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Maladies chroniques et blessures au Canada
Volume 32, no. 1, décembre 2011
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Atelier I sur l’autosurveillance glycémique : promotion d’un dialogue et d’une action utiles au niveau provincial
M. J. Dunbar, M. Ed.
Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.
Rattachement de l’auteur
Diabetes Care Program of Nova Scotia, Halifax
(Nouvelle-Écosse), Canada
Correspondance : Margaret (Peggy) J. Dunbar, Suite
548 Bethune Building, 1276 South Park Street, Halifax (N.-É.) B3H 2Y9;
tél. : 902-473-3209; téléc. : 902-473-3911;
courriel : peggydunbar@diabetescareprogram.ns.ca
Introduction
Le ministère de la Santé et du Mieux-Être
de la Nouvelle-Écosse soutient un certain nombre de programmes, dont le Diabetes Care Program of Nova Scotia (DCPNS), qui a une fonction consultative.
Ces programmes, qui visent à améliorer continuellement le système de soins de
santé et à promouvoir des normes uniformes dans l’ensemble de la province,
réunissent des groupes d’experts et des groupes de travail appelés à fournir
des conseils, à recommander des modèles de prestation de services, à établir
des normes et à en surveiller l’application, à guider les politiques et à
faciliter le transfert et l’application des connaissances ainsi que le
réseautage, à l’appui de pratiques exemplaires ou prometteuses. L’objectif est
d’améliorer les soins et les résultats aux échelles locale, des districts et
provinciale. L’élaboration de l’outil de décision du DCPNS relatif à l’autosurveillance glycémique (ASG), l’atelier sur l’ASG et les travaux de
suivi connexes sont autant d’exemples convaincants de la rapidité avec laquelle
un programme provincial peut mobiliser un large éventail d’experts et de
fournisseurs de soins de santé de première ligne pour parler d’une question
aussi importante que celle de l’ASG.
Contexte
« Toutes les personnes souffrant de
diabète sucré devraient-elles surveiller elles-mêmes leur glycémie? »
Depuis quelques années, on soulève de plus en plus cette question, alors que
les patients et le système de soins de santé sont aux prises avec plusieurs
problèmes : le coût des tests, le fait qu’il existe peu de données
probantes quant à l’intérêt de ces tests pour certaines populations et
l’utilisation même des résultats des tests par les diabétiques et les
fournisseurs de soins de santé. Le sujet n’est pas nouveau. L’American Diabetes
Association et l’Association canadienne du diabète ont organisé des débats sur
l’ASG à leurs conférences nationales, en 2005 et 2006 respectivement. En
novembre 2006, l’Institute of Health Economics de l’Alberta a tenu la
première conférence consensuelle canadienne sur l’autosurveillance du diabète.
Des intervenants canadiens et étrangers ont présenté des données cliniques,
ainsi que des perspectives économiques et stratégiques et le point de vue des
consommateurs. Un groupe d’experts a synthétisé l’information et formulé des
réponses à des questions prédéterminées dans un document consensuel à l’usage
de tous les secteurs décisionnels concernés par l’ASG au Canada1.
Ce travail consensuel a été suivi de
travaux locaux, nationaux et internationaux, notamment une étude qualitative
sur les points de vue et pratiques des professionnels de la santé en ce qui
concerne l’ASG en Nouvelle-Écosse2, des recommandations et des
rapports de l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS)3,4, des
rapports d’évaluation des coûts de l’Institut de recherche en services de santé
de l’Ontario5, des publications à comité de lecture6-8,
des exposés présentés dans le cadre d’ateliers9 et les directives de
la Fédération internationale du diabète intitulées Self-Monitoring of Blood
Glucose in Non-Insulin Treated Type 2 Diabetes10 [Autosurveillance de la glycémie chez les diabétiques de type 2 non
traités par l’insuline].
Le DCPNS a participé à certains de ces
travaux. Plus récemment, le Programme a mené des débats visant à guider et à
éclairer les politiques et à contribuer à la découverte d’une solution durable
et réaliste pour l’ASG. Une telle solution allégerait le fardeau de tests
inutiles et parfois excessifs dans une population diabétique donnée. Les détails
concernant l’atelier sur l’ASG sont présentés ci-dessous, tandis que les
détails sur les travaux de suivi et sur l’outil de décision relatif à l’ASG sont présentés ailleurs11.
