Sauter les liens de navigation (touche d'accès : Z)
Bibliothèque nationale du Canada
Page d'accueil BNC EnglishContactez-nousAideRecherche BNCGouvernement du Canada

Couverture du Bulletin  Article précédentSommaireArticle suivant


Septembre / Octobre
2002
Vol. 34, no 5

« Une besogne d’une difficulté plus qu’ordinaire » : Douglas Brymner et la création des Archives nationales, 1872-1902

Don Carter, Services de recherche et d'information

Le séminaire SAVOIR FAIRE de mai, intitulé « " Une besogne d’une difficulté plus qu’ordinaire : Douglas Brymner et la création des Archives nationales, 1872-1902 » a été présenté par Glenn Wright. M. Wright est un historien des Archives nationales du Canada qui prépare actuellement une histoire des Archives. Il était auparavant archiviste et historien aux Archives nationales (1975-1991), à la Défense nationale (1991-1992) et à la Gendarmerie royale du Canada (1992-2000).

Durant cette fascinante présentation, M. Wright a partagé le fruit de ses recherches sur Douglas Brymner, le premier archiviste national du Canada. Il a résumé, des plus efficacement, le rôle de pionnier de M. Brymner dans la création des Archives nationales du Canada.

Douglas Brymner est né en Écosse en 1823, où il a reçu une éducation classique. Il est arrivé au Québec où, en 1858, il s'est d'abord lancé dans l'agriculture et la politique municipale. Ses talents le conduisirent en 1865 à devenir éditeur de la revue The Presbyterian et, plus tard, éditeur associé du Herald de Montréal.

M. Wright a parlé de l'Archives Movement au Canada dans les années 1870. En décembre 1870, Henry Miles, professeur occasionnel au Collège Bishop’s, a parlé devant la Société littéraire et historique de Québec (SLHQ) du besoin d'archives canadiennes. Plus tard, en 1871, à la demande de la SLHQ, Miles a rédigé une pétition pour le Parlement, signée par 60 « auteurs et investigateurs littéraires », dans le but d'assurer la conservation et l'accessibilité des documents d'archives au Canada.

En 1872, le gouvernement a réagi en allouant des fonds en vue de créer un poste pour Douglas Brymner au ministère fédéral de l'Agriculture, où il passerait la moitié de son temps au « service des Archives publiques » et l'autre moitié sur les statistiques agricoles. Brymner disposait de trois chambres vides dans l’édifice de l’ouest; même s'il n'avait aucun assistant ni documents, il entreprit ses fonctions avec enthousiasme. Brymner observa que c'était « une besogne d’une difficulté plus qu’ordinaire ».

L'auditoire a appris que M. Brymner avait commencé par examiner les vieux dossiers du gouvernement à Toronto, Montréal, Québec, Fredericton, Saint-Jean et Halifax. Il a trouvé une très vaste collection de dossiers militaires à Halifax et réussit à les acquérir pour les Archives. En 1873, à Londres, en Angleterre, Brymner a examiné les nombreuses collections de dossiers reliés au Canada conservés dans les bureaux du gouvernement, et décida qu'il était important de rendre ces collections et d'autres conservées à Paris accessibles aux chercheurs du Canada en les faisant recopier. Au milieu des années 1870, Brymner se consacra avant tout à indexer les dossiers militaires britanniques qu'il avait acquis.

M. Wright raconta ensuite comment le renouveau du programme des Archives a commencé à la fin des années 1870. Le changement de gouvernement à l'automne de 1878 libéra les fonds nécessaires à Brymner pour instaurer le programme de copie à Londres, en Angleterre. Ce programme, qui allait demeurer en tête des priorités de la Direction des Archives durant les années 1890, commença par la transcription par des copistes locaux des documents de sir Frederick Haldimand et du Colonel Henry Bouquet conservés par le British Museum. Une fois les volumes complétés, ils furent reliés et envoyés à Ottawa, où Brymner les indexa. Plus tard, la copie des documents du Public Record Office fut entreprise.

Au mois de juillet 1883, un assistant a été engagé : Joseph Marmette est devenu responsable du programme de copie d'archives à Paris. Marmette a dressé le bilan des collections et fait la liste des volumes trouvés à Paris traitant du Régime français au Canada. Le programme de copie y a connu des débuts modestes en 1891. Après la mort de Marmette en 1895, Édouard Richard a continué le travail à Paris jusqu'en 1903. Le programme de transcription manuelle à Londres et à Paris a continué jusqu'à ce que la technologie du microfilm soit adoptée au début des années cinquante, pour faciliter le processus de reproduction.

M. Wright a insisté sur le fait que même si Douglas Brymner a concentré ses efforts sur le programme de copie, il a aussi travaillé à acquérir des publications de toutes catégories sur l'histoire canadienne. Brymner « se voyait comme l'architecte d'une collection de référence gigantesque d’ouvrages canadiens, une collection plus étendue et plus complète que toute autre collection existante ». Le conférencier a ajouté : « Dès le tout début, en 1872, Brymner savait que les archives étaient essentielles à l'étude de l'histoire, et que si les Canadiens voulaient comprendre leurs origines et leur évolution, il était important de conserver les dossiers historiques et de les rendre accessibles aux chercheurs. »

Durant son exposé, l'orateur s'est référé à maintes reprises aux nombreux obstacles rencontrés par Brymner, y compris des locaux inadéquats, un personnel restreint, des budgets limités et un incendie en 1897. Il a expliqué que plusieurs tentatives avaient été faites pour intégrer les Archives à la Bibliothèque du Parlement.

Il a aussi raconté l'histoire fascinante de la rivalité entre Brymner et le Gardien des archives, au Secrétariat d'état (Henry Morgan, puis Alphonse Audet). En 1868, le ministère avait la responsabilité de prendre soin des dossiers de l'État. Alphonse Audet fit appel à la coopération de ceux qui étaient « favorablement disposés à faciliter l'établissement des archives du Canada sur une base durable ». En 1892, une commission royale remarqua la nature similaire des travaux de Brymner et Audet. Après un incendie en 1897, une enquête du ministère recommanda qu'une seule personne soit désignée comme Gardien des archives et qu'on trouve un édifice à l'épreuve du feu pour abriter et donner accès à ces archives.

Même si le gouvernement n'a pas donné suite à ces recommandations, l'un des commissaires de l'enquête, Joseph Pope, fit régulièrement la promotion des idées présentées dans les recommandations des commissaires. Douglas Brymner mourut en 1902; en 1904, Arthur Doughty fut nommé Archiviste fédéral et Gardien des archives. Trois ans plus tard, un nouvel édifice était construit pour abriter les Archives publiques du Canada.

M. Wright a déclaré que « pendant les trente ans où il a occupé son poste, Douglas Brymner fit un travail remarquable ». Au cours de ces 30 ans, « les bases furent mises en place, des pratiques et des principes furent élaborés, les archives s'assurèrent une place dans les préoccupations de l'État, des dossiers historiques importants et de grande valeur furent conservés et rendus disponibles, l'histoire s'écrivit et les archives se firent graduellement une place dans le paysage culturel national ».

Après la présentation, le conférencier fit les remarques suivantes : « Quoique la plus grande partie de ma recherche soit basée sur des ressources venant des archives, j'ai aussi fait appel à la Bibliothèque (nationale) pour les rapports gouvernementaux publiés, les journaux, les revues et les ouvrages généraux de référence. La Bibliothèque nationale est une ressource extraordinaire  --  ressemblant beaucoup au rêve de Douglas Brymner de créer un grand entrepôt de l'information  --  et je suis reconnaissant de pouvoir travailler dans un environnement qui me met en contact à la fois avec les dossiers d'archives non publiés et les documents publiés de la Bibliothèque. »

Présentée par les chercheurs et le personnel de la Bibliothèque nationale du Canada, la série de séminaires SAVOIR FAIRE, qui sont offerts en français et en anglais, est conçue pour :

  • mettre l’accent sur les activités de recherche à la Bibliothèque nationale
  • décrire les initiatives du personnel visant à créer l'accès aux collections de la Bibliothèque nationale, et
  • favoriser l'échange et l'interaction sur des thèmes liés aux études canadiennes.

Pour plus de renseignements à ce sujet et au sujet de tout autre programme public de la Bibliothèque nationale du Canada, consultez le site Web de la Bibliothèque à www.nlc-bnc.ca.