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Volume 18, No 1- 2000

 

 

Agence de santé publique du Canada

Rapport de colloque
Deuxième Colloque sur les maladies liées au rayonnement ultraviolet


Partie I. Protocoles d'accord révisés concernant les maladies liées au rayonnement ultraviolet

Christina J. Mills, Konia Trouton et Laurie Gibbons



Objectifs

C'est en 1992 que Santé et Bien-être social Canada a organisé le premier Colloque sur les maladies liées au rayonnement ultraviolet. Ce colloque avait pour objet d'examiner les données qui établissent un lien entre le rayonnement ultraviolet et certaines maladies ainsi que celles concernant l'efficacité de la prévention primaire et de la détection précoce de ces maladies, et de recommander des stratégies de gestion du risque. Le compte rendu de ce colloque a été publié dans un supplément de Maladies chroniques au Canada1. En raison des études scientifiques récentes dans ce domaine, le deuxième Colloque sur les maladies liées au rayonnement ultraviolet s'est tenu les 25 et 26 mai 1996 à Vancouver. Les participants ont été invités à mettre à jour les protocoles d'accord élaborés lors du colloque de 1992.

Processus de révision

Le colloque a été convoqué par le Bureau du cancer du Laboratoire de lutte contre la maladie (LLCM) et organisé en collaboration avec Environnement Canada, l'Institut national du cancer du Canada, la Société canadienne du cancer, la Division de dermatologie de l'Université de la Colombie-Britannique, l'Alberta Cancer Board, l'Association canadienne de dermatologie, la Société canadienne d'ophtalmologie et des partenaires au sein de Santé Canada (Direction de l'hygiène du milieu, Direction des médicaments, Direction des systèmes pour la Santé).

Le comité d'organisation a invité des experts nationaux et internationaux à examiner les nouvelles données sur les risques sanitaires associés à l'exposition au rayonnement ultraviolet et à faire état des progrès en matière de gestion du risque. D'autres experts ont été priés de participer à la rédaction des protocoles d'accord. Nous appellerons ci-après le groupe d'experts ces deux groupes de participants invités. Toutes les données scientifiques ont été présentées au cours de séances plénières, qui étaient ouvertes au public. Le colloque a coïncidé avec des réunions scientifiques internationales sur le mélanome et la dermatologie; le groupe d'experts a ainsi pu bénéficier des commentaires de plusieurs autres scientifiques et intervenants en santé publique. À l'issue des exposés scientifiques, le groupe d'experts a rédigé des recommandations provisoires, qui ont été soumises à l'analyse des participants au cours de la dernière séance plénière, le deuxième jour.

Dans les protocoles d'accord révisés ci-après, les conclusions du colloque de 1992 sont en caractères normaux. Les mises à jour découlant du colloque de 1996 sont en italiques et apparaissent soit comme des modifications du texte initial (M) soit comme des protocoles nouveaux (N). Afin de faciliter les comparaisons, nous avons adopté le même mode de présentation pour les protocoles révisés que pour le compte rendu du colloque de 1992.

Maladies liées aux rayons ultraviolets (UV)

Un nombre croissant de données indiquent que les rayons UV sont liés à plusieurs types de cancer : mélanome malin cutané (MMC), épithélioma basocellulaire et épithélioma spinocellulaire de la peau (tous deux considérés comme des cancers cutanés non mélanocytiques - CCNM) et épithélioma spinocellulaire de la lèvre. L'exposition aux rayons UV augmente le risque d'être atteint de ces cancers, mais les rayons UV ne sont pas forcément l'unique cause de la maladie. Bien que la nature exacte de ce lien (moment, caractéristiques, durée de l'exposition) ne soit pas entièrement élucidée, des données épidémiologiques récentes donnent à penser que l'exposition intermittente et l'exposition pendant l'enfance et l'adolescence jouent un rôle particulièrement important dans l'épithélioma basocellulaire et l'épithélioma spinocellulaire (M).

Il existe suffisamment de données chez les animaux et les humains qui lient l'exposition chronique aux rayons UV à une augmentation de l'incidence de certains types de cataracte chez les personnes âgées. La couleur de la peau ou des yeux ne serait pas déterminante. La contribution relative des rayons UV comparativement à d'autres facteurs n'est pas évidente (M). Les données qui établissent un lien entre les rayons UV et la mélanome de l'oeil ne sont pas concluantes.

L'exposition aux rayons UV produit des changements graduels de la peau que l'on peut classifier sous la rubrique générale «photosenescence». L'exposition entraîne en outre un vieillissement (M) analogue de l'oeil.

La peau humaine est un terrain d'essai propice à la détermination des réactions anormales aux rayons UV. Dans la plupart des photodermatoses, les réactions anormales aux rayons UV sont nombreuses. Dans certaines des photodermatoses liées à des médicaments, les réactions cutanées anormales sont limitées au moment de l'ingestion du médicament, la peau revenant à la normale après interruption du traitement (N). Certaines personnes ont des troubles congénitaux qui sont à l'origine de réactions aux rayons UV. D'autres ont acquis une photoallergie aux rayons UV ou souffrent de réactions phototoxiques suite à l'ingestion de certaines substances ou de leur application sur la peau. Des données de plus en plus nombreuses mettent en évidence un lien entre les rayons UV et les photodermatoses (N). (Le présent colloque n'a toutefois pas pour objet d'étudier la question en profondeur. Ces réactions aux rayons UV seront peut-être examinées plus attentivement au cours de colloques futurs.)

Les rayons UV peuvent altérer la réponse immunitaire, mais on ne sait pas vraiment dans quelle mesure ce phénomène influe sur la réaction aux agents pathogènes infectieux ou aux cancers (N).

Surveillance des maladies liées aux rayons UV

Le dénombrement et la surveillance des MMC sont adéquats dans la plupart des régions du Canada, mais non dans toutes les régions. Les mécanismes d'enregistrement des cas de cancer devraient inclure tous les rapports d'anatomopathologie indiquant un MMC, afin de garantir le dénombrement adéquat des cas à des fins de surveillance. Le rapport d'anatomopathologie devrait préciser l'épaisseur de la tumeur, selon la classification de Breslow (M).

Le gouvernement fédéral devrait octroyer des fonds au maintien de l'enregistrement des CCNM dans au moins deux provinces. Les CCNM devraient être intégrés au système national d'enregistrement des cas de cancer (N).

On ne connaît pas encore l'incidence et la prévalence de la cataracte au Canada. On devrait compiler les données de prévalence tirées d'enquêtes périodiques comme l'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) [M].

La densité des naevi chez les enfants peut être considérée comme un bon indice de l'exposition précoce aux rayons UV (M). Étant donné que la plupart des maladies liées aux rayons UV ont une longue période de latence, il y a lieu de procéder à une surveillance des incidents précoces chez les enfants, au moyen d'une enquête périodique, comme l'enquête longitudinale sur la santé des enfants, afin d'évaluer la prévalence des coups de soleil et la densité des naevi (M).

Il faudrait effectuer périodiquement des enquêtes auprès de la population pour mesurer les connaissances, les attitudes et les comportements face aux rayons UV, afin d'évaluer l'efficacité des stratégies d'intervention (M). Les chercheurs du département de dermatologie de l'Université de la Colombie-Britannique effectuent actuellement une étude à ce sujet (N).

Mesure de l'exposition aux rayons UV

On divise habituellement les rayons UV en trois types : les UVA (longueurs d'onde comprises entre 315 et 400 nm), qui sont les plus rapprochés du spectre visible; les UVB (longueurs d'onde entre 280 et 315 nm); et les UVC (longueurs d'onde inférieures à 280 nm). L'ozone stratosphérique a une incidence sur les rayons UV du soleil : il absorbe complètement les rayons UVC, partiellement les rayons UVB, mais ne filtre aucunement les rayons UVA. Toutes les longueurs d'ondes des rayons UV peuvent être produites par d'autres sources que le soleil, comme l'éclairage fluorescent et les appareils de bronzage. Un certain nombre de facteurs influent sur l'intensité des rayons UVB sur Terre (p. ex., l'ozone stratosphérique, l'heure du jour, la saison, la latitude, l'altitude, les nuages, la présence d'une surface réfléchissante, la pollution de l'air) [N].

