Avril 2003
Division de l'épidémiologie et
de la surveillance du VIH/sida
Centre de prévention et de contrôle des maladies
infectieuses
Direction générale de la santé de la population et
de la santé publique
Le VIH et le
sida au Canada - Rapport de surveillance en
date du 31 décembre 2002
108 pages - (517 KB)
ISSN 1488-1926 - (En direct) ISSN 1701-4166
La Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida et la Division de la surveillance des rétrovirus du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (CPCMI) de Santé Canada sont heureuses de vous présenter Le VIH et le sida au Canada : rapport de surveillance au 31 décembre 2002.
La Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida est chargée d'analyser toutes les données, de rédiger le présent rapport et d'en coordonner la publication. La Division travaille en étroite collaboration avec la Division de la surveillance des rétrovirus, qui gère la collecte des données de surveillance sur le VIH et le sida.
Une tendance devra être surveillée au cours des prochains mois. Il s'agit de la hausse du nombre de tests positifs pour le VIH signalés au CPCMI en 2001 et 2002. Cette hausse, qui a atteint 17 % depuis 2000, pourrait être attribuable à une combinaison de facteurs, dont l'augmentation des déclarations, du nombre de tests effectués ou du taux de nouvelles infections.
Certaines données indiquent que l'augmentation du nombre de tests positifs déclarés serait en partie imputable au plus grand nombre de tests effectués. Par exemple, en janvier 2002, Citoyenneté et Immigration Canada a mis en œuvre une nouvelle politique relative au dépistage du VIH chez les immigrants et les réfugiés, politique qui a eu des répercussions sur les déclarations de tests positifs au Canada. La section I, Le VIH au Canada, renferme de plus amples renseignements sur cette politique.
Il faut mentionner que dans le présent rapport, le nombre de tests positifs pour le VIH signalés avant 1995 a été modifié en raison d'une épuration des données amorcée par la Saskatchewan en juin 2002. La section I, Le VIH au Canada, fournit des détails sur la méthode d'épuration et les raisons de l'exclusion de cas.
De plus, il est important de souligner que les données du Québec sur le sida contenues dans le présent rapport sont limitées à la période prenant fin le 30 juin 2002 et non à celle se terminant le 31 décembre 2002. La section III, Le sida au Canada, contient de plus amples renseignements à ce sujet.
Il faut mentionner que dans le cas du Québec, le nombre de résultats positifs pour le VIH est fondé sur le nombre minimum de personnes séropositives. Le lecteur est prié de se reporter à la partie Limites des données de la section Notes techniques pour avoir plus d'explications à cet égard.
Depuis le rapport de mi-année, d'autres changements ont été apportés au rapport pour le rendre plus facile à comprendre et à utiliser. L'une des principales améliorations est le recours à une nouvelle méthode d'importation et de gestion des données sur le VIH, qui a permis l'obtention de nouveaux renseignements et la mise à jour correspondante de l'ensemble des données. Les changements les plus notables pour le lecteur sont i) une réduction du nombre de tests positifs pour le VIH pour lesquels le sexe est inconnu; ii) l'ajout de nouvelles rangées aux tableaux sur le VIH pour s'assurer que tous les cas dont l'âge est inconnu sont inclus; et iii) des renseignements plus précis sur les déclarations effectuées entre 1985 et 1997 attribuables à une transmission par du sang ou des produits sanguins ou par contacts hétérosexuels.
Le rapport renferme également iv) des tableaux à présentation modifiée ainsi qu'un nouveau tableau indiquant l'origine ethnique dans la section II, Rapport du Programme de surveillance périnatale du VIH au Canada; v) un tableau à présentation modifiée sur l'origine ethnique dans la section III, Le sida au Canada; et vi) trois nouveaux tableaux indiquant la catégorie d'exposition dans la section IV, Mortalité due au VIH/sida au Canada. Nous avons également fait en sorte que les sections du rapport soient les mêmes d'une année à l'autre pour mieux orienter le lecteur vers les tableaux qui l'intéressent et avons ajouté des commentaires sur le rapport que nous avons reçu lors de la dernière Rencontre nationale sur la surveillance du VIH, du sida et des ITS, qui s'est tenue en mars de cette année.
Il existe une ressource qui peut faciliter l'interprétation du rapport et qui s'intitule Guide des termes d'usage dans la surveillance et l'épidémiologie du VIH/sida. On peut également consulter Les Actualités en épidémiologie sur le VIH/sida, qui dressent le bilan de la situation actuelle du VIH et du sida au Canada et sont accessibles auprès de la Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida, sur le site Web des publications de la Division ou par le biais du centre de documentation sur le VIH/sida. Leurs adresses respectives figurent à l'intérieur de la couverture du rapport.