Auditoire et objectifs de l’atelier
En janvier 2010, le DCPNS a invité un
groupe multidisciplinaire de professionnels de la santé spécialisés dans le
diabète à examiner les recommandations du Service canadien de prescription et d’utilisation optimales des médicaments (SCPUOM)
sur le recours à l’ASG pour les diabétiques de type 2 non traités par
l’insuline, plus particulièrement sur son utilisation, sa fréquence et son
application en Nouvelle-Écosse. De nombreux observateurs locaux et nationaux
ont également assisté à l’atelier afin de se faire une meilleure idée des
discussions (tableau 1).
Tableau 1. Participants invités et observateurs à l’atelier du Diabetes Care Program of Nova Scotia (DCPNS) sur l’autosurveillance glycémique (ASG)
Participants invités |
Observateurs |
- Éducateurs des centres du diabète de chacune des neuf autorités sanitaires de district de la Nouvelle-Écosse
- Infirmières autorisées
- Diététistes professionnels
- Pharmaciens
- Médecins
- Médecins de famille
- Médecins spécialistes
- Internistes
- Endocrinologues
- Infirmières praticiennes
|
- Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS)
- Section de la Nouvelle-Écosse de l’Association canadienne du diabète (ACD)
- Services pharmaceutiques, ministère de la Santé et du Mieux-Être de la Nouvelle-Écosse
- Drug Evaluation Unit, Capital District Health Authority (CDHA)
- Behaviour Change Institute, CDHA
- College of Pharmacy, Université Dalhousie
- Academic Detailing, Université Dalhousie
- Pharmacien, Santé des Premières nations et des Inuits, Région de l’Atlantique, Santé Canada
|
Il était demandé ce qui suit aux participants :
- Aider, à partir d’études de cas, à formuler des
recommandations consensuelles préliminaires sur l’utilisation des bandelettes
diagnostiques par les personnes souffrant de diabète sucré de type 2 non traitées
par l’insuline;
- Définir des critères d’« exception »
éventuels quant au besoin de bandelettes de test glycémique chez les
diabétiques de type 2 non traités par l’insuline;
- Recommander les prochaines étapes en ce qui
concerne les outils, le soutien et les communications à prévoir pour les
patients et les fournisseurs de soins de santé.
Séances plénières
Quatre séances plénières portant sur le
contexte néo-écossais ont aidé à comprendre les données probantes sur
lesquelles repose la recommandation suivante du SCPUOM3, p. 5 :
[Traduction] « Pour les plupart des adultes atteint d’un diabète de type 2
prenant des médicaments antidiabétiques oraux (sans insuline) ou aucun
médicament antidiabétique, l’utilisation courante de bandelettes de test
glycémique pour l’ASG n’est pas recommandée. »
Les séances plénières (tableau 2)
étaient suivies d’un exercice où les participants devaient réfléchir aux
questions suivantes :
- « Qu’avez-vous entendu… Qu’est-ce qui vous
a convaincu? »
- « Quels sont les principaux messages que
vous retirez de la séance plénière? »
Tableau 2. Séances plénières de l’atelier du Diabetes Care Program of Nova Scotia (DCPNS) sur l’autosurveillance glycémique (ASG)
Titre |
Exposé de |
Contenu |
Abréviations : ACMTS, Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé; ASG, autosurveillance glycémique; N.-É., Nouvelle-Écosse; SCPUOM, Service canadien de prescription et d’utilisation optimales des médicaments. |
Autosurveillance de la glycémie : Faits saillants des recommandations de l’ACMTS |
Denis Bélanger, B.Sc. (phm.), ACPR, directeur principal par intérim, ACMTS |
La première réunion a permis de mieux comprendre la recommandation du SCPUOM et l’approche retenue pour adopter une pratique optimale de l’ASG. L’exposé comprenait un aperçu des données probantes disponibles en ce qui concerne l’efficacité clinique de l’ASG, son rapport coût-efficacité, les coûts d’opportunité éventuels et les questions clés traitées dans les délibérations autour de la recommandation. |
Autosurveillance de la glycémie : le point de vue du professionnel des soins de santé |