Les longueurs d'onde ultraviolettes peuvent varier selon les mécanismes de protection et les systèmes biologiques considérés. La surveillance des rayons UV au niveau du sol, notamment la composition spectrale (éclairement énergétique du soleil en fonction de la longueur d'onde), devrait être maintenue à son niveau actuel dans certains centres au Canada (M). Les mesures devraient être corrélées aux indicateurs du fardeau que constituent les maladies liées aux rayons UV.

La majeure partie des recherches actuelles sur les rayons UV sont fondées sur les témoignages de personnes qui font état de leur exposition antérieure au soleil, et les répondants remontent parfois jusqu'à plusieurs années en arrière. Il y a tout lieu de s'interroger sérieusement sur la fiabilité et la validité des données obtenues dans le cadre d'études faisant appel à de telles méthodes (N). Il faudrait concevoir de meilleures méthodes d'évaluation de l'exposition individuelle aux rayons UV, notamment valider les mesures du comportement, aussi bien en ce qui concerne l'exposition que la protection (M), et mettre au point des dosimètres individuels précis pour mesurer les doses de rayons UV qui peuvent avoir un effet biologique.

Implication des tendances signalées

On a noté une augmentation importante de l'incidence des MMC et des décès qui leur sont attribuables au cours des 20 à 30 dernières années. L'incidence des CCNM est également à la hausse et, bien que cette tendance n'ait été observée que récemment, il ne s'agit probablement pas d'un artefact (M).

On ne peut vraisemblablement pas imputer l'augmentation de ces deux types de cancer de la peau aux variations récentes de la concentration d'ozone stratosphérique. Il est plus probable qu'elle provienne du fait que les gens s'exposent davantage au soleil. La longue période de latence précédant le développement d'un cancer implique que toute augmentation du taux de cancer qui pourrait résulter d'une récente diminution de la couche d'ozone, et partant d'une augmentation des rayons UV au niveau du sol, ne pourra pas être observée avant quelque temps.

L'ozone stratosphérique contribue à réduire la dose de rayons UV auxquels les gens sont exposés, et les mesures de prévention devraient comprendre la promotion de stratégies efficaces visant à freiner l'appauvrissement de l'ozone ainsi qu'à encourager les changements de comportement (N).

Le mythe des bienfaits du bronzage

Le bronzage constitue une réaction de la peau endommagée par les rayons UV. La recherche du bronzage n'est pas un comportement sain, et ce n'est pas une façon sensée de prévenir le cancer de la peau. Il n'est pas recommandé de se faire bronzer délibérément (que ce soit en s'exposant au soleil ou en ayant recours à une lampe solaire ou à un lit de bronzage) [M].

Stratégies efficaces visant à réduire le risque des maladies liées aux rayons UV

Ces stratégies doivent en général viser à réduire l'exposition aux rayons UV, de manière à diminuer le nombre de maladies liées à ces rayons (M). Lorsque l'exposition est inévitable, il faut se protéger les yeux et la peau contre les effets néfastes des rayons UV. On peut envisager trois stratégies générales pour atteindre ces objectifs.

  • L'information du public concernant les dangers pour la santé associés à l'exposition aux rayons UV et les stratégies efficaces de réduction du risque (M)
  • L'examen et, au besoin, la révision des politiques et des règlements existants concernant la surveillance de l'exposition (M)
  • L'élaboration de normes, de politiques et de règlements nouveaux au besoin (M)

Dans le cadre d'un programme d'information du public, il faudrait recommander fortement aux gens de prendre les précautions voulues s'ils se trouvent à l'extérieur au milieu de la journée (lorsque les rayons UV sont à leur maximum), exemple : rechercher l'ombre et porter des vêtements protecteurs et un chapeau à l'extérieur (M). On doit encourager l'utilisation des écrans solaires à large spectre (UVA et UVB) comportant un facteur de protection solaire (FPS) de 15 ou plus et des lunettes solaires bloquant les rayons UV, mais il faut insister sur le fait que les meilleurs moyens de réduire le risque consistent à éviter de s'exposer au soleil et à porter des vêtements appropriés et un chapeau.

Il faut examiner et réviser la réglementation régissant la formulation des écrans solaires ainsi que les tests et l'étiquetage qui les concernent, de façon à mieux refléter l'utilisation réelle et à inclure de l'information à l'intention des consommateurs concernant la fréquence des nouvelles applications (M).

Le public devrait savoir que les indications concernant le FPS qui figurent sur l'étiquette des écrans solaires entraîne une surestimation de l'efficacité de ces produits, du fait que les gens utilisent une moins grande quantité d'écran solaire que ce qui est utilisé pour déterminer le FPS (M). Les messages relatifs à l'utilisation de l'écran solaire devraient mettre l'accent sur la prévention des coups de soleil et le photovieillissement plutôt que sur le cancer cutané. Ils devraient en outre comporter un avertissement rappelant qu'il ne faut pas utiliser un écran solaire dans le but d'allonger la durée de l'exposition. On devrait aborder ces questions et d'autres questions connexes au cours d'un atelier national sur l'utilisation et l'étiquetage des écrans solaires (N).

Il y a lieu d'élaborer des règlements sur l'étiquetage qui prennent en considération d'autres méthodes de protection contre les rayons UV. Il faut maintenir les règlements en vertu desquels l'étiquetage doit mentionner le degré de protection contre les rayons UV conféré par les lunettes solaires (M).

Il faut élaborer des normes d'évaluation des vêtements, p. ex., établir une méthode normalisée de mesure du facteur de protection contre les rayons UV (FPRUV), de manière à faciliter l'étiquetage et l'évaluation des vêtements et des chapeaux (M). On pourrait déterminer le FPRUV d'un tissu en fonction du risque d'apparition d'un érythème, plutôt qu'en se fondant sur la transmission des rayons UV (N).

Des mesures devraient également être prises sur les lieux du travail et à l'école afin de réduire au minimum l'exposition aux rayons UV. On doit encourager les mesures de protection contre les rayons UV (M). Il faut demander aux autorités municipales de prévoir plus de zones d'ombre dans les endroits publics, notamment dans les cours de récréation des écoles, et les autorités scolaires devraient offrir des coins ombragés dans les cours de récréation (M).

Il faut réglementer davantage les lampes solaires et les lits de bronzage et appliquer avec plus de rigueur les règlements existants. Des recherches préliminaires indiquent que certains appareils commerciaux de bronzage pourraient émettre des UVC, en violation des règlements actuels. Il faut améliorer les connaissances en matière de santé et de sécurité des personnes qui exploitent ces établissements de bronzage. On ne pourra réglementer de façon satisfaisante les établissements commerciaux de bronzage que dans la mesure où les gouvernements fédéral et provinciaux-territoriaux collaboreront (N).

Détection précoce des maladies liées aux rayons UV

La détection précoce des MMC peut se traduire par un meilleur pronostic. Dans cet esprit, il faut mettre l'accent, dans les séances de formation médicale continue et les programmes de formation (M), sur la formation professionnelle des médecins qui dispensent des soins primaires, de façon qu'ils puissent déceler les MMC et leurs lésions précoces. Les programmes d'information du public doivent également insister sur la nécessité de signaler le plus tôt possible toute lésion qui peut se révéler dangereuse. Toutefois, il serait recommandable de mettre sur pied des études pour évaluer les avantages de la détection précoce des MMC avant de lancer des programmes de dépistage sur une grande échelle. Ces études devraient également comporter un volet coût-efficacité.

Il n'est pas recommandé de mettre sur pied des programmes de dépistage des CCNM ou de la cataracte à l'heure actuelle.

