Agence de santé publique du Canada / Public Health Agency of Canada
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Volume 17, No 3- 2000

 

 

Agence de santé publique du Canada

Enquête sur les profils d'activité humaine au Canada : description de la méthodologie et de la population étudiée
J.A. Leech, K. Wilby, E. McMullen et K. Laporte

Résumé

L'évaluation du risque pour la santé associé à l'action de contaminants présents dans l'environnement n'est possible que si l'on dispose d'estimations exactes de la distribution des expositions subies par la population. Or pour évaluer l'exposition, il faut d'autre part avoir des renseignements sur la somme de temps passé dans des micro-environnements et sur les activités pratiquées durant les périodes d'exposition. Nous décrirons dans le présent article certains résultats préliminaires, notamment la méthodologie utilisée ainsi que la population examinée dans cette vaste enquête canadienne sur les profils d'activité. Dans le cadre d'une enquête auprès de 2 381 ménages (un taux de réponse de 65 %), on a demandé aux répondants de se rappeler leurs activités au cours des 24 heures précédentes; autrement dit, on a demandé à un membre du ménage (l'adulte ou l'enfant dont la date d'anniversaire était la plus rapprochée) de décrire en détail l'heure, le lieu et la nature des activités pratiquées. Au cours d'une période de neuf mois en 1994-1995, on a effectué une enquête téléphonique à composition aléatoire dans quatre grandes villes (Toronto, Vancouver, Edmonton et Saint John, N.-B.) et leur banlieue. On a également utilisé des questionnaires supplémentaires pour recueillir des données sur les caractéristiques socio-démographiques, les caractéristiques de la maison et du ménage et l'exposition potentielle à des toxines dans l'air et l'eau. De façon générale, les résultats révèlent que les répondants passent le plus clair de leur temps à l'intérieur (88,6 %) et une portion réduite de leur temps à l'extérieur (6,1 %) et dans des véhicules (5,3 %). Les enfants de moins de 12 ans passent plus de temps à l'intérieur et à l'extérieur et moins de temps dans les transports que les adultes. Les données tirées de cette étude serviront à définir de façon plus précise l'exposition des Canadiens à diverses toxines dans des modèles d'évaluation de l'exposition et permettront d'évaluer de façon plus exacte le risque d'effets aigus et chroniques sur la santé qu'on sait ou qu'on présume être liés à une exposition à des contaminants dans l'environnement.

Mots clés : Environmental pollution; exposure assessment; time-activity



Introduction

L'Enquête sur les profils d'activité humaine au Canada (EPAHC) vise à fournir des données contemporaines sur les Canadiens en vue de l'établissement de modèles d'évaluation de l'exposition. Dans les modèles d'exposition à la pollution atmosphérique, notamment dans le modèle le plus simple, on établit une moyenne des expositions à l'extérieur et à l'intérieur pondérée en fonction du temps. Les mesures de l'exposition réelle varient grandement par rapport au modèle simple parce que les gens passent une somme différente de temps dans divers micro-environnements qui correspondent à différents niveaux d'exposition1-3 . Pour caractériser l'exposition d'une population à un certain nombre d'agents environnementaux, il faut disposer de données sur la répartition du temps passé dans des endroits précis et la variation et la répartition de l'emploi du temps dans la population. Une telle évaluation de l'exposition fait à son tour partie intégrante de toute évaluation subséquente du risque pour la santé ou de toute analyse ultérieure des coûts-avantages qui en découlent.

Bien que le degré de validité apparente de l'observation directe et de l'enregistrement d'une activité pratiquée par un sujet soit élevé, des mesures de ce genre sont par ailleurs très coûteuses et la présence de l'observateur peut influer sur le comportement de la personne observée. On utilise cependant un aspect de cette méthode dans les journaux de rappel lorsqu'on demande à un parent ou à un travailleur de l'école de consigner des données sur un sujet qui est trop jeune pour se rappeler, enregistrer et déclarer des activités et des lieux.

