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Novembre/Décembre
2002
Vol. 34, no 6

SAVOIR FAIRE
Au delà de l’humour

Amy Fisher, Services de recherche et d’information

Cette première présentation de SAVOIR FAIRE de la saison 2002-2003, intitulée « Au delà de l’humour : L’histoire de la bande dessinée au Canada anglais et au Québec », a été donnée par John Bell et Michel Viau. Elle était accompagnée d’une exposition de magazines de bandes dessinées tirés des collections de la Bibliothèque nationale et de la collection privée de M. Viau. En plus de célébrer l’histoire des magazines de bandes dessinées au Canada, la présentation a aussi servi d’introduction au nouveau site Web de la Bibliothèque nationale Au delà de l’humour (un complément au site antérieur Protecteurs du Nord).

John Bell est archiviste principal et conservateur aux Archives nationales du Canada. Il est l’auteur de Canuck Comics : A Guide to Comics Published et était auparavant le conservateur du site Protecteurs du Nord. En 1996, il a fait don de la John Bell Canadian Comic Book Collection à la Division des livres rares de la Bibliothèque nationale. Michel Viau est l’auteur de BDQ : Répertoire des publications de bandes dessinées au Québec des origines à nos jours, et un collaborateur régulier au site Web BD Québec. Il est rédacteur en chef du magazine d’humour Safarir. Jamie Martin, du groupe de travail de la Bibliothèque numérique du Canada, a aidé à la navigation dans le site Web pendant la présentation des deux conférenciers.

Les bandes dessinées au Canada anglais

M. Bell a entamé la portion anglophone de la présentation par une brève discussion des bandes dessinées et des raisons qui les rendent dignes d’attention et d’étude. Il a suggéré qu’en plus d’agir comme un reflet du climat social, les bandes dessinées sont une forme d’art unique, combinant une imagerie frappante à une économie de texte pour raconter leurs histoires. La progression des bandes dessinées d’un élément de culture populaire à la forme d’art sérieuse qu’elles sont devenues a servi de base à l’examen historique sur le site Web.

Plusieurs des premières bandes dessinées du Canada anglophone furent l’oeuvre de dessinateurs de bandes dessinées politiques tels J. W. Bengough et Henri Julien. Les bandes dessinées actuelles ont émergé au tournant du siècle; les premières furent créées par des artistes canadiens tels Palmer Cox et Raoul Barré (même si plusieurs de ces artistes ont poursuivi leur carrière sur le marché américain, plus lucratif). L’un des premiers à créer et à continuer à dessiner une bande dessinée à succès au Canada fut Jimmy Frise, dont le « Birdseye Centre » a d’abord paru dans le Star Weekly, puis dans le Montreal Standard (sous le nom de « Juniper Junction ») pendant plus d’un quart de siècle.

Les livres de bandes dessinées sont apparus au début des années 1930 avec l’arrivée de personnages tels que Superman. M. Bell a mentionné comment l’interdit en temps de guerre sur les biens étrangers non essentiels a empêché les livres de bandes dessinées américaines d’atteindre les lecteurs canadiens, permettant aux livres et personnages produits au Canada de s’épanouir. La panique sociale qui est survenue à la fin des années quarante et durant les années cinquante sur l’influence négative possible des bandes dessinées sur leurs lecteurs a entraîné d’abord une législation régissant le contenu du livre de bandes dessinées, puis une décision de l’industrie du livre de bandes dessinées de « faire le ménage ». Ces actions ont produit des publications largement expurgées, un contraste frappant par rapport à la gamme étendue de bandes dessinées disponibles dans les décennies précédentes.

Cela a changé radicalement vers le milieu des années 1960, quand les livres de bandes dessinées canadiennes ont refait surface, inspirés de livres de bandes dessinées destinés à un public adulte et explorant la culture clandestine. Durant les années 1970, les bandes dessinées exploitant des genres autres que les histoires conventionnelles sur le super-héros ont commencé à paraître. Ces nouveaux genres incluaient la science-fiction, le fantastique et les histoires de détectives.

M. Bell a discuté ensuite de l’ascension et de la chute de l’industrie de la bande dessinée alternative au Canada durant les années 1980 et des tendances actuelles dans l’édition de la bande dessinée canadienne, telle la parution de Drawn and Quarterly.