Nous travaillons constamment à l'amélioration du rapport et apprécions toujours vos commentaires et suggestions.
Veuillez agréer nos sincères salutations,
Dana C. Reid, MSc |
Jonathan Smith, MSc |
Introduction
Le rapport de surveillance présente les données de surveillance sur le VIH et le sida transmises par les provinces et les territoires canadiens au Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (CPCMI) en date du 31 décembre 2002. La présente section décrit, figures et commentaires à l'appui, les principales observations tirées des données; elle est suivie de tableaux détaillés faisant état des données de base.
Les données de surveillance sur le VIH et le sida présentées dans le rapport n'englobent que les personnes qui ont consulté pour subir un test de dépistage ou recevoir des soins médicaux. Le nombre de tests positifs pour le VIH donne un aperçu des personnes qui ont subi un test de dépistage, dont la maladie ou l'infection a été diagnostiquée et dont la séropositivité à l'égard du VIH a été déclarée. Il ne représente toutefois pas le nombre total de personnes vivant avec le VIH (prévalence) ni les nouvelles infections survenant chaque année (incidence). De même, le nombre de cas de sida déclarés représente ceux qui ont consulté pour obtenir des soins, chez qui le sida a été diagnostiqué et qui ont été signalés au CPCMI. Le nombre de cas de sida déclarés ne représente donc pas l'incidence véritable du sida.
Données de surveillance du VIH
En tout, 52 640 résultats positifs pour le VIH ont été déclarés au CPCMI depuis que le dépistage de l'infection à VIH a débuté au Canada, en novembre 1985. Le nombre de tests positifs signalés chaque année a chuté de près de 30 % pendant une période de 5 ans, passant de 2 985 en 1995 à 2 120 en 2000. Toutefois, en 2001, ces chiffres ont légèrement progressé, pour atteindre 2 182, puis ont grimpé à 2 473 en 2002. Ainsi, depuis le creux enregistré en 2000, le nombre de tests positifs pour le VIH signalés au CPCMI a connu une hausse de 17 % (tableau 1).
Bien que la majorité des tests positifs pour le VIH chez les adultes concernent des hommes, la proportion attribuée aux femmes augmente chaque année. Depuis 1985, les femmes représentent 14,3 % du total cumulatif des sujets positifs pour le VIH parmi les adultes dont le sexe est connu. Cette proportion a progressé chaque année depuis que la déclaration des résultats positifs pour le VIH a débuté. Les femmes représentaient 11,4 % des cas positifs déclarés parmi les adultes durant la période allant de 1985 à 1996, 24,3 % en 1999 et 25,4 % en 2002 (tableaux 3B et 3C).
La proportion des déclarations qui concernent des hommes adultes âgés de 30 à 39 ans décline de façon constante depuis 1997, étant passée de 45,5 % en 1997 à 39,7 % en 2002. Cependant, la proportion des déclarations relatives à des hommes de 40 à 49 ans et de 50 ans et plus va croissant. Entre 1985 et 1996, ces proportions étaient respectivement de 18,1 % et de 6,8 %, et à la fin de 2002, elles étaient de 29,9 % et de 12,9 % (tableau 3B, figure 1). Les proportions observées chez les hommes jeunes (de 15 à 29 ans) sont demeurées relativement stables depuis 1997. En 2002, la proportion attribuée à ce groupe était de 17,5 %. Le pourcentage des déclarations chez les femmes adultes qui concernent des femmes jeunes (de 15 à 29 ans) était cependant de 32,1 % en 2002. Il faut également souligner que tout comme les déclarations concernant les hommes adultes, la proportion de déclarations chez les femmes de 40 à 49 ans est en hausse, étant passée de 11,3 % entre 1985 et 1996 à 20,1 % en 2002.
Comme l'illustre la figure 2, la proportion de tests positifs pour le VIH chez les adultes qui sont attribués à l'injection de drogues a poursuivi son recul graduel en 2002, s'établissant à 23,6 % comparativement à un pic de 33,7 % en 1997. La proportion dans la catégorie d'exposition hétérosexuelle1, qui était en hausse constante, progressant de 9,1 % en 1985-1996 à un sommet de 32,6 % en 2001, a fléchi légèrement jusqu'à 29,9 % en 2002. Après avoir reculé en 2001 pour s'établir à 36,1 %, la proportion de tests positifs dans la catégorie des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSH) a atteint 41,5 % en 2002 (tableau 4A, figure 2).