Stratégies de communication visant à prévenir les maladies liées aux rayons UV

Il est essentiel que le message soit logique, positif et qu'il provienne de sources dignes de foi. Le message doit atteindre toutes les couches de la société et doit faire appel à la collectivité locale dans la mesure du possible. Il est important d'évaluer l'utilité, l'efficacité et l'efficience de toute intervention visant à réduire le risque d'exposition aux rayons UV.

Les messages devraient être liés aux prévisions météorologiques locales et insister sur le fait que la chaleur (l'infrarouge) diffère des rayons UV, et qu'on peut fort bien être exposé à ces derniers lorsque le temps est nuageux (N). Il faut notamment évaluer le plan de prévision locale quotidienne des rayons UV qui a pour but de sensibiliser davantage le public aux dangers des rayons UV. Le message doit être adapté aux divers groupes à risque, mais il ne doit pas sembler stigmatiser la population ou opérer une discrimination. Les messages ne devraient pas détourner les gens des activités physiques qui peuvent être bénéfiques pour leur santé (N).

Dans le compte rendu du colloque de 1992, il est recommandé que la Société canadienne du cancer, l'Association canadienne de dermatologie et la Société canadienne d'ophtalmologie se joignent à Santé et Bien-être social Canada [maintenant Santé Canada], à Environnement Canada et aux autres organismes pertinents pour produire le matériel qui pourrait être utilisé dans des programmes d'information du public et pour coordonner des stratégies. Afin de faire écho à cette recommandation, ces organisations ont participé conjointement, en 1994, à un atelier national portant sur les messages de sensibilisation du public qui visent à réduire les risques pour la santé découlant des rayons UV; des représentants de plus d'une vingtaine d'organisations nationales associées à l'élaboration et à la distribution de matériel éducatif concernant les rayons UV se sont entendus sur les principaux messages qui devaient figurer dans ce matériel, convenant toutefois que le libellé et la présentation matérielle devraient être adaptés au public-cible.2 Les efforts de collaboration bilatérale et multilatérale relativement à la production de matériel éducatif se poursuivent (N). Des experts en communication et en science du comportement devraient prendre part à l'élaboration du matériel d'information.

La sensibilisation aux dangers du soleil devrait être intégrée aux programmes scolaires des maternelles. Étant donné que l'éducation est de compétence provinciale, il y a lieu d'inciter les ministres provinciaux et les autorités municipales à inclure ce volet à un programme scolaire général (N).

Priorités de recherche

Il est recommandé que tous les organismes et établissements responsables de l'établissement de programmes de recherche et du financement de la recherche au Canada mettent l'accent sur les priorités de recherche suivantes (N) :

On a mentionné la nécessité de procéder à des enquêtes pour déterminer les connaissances, les attitudes et les comportements face aux rayons UV, aux CCNM et à la cataracte, ainsi que la nécessité d'évaluer de façon plus rigoureuse les programmes axés sur la prévention des maladies liées aux rayons UV et la détection précoce des MMC. Il importe de reconnaître la priorité des études comportementales. Il faut accorder une haute priorité aux études portant sur la détection précoce, en particulier celles menées auprès des enfants (comprenant l'auto-examen de la peau [AEP] ainsi que l'examen clinique de la peau). Il faut établir clairement les avantages du dépistage avant de mettre en oeuvre des programmes de dépistage à grande échelle des MMC (N). Étant donné qu'une grande partie de l'exposition d'un sujet aux rayons UV solaires pendant toute sa vie a lieu au cours de son enfance, il faut que des recherches et des interventions portent sur ce groupe d'âge.

D'autres recherches devraient également être faites en priorité.

  • D'autres études et l'examen de l'ensemble des études qui ont déjà été faites sur les rapports entre les rayons UV et le cancer de la peau, les rayons UV et la cataracte. De telles études doivent porter sur des questions comme l'exposition intermittente par rapport à l'exposition chronique ou cumulative, l'époque de l'exposition (dans l'enfance ou au cours de la vie adulte) et l'interaction des rayons UV avec d'autres facteurs de risque.
  • Études visant à déterminer la possibilité d'utiliser les lésions précoces, comme les naevi et les kératoses solaires, comme indicateurs de l'efficacité de la prévention primaire (M).
  • Recherche fondamentale sur les mécanismes en jeu dans les maladies liées aux rayons UV, notamment les effets immunologiques et la mise au point de biomarquers appropriés pour détecter la sensibilité aux maladies. Il faut mieux saisir le lien entre l'immunodépression induite par les rayons UV et les affections non malignes (N).
  • Élaboration de modèles animaux agissant à titre d'indicateurs de l'augmentation de l'exposition ambiante des humains aux rayons UV, p. ex., études des tumeurs chez les bovins (N).
  • Des études cliniques sur les traitements actuellement utilisés contre les MMC et la mise au point de nouveaux traitements.
  • Des études visant à déterminer si l'exposition aux rayons UV comporte le risque de contracter un mélanome oculaire.
  • Mise au point et évaluation d'agents qui pourraient contrer les effets néfastes des rayons UV, en particulier chez les enfants (M).
  • Études sur le FPS des écrans solaires dans des conditions naturelles, afin de répondre aux questions suivantes (N).
  • L'utilisation d'un écran solaire permet-elle de prévenir les cancers de la peau? (en particulier le mélanome et l'épithélioma basocellulaire)?
  • L'utilisation d'un écran solaire permet-elle de prévenir les naevi?
  • L'utilisation d'un écran solaire permet-elle de prévenir le photovieillissement?
  • L'ajout d'un bon agent bloquant les rayons UVA (comme le Parsol 1789) empêche-t-il l'immuno-dépression locale et générale?
  • Il y a lieu de mener des recherches sur les sources non solaires de rayons UV et leur incidence sur les maladies liées aux rayons UV. Il faut notamment : (N)
  • Accroître les études épidémiologiques et les évaluations de l'exposition aux rayons UV due à l'utilisation de lampes solaires et de lits de bronzage. Il faut recueillir d'autres données afin d'obtenir des mesures plus précises de l'exposition, en particulier en ce qui concerne la longueur d'onde, l'éclairement énergétique et l'exposition énergétique.
  • Préciser l'impact des lits de bronzage sur les MMC et les CCNM, p. ex., procéder à une méta-analyse des données sur les lits de bronzage et le MMC (de façon à inclure des données non publiées).
  • Obtenir plus d'informations sur les longueurs d'onde et l'intensité du rayonnement émis par ces appareils et déterminer si ces sources non solaires d'exposition présentent un danger pour la santé.
  • Déterminer si les plaques de verre intégrées aux lampes halogènes filtrent les rayons UVB émis par celles-ci.
  • Évaluer la prévalence de l'exposition à des sources non solaires de rayons UV, déterminer notamment quelle proportion de la population utilise régulièrement ces appareils.
  • Obtenir de l'information sur les conseils en matière de santé et de sécurité dispensés au public concernant le rendement des appareils et sur les pratiques et les connaissances des opérateurs et des utilisateurs, en procédant à une enquête sur l'utilisation des appareils de bronzage dans les établissement commerciaux.

Références

 

1. Gibbons L, Anderson L, réds. Compte-rendu du Colloque sur les maladies liées au rayonnement ultraviolet; 1992 mars 24-26; Ottawa (Ont). Maladies chroniques au Canada 1992;13(5 Suppl):S1-46.

 

2. Mills CJ, Jackson S. Messages destinés à informer le public quant à la réduction des risques du rayonnement ultraviolet [rapport d'atelier]. Maladies chroniques au Canada 1995;16(1):38-42.