Il a ensuite pris quelques moments pour signaler certaines caractéristiques intéressantes du nouveau site, dont une galerie où l’on peut jeter un coup d’œil sur les bandes dessinées de différentes époques, une page « Créer une bande dessinée », une liste de sites connexes et une bibliographie.

Les bandes dessinées au Canada français

Lors de sa présentation, M. Viau a mis l’accent sur l’histoire des bandes dessinées québécoises. Comme dans le cas des bandes dessinées anglophones, plusieurs des premiers dessins humoristiques ridiculisaient les personnalités politiques. La popularité des bandes dessinées s’est accrue au tournant du siècle, période de lancement de plusieurs grands journaux canadiens-français. L’une des bandes dessinées les plus réussies du temps fut « Les Aventures de Timothée », qui commença à paraître dans La Patrie en 1904. Après un répit des bandes dessinées durant la Première Guerre mondiale, elles ont recommencé à paraître dans les suppléments de fin de semaine des journaux. À cause du grand nombre de bandes dessinées américaines, ce fut difficile pour plusieurs bandes dessinées québécoises de trouver un marché; parmi celles qui ont réussi, citons « Oncle Pacifique », de Vic Martin, et « La Mère Jassette » de H. Christin. Durant la Dépression, les bandes dessinées québécoises n’ont pas autant suivi la tendance vers le réalisme que celles des autres parties de l’Amérique du Nord, même s’il y en eut quelques exemples.

En marge de l’édition dans la ligne du courant dominant, la majorité des bandes dessinées apparaissant dans la première moitié du 20e siècle furent produites par des organisations et des groupes religieux désireux d’idéaliser une société québécoise traditionnelle. Assez bizarrement, la levée de l’embargo sur les bandes dessinées américaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale a stimulé la production de bandes dessinées au Québec, contrastant avec l’effet de la levée de l’embargo sur le Canada anglophone. Durant et après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses bandes dessinées visaient particulièrement les jeunes gens.

Le changement au sein de la société québécoise durant les années 1960 et 1970 a affecté aussi les bandes dessinées. Dès les années 1970, les titres, qui visaient non pas les enfants mais les jeunes adultes, ont utilisé la satire et la critique pour défier la société. Tout au long de ces années, la percée des bandes dessinées québécoises dans la presse populaire fut difficile. Toutefois, la reconnaissance de ce médium s’est accrue en tant que forme sérieuse d’art : des bandes dessinées ont été exposées au Salon international de la caricature en 1971; le « Festival de la bande dessinée de Montréal » fut tenu chaque année de 1975 à 1978; et le Musée d’art contemporain de Montréal a présenté une rétrospective des bandes dessinées québécoises en 1976.

Un autre phénomène fut la parution de magazines de bandes dessinées. Le magazine Croc, né en 1979 et publié pendant 15 ans, fut une vitrine efficace pour les bandes dessinées québécoises (les autres incluant Titanic, Iceberg, Bambou, et, évidemment, Safarir).

À la fin des années 1980 et dans les années 1990, auteurs et créateurs ont commencé à se regrouper en associations d’auteurs pour assurer une promotion plus efficace de leur travail. Cette même période a aussi connu une résurgence du mouvement des bandes dessinées clandestines. L’émergence, ces dernières années, des Éditions Mille-Îles, a fourni un nouveau véhicule essentiel de distribution de bandes dessinées québécoises en tous genres. Grâce à l’intérêt d’éditeurs européens et américains, de plus en plus d’auteurs rejoignent un public de plus en plus large. La publication anglophone Drawn and Quarterly a permis aux créateurs québécois d’atteindre un public anglophone plus large.

Pour en savoir plus sur les livres de bandes dessinées canadiennes, consultez les sites Web de la Bibliothèque nationale Au delà de l’humour à www.nlc-bnc.ca/comics et Protecteurs du Nord à www.nlc-bnc.ca/superheroes.

Les présentations de SAVOIR FAIRE se tiennent à 15 h le troisième mardi de chaque mois dans la pièce 156 de La Bibliothèque et les Archives du Canada, 395, rue Wellington à Ottawa. L’entrée est gratuite. Pour vous informer sur les présentations à venir, consultez le site Web de la Bibliothèque nationale du Canada et cliquez sur « Activités culturelles », ou appelez au (613) 992-9988 ou 1-877-896-9481 (sans frais au Canada).