1 Nota : La catégorie d'exposition hétérosexuelle comprend trois sous-catégories : contacts sexuels avec une personne à risque, avec une personne originaire d'un pays de profil II et avec une personne du sexe opposé comme seul risque identifié (ARS-HET).
Données de surveillance périnatale du VIH
Le Programme de surveillance périnatale du VIH au Canada a recensé 1 590 nourrissons, nés entre 1980 et 2002, qui ont été exposés au VIH pendant la période périnatale au Canada (tableau 7). Le nombre de nourrissons exposés au VIH signalés par année de naissance au programme a progressé de façon constante, passant de 54 en 1990 à 158 en 2002. Chez l'ensemble de ces nourrissons, la séropositivité de la mère était attribuable dans une proportion de 68,8 % à une exposition par contacts sexuels et de 29,2 % à l'injection de drogues.
Bien que le nombre de nourrissons exposés au VIH signalés au Programme de surveillance périnatale du VIH au Canada ait augmenté pour chaque année de naissance, le pourcentage de nourrissons chez qui l'infection à VIH a été confirmée est passé de 50 % (27/54) en 1991 à 2 % (3/148) en 2002 (tableau 8). Parallèlement, la proportion des mères séropositives pour le VIH qui ont reçu un traitement antirétroviral prophylactique a augmenté de façon constante, un sommet de 89,9 % (133/148) ayant été atteint en 2002 chez les mères et les nourrissons dont l'infection avait été signalée au programme.
Le tableau 10 recense tous les nourrissons nés de mères infectées par le VIH qui ont été suivies par le Programme de surveillance périnatale du VIH au Canada. Depuis 1984, 44,1 % de ces nourrissons sont nés de mères appartenant à la communauté noire, 36,5 %, de mères de race blanche et 14,6 %, de mères autochtones. Selon les données cumulées, parmi tous les nourrissons dont le statut à l'égard du VIH a été confirmé (c.-à-d. infection ou absence d'infection confirmées), 34,7 %, 22,6 % et 16,5 % des nourrissons séropositifs appartenaient respectivement à la population noire, blanche et autochtone. Cependant, parmi les nourrissons exposés au VIH nés en 2002 dont le statut à l'égard du VIH a été confirmé, les taux respectifs de séropositivité par communauté étaient de 6,7 %, 0,0 % et 0,0 %. Il importe de mentionner que chez un certain nombre des nourrissons nés en 2002, le statut à l'égard du VIH reste à confirmer.
Données de surveillance du sida
Depuis le commencement de l'épidémie au début des années 80, 18 469 cas de sida ont été déclarés au CPCMI (tableau 11). Comme le temps écoulé entre le diagnostic de sida et la réception par le CPCMI du rapport de déclaration est souvent très long, on rajuste le nombre de cas de sida déclarés pour tenir compte du retard de déclaration. Après rajustement, on a estimé que 19 123 cas de sida auront été déclarés au CPCMI à la fin de 2002 (figure 3).
Le rajustement en fonction du retard de déclaration ne rend pas compte de la sous-déclaration (ou de la non-déclaration) des cas de sida. La baisse marquée et continue de la déclaration des cas de sida ces dernières années pourrait être attribuable à une surestimation du taux de déclin des cas de sida diagnostiqués, tout comme il pourrait témoigner en partie d'une sous-déclaration plus importante des cas de sida; des données non scientifiques viennent étayer ces hypothèses.
Les femmes représentent 8,1 % des cas cumulatifs de sida signalés au CPCMI au 31 décembre 2002 dont l'âge et le sexe sont indiqués. Parmi les cas de sida déclarés chez les adultes, la proportion de femmes est passée de 5,8 % pendant la période de 1979 à 1992 à 15,0 % en 2001. Cette proportion s'est établie à 18,2 % en 2002 (tableau 13). Lorsque les cas de sida chez les adultes sont examinés par groupe d'âge, les proportions les plus élevées sont observées chez les 30 à 39 ans et les 40 à 49 ans, respectivement. Chez les 30 à 39 ans, le pourcentage a décliné de façon constante depuis le sommet de 47,4 % enregistré en 1994 jusqu'au creux de 38,7 % observé en 2000, puis a augmenté légèrement jusqu'à 39,2 % en 2002. Le pourcentage de cas chez les 40 à 49 ans a connu une augmentation correspondante : il est passé de 25,8 % avant 1993 à 32,2 % en 2002. Lorsqu'on examine ces changements dans les pourcentages, il est important de se rappeler que le nombre de cas de sida déclarés a chuté considérablement depuis le début de l'épidémie (tableaux 14B et 14C).