Participants

Marianne Berwick (Memorial Sloan-Kettering Cancer Centre); Barbara A. Bewerse (U.S. Centers for Disease Control and Prevention); Sharon Campbell (Alberta Cancer Board, l'Institut national du Cancer du Canada)*; Linda Capjack, Nancy Kerr (University of Alberta); Maureen Carew (Université d'Ottawa); Louise De Guire (Département de santé publique de Montréal); Yvon Deslauriers, Micheline Ho, Deborah Jordan, Wm Philiph Mickelson, Christina Mills (Santé Canada)*; Wayne Elford (University of Calgary); Mark Elwood (University of Otago); Richard P. Gallagher (British Columbia Cancer Agency)*; John Guilfoyle (Council of Chief Medical Officers of Health); Simon Holland (la Société canadienne d' ophtalmologie)*; Jim Kerr (Environnement Canada); Margaret L. Kripke (University of Texas); Cathy Leinweber (Alberta Cancer Board, la Société canadienne du Cancer); Chris Lovato, Jean Shoveller (University of British Columbia); Loraine Marrett (Fondation ontarienne pour la recherche en cancérologie et le traitement du cancer); David McLean (la Division de dermatologie, University of British Columbia)*; Colin A. Ramsay (University of Toronto); Marc Rhainds (Centre de santé publique de Québec - CHUL); Jason Rivers (l'Association canadienne de dermatologie)*; Bob Saunders (Environnement Canada); Martin A. Weinstock (Brown University); Sheila K. West (Johns Hopkins University)

* Siège(nt) également au comité d'organisation


Partie II.
Sommaire des exposés

Impact de l'appauvrissement de la couche d'ozone sur la fonction immunitaire

Margaret L. Kripke

On s'attend à ce que l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique entraîne une augmentation de la quantité de rayonnement UVB présente dans la lumière solaire. Outre le fait, bien connu, que les rayons UVB causent le cancer de la peau, on a également observé qu'ils altèrent le système immunitaire. Le système immunitaire est le principal mécanisme de défense de l'organisme contre les maladies infectieuses et il prévient l'apparition de certains types de cancer. Toute déficience immunitaire peut mettre en péril la santé en augmentant la susceptibilité aux maladies infectieuses ainsi que la gravité des infections ou en retardant le rétablissement après une infection. Une altération de la fonction immunitaire peut en outre se traduire par une augmentation de l'incidence de certains cancers, en particulier les cancers de la peau.

Les recherches menées sur des animaux de laboratoire au cours des 15 dernières années ont montré que l'exposition de la peau aux rayons UVB pouvait supprimer certains types de réponse immunitaire. Au nombre de ces réponses figurent le rejet des cancers cutanés et des mélanomes induits par les rayons UV, les réactions d'allergie de contact aux produits chimiques, les réactions d'hypersensibilité retardée aux agents microbiens et à d'autres antigènes, la phagocytose et l'élimination de certaines bactéries des tissus lymphoïdes.

Ces résultats amènent à se demander si la résistance aux maladies infectieuses ne serait pas également compromise par l'exposition aux rayons UV, ce qui se traduirait par une augmentation de la gravité ou de l'incidence de certaines maladies infectieuses. Cette hypothèse a été confirmée par un certain nombre de modèles animaux (rongeurs) de maladies infectieuses, notamment l'infection cutanée à herpèsvirus, la leishmaniose, les infections chroniques et aiguës dues à des mycobactéries, la candidose et la borréliose (maladie de Lyme), mais non la bilharziose.

De nombreuses données indiquent en outre que les rayons UVB altèrent la fonction immunitaire chez les humains par le biais de mécanismes analogues à ceux décrits chez les rongeurs, bien qu'on dispose de données beaucoup moins abondantes concernant les humains. Lorsque la peau humaine est exposée aux rayons UV, la réaction d'allergie de contact est supprimée, et une récente étude a montré que la réaction d'hypersensibilité retardée au bacille de la lèpre était diminuée chez des humains en bonne santé exposés aux rayons UV. Il faudrait néanmoins disposer d'une somme beaucoup plus considérable de données pour évaluer l'applicabilité de ces résultats à la pathogenèse des infections chez les humains et à l'impact global de l'appauvrissement de l'ozone sur les maladies infectieuses.

Effets oculaires de l'exposition chronique aux rayons UV

Sheila K. West

Lors du colloque qui s'est tenu à Ottawa en mars 1992, les participants ont convenu qu'un nombre suffisant de données, obtenues chez les humains et les animaux, établissaient un lien entre l'exposition chronique aux rayons UV et certains types de cataracte dans les populations âgées, bien que l'influence relative des rayons UV sur cette maladie d'origine multi-factorielle ne soit pas encore élucidée. Il n'existait pas de données concluantes établissant un lien entre les rayons UV et le mélanome de l'oeil.

Au cours des quatre dernières années, d'autres études, qui ont examiné les effets oculaires de l'exposition chronique aux rayons UV, ont mis en évidence les faits suivants :

  • Les études qui ont permis d'améliorer les méthodes de mesure de l'exposition oculaire individuelle aux rayons UV dans des populations ont constaté les résultats suivants.
    • Si l'on tient pas compte du temps passé à l'extérieur et de la surface de travail, l'emploi et les activités de loisirs n'influent guère sur le ratio de l'exposition oculaire ambiante.
    • Le ratio de l'exposition oculaire ambiante varie de façon marquée selon la saison.
  • Des études fondées sur la population indiquent que l'exposition oculaire aux rayons UV pendant toute la vie est généralement plus faible chez les femmes que chez les hommes et que cette différence est plus marquée chez les Afro-Américains que chez les Blancs. Toutefois, dans tous les groupes de population, on observe une augmentation du risque de cataracte corticale avec l'exposition aux rayons UV.

Photodermatoses

Colin A. Ramsay

Les dermatoses généralement classées dans cette catégorie sont celles qui sont dues, entièrement ou dans une large mesure, au rayonnement ultraviolet ou au rayonnement visible. Par convention, cette catégorie ne comprend pas les tumeurs primitives cutanées dues au rayonnement ultraviolet.

Il n'est guère facile de classifier ces maladies, car l'étiologie de la plupart d'entre elles est inconnue. Nous avons adopté, aux fins du présent document, la classification suivante :

  • Maladies dues à des anomalies du métabolisme
  • Maladies dues à des médicaments et aux produits chimiques administrés par voie générale ou appliqués localement
  • Maladies idiopathiques
  • Maladies aggravées par le rayonnement ultraviolet ou le rayonnement visible.

On a présenté des exemples de certaines maladies appartenant à chacun des groupes susmentionnés; certaines d'entres elles sont rares, d'autres courantes. La porphyrie et le xérodermie pigmentosum sont des examples des maladies dont il est établi qu'elles sont dues à des anomalies du métabolisme. On a donné des exemples de sujets ayant eu des réactions de photosensibilité provoquées par des médicaments et des produits chimiques administrés par voie générale ou appliqués localement.

La photodermatose solaire idiopathique est courante, et on a décrit ses manifestations.

Enfin, on observe une photosensibilité dans certaines dermatoses, mais l'exacerbation attribuable à l'exposition à la lumière solaire n'est que l'un des nombreux facteurs précipitants. Il a été question du lupus érythémateux - l'une des ces maladies.

Il importe de reconnaître les photodermatoses, si l'on veut mettre en place des stratégies efficaces de traitement.

Cancers cutanés non mélanocytiques

Richard P. Gallagher

Depuis de nombreuses années, on observe une augmentation de l'incidence des cancers cutanés non mélanocytiques à l'échelle planétaire. L'appauvrissement marqué de l'ozone stratosphérique, aussi bien dans les latitudes septentrionale qu'australe, a alarmé le public et suscité de nouvelles recherches portant sur le lien éventuel entre l'exposition aux rayons UV solaires et l'épithélioma basocellulaire ainsi que l'épithélioma spinocellulaire.

Les résultats d'études récentes effectuées en Australie et au Canada révèlent que l'exposition intermittente au soleil pourrait avoir un rôle déterminant dans l'épithélioma basocellulaire de la peau. Des données probantes indiquent en outre que l'exposition au soleil pendant l'enfance pourrait avoir une influence marquée sur l'apparition de ces cancers à l'âge adulte. Ces résultats sont analogues à ceux relatifs au mélanome cutané.

La relation entre l'épithélioma spinocellulaire de la peau et l'exposition aux rayons UV semble fort différente. Dans le cas de l'épithélioma spinocellulaire, une exposition chronique importante à la lumière solaire dans le cadre du travail, en particulier dans les 10 années précédant le diagnostic, entraîne un risque quatre fois plus élevé d'être atteint de cette forme de cancer dans le groupe le plus exposé.

Les résultats de ces études récentes devraient intéresser les responsables de l'élaboration des programmes de prévention primaire.

Le mélanome : mise à jour

Martin A. Weinstock

L'incidence du mélanome malin et la mortalité due à cette maladie demeurent à la hausse, en dépit des programmes de santé publique visant à renverser cette tendance. Les principales conclusions du premier colloque, tenu il y a quatre ans, demeurent valides. Toutefois, de nouvelles données ont été publiées depuis, qui pourraient aider à orienter les efforts déployés dans le domaine de la santé publique.

Plusieurs autres publications portent sur le lien potentiel entre l'utilisation des cabines de bronzage et le mélanome, mais aucun consensus n'a été atteint. On s'est tout particulièrement intéressé au spectre d'action dans le cas du mélanome, et des données nouvelles ont été obtenues à partir de modèles animaux et d'autres sources. Il y a lieu d'examiner les questions entourant l'étiquetage des écrans solaires et la nécessité de se soustraire aux rayons du soleil en milieu de journée. Enfin, de nouvelles données importantes ont été publiées concernant le recours au dépistage du mélanome dans le but de réduire la mortalité. Les efforts visant à lutter contre le mélanome devraient prendre en considération ces résultats et être fondés sur des données scientifiques probantes.

Progrès réalisés dans le domaine de la prévention et du diagnostic précoce du mélanome

Mark Elwood

Les campagnes de sensibilisation ont-elles une incidence sur le comportement?

Il est admis que la seule cause importante du mélanome malin cutané sur laquelle on peut agir est l'exposition excessive aux rayons UV du soleil; on a donc déployé des efforts considérables pour concevoir des campagnes de sensibilisation qui permettraient de modifier le comportement à l'égard du soleil. Nous avons récemment recensé des études d'évaluation de ces campagnes.

C'est l'essai comparatif randomisé qui se prête le mieux à une telle évaluation, et les résultats de trois de ces essais, tous effectués en Australie, ont été publiés. Dans deux de ces essais, les auteurs ont observé, après l'intervention éducative, une augmentation modeste de la protection contre les rayons solaires chez des personnes travaillant à l'extérieur. L'autre essai a mis en évidence une amélioration des précautions prises, qui a duré pendant huit mois, chez des enfants d'âge scolaire qui avaient bénéficié d'une campagne de sensibilisation à grande échelle, offerte dans le cadre du programme scolaire pendant 3 à 4 semaines; les auteurs de la même étude n'ont observé aucun effet à la suite d'un exposé de 30 minutes par un intervenant en promotion de la santé.

D'autres études fondées sur un plan expérimental prétest-post-test ont été effectuées. À Melbourne, on a procédé régulièrement, pendant trois étés (1988-1990), à des entrevues téléphoniques visant à déterminer le comportement à l'égard du soleil au cours de la fin de semaine précédente. Ces études ont mis en évidence une diminution de la proportion de personnes qui avaient des activités à l'extérieur, une augmentation de la protection contre les rayons solaires et des réductions modestes des coups de soleil déclarés. Toutefois, d'autres données inédites portant sur les années subséquentes n'évoquent aucune amélioration plus importante.

La présente recension a permis de tirer trois grandes conclusions. Premièrement, compte tenu du coût des programmes de sensibilisation, les sommes consacrées à leur évaluation rigoureuse ont été très minimes. Deuxièmement, lorsqu'il y a eu évaluation, les résultats indiquent qu'il faut mettre en oeuvre des programmes ambitieux de grande portée, et que ces programmes ne modifient que très légèrement les comportements à l'égard du soleil. La principale question non résolue consiste à déterminer si ces légères modifications du comportement sont suffisantes pour entraîner, en bout de ligne, une diminution importante de l'incidence du mélanome ou d'autres maladies liées aux rayons UV.

Dépistage du mélanome

Les caractéristiques biologiques du mélanome donnent à penser que le diagnostic précoce, par le biais du dépistage systématique, pourrait présenter des avantages considérables, mais on ne dispose encore que de peu de données empiriques sur ces avantages. L'évaluation des tests de dépistage repose généralement sur des paramètres à court terme, comme la sensibilité et la valeur prédictive positive. Un examen des études visant à évaluer ces paramètres révèle que les résultats dépendent dans une large mesure de la définition de la positivité ainsi que du suivi effectué. Il est particulièrement important de déterminer si l'on peut mettre sur pied un programme de dépistage portant expressément sur le mélanome et faisant abstraction des autres dermatoses moins graves, ou s'il est nécessaire de relever un nombre considérable de sujets qui présentent d'autres anomalies moins importantes.

Étant donné qu'il n'y a pas eu d'essais randomisés ni d'études de cohortes importantes, c'est une étude cas-témoins sur l'auto-examen, publiée récemment, qui constitue l'évaluation la plus rigoureuse du dépistage du mélanome. Les résultats de cette étude, effectuée au Connecticut, mettent en évidence une réduction marquée de la mortalité due au mélanome chez les personnes qui pratiquent l'auto-examen, mais aussi, chose passablement étonnante, une réduction marquée de l'incidence. Si ce résultat n'est pas imputable à des variables confusionnelles ou à des biais dans le plan expérimental, il est forcément dû à la découverte et à l'ablation des lésions précoces, mais il faudrait obtenir des preuves directes de ce lien de causalité.

Dans le Queensland, on a proposé d'évaluer, dans le cadre d'un essai comparatif randomisé, une approche communautaire faisant appel à la fois à l'auto-examen et au dépistage du mélanome par un médecin. Plusieurs étapes sont prévues : randomisation de quelque 42 collectivités (population totale de près de 500 000 habitants), mise en place d'un vaste programme d'intervention communautaire dans les collectivités à l'étude et surveillance des effets de ce programme au moyen de journaux de bord tenus par des omnipraticiens, de rapports d'examens anatomo-pathologiques et, en bout de ligne, de données sur la mortalité, au cours d'une longue période de suivi. La première phase de cet essai a été amorcée.

Pour l'instant, on ne dispose que de peu de données probantes sur les avantages du dépistage du mélanome, même si les premières études d'évaluation rigoureuses sont en cours. Il n'existe pas de données scientifiques empiriques en faveur de la promotion généralisée du dépistage du mélanome, en particulier en Amérique du Nord, or ces données sont jugées essentielles à la promotion des autres activités de dépistage du cancer. Il convient donc de procéder à une évaluation plus approfondie des approches actuelles ainsi que des nouvelles approches.

Encourager les changements de comportement : résultats d'une étude pilote et incidence sur une étude nationale

Chris Lovato, Jason Rivers et Jean Shoveller

Cet exposé porte sur l'élaboration d'une enquête nationale visant à mesurer l'exposition au soleil et les précautions prises. On y décrit les instruments psychométriques utilisés dans le cadre de cette enquête, qui vise à évaluer les comportements, les connaissances et les attitudes des personnes vivant au Canada en ce qui concerne le soleil.

On a fait un survol des instruments utilisés antérieurement dans l'évaluation de l'exposition au soleil et des mesures de protection adoptées. On a utilisé le modèle PRECEDE/PROCEED pour mettre au point des instruments provisoires. On a eu recours à une procédure en deux étapes pour mettre à l'essai cet instrument provisoire. La phase un (prétest) comprenait : a) des groupes de discussion (français et anglais); b) un examen effectué par des experts (membres du Comité consultatif national); et c) un prétest effectué à Vancouver auprès d'un échantillon de commodité composé de 200 répondants. La phase deux (essai pilote) reposait sur des entrevues téléphoniques (anglais et français) menées auprès d'un échantillon aléatoire stratifié composé de foyers canadiens (= 421). Pour analyser les données qualitatives, on a eu recours à une analyse du contenu. Les données ont été pondérées, et on a effectué des croisements de données et des analyses de fiabilité.

À la suite de la phase un, on a modifié considérablement l'instrument, on a notamment : a) prolongé la période dont l'enquêté devait se souvenir (du mois précédent aux trois mois précédents); et b) accru la spécificité concernant le moment et la durée de l'exposition au soleil des répondants. La technique générale d'échantillonnage utilisée au cours de la phase deux a permis d'étudier un bon groupe représentatif de sujets qui s'exposent au cancer de la peau. Nous avons constaté que le concept le plus difficilement mesurable était les «obstacles» à la prise de mesures de protection.

À la lumière des résultats, nous sommes arrivés à la conclusion qu'une enquête téléphonique nationale, menée dans les foyers, permettrait d'obtenir des données de référence précieuses concernant l'exposition au soleil et les mesures de protection chez les Canadiens. On se fondera sur les résultats du prétest et de l'essai pilote pour apporter les dernières modifications à l'instrument, qui est destiné à être utilisé dans le cadre d'une enquête nationale à grande échelle (n = 3 600), qui aura lieu à l'automne 1996.

Appauvrissement de l'ozone et indice UV canadien

Robert B. Saunders et James B. Kerr

Appauvrissement de l'ozone et exposition aux rayons UVB

Depuis la fin des années 1950 et le début des années 1960, l'ozone stratosphérique fait l'objet d'une surveillance systématique à plusieurs endroits de la planète, notamment à cinq endroits au Canada. À la suite de l'hypothèse formulée pour la première fois au début des années 1970, selon laquelle les hydrocarbures halogénés (CFC) anthropiques pourraient entraîner une réduction de l'ozone stratosphérique, on a analysé les données relatives à l'ozone afin de déterminer s'il y avait eu un changement de la concentration en ozone et si ce changement était conforme aux prévisions du modèle.

Le premier signe d'appauvrissement de l'ozone stratosphérique a été observé en 1985, lorsqu'on a découvert que les valeurs de l'ozone au printemps, au-dessus de l'Antarctique, avaient diminué depuis le milieu des années 1970 (trou d'ozone antarctique). Des expériences ultérieures ont confirmé que cet appauvrissement au-dessus de l'Antarctique est causé par la présence de fortes concentrations de chlore dans la stratosphère, qui sont elles-mêmes probablement causées par l'accumulation de CFC produits par l'homme. D'autres analyses des valeurs enregistrées au niveau du sol et par satellite ont montré que l'ozone avait diminué à l'échelle planétaire et qu'aux latitudes canadiennes, la diminution annuelle moyenne était d'environ 3 à 5 % par décennie. La baisse la plus marquée de l'ozone est survenue à la fin de l'hiver et au début du printemps.

Des mesures récentes du rayonnement ultraviolet spectral ont montré que l'intensité des rayons UV augmente lorsque les concentrations en ozone diminuent. Les mesures de l'intensité des rayons UV en dessous du trou d'ozone antarctique au printemps sont plus élevées que celles observées dans le sud de la Californie pendant l'été. Les mesures prises à des latitudes septentrionales tempérées font ressortir une augmentation des rayons UV, parallèle à la baisse de l'ozone. Cette augmentation des rayons UV est plus importante aux plus courtes longueurs d'ondes du domaine des rayons UVB, qui sont davantage filtrés par l'ozone et qui sont plus dommageables pour la majorité des systèmes biologiques.

On prévoit que les concentrations de chlore dans l'atmosphère atteindront un sommet vers le tournant du siècle. Le rythme d'accroissement des CFC dans l'atmosphère a chuté, et la production et l'utilisation des CFC ont diminué à la suite des accords visant à contrôler ces substances, notamment le Protocole de Montréal (1987) et les modifications encore plus rigoureuses des conférences de Londres (1990) et de Copenhague (1992). Actuellement, on prévoit que les concentrations annuelles moyennes d'ozone au-dessus du Canada seront environ 6 à 10 % inférieures aux concentrations normales antérieures à 1980, et que l'intensité des rayons UVB ayant une action érythémateuse sera supérieure d'environ 10 à 15 %. À la fin de l'hiver/au début du printemps, alors que les concentrations d'ozone peuvent être inférieures de 20 à 25 % à la normale pendant de courtes périodes, l'intensité des rayons UVB peut dépasser de 30 % les valeurs normales.

On prévoit qu'après l'an 2000, les concentrations de chlore reviendront lentement à des valeurs près de la normale (analogues à celles d'avant le trou d'ozone) vers le milieu du prochain siècle. Des incertitudes persistent concernant l'appauvrissement et le remplacement maximums de l'ozone : on ignore, par exemple, quelle est la quantité de CFC utilisée dans les pays en développement, à quel rythme augmente l'utilisation des substituts des CFC et dans quelle mesure l'appauvrissement de l'ozone est lié à d'autres changements environnementaux, comme le réchauffement planétaire ou les effets des éruptions volcaniques.

Indice UV canadien

Afin de faire écho à l'inquiétude croissante de la population canadienne engendrée par le changement d'intensité des rayons UV dû à l'appauvrissement de l'ozone, Environnement Canada a mis sur pied le programme sur l'indice UV en mai 1992. L'indice UV vise notamment à amener la population à prendre conscience de la variation d'intensité des rayons UV et à mieux comprendre ce phénomène, à appuyer les efforts déployés par les organismes voués à la santé en matière de sensibilisation du public aux dangers des rayons UV et à inciter les particuliers à adopter des habitudes de vie favorisant la santé. La variation d'intensité des rayons UV est un phénomène très complexe, car un grand nombre de variables entrent en jeu, notamment l'ozone, les aérosols atmosphériques, les nuages, l'heure du jour et la saison. Pour créer l'indice UV, il a fallu relever le défi qui consiste à présenter une variable complexe sous une forme intelligible et utile pour le grand public.

Le premier point à prendre en considération lors de la mise au point d'un instrument utile permettant de quantifier les rayons UV est la définition d'un paramètre physique qui est présent dans l'environnement. L'indice UV est proportionnel à l'énergie (en milliwatts/mètre) des rayons UV, pondérés en fonction de leur effet érythémateux, qui tombe sur une surface horizontale. C'est une valeur non dimensionnelle, établie en divisant par 25 milliwatts/mètre les rayons UV pondérés en fonction de leur effet érythémateux. On a retenu les rayons UV pondérés en fonction de leur effet érythémateux comme base de l'indice UV, étant donné qu'il existe déjà de nombreux instruments qui permettent de reproduire la réaction érythémateuse, et que le coup de soleil est la réaction humaine la plus rapide aux rayons UV.

Les valeurs de l'indice UV s'échelonnent entre 0 et 10 dans l'ensemble du Canada et peuvent atteindre 12 à 14 sous les tropiques, lorsque la couche d'ozone est mince. On a mis au point des méthodes permettant de prévoir l'indice UV au cours d'une période de 18 heures, en se fondant sur les fortes corrélations existant entre l'ozone et la situation météorologique. L'indice UV est une variable qui est traitée de la même façon que d'autres variables météorologiques (p. ex., la température, les chutes de pluie, etc.). Elle est mesurée, présentée sous forme de prévision et communiquée au grand public, en tant que variable habituellement intégrée à la série de prévisions diffusées par Environnement Canada dans les médias (journaux, radio, télévision) et par d'autres moyens de communication.

Le deuxième point à prendre en considération est l'interprétation de ce que signifie l'indice UV pour la santé humaine. Au Canada, l'indice UV comprend les catégories «faible» (moins de 4), «modéré» (valeurs entre 4 et 7), «élevé» (entre 7 et 9) et «extrême» (supérieur à 9). Ces catégories permettent de déterminer quelle est la durée d'exposition nécessaire à l'apparition d'un érythème sur une peau de type II. On estime que la diffusion continue de variables physiques (indice UV) et d'autres renseignements sur la façon d'interpréter ces variables a une valeur pédagogique, car elle permet de rappeler aux gens la présence de rayons UV à l'extérieur et les précautions qui s'imposent. Le grand public devrait également savoir à quelle période de l'année et à quelle heure du jour les rayons UV sont les plus intenses.

L'indice UV canadien est en train d'être adopté comme norme par l'Organisation météorologique mondiale et l'Organisation mondiale de la Santé. Pour l'instant, 11 pays ont adopté l'indice canadien et l'utilisent ou prévoient l'utiliser dans un proche avenir. L'importance de la normalisation internationale est reconnue; il faut utiliser une échelle commune si l'on veut sensibiliser les personnes qui voyagent à l'étranger et les inciter à la prudence.

Le grand public et des groupes intéressés ont été étroitement associés à l'élaboration du programme sur l'indice UV. Parmi les intéressés, citons le milieu médical, le milieu de la santé publique, la Société canadienne du cancer, la Société canadienne d'ophtalmologie, l'Association canadienne des optométristes, les fabricants d'instruments et les médias. La majorité des intéressés et des représentants du grand public sont généralement satisfaits du programme. Depuis la création de ce dernier, en 1992, on a amélioré le mode de présentation et les prévisions de l'indice UV (on a, par exemple, adopté des méthodes plus perfectionnées, qui permettent de tenir compte des effets des nuages) et il y a tout lieu de croire que d'autres changements seront apportés dans l'avenir. Les améliorations récentes faisaient en partie écho aux commentaires exprimés par les groupes intéressés et le grand public.

La création du programme sur l'indice UV, qui visait à fournir des données quantitatives au grand public sur l'intensité des rayons UV, constitue le prolongement logique des programmes qui étaient déjà en place en 1992. La surveillance et les prévisions météorologiques, ainsi que la surveillance de l'ozone et des rayons UVB existaient déjà à cette époque. La création du programme sur l'indice UV témoigne de la volonté d'améliorer les activités existantes et d'un effort scientifique ciblé visant à mieux comprendre les liens existant entre la météorologie, l'ozone atmosphérique et les rayons UV. Le coût du programme est relativement modeste comparé au coût global des activités existantes; toutefois, les bénéfices potentiels sont considérables, si le programme se solde par une réduction des effets néfastes sur la santé, attribuable à une modification du comportement des gens à l'égard du soleil.

Sources non solaires de rayonnement ultraviolet

Yvon Deslauriers

Depuis de nombreuses années, certaines craintes à l'égard de l'exposition aux rayons UV non solaires ont été exprimées aux autorités sanitaires. Santé Canada a reçu à maintes reprises des demandes de renseignements et des plaintes concernant des incidents ou des accidents liés à des lampes halogènes, des lampes à vapeur de mercure et des lampes solaires. Ces lampes peuvent être destinées à émettre des rayons UV ou le faire à la suite d'un mauvais usage, d'un bris ou d'une défaillance.

Les lampes halogènes retiennent tout particulièrement l'attention depuis qu'on a établi, en 1992, qu'elles pouvaient avoir un effet sur l'ADN des bactéries et causer le cancer chez des souris sans poils, lorsque celles-ci étaient exposées à leur rayonnement, à une distance de 50 cm, douze heures par jour pendant un an. Dans des conditions identiques, les animaux ne développaient pas le cancer de la peau lorsque la lampe était couverte d'une feuille de verre d'une épaisseur de 2 mm. L'intensité du rayonnement de ces lampes dans le spectre ultraviolet est telle qu'elles peuvent, dans la pire éventualité, entraîner un érythème en quelques heures; le risque est fonction du type de lampe, de l'appareil d'éclairage, des caractéristiques du modèle, de l'orientation, de la distance entre le sujet exposé et la lampe et de la sensibilité du sujet. Ce type de lampe doit être doté d'une plaque de verre pour être approuvé par l'Association canadienne de normalisation. Cette plaque peut être intégrée à la lampe elle-même (c'est le cas des modèles de type projecteur) ou au boîtier auquel est fixée l'ampoule. Aujourd'hui, les modèles offerts au public canadien sont dotés d'une plaque de verre.

De nombreux cas de «coups de soleil» du premier et du deuxième degré causés par des lampes à vapeur de mercure ont été signalés aux autorités sanitaires. Dans une foule, une cinquantaine de personnes ont été brûlées par les rayons UV émis par une lampe à arc électrique, qui a continué de fonctionner après le bris de l'ampoule. Une forte dose de rayonnement ultraviolet B et C peut en effet être dangereuse dans un rayon dépassant plusieurs centaines de pieds. La zone de la dose érythémateuse, déterminée par la distance du sujet exposé à la dose érythémateuse minimale, peut être passablement étendue. En raison du budget municipal réduit, les électriciens avaient installé le modèle de lampe bon marché, sans fusible, non auto-extinguible. En vertu des règlements appliqués par Santé Canada, le modèle auto-extinguible devrait être marqué de la lettre «T» et être utilisé dans les gymnases, les centres commerciaux, les entrepôts, les terrains de jeu et les patinoires extérieures, etc. Le modèle non auto-extinguible devrait porter la lettre «R» et ne devrait être utilisé que pour éclairer les routes, les terrains de stationnement et les lieux où les gens risquent peu de demeurer pendant une longue période.

Contrairement aux deux sources de rayonnement susmentionnées, les appareils de bronzage sont destinés à produire des rayons UV. Les progrès technologiques ont entraîné une modification du spectre des rayons émis par les lampes solaires : alors que, dans les années 1960 et 1970, l'intensité des rayons UVB était forte, et celle des rayons UVA, modérée, mais dans les années 1990, les rayons UVB et UVA ont, respectivement, une intensité faible et élevée. La conception des appareils à évolué, depuis les lampes de type projecteur, les cabines et même les chambres de bronzage, jusqu'aux lampes à haute pression munies de filtres et aux tubes fluorescents à haut rendement produisant des rayons UVA. Ce type d'appareil est extrêmement controversé. Il est en effet destiné à interagir avec une fonction organique qui est un mécanisme de protection contre la surexposition au rayonnement ultraviolet. Bien qu'un certain nombre d'études épidémiologiques et de rapports indiquent qu'il existe peu de preuves de la cancérogénicité des appareils de bronzage pour les humains, beaucoup d'incertitude entoure cette question, en particulier en ce qui concerne les lits de bronzage où les rayons UVA prédominent. De façon générale, on peut affirmer qu'une évaluation de l'exposition aux anciens modèles de lampes solaires ne justifie pas la prise de mesures réglementaires plus rigoureuses pour régir l'utilisation des lits de bronzage actuels émettant des rayons UVA.

En vertu de la Loi sur les dispositifs émettant des radiations, il incombe à Santé Canada de veiller à la sécurité des dispositifs émettant des radiations qui sont fabriqués et vendus au Canada. Le Bureau de la radioprotection dispose de l'expertise scientifique et technique voulue pour concevoir les règlements et les programmes de vérification de la conformité visant ces dispositifs. Il dispose des installations qui permettent de vérifier et d'évaluer les dangers pour la santé associés à ces appareils. Une partie des ressources du programme est également consacrée à la sensibilisation et à l'information du public.

Variables liées aux tissus qui influent sur la transmission des rayons ultraviolets

Linda Capjack, Nancy Kerr et Robert Fedosejevs

On diagnostique chaque année plus de 60 000 cas de cancer de la peau chez les Canadiens, chiffre qui dépasse le nombre total de cas de cancers du poumon, du sein et de la prostate combinés.

