fins d’utilisation dans les scripts. Les documents officiels ont été une bonne source pour fournir des comptes rendus de première main des hommes politiques de l’époque. En effet, les Débats de la Chambre des communes ont fourni du matériel sur l’insurrection du Nord-Ouest, plus communément appelée la « Rébellion ». Dans les Documents de la session de la Chambre des communes, on a puisé des rapports d’agents du gouvernement sur tout, de l’insurrection du Nord-Ouest aux plans concernant l’immigration.

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Monica MacDonald a précisé que les documents qui avaient été les plus utiles pour la production de la série télévisée étaient souvent ceux qui avaient un attrait visuel et textuel. Ces documents comprenaient entre autres les affiches, les journaux et les brochures. Habituellement placardées et lues à voix haute, les affiches servaient souvent, à cette époque, à diffuser de l’information. Dans l’épisode « La bataille de l’Amérique », on montre la Proclamation royale de 1763 conservée dans la Collection des livres rares de la Bibliothèque nationale. Il reste moins de une douzaine d’exemplaires connus de la Proclamation, dont seulement deux au Canada. De même, on a utilisé un exemplaire du rapport Durham provenant de la Collection des livres rares de la Bibliothèque nationale pour tourner la série. Mme MacDonald a affirmé qu’elle s’était beaucoup servie de la collection des journaux de la Bibliothèque nationale du Canada, tant des exemplaires sur microfilm que des exemplaires imprimés, à des fins textuelles et visuelles. En fait, les journaux ont très bien reflété les idées et les préoccupations de diverses périodes et ont constitué une source riche concernant le débat et la rhétorique politiques.

Pour terminer, Hubert Gendron a fait quelques commentaires sur l’accueil très positif de la série par le public et sur le rôle inestimable d’établissements du patrimoine tels que la Bibliothèque nationale du Canada et les Archives nationales du Canada. M. Gendron a affirmé que le succès de la série faisait foi du vif intérêt que les Canadiens et Canadiennes portaient à leur histoire et à leur patrimoine. Il a reconnu les efforts formidables de la Bibliothèque nationale et des Archives nationales pour acquérir et conserver notre patrimoine pour les historiens et historiennes et les chercheurs et chercheuses. En effet, le défi omniprésent auquel les établissements voués au patrimoine doivent faire face, c’est de soutenir l’intérêt du grand public, qui a si positivement répondu à la série télévisée.