Le journal est devenu la principale méthode employée pour recueillir des données sur les activités et le temps qui y est consacré. On peut tenir un journal en temps réel, ce qui permet d'obtenir le plus grand nombre d'entrées par heure ou faire appel à la mémoire, ce qui réduit la tâche du sujet mais aussi le nombre d'activités et de lieux dont il se souvient4 .

Le California Air Resources Board5 a élaboré et appliqué une méthode modifiée fondée sur le rappel. On utilise un journal dans le cadre d'une entrevue téléphonique faisant appel à la technique d'interview téléphonique assistée par ordinateur (ITAO). Dans cette méthode, s'il y a des contradictions dans les profils d'emploi du temps déclaré ou de grandes périodes invariables enregistrées durant l'entrevue, l'ordinateur envoie des messages à l'intervieweur pour stimuler la mémoire du sujet. Lorsqu'elle est combinée aux techniques de composition aléatoire, cette méthode comporte l'avantage suivant : des populations qui sont très dispersées dans l'espace peuvent être échantillonnées efficacement. Il reste cependant qu'il faut toujours compter sur la mémoire du sujet ou l'observation de tiers.

L'Environmental Protection Agency6 a par la suite utilisé la même technique dans la National Human Activity Pattern Survey (NHAPS) pour étudier les profils emploi du temps de 10 000 sujets répartis à travers les États-Unis. La partie continentale des États-Unis a été divisée en six régions et un échantillonnage aléatoire a été effectué au cours d'une période de deux ans (huit saisons) en 1993 et 1994. On a fait remplir un journal d'activité pour une période de 24 heures à l'aide de la technique ITAO de même que des questionnaires supplémentaires portant sur l'exposition à des polluants dans l'air ou dans l'eau. Les résultats de cette vaste enquête ne sont pas encore disponibles.

Au Canada, les profils d'activité humaine n'ont pas fait l'objet d'études aussi approfondies. Une étude effectuée à partir d'un échantillon aléatoire de résidents de Halifax et portant sur l'emploi du temps au cours d'une journée choisie au hasard mais non sur le lieu où se déroulaient les activités a été effectuée en 19717 et répétée dans la même ville en 19818 de façon à permettre l'examen des changements dans le temps. Une autre étude indépendante sur l'emploi du temps a été réalisée à Vancouver en 1971, mettant encore une fois davantage l'accent sur les activités que sur le lieu où elles étaient pratiquées9 . Enfin, dans l'Enquête sociale générale, Statistique Canada (1993) a recueilli de l'information sur l'emploi du temps de 9 946 sujets au moyen d'un journal. Malheureusement, les renseignements concernant le lieu de résidence des répondants se limite à de grandes catégories; il n'y a pas assez de détails sur les événements pour qu'on puisse évaluer l'exposition10 .

La présente étude a pour but de recueillir des données représentatives sur les profils d'emploi du temps d'un échantillon de la population et d'établir la répartition des profils d'emploi du temps dans la population. Les mêmes méthodes et la même équipe d'enquête ont été utilisées dans l'étude canadienne et dans l'étude de l'EPA, certaines modifications mineures ayant été apportées au questionnaire pour l'adapter au contexte canadien et des questions ont été ajoutées concernant la climatisation. Nous décrirons dans les paragraphes qui suivent la méthodologie employée, la population étudiée selon la région, l'âge et le sexe et donnerons un aperçu général du temps consacré aux principales activités et des lieux où elles sont pratiquées.

Méthodes

Nous avons fait appel dans cette enquête à trois instruments. Il s'agissait dans le premier cas d'un journal où les sujets se rappelaient leur emploi du temps au cours d'une période de 24 heures. Le second instrument consistait en une série de questions concernant diverses caractéristiques socio-démographiques, familiales et liées au logement (telles que le type de logement, de chauffage et de climatisation). Troisièmement, des sujets choisis au hasard ont reçu un des deux questionnaires supplémentaires, l'un visant à déterminer l'exposition à des polluants atmosphériques et l'autre l'exposition à des polluants dans l'eau.

