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Septembre / Octobre
2002
Vol. 34, no 5

Discours de l’honorable Landon Pearson, sénatrice Lancement du Forum international sur la littérature canadienne pour la jeunesse : « Lire me sourit » Bibliothèque nationale du Canada, le 2 avril 2002

Votre Excellence, monsieur Carrier, chers collègues du Comité directeur, mesdames et messieurs :

Je suis enchantée d’assister ici aujourd’hui au lancement de « The Fun of Reading  -  Lire me sourit », par lequel la Bibliothèque nationale célèbrera bientôt la littérature canadienne pour la jeunesse et les jeunes lecteurs de partout. C’est une idée merveilleuse, à laquelle je suis très heureuse d’être associée.

Le monde imaginaire créé par la littérature pour enfants a été décrit par Paul Hazard, un critique français, comme la République de l’enfance, un monde qui échappe aux barrières linguistiques ou politiques. Lorsque j’étais enfant, avant la Seconde Guerre mondiale, je revenais à la maison chaque semaine de la bibliothèque de quartier, transportant avec moi le monde entier sous forme de mythes, de légendes, de contes de fées et de contes populaires.

Trente ans avant que nous n’allions vivre à New Delhi en tant que famille diplomatique et quarante ans avant que nous n’arrivions à Moscou, j’ai joué avec l’enfant Krishna sur les rives du Gange et j’ai été effrayée par Babi Yaga dans les profondeurs de la forêt russe. Cependant, je n’avais pas été en mesure d’aller très loin au Canada.

Maintenant, cependant, les livres canadiens pour enfants sont parmi les meilleurs du monde et mes petits-enfants ont un lien affectif avec les dimensions de notre pays qui dépassaient ma compréhension lorsque j’étais enfant. Bien entendu, l’histoire et l’immigration au cours des 70 dernières années ont grandement enrichi notre tissu national et je suis convaincue que les politiques éclairées du Conseil des arts du Canada, maintenant le ministère du Patrimoine canadien, ainsi que de la Bibliothèque nationale du Canada elle-même, ont aidé à créer le grand nombre de livres dont nos enfants peuvent maintenant profiter.

Toutefois, nous n’allons pas simplement célébrer tous les livres qui ont été écrits au Canada au cours des dernières années, nous allons également célébrer le plaisir de lire. Et quelle est la meilleure façon de faire en sorte que les enfants aiment la lecture ? Ce sont les parents et d’autres adultes près de l’enfant qui doivent faire la lecture aux bébés et aux tout-petits en les berçant dans leurs bras et en leur montrant les images et les mots. Mes parents l’ont fait pour moi, nous l’avons fait pour nos enfants, et nos enfants eux aussi le font à leur tour pour leurs enfants. Lorsque les livres leur rappellent une tendre caresse et un moment de partage heureux, les enfants apprennent à lire avec plaisir et le monde se révèle à eux.

Certes, les écoles ont un rôle essentiel à jouer dans l’apprentissage de la lecture, mais l’alphabétisme, dans le plein sens du mot, débute dès les premières années de la vie, lorsque l’imagination de l’enfant est captivée par les images évocatrices des contes qu’on leur lit à voix haute.

Maxime Gorky, l’écrivain russe qui a soutenu la littérature jeunesse pendant les années les plus sombres de l’ère soviétique, comprenait par expérience l’importance des livres. Si son enfance lui a paru moins misérable, c’est grâce à sa grand-mère affectueuse qui lui racontait des histoires et lui laissait lire des livres. « Comme des oiseaux sortis des contes de fée, les livres me chantaient leurs chansons », a-t-il écrit plus tard.

Les livres que nous célébrerons l’an prochain seront surtout des oeuvres littéraires, et c’est le pouvoir libérateur de l’art que je tiens à mettre en valeur aujourd’hui. Il existe au Canada une multitude de bons ouvrages documentaires sur toutes sortes de sujets, qui s’adressent aux enfants. On trouve des ouvrages de vulgarisation scientifique et d’histoire ainsi que des livres de travaux pratiques sur à peu près n’importe quoi. En règle générale, ces ouvrages ne stimulent toutefois pas l’imagination de la même manière que la littérature. Or, c’est en touchant l’imagination de l’enfant qu’un bon livre produit une étincelle et fait la différence, comme Emily Dickinson l’a écrit, « là même où se trouve le sens ».

C’est à un Français que l’on doit l’expression « la république de l’enfance », mais c’est un artiste russe, et cela n’a rien d’étonnant, qui a parlé du rôle de l’art et de la littérature dans « l’écologie de l’âme humaine », nous rappelant que ce qui façonne l’âme d’un enfant n’est pas tant le fait scientifique que la terre est ronde mais le miracle et l’enchantement que suscitent son infinité et ses possibilités.

Merci.

Sénatrice Landon Pearson
Conseillère auprès du ministre des Affaires étrangères pour les droits des enfants
Représentante personnelle du premier ministre à la session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU sur les enfants