Wayne Putnam, M.D., professeur agrégé, Department of Family Medicine, Université Dalhousie |
Cette réunion a été l’occasion de prendre connaissance des conclusions préliminaires d’une étude qualitative2 réalisée en Nouvelle-Écosse « afin de mieux comprendre les recommandations des professionnels de la santé en ce qui concerne l’ASG, et son intérêt apparent, chez les adultes présentant un diabète de type 2 non traités par l’insuline et dont le diabète est bien maîtrisé (A1C ≤ 7 %) ». Les entrevues avec des éducateurs spécialisés en diabète, des pharmaciens communautaires et des médecins/infirmières praticiennes révèlent des variantes entre les disciplines et au sein de celles-ci en ce qui concerne la fréquence de surveillance recommandée, les raisons de la surveillance, l’utilisation des résultats et les sources d’information jugées fiables relativement à l’ASG. |
Points de vue des patients et des fournisseurs de soins de santé sur l’autosurveillance glycémique : faits saillants des groupes de réflexion de l’ACMTS |
Denis Bélanger, B.Sc.(phm.), ACPR, directeur principal par intérim, ACMTS |
Cette réunion a permis d’avoir un aperçu des points de vue des patients et des professionnels de la santé exprimés lors de groupes de discussion (Halifax et Ottawa) portant sur les messages clés de l’ACMTS relatifs à la pratique de l’autosurveillance. L’auteur de l’exposé a mis en lumière des variantes entre les patients, les médecins/infirmières praticiennes, les éducateurs spécialisés en diabète et les pharmaciens pour ce qui est des raisons pour lesquelles on utilise l’ASG, de l’intérêt des tests et de l’utilisation des résultats. Des diabétiques ont fourni d’autres points de vue sur les avantages et les inconvénients de l’ASG. |
Utilisation des bandelettes de test glycémique : programmes d’assurance-médicaments de la Nouvelle-Écosse |
Natalie Borden, B.Sc.(phm.), gestionnaire, Drug Utilization Review, ministère de la Santé et du Mieux-être de la Nouvelle-Écosse |
Le dernier exposé portait sur le coût actuel pour la N.-É. des médicaments pour le diabète et des bandelettes de test, et sur le nombre de bandelettes de test (et la gamme) utilisées dans les différents types de traitement du diabète (insuline, agents oraux, insuline et agents oraux, régime alimentaire seulement). Les conclusions des études les plus récentes sur ce sujet5,8,12 ont été présentées, y compris les scénarios proposés pour réduire les coûts liés aux bandelettes de test glycémique. |
Les six thèmes qui se sont dégagés sont
présentés ci-dessous, avec de brefs résumés et/ou des citations illustratives.
- Coût/gaspillage
- Conscience des coûts croissants et de la
nécessité d’une responsabilisation financière : « Les économies
potentielles sont énormes ».
- Recherche
- Reconnaissance et meilleure compréhension du
manque de données probantes en faveur de l’ASG et des avantages qu’elle
procure.
- Nécessité d’autres études : « Qui
profite de l’ASG et en quoi? »
- Variantes dans la pratique
- Appréciation des variantes dans la pratique
entre les professionnels du diabète.
- Besoin d’éducation et de programmes sur
l’utilisation de l’ASG, sur l’interprétation des résultats et sur les suites à
leur donner.
- Messages
- L’information concernant l’incidence de l’ASG sur les résultats de santé, de même que les perceptions et les pratiques
actuelles, doit être relayée aux diabétiques et aux fournisseurs de soins de
santé.
- Il faut des messages cohérents et un recentrage
de la surveillance des patients sur des points qui les aideront vraiment dans
leur gestion quotidienne du diabète et dans les résultats qu’ils obtiendront –
alimentation, activité/exercice, poids, persévérance dans la prise des
médicaments, etc.
- Tous doivent s’entendre sur les recommandations
quant aux personnes qui devraient recourir à ces tests et, dans cette
éventualité, sur la fréquence des tests.
