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Volume 22, No 2
2001
[Table
des matières]
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L'évaluation de la capacité de surveillance
des enquêtes nationales sur la santé du Canada
Gary J Umphrey, Ora Kendall et Ian B MacNeill
Résumé
Nous évaluons ici la capacité des enquêtes nationales
sur la santé menées au Canada à titre d'instruments
de surveillance, en comparant notamment la structure temporelle des ensembles
de données obtenus à celle des données produites
par le Behavioral Risk Factor Surveillance System (BRFSS) des États-Unis.
Seule l'Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (ESUTC)
partage avec le BRFSS la capacité de générer des
séries chronologiques continues et uniformes à des intervalles
mensuels. En plus de leur utilité pour la surveillance, ces séries
chronologiques peuvent s'avérer des plus utiles pour les analyses
rétrospectives, comme les évaluations de programme. Une
bonne façon de se doter d'un instrument d'enquête mensuel
continu et uniforme serait d'élargir l'ESUTC pour y inclure des
variables autres que celles liées exclusivement au tabac. Par ailleurs,
l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
(ESCC), qui générera des données mensuelles, pourrait
éventuellement produire elle aussi des séries chronologiques
continues utiles, même si le cycle d'enquêtes menées
à l'échelle des régions socio-sanitaires et des provinces
ne revient qu'une année sur deux. Une autre option viable consisterait
donc à reconfigurer l'ESCC, ou même à améliorer
une quelconque enquête de surveillance provinciale basée
sur le modèle du BRFSS, mais cela comporte des compromis ou des
obstacles particuliers.
Mots-clés :
BRFSS; changement temporel; enquêtes sur la santé; ESCC;
ESUTC; information sur la santé; séries chronologiques de
surveillance
Introduction
L'amélioration de la surveillance a été un thème
important des récentes discussions sur la mise à niveau de l'infrastructure
d'information sur la santé du Canada1-5. Pour répondre
à cette demande, deux nouvelles enquêtes nationales sur la santé
ont été mises sur pied : l'Enquête de surveillance
de l'usage du tabac au Canada (ESUTC) et l'Enquête sur la santé
dans les collectivités canadiennes (ESCC). Ces enquêtes accroîtront
certes de beaucoup notre capacité de surveillance, mais il nous semble
encore rester place à des améliorations rentables. Nous mettrons
ici l'accent sur la structure temporelle des ensembles de données vu
que la façon dont les données sont générées
dans le temps constitue une propriété fondamentale de tout plan
de sondage et a d'importantes conséquences pour la pertinence de la
surveillance et l'analyse statistique.
Les enquêtes nationales sur la santé ne sont pas les seuls
outils de surveillance possibles. On pourrait en effet aussi plaider en faveur
d'un renforcement de la capacité du Canada de surveiller la mise en
oeuvre de ses politiques6 et d'une meilleure utilisation des nombreuses
sources de données de surveillance potentielles à l'échelle
locale7. En générant des données axées
sur la population pour un large éventail de variables de santé,
les enquêtes nationales contribuent cependant à la surveillance
de plusieurs façons, notamment :
- en brossant un tableau démographique ponctuel de la santé
de la population;
- en permettant de déceler les changements temporels dans les déterminants
de la santé;
- en donnant des informations sur les associations entre les variables;
- en fournissant une base scientifiquement crédible pour contrevalider
l'information provenant d'autres instruments de surveillance, notamment ceux
qui génèrent des données «rapides et économiques»
(p. ex., les registres de vente);
- en fournissant une base pour comparer les activités de surveillance
locales ou spécialisées.
Les ensembles de données des enquêtes nationales sont généralement
valables à long terme. Les longues séries chronologiques composées
de données de grande qualité ont plus de valeur pour l'analyse,
ce qui plaide en faveur de l'établissement de systèmes d'enquête
de longue durée.
En général, la surveillance de la santé publique se
doit, par définition, d'être continue si l'on veut déceler
les changements dans le temps, et doit être intégrée à
des objectifs de santé publique en évolution3, 8.
Fondamentalement, une bonne surveillance équivaut à une «garde
à vue», ce qui va au-delà de la simple surveillance
des changements temporels. L'étroitesse de la surveillance dépend
de ce que l'on surveille. Par exemple, l'avancée d'un missile balistique
et celle d'un glacier peuvent toutes deux avoir de terribles conséquences,
mais il serait vain de gaspiller des ressources pour surveiller cette dernière
avec la même urgence que la première.
Les sismographes et les détecteurs de fumée sont en un sens
des instruments de surveillance idéaux : ils fonctionnent en continu
et l'on n'y gagnerait guère à les débrancher pour de
courtes périodes (assez brèves pour ne pas compromettre leur
fonction). Si l'on disposait de tels instruments pour la surveillance de la
santé publique, on pourrait, comme le constate McQueen notamment à
propos des facteurs liés au mode de vie, recueillir des données
en continu et obtenir un flux ininterrompu de données permettant de
déceler des changements discrets et à long terme dans les variables
d'intérêt au niveau de la population9. Toutefois,
vu les coûts énormes associés à chaque entrevue
et les considérations statistiques liées à la précision
et à la puissance désirées, on peut, pour un coût
fixe, en arriver à de véritables compromis entre la quantité
et la qualité de l'information que l'on peut obtenir pour chaque enquête
transversale ponctuelle et chaque fréquence de sondage.
Dans le cadre du Behavioral Risk Factor Surveillance System (BRFSS), on
mène aux États-Unis des enquêtes mensuelles en continu
capables de produire des séries chronologiques uniformes continues.
Ce système est probablement ce qui se rapproche le plus, dans la pratique,
de l'idéal d'un flux ininterrompu de données pour une enquête
nationale sur la santé. En place depuis plus de 25 ans et sans cesse
perfectionné à la lumière de l'expérience acquise,
le BRFSS possède un dossier d'utilisation considérable et bien
documenté qui a servi de modèle à des enquêtes
de surveillance menées dans d'autres pays, comme l'Australie et la
Chine. En plus d'être permanent, le BRFSS est capable de répondre
aux besoins du gouvernent fédéral, des États et des instances
locales. Au Canada, on a toujours eu besoin d'informations mieux ciblées
à l'échelle provinciale et locale, étant donné
qu'il incombe aux gouvernements provinciaux et aux administrations locales
d'élaborer les politiques de santé et de fournir les services
de santé publique. L'ESUTC a suivi le modèle du BRFSS pour générer
des données dans le temps, et certaines similitudes théoriques
donnent à penser que l'on s'en est également inspiré
pour l'ESCC. On n'en note pas moins certaines différences capitales
entre le BRFSS et les enquêtes canadiennes, et c'est pourquoi notre
méthode consiste en partie à utiliser le BRFSS comme point de
comparaison. Nous entendons ici nous servir du système américain
pour mieux cerner les possibilités d'amélioration, un peu comme
une entreprise florissante étudierait le fonctionnement d'une autre
entreprise comparable.
Nous adoptons une définition large de la surveillance. Il est certes
utile, pour évaluer la pertinence de la surveillance, d'en différencier
la fonction des autres utilisations potentielles des données, comme
la recherche8, 10, mais l'analyse coût-bénéfice
appliquée à l'évaluation d'un instrