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Septembre / Octobre
2002
Vol. 34, no 5

L'incendie de Miramichi en 1825 : un examen minutieux de l'évènement à la Bibliothèque nationale du Canada

Tom Tytor, Services de recherche et d'information

Quand Alan MacEachern du département d'histoire de l'Université Western d'Ontario a vu pour la première fois la note en bas de page de Man and Nature par George Perkins Marsh (New York, C. Scribner, 1864), elle a piqué sa curiosité. La référence à l'ampleur et à l'intensité de l'incendie de Miramichi l'a incité à effectuer une recherche sur tous les aspects du grand incendie.

M. MacEachern s'est attelé à la tâche de découvrir les causes et les effets de la conflagration, comment les colons ont réagi, et pourquoi il a été oublié. Sa recherche fut toutefois gênée par le manque de documentation pertinente, même si ce fut l'un des plus grands feux de forêt enregistrés par l'histoire de l'Amérique du Nord. Les sources qu'il a consultées incluent des journaux du début du 19e siècle au Nouveau-Brunswick, les histoires locales du Nouveau-Brunswick moderne, la littérature de voyage et d'émigration du 19e siècle, et les registres de l'Office des colonies. M. MacEachern a mentionné en particulier la grande utilité de Notre mémoire en ligne (www.canadiana.org), une bibliothèque numérique en direct de textes intégraux produits par l'Institut canadien de microreproductions historiques (ICMH) (www.nlc-bnc.ca/cihm).

Alan MacEachern a utilisé une image cartographique pour familiariser l'audience nombreuse et attentive à la région de Miramichi, au nord-est du Nouveau-Brunswick, au début du 19e siècle. Deux villages, Chatham et Newcastle, avaient été établis à cet endroit. Avant que la Grande-Bretagne ait besoin de bois de construction pour ses bateaux durant les Guerres napoléoniennes, peu d'Européens vivaient dans la région. Les forêts de pins blancs et d'épinettes rouges, combinées à l'accès à l'Océan Atlantique, ont attiré les immigrants vers l'industrie forestière.

Les premiers signes du désastre imminent sont apparus à la fin de l'après-midi du 7 octobre 1825, quand une énorme colonne de fumée s'élevant au-dessus des bois a été signalée. À dix-neuf heures, ce soir-là, des débris enflammés avaient été observés. Les rapports ne s'entendent pas sur la direction prise par les flammes, pas plus que sur la description des dimensions, de la vitesse et de la durée du feu de forêt. Il y eut aussi des comptes rendus d'incendies à la périphérie de l'incendie principal. On ne sait pas avec certitude combien il y a vraiment eu d'incendies ni l'étendue du terrain brûlé. Durant les 25 ans suivant l'incendie, les rapports s'entendaient généralement pour dire que le territoire dévoré par le brasier était de plus de 15 000 kilomètres carrés, environ un cinquième de la province.

Contredisant les détails d'autres comptes rendus, une lettre de Thomas Baillie, commissaire des terres de la Couronne pour le Nouveau-Brunswick, datée du 31 octobre 1825, minimise l'importance des effets de l'incendie sur le bois de construction, affirmant que seule une petite proportion avait été détruite, que l'incendie était limité en étendue, et que les dommages étaient insignifiants. Il se pourrait que Baillie, qui occupait le poste de commissaire depuis moins d'un an, n'ait pas voulu dissuader les bûcherons anglais de venir travailler dans le nord-est du Nouveau-Brunswick. La description de Baillie est unique parmi les descriptions découvertes par M. MacEachern, tant celles qui furent écrites à l'époque de l'incendie que celles de la génération suivante.

Il y a diverses causes possibles à cet incendie. Les bûcherons ont été blâmés : immédiatement après l'abattage des arbres, ceux-ci étaient écorcés, taillés et équarris, environ le tiers de l'arbre abattu étant laissé en arrière comme matière inflammable. Le défrichement des colons impliquait de rouler les arbres restants en piles, les faire brûler, empiler ce qui restait, le brûler encore, et ainsi de suite. Avant l'invention de l'allumette, il était difficile de produire de la combustion. Il était donc courant de laisser des flammes à découvert à l'intérieur et à l'extérieur, résultant en fréquents incendies accidentels. La foudre est une autre cause possible.

Résultat de l'incendie, le village de Newcastle a été détruit : plusieurs milliers ont été laissés sans foyer ou se sont noyés en se lançant précipitamment dans la rivière pour échapper aux flammes. Peu de temps après l'événement, on a estimé que 160 personnes étaient mortes dans l'incendie; toutefois, comme il y avait environ 3 000 bûcherons dans la forêt à ce moment-là, le nombre peut avoir été plus élevé.

Malgré l'ampleur de la destruction, il semble que plusieurs arbres demeurèrent indemnes. Newcastle fut reconstruit, et Alexander Rankin, qui avait précédemment dominé l'économie du village, avait rebâti son commerce de bois en 1829. Un article paru dans un journal de Chatham à l'été de 1826 déclare que des incendies majeurs avaient lieu dans la région, ce qui signifie qu'une quantité considérable d'arbres étaient restés debout. Les forêts luxuriantes, écologiquement diverses et résistantes du Nouveau-Brunswick colonial furent donc capables de se rétablir rapidement d'elles-mêmes. L'industrie forestière n'avait pas été ruinée, comme plusieurs l'avaient craint à ce moment-là.

Si la dévastation eut sans aucun doute un effet économique sur l'industrie forestière de Miramichi, il est difficile d'en évaluer l'impact exact car la Grande-Bretagne était alors en récession; la demande était donc moins forte pour le bois de construction, dont le prix baissait. La situation fut aussi affectée par la décision du gouvernement britannique d'informer l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, le 8 octobre 1825, que la colonie ne recevrait pas d'aide financière. De plus, durant les décennies après 1825, l'industrie forestière du Nouveau-Brunswick s'est concentrée dans le nord et l'ouest, loin de la région de Miramichi.

Selon l'article d'un journal de Chatham, un service religieux a commémoré le premier anniversaire de l'incendie de la région boisée. Avec la réapparition de la forêt et la relance de l'économie, toutefois, l'observance de cet anniversaire à l'église a été de plus en plus négligée, exemple de la facilité avec laquelle les événements de 1825 ont été oubliés.

Alan MacEachern rédige présentement une historie de l'incendie de Miramichi, qui sera publiée ultérieurement. Pour plus de renseignements concernant l'incendie, veuillez communiquer avec :

M. Alan MacEachern
Département d'histoire
Université Western Ontario
London (Ontario) N6A 5C2
Courriel : amaceach@uwo.ca

Les présentations SAVOIR FAIRE ont lieu à 15 h (des rafraîchissements sont servis à 14 h 30) le troisième mardi de chaque mois, dans la pièce 156 de la Bibliothèque nationale du Canada, au 395 de la rue Wellington à Ottawa. L'admission est gratuite. Pour vous renseigner sur les présentations à venir, visitez le site Web de la Bibliothèque nationale du Canada et cliquez sur « Activités culturelles », ou téléphonez au (613) 992-9988 ou au 1-877-896-9481 (sans frais au Canada).