- Évolution de la pratique
- Rien ne corrobore la croyance selon laquelle
l’ASG est un élément motivateur et entraîne de meilleurs résultats dans cette
population : « Nous devons repenser l’ASG pour les personnes qui en
ont vraiment besoin et qui en tireront profit. Cette réflexion débouchera sur
une immense évolution de la pratique et de nos rapports avec les patients. »
- Perspectives
- Nécessité de modifier les directives actuelles
sur l’ASG et de mieux comprendre en quoi l’ASG s’inscrit dans le concept
d’autogestion de la santé.
Études de cas
La seconde moitié de l’atelier était
centrée sur des études de cas et des travaux en petits groupes animés par des
experts cliniques, les docteurs Lynne Harrigan (interniste) et
Dale Clayton (endocrinologue). Les cas allaient de simples à complexes et
portaient sur des considérations relatives à l’ASG ayant trait au diagnostic, au
taux d’hyperglycémie, au type de traitement du diabète, au risque
d’hypoglycémie et à l’influence de l’âge, de l’activité professionnelle, de
l’intérêt, de la cognition et de la motivation.
Une première version de l’outil de décision
de l’ASG élaboré par le DCPNS a été présentée aux participants. Cet outil
repose sur trois grands axes :
- Instructions sur l’utilisation et
l’interprétation de l’outil;
- Indications et considérations relatives à l’ASG (p. ex. sécurité, utilisation prévue des résultats par la personne et son
équipe soignante, et enseignement de l’autogestion);
- Recommandations concernant l’ASG (exemples
précis de tests peu fréquents et très fréquents mais « limités dans le
temps »).
Les participants ont utilisé l’outil
pendant qu’ils travaillaient à sept études de cas, comme ils l’auraient fait
dans leurs fonctions. D’après eux, « l’outil permet un examen plus
objectif de chaque cas et élimine de l’équation l’aspect émotif et
subjectif ». Il a permis de se concentrer sur la sécurité des patients,
sur les données probantes disponibles, sur l’intérêt et les capacités des
individus, et sur l’utilisation des résultats par le fournisseur de soins de
santé. Dans les cas où les tests sont recommandés, l’outil a également aidé les
participants à en déterminer la fréquence (p. ex. faible intensité, versus
intensité élevée et limitée dans le temps).
Après les études de cas, les participants
se sont engagés à poursuivre le dialogue et à affiner l’outil de décision
relatif à l’ASG en répondant à des questions consensuelles et en se prêtant à
un exercice sur les « souhaits et besoins » par courriel. Ces
commentaires aideront à guider le DCPNS et d’autres partenaires dans
l’élaboration et la prestation de ressources et de programmes visant à
progresser vers une approche plus uniforme de l’ASG en Nouvelle-Écosse.
Conclusion et prochaines étapes
En faisant preuve de leadership et en
s’employant à créer des partenariats, le DCPNS a démontré tout l’intérêt qu’il
y a à aborder la question de l’ASG par un dialogue et des prises de décision à
l’échelle locale, par un soutien aux fournisseurs de soins de santé et aux
patients, ainsi que par des stratégies de diffusion planifiées et réfléchies
visant à mieux rejoindre divers groupes de fournisseurs de soins de santé.
Le DCPNS a affiné l’outil de décision de
l’ASG et travaillé en collaboration avec ses partenaires et avec d’autres
groupes intéressés afin de rejoindre tous les groupes de fournisseurs de soins
de santé et parvenir à une approche et à des messages uniformes en ce qui concerne
le recours à l’ASG chez les diabétiques de type 2 non traités par
l’insuline. Les résultats de ce travail ultérieur sont présentés dans un autre
article11.
Remerciements
Les responsables du Diabetes Care Program
of Nova Scotia souhaitent remercier tous les participants à l’atelier sur
l’autosurveillance glycémique de leur aide dans ce travail d’envergure; ils
remercient aussi et les observateurs de leurs encouragements et de leur
soutien. Ils désirent en particulier remercier Bev Harpell, Brenda Cooke et
Lynne Harrigan d’avoir aidé à donner forme à la première version de
l’outil de décision de l’ASG et au programme de l’atelier sur l’ASG. Enfin,
leurs remerciements s’adressent également à Pam Talbot, qui a contribué à
la préparation de ce manuscrit.
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