Dans le journal, les répondants ont énuméré toutes les activités qu'ils pouvaient se rappeler, si brèves soient-elles, pour une période de 24 heures débutant à minuit le jour précédant l'entrevue. L'enquêteur a ensuite pris chacune des activités énumérées et demandé au répondant où elle s'était déroulée, combien de minutes y avaient été consacrées et s'il avait été exposé alors à la fumée de tabac. Nous avons demandé à cinquante pour cent de l'échantillon, choisis au hasard, si une activité s'accompagnait d'une accélération du rythme respiratoire.

Suivant les réponses des sujets, les données ont été entrées pour chaque activité et lieu correspondants à l'aide de codes préétablis. Si le sujet n'indiquait pas un changement d'activité pendant une longue période, l'enquêteur vérifiait si le répondant n'avait pas oublié quelque chose. L'utilisation de l'ordinateur a permis à l'enquêteur d'établir un ordre chronologique pour les activités de la journée même si les sujets avaient tendance à présenter leur emploi du temps de façon un peu décousue.

On a demandé aux répondants s'ils avaient fumé au cours des 24 heures précédentes et, le cas échéant, combien de cigarettes, de cigares ou de pipées et à quels endroits. On n'a posé qu'une seule question qui touchait à la santé proprement dite, soit si le sujet souffrait d'asthme, de bronchite chronique ou d'emphysème, ou encore d'angine.

Population étudiée

Les données utilisées pour cette analyse ont été recueillies durant trois périodes de l'année. Du 8 novembre 1994 au 8 janvier 1995, un échantillon de 390 personnes ont été interviewées à Toronto et à Vancouver. Du 16 janvier au 5 mai 1995, 1 239 autres sujets ont été interrogés dans ces villes de même qu'à Edmonton et à Saint John (Nouveau-Brunswick). Du 19 juin au 30 août 1995, 752 autres entrevues ont été réalisées à Vancouver, Toronto et Saint John. Nous n'avons prélevé des échantillons que dans les populations de grandes villes. Certaines contraintes financières nous ont empêché de sélectionner des échantillons à la fois dans des milieux ruraux et dans des milieux urbains et nous avons finalement opté pour les milieux urbains parce qu'on y retrouvait une plus grande concentration de gens.

Dans chaque ville, nous avons identifié les circonscriptions du centre-ville et des banlieues à partir des cartes fournies par la compagnie de téléphone. Nous avons choisi au hasard les numéros de téléphone en utilisant le plan d'échantillonnage de Waksberg-Mitofsky par composition aléatoire11 .

Les premières unités d'échantillonnage (indicatif régional + circonscription + deux premiers chiffres du numéro de téléphone) ont été réparties au hasard dans l'échantillon de la fin de semaine ou dans celui des jours de semaine, chaque jour de la semaine étant représenté à peu près également. Par exemple, les personnes dans l'échantillon de fin de semaine ont reçu un appel le dimanche ou le lundi et rempli un journal pour la journée du samedi ou du dimanche, respectivement. Un système de rappel a été mis en place pour éliminer le problème des non-répondants et pour optimaliser le taux de réponse. Lorsqu'on n'arrivait pas à interviewer un sujet, après 20 tentatives infructueuses, on considérait le dossier comme incomplet et clos.

La population cible était formée de tous les membres des ménages qui disposaient d'un téléphone dans les circonscriptions des villes et banlieues choisies. Dans les ménages composés d'adultes seulement (répondants de 18 ans ou plus), un adulte a été choisi au hasard parmi tous les résidents selon la méthode du «prochain anniversaire» (choix de la personne dont la date d'anniversaire était la plus prochaine).

Dans les ménages comptant des adultes et des enfants (âgés de 17 ans ou moins), on a choisi au hasard un enfant 60 % du temps au moyen de la méthode du «prochain anniversaire». Les enfants étaient surreprésentés car il s'agit de la population la plus à risque de subir les effets nocifs de nombreux contaminants, soit parce que leur développement n'est pas terminé ou à cause de leur susceptibilité au moment de l'exposition ou encore des longs délais entre l'exposition et les effets sur la santé. Un adulte a été choisi 40 % du temps.

Lorsque le répondant avait moins de 10 ans, on demandait à l'adulte dans le ménage qui était le plus au courant des activités de l'enfant de répondre au questionnaire pour ce dernier. Dans le cas des jeunes de 10 à 17 ans, un adulte a répondu aux questions générales touchant le ménage et certaines caractéristiques démographiques alors que le jeune a rempli le journal et répondu par la suite aux questions touchant les activités énumérées dans le journal.

Analyse des données

Pour cette analyse, nous avons fusionné les résultats obtenus pour les trois périodes et produit des statistiques descriptives à l'aide du système SAS12 . Nous avons utilisé des facteurs de pondération : un pour la probabilité d'être appelé, basé sur le nombre de lignes téléphoniques dans la maison et sur la proportion de l'ensemble de la population étudiée des villes et des banlieues où l'on a choisi des circonscriptions, ainsi qu'un second facteur de pondération fondé sur la probabilité d'être un enfant ou un adulte.

En classant les 82 endroits où les Canadiens passent du temps en six grandes catégories de lieux (à l'intérieur de la maison, travail/école, à l'intérieur-autres, bar/restaurant, à l'extérieur, dans un véhicule), nous avons pu examiner les différences fondamentales dans les profils d'activité selon le groupe d'âge ainsi que pour la fin de semaine et les jours de semaine. La catégorie «à l'intérieur-autres» incluait, par exemple, tous les moments passés à l'épicerie, dans les centres d'achat, dans les hôpitaux, les églises, au garage, dans un hôtel/motel, chez le nettoyeur, dans un salon de beauté et une foule d'autres lieux. Nous avons placé les «bar/restaurant» dans une catégorie particulière en raison du risque élevé d'être exposé à la fumée de tabac ambiante dans ces endroits. Nous avons utilisé ces six groupes de manière que nos résultats puissent être comparables à ceux d'analyses déjà effectuées sur les profils d'emploi du temps5,6 .

Résultats

Le tableau 1 donne un aperçu des taux de réponse des ménages canadiens dans les quatre villes ainsi que les raisons expliquant leur non-participation. En tout, 2 381 entrevues ont été réalisées, soit un taux de réponse de 64,5 %. Des personnes ont refusé de répondre à certaines questions, notamment sur l'âge ou le niveau de scolarité.

Environ 28 % des entrevues portaient sur les activités durant la fin de semaine et 72 % sur celles pendant les jours de semaine. Les différents jours de la semaine étaient assez également représentés, sauf le mardi qui était légèrement surreprésenté et le vendredi qui était légèrement sous-représenté.


TABLEAU 1 Taux de réponse des ménages
Numéros de téléphone choisis 7339  
Non-ménages 3379  
Appartenance à un ménage inconnue 267  
Unités d'échantillonnage admissibles 3693  
Entrevues réalisées 2381 (64,5%)
Refus 565 (15,2%)
Impossibilité d'être joints 469 (12,7%)
Problèmes de communication 278 (7,5%)

   

Dans l'ensemble, on retrouvait un plus grand nombre de répondantes (50,9 %) que de répondants (49,1 %). Cette proportion supérieure de femmes était plus marquée chez les adultes; en revanche, les garçons étaient plus nombreux chez les enfants (55,7 %) et les jeunes (51,7 %). Le tableau 2 donne la répartition des répondants selon l'âge et le sexe, mais il convient de signaler que 78 adultes ont refusé de donner leur âge exact et 2 d'indiquer leur sexe. Aux deux extrémités de l'échelle des âges, on retrouvait respectivement 160 adultes de plus de 70 ans qui ont répondu au questionnaire et 41 enfants de moins d'un an qui ont répondu par personne interposée. Le nombre de sujets de plus de 25 ans qui possédaient un diplôme universitaire était plus élevé parmi les répondants de l'EPAHC que dans l'ensemble de la population (29,8 % contre 12,8 % dans le recensement de 199113 ).

Parmi les répondants de l'EPAHC, on comptait 22 femmes enceintes, 194 sujets asthmatiques, 54 personnes atteintes d'angine et 101 souffrant de bronchite chronique ou d'emphysème. Quatre cent soixante-treize (25,9 % des adultes) ont déclaré avoir fumé durant la période d'étude de 24 heures. Ces chiffres sont assez comparables avec les résultats de la dernière enquête sur le tabagisme de Santé Canada, où 25 % des personnes de plus de 15 ans ont dit fumer chaque jour et 5 % ont déclaré faire usage de tabac mais pas tous les jours14 .


TABLEAU 2
Répartition des répondants selon l'âge et le sexea
Groupe d'âge Homme Femme Total
0-11 ans 195 155 350
12-17 ans 110 91 201
>=18 ans 825 925 175
TOTAL a 1130 1171 2301
a Il manque 80 valeurs du fait que l'on ne connaissait pas l'âge (78) ou le sexe (2).

   

Le tableau 3 illustre la répartition en pourcentage du temps passé (moyenne +/- erreur-type) par les adultes, les jeunes et les enfants dans les principaux endroits. Ce qui est le plus frappant c'est la somme importante de temps passé par les sujets de tous les groupes d'âge à l'intérieur, habituellement dans leur propre maison. En regroupant les quatre catégories de temps passé à l'intérieur, on constate que les répondants passent 88,6 % de leur temps à l'intérieur, dont 65,9 % dans leur maison. Même en tenant compte des heures de sommeil et de sieste, deux activités qui accaparaient environ 36 % du temps et qui se déroulaient le plus souvent au domicile des sujets, on voit qu'il reste encore beaucoup d'heures de veille à la maison. Les enfants passaient encore plus de temps à l'intérieur (88,8 % du temps) que les adultes et les jeunes qui, par ailleurs, passaient plus de temps au travail et à l'école. Si l'on considère donc l'emploi du temps, c'est à la maison que les gens courent le plus grand risque d'exposition à des dangers présents dans l'environnement.


TABLEAU 3
Temps passé dans les principaux endroits
Endroits n = 1751 E,-T, (+/-) n = 202 E,-T, (+/-) n = 350 E,-T, (+/-)
À l'intérieur de la maison 64,3% 0,1% 67,8% 71,6% 71,6% 0,2%
Travail/école 10,1% 0,3% 11,7% 5,7% 5,7% 0,8%
À l'intérieur-autres 11,9% 0,2% 7,8% 10,9% 10,9% 0,4%
Bar/restaurant 2,1% 0,3% 1,0% 0,6% 0,6% 0,3%
À l'extérieur 5,5% 0,1% 8,6% 7,6% 7,6% 0,2%
Dans un véhicule 6,0% 0,1% 3,2% 3,6% 3,6% 0,1%

   

Les enfants et les jeunes passent plus de temps à l'extérieur (7,6 % et 8,6 %, respectivement) que les adultes (5,5 %). Dans l'ensemble, les adultes passent plus de temps dans des véhicules, surtout des automobiles. Néanmoins, suivant les déclarations, les enfants passent 3,6 % de leur temps dans un véhicule, soit 50 minutes par jour en moyenne.

Les figures 1 et 2 font état des différences dans le profil d'activité de tous les répondants pour les jours de la semaine et les fins de semaine dans les six catégories de lieux. La catégorie «à l'intérieur de la maison» occupe la première place les jours de semaine comme les fins de semaine, et comme il fallait s'y attendre, un moins grand nombre d'heures est passé au travail ou à l'école la fin de semaine. Le temps ainsi libéré n'est cependant qu'en partie occupé par des activités à l'extérieur; en effet, les sujets passent plus de temps le midi à l'intérieur dans d'autres lieux que la maison et dans des véhicules la fin de semaine que pendant la semaine.

On retrouve à la figure 3 un exemple tiré des entrevues réalisées auprès d'enfants qui illustre la proportion moyenne de temps passé à l'extérieur, où ils peuvent être exposés à d'autres agents, ainsi que la répartition de ces heures dans la journée.



Profils d'emploi du temps les jours de la semaine pour tous les répondants

Profils d'emploi du temps de la fin de semaine pour tous les répondants

Temps passé par les enfants à l'extérieur les jours de semaine
   

Discussion

Pour pouvoir généraliser les données sur l'emploi du temps à l'ensemble de la population canadienne, il faut que l'échantillon soit représentatif, ce qui peut être évalué par les taux de réponse et les données socio-démographiques. Le taux général de réponse de 64,5 % d'unités d'échantillonnage admissibles est similaire au taux obtenu dans l'étude effectuée en Californie5 (61 %). Le plan d'étude de l'EPAHC excluait les personnes qui n'avaient pas le téléphone (environ 1 % des ménages canadiens)15 et celles qui ne parlaient pas anglais (environ 9 % des ménages étudiés).

Il reste que seulement quatre grandes villes canadiennes ont été étudiées et la période d'enquête n'englobait pas toutes les saisons dans toutes les régions. Dans la mesure où ces villes ou d'autres villes et provinces peuvent posséder des caractéristiques cruciales particulières ou présenter des différences à certains moments de l'année, l'échantillon peut ne pas être représentatif des profils d'emploi du temps quotidiens dans toutes les villes canadiennes. L'échantillon ne contenait pas non plus de ménages issus de milieux ruraux; il n'était donc pas représentatif de la population rurale.

Les différences dans le niveau de scolarité par rapport à l'ensemble de la population semble indiquer que le niveau socio-économique est plus élevé chez les répondants que chez les Canadiens en général. Dans l'étude américaine de plus grande envergure, on examinera de plus près l'effet de cette tendance et d'autres facteurs démographiques sur l'emploi du temps.

Lorsqu'on évalue l'exposition des répondants, il est clair que ceux-ci passent la plupart de leur temps à l'intérieur de leur maison. Dans l'étude du California Air Resources Board, qui s'apparente étroitement sur le plan méthodologique à la présente étude, la proportion de temps passé à l'intérieur, à l'extérieur et dans un véhicule s'établissait à 87 %, 6 % et 7 %, respectivement5. Il n'y a donc qu'un écart d'à peine deux points de pourcentage entre ces résultats et les nôtres dans chacune des trois grandes catégories. À cause de la grande quantité de temps passé à l'intérieur, l'effet des expositions en milieu fermé, particulièrement à la maison, influera considérablement sur les estimations de l'exposition effectuées dans le cadre d'une évaluation des risques liés à l'environnement, même lorsque les concentrations sont faibles.

Lorsqu'il s'agit d'évaluer les risques liés à certains contaminants présents dans l'environnement, il peut être particulièrement utile de savoir que les enfants et les jeunes passent plus de temps à l'extérieur. L'ozone, par exemple, est un polluant atmosphérique que l'on retrouve en concentration beaucoup plus faible à l'intérieur3 . De plus, sa concentration atteint un sommet durant l'après-midi, l'été. En examinant de plus près les réponses des enfants sur leur emploi du temps (comme dans la figure 3), on voit que c'est durant l'après-midi qu'ils ont le plus de chances de se trouver à l'extérieur. Ainsi, dans la mesure où l'ozone constitue un risque pour la santé de la population, le danger peut être plus grand dans le cas des enfants dont le risque accru d'exposition est lié à l'emploi du temps et l'endroit. C'est un exemple parmi d'autres de la façon dont certains types d'exposition peuvent être évalués dans des sous-échantillons de la population au moyen des données fournies par la présente étude.

Remerciements

La Dre Leech a reçu une aide financière aux termes d'une entente conclue entre Santé Canada et l'Université d'Ottawa dans le cadre du programme Échanges Canada.



Références

  1. Sexton K, Ryan PB. Assessment of human exposure to air pollution: methods, measurement and models. Dans: Watson AY, Bates RR, Kennedy D, rÉds. Air pollution, the automobile and the public health. Washington (DC): National Academy Press, 1986.
  2. Contant CF, Stock TH, Buffler PA, Holguin AH, Gehan BM, Kothmar DJ. The estimation of personal exposures to air pollutants for a community-based study of health effects in asthmatics. Exposure model. J Air Pollution Control 1987;37:587-94.
  3. Liu L-J S, Koutrakis P, Leech J, Boder I. Assessment of ozone exposures in the greater metropolitan Toronto area. J Air Waste Management 1995;45:223-34.
  4. Johnson T, McCoy M, Capel JE, Wijnberg L, Ollison W. A comparison of ten time-activity databases: effects of geographic location, temperature, demographic group and diary recall method. Dans: Proceedings of the 1992 International Conference on Trophospheric Ozone. Air and Waste Management Association.
  5. Wiley JA, Robinson JP, Piazza T, Garrett K, Cirksena K, Cheng YT, et al. Activity patterns of California residents. Final report. Berkeley: Survey Research Centre, University of California, 1991; California Air Resources Board Contract No A6-177-33.
  6. Robinson JP, Presser S, Nelson W. Estimating exposure to pollutants through human activity pattern data: a national micro-behavioral approach. United States Environmental Protection Agency, 1992; Contract No 816183-02-0.
  7. Elliot DH, Harvey AS, Procos D. An overview of the Halifax Time Budget Study. Soc Leisure 1976;3:145-9.
  8. Harvey AS, Elliot DS. Time and time again. Ottawa, 1983; Canada Employment and Immigration Commission Explorations in Time Use Series, Vol 4.
  9. Meis SM, Scheu WJ. Daily activities of married adult members of households in the Vancouver metropolitan region. Vancouver: Department of Anthropology and Sociology, University of British Columbia; 1973.
  10. Statistique Canada. L'Enquête sociale générale de 1992, cycle 7 : l'emploi du temps. Fichiers de microdonnées à grande diffusion et quide de l'utilisateur. Ottawa, 1993 août.
  11. Waksberg J. Sampling methods for random digit dialing. J Am Stat Assoc 1978;73:40-6.
  12. SAS Institute Inc. SAS procedures guide, version 6. 3rd edition [logiciel d'analyse statistique]. Cary (NC): SAS Institute Inc, 1990.
  13. Statistique Canada. Recensement de 1991. Série le pays. Niveau de scolarité et fréquentation scolaire. Ottawa, 1993; Cat 93-328.
  14. Santé Canada. Enquête sur le tabagisme au Canada, quartier 2. Ottawa, 1994 nov.
  15. Statistique Canada. Équipement ménager selon le revenu et d'autres caractéristiques, 1994. Ottawa: Industrie, Sciences et Technologie Canada; Cat 13-218.


Références des auteurs

Judy A. Leech et K. Laporte, Section d'études des effets de la qualité de l'air sur la santé, Division des intoxications environnementales et professionnelles, Direction de l'hygiène du milieu, Santé Canada, Pré Tunney, Indice de l'address : 06083C, Ottawa. (Ontario) K1A 0L2
K. Wilby, Division de la surveillance et des critères, Direction de l'hygiène du milieu, Santé Canada
Ed McMullen, Division des statistiques biologiques, Direction de l'hygiène du milieu, Santé Canada

 

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Dernière mise à jour : 2002-10-29 début