La proportion de cas de sida signalés chez les HRSH adultes a décliné régulièrement au cours de la dernière décennie (figure 4). Avant 1993, elle était de 78,9 %, et est descendue à 45,6 % en 1999. En 2000, le pourcentage a atteint 50,2 %, mais a baissé depuis jusqu'à 39,2 % en 2002, creux le plus bas enregistré depuis le début de l'épidémie. La proportion de cas de sida chez les adultes attribuables à une exposition hétérosexuelle a augmenté régulièrement : de 9,9 % entre 1979 et 1992, elle est parvenue à un sommet de 35,3 % en 2002. Une hausse constante avait aussi été observée chez les utilisateurs de drogues par injection (UDI), le nombre de cas étant passé de 2,7 % durant la période de 1979 à 1993 à 21,3 % en 1998. Toutefois, le pourcentage s'est stabilisé depuis, et en 2002, les UDI représentaient 22,2 % des cas de sida déclarés chez les adultes (tableau 15A).
Comme le montre la figure 5, la proportion des cas de sida déclarés parmi les personnes de race blanche est passée de 87,5 % avant 1993 à 57,0 % en 2002. Chez les personnes de race noire, cette proportion a progressé de 7,9 % avant 1993 à 15,0 % en 1999, puis a chuté à 10,2 % en 2000, pour remonter à 16,9 % en 2002. Chez les Autochtones, la proportion des cas de sida déclarés est passée de 1,3 % pendant la période de 1979 à 1992 à 10,1 % en 1999, a reculé à 5,6 % en 2001, puis a progressé de nouveau jusqu'à 14,8 % pour la période de déclaration actuelle. Il faut cependant souligner que les échantillons sont petits et que le Québec n'a fourni des données sur le sida que pour le premier semestre de 2002.
Nota : Il y a différentes échelles de hauteur pour les catégories ethniques blanches et non blanches.
Données sur la mortalité due au VIH/sida
Le premier décès signalé attribué au VIH/sida est celui d'un cas déclaré de sida en 1980. Le nombre de décès de ce type a progressé depuis que l'on a commencé à recueillir des données à ce sujet jusqu'en 1995, année où le nombre de décès a atteint 1 481. Cependant, le nombre de décès signalés chez les cas de sida déclarés a chuté de façon spectaculaire depuis (tableau 19). Avec le temps, la proportion de femmes parmi les cas déclarés de décès a connu une hausse qui va de pair avec l'augmentation de la proportion de cas déclarés d'infection à VIH/sida chez les femmes (tableau 22).
Au Canada, il existe deux sources d'information nationale sur le nombre de décès attribuables au VIH/sida : le CPCMI, qui publie des données sur les décès signalés parmi les cas de sida déclarés, et la Division des statistiques sur la santé de Statistique Canada, qui recueille des données sur tous les décès, y compris ceux attribués à l'infection à VIH. Le lecteur est prié de se reporter à la section IV pour avoir plus de renseignements sur les avantages et inconvénients respectifs de ces deux sources.
Interprétation
La hausse du nombre déclaré de tests positifs pour le VIH en 2001 et 2002 vaut la peine d'être mentionnée. Comme le montre le tableau 5B, cette hausse s'observe principalement en Ontario et au Québec. Les raisons de cette augmentation sont pour le moment difficiles à expliquer : elle est peut-être attribuable à un plus grand nombre de déclarations ou de tests ou à une progression des taux d'infection à VIH. Cependant, au moins une partie de cette augmentation peut être attribuée à la nouvelle politique de Citoyenneté et Immigration Canada relative au dépistage du VIH chez les immigrants et les réfugiés, comme l'indique la section I.
Par ailleurs, un certain nombre d'autorités ont observé récemment une augmentation similaire des résultats positifs pour le VIH déclarés et tentent d'en comprendre les raisons. Mentionnons entre autres 25 États des États-Unis qui déclarent les cas diagnostiqués de sida aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC) de même que plusieurs États australiens. Le CPCMI collabore avec ses partenaires provinciaux et territoriaux chargés de la surveillance pour trouver des explications possibles au phénomène au Canada et, parallèlement, est en train de revoir les estimations nationales de la prévalence et de l'incidence du VIH pour 2002.