L'utilisation judicieuse d'écrans solaires ou de vêtements de protection pourrait permettre de réduire considérablement les atteintes cutanées. Les experts en médecine recommandent fréquemment le port de vêtements de protection contre les rayons UV. Toutefois, tous les vêtements ne confèrent pas une protection identique ou adéquate.

La présente étude avait pour objet de définir clairement les caractéristiques des tissus (couleur, masse du tissu, structure [tricoté/tissé], nombre de fils au cm, pouvoir couvrant, état sec ou mouillé et présence de plusieurs couches d'étoffe) et de déterminer dans quelle mesure ils transmettent les rayons UV. On a acheté un vaste éventail de tissus (couleur, poids et type de fibres différents), on a établi leurs caractéristiques et mesuré par spectrophotométrie leur capacité de transmettre les rayons UV. Cette capacité de transmission, en tant que fonction d'une longueur d'onde supérieure à la fourchette de 280-380 nm, a été comparée aux données relatives au spectre solaire et au spectre d'action érythémateuse afin d'établir le facteur de protection solaire (FPS) de chaque tissu. La transmission des rayons UV par les tissus a été mesurée au moyen d'un spectrophotomètre (UV-Visible-Proche infrarouge) Vanan Cary 2415, auquel on avait adapté une sphère d'intégration afin de capter la lumière diffusée et transmise. Pour éliminer la fluorescence, on a utilisé un filtre de fluorescence UG-11 de 3 mm, qui a été fixé au spectrophotomètre.

Les écrans solaires et les tissus font l'objet de tests analogues visant à déterminer leur capacité de bloquer les rayons UV. Dans le cadre d'un essai in vivo, on a appliqué des écrans solaires ou assujetti des échantillons de tissu sur la peau de sujets humains ayant une peau de type I ou II, et l'on a déterminé la dose érythémateuse minimale de la peau protégée et de la peau non protégée. Le FPS de l'écran solaire ou du tissu est le ratio de la dose érythémateuse minimale, avec et sans protection. Il existe peu de publications faisant état de mesures in vivo visant à déterminer le FPS des tissus. Ces études mettent en évidence une corrélation étroite entre les résultats obtenus au moyen d'essais in vivo et ceux obtenus au moyen d'études spectrophotométriques. Les essais in vitro visant à déterminer le FPS des écrans solaires et des tissus sont moins coûteux que les essais in vivo, et même si aucun sujet humain n'y participe directement, on prend en compte, dans cette étude, la réaction de la peau humaine au rayonnement ultraviolet à des longueurs d'onde de 280 à 380 nm (spectre d'action érythémateuse).

On a indiqué la structure de chaque étoffe (tissé ou tricoté) et précisé ses caractéristiques en fonction du type de tricot ou de tissu. On a en outre établi les paramètres de chaque étoffe, notamment la masse des fibres, le nombre de fils au cm et le pouvoir couvrant. Lorsque tous les paramètres du tissu demeuraient relativement constants, les tissus 100 % polyester conféraient une protection de deux à trois fois supérieure aux autres fibres.

Afin de déterminer l'effet de la couleur ou de la présence de teinture sur la transmission des rayons UV par le tissu, on a soumis à des tests spectrophotométriques des tissus de sept couleurs différentes, composés aussi bien de coton à 100 % que d'un mélange 65 % coton/35 % polyester. Parmi les tissus 100 % coton, plus le tissu était foncé et saturé de teinture, plus le FPS était élevé. Ainsi, le FPS du coton noir était environ cinq fois plus élevé que celui du coton blanc. On a observé le même phénomène avec les mélanges 65 % polyester/35 % coton, mais les variations du FPS étaient moins marquées; le FPS s'échelonnait entre 9 (tissu rose pâle) et 26 (tissu marine). Tant la présence de molécules de teinture que la quantité de teinture influaient sur la transmission des rayons UV par le tissu. De nombreuses molécules de teinture absorbent aussi bien le rayonnement UV que le rayonnement visible. En outre, plus le tissu avait une masse ou un poids élevé plus la protection conférée contre les rayons UV était grande. Les résultats indiquent que les valeurs du FPS augmentent avec la masse du tissu, indépendamment du type de fibres (polyester, coton, soie, etc.). C'est donc dire que les tissus plus lourds conféraient une meilleure protection contre les rayons UV, indépendamment du type de fibres.

Les chercheurs avancent que le pouvoir couvrant (défini comme étant la fraction [%] d'une zone donnée qui est couverte) est un paramètre important dans la détermination de la capacité d'un tissu de protéger contre le soleil. Selon eux, la transmission des rayons UV se fait en majeure partie à travers les interstices du tissu. De nombreux dermatologistes conseillent en effet à leurs patients de vérifier si le tissu est tissé serré, en tenant le vêtement à bout de bras devant la source lumineuse, de manière à déterminer dans quelle mesure il laisse passer la lumière. On recommande aux patients de choisir des étoffes tricotées ou tissées serré, de manière à obtenir une bonne protection contre le soleil. Il est toutefois difficile de déterminer si la lumière est transmise par les interstices ou à travers le tissu. Dans cette étude, un pouvoir couvrant élevé (entre 90 et 100 %) contribuait bel et bien à réduire la transmission des rayons UV par le tissu, mais il n'était pas aussi étroitement lié au FPS que la masse du tissu. Les tissus blancs légers, qui ne comportent aucun espace entre les fils (pouvoir couvrant de 100 %) transmettent tout de même certains rayons UV. Outre le pouvoir couvrant, il faut prendre en considération d'autres paramètres, comme le poids et la couleur, lorsqu'on choisit un tissu pour se protéger du soleil.

Dans la présente étude, le FPS des tissus tricotés était généralement plus élevé que celui des tissus tissés. Mais les tissus tricotés avaient également une masse et un pouvoir couvrant plus élevés, il est donc impossible de conclure que la structure du tissu (tricot) était seule responsable de la transmission moins élevée. Les tricots nylon/spandex ont obtenu des FPS très élevés, dans toutes les couleurs. Plusieurs de ces tissus à maillot de bain ont également été testés à l'état mouillé : la transmission des rayons UV augmentait alors au moins du tiers.

Enfin, dans cette étude, une double couche de tissu conférait une protection au moins deux fois supérieure à une simple couche. Lorsque le vêtement est en tissu léger, ayant un faible pouvoir couvrant, on peut faire en sorte que les parties directement exposées à la lumière du soleil, comme les épaules du vêtement, soient composées de plusieurs couches de tissu. Le résultat intéressant obtenu avec certains types de vêtements très amples spécialement conçus pour protéger contre le soleil est peut-être attribuable à la juxtaposition de plusieurs couches d'étoffe. L'avantage de ce type de vêtement tient peut-être au fait qu'il ne colle pas au corps, mais tombe librement en formant des plis, faisant ainsi se chevaucher plusieurs couches de tissu. Le soleil ne passe pas directement à travers les interstice de l'étoffe, comme il le ferait si le vêtement collait étroitement à la peau.

En conclusion, tous les tissus ne confèrent pas la même protection contre le soleil. Les consommateurs doivent être informés des différentes caractéristiques des tissus, qui influent sur leur capacité de transmettre les rayons UV du soleil et apprendre à faire des choix éclairés, de manière à réduire le risque d'atteinte cutanée et de cancer de la peau.

Bibliographie

La présente bibliographie regroupe les références fournies par les experts qui ont fait des exposés sur certains sujets précis lors du colloque de 1996. Ce document complète mais ne remplace pas la bibliographie qui accompagne le compte rendu du colloque de 1992.

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Sources non solaires de rayonnement ultraviolet

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Variables liées aux tissues qui influent sur la transmission des rayons ultraviolets

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Dernière mise à jour : 2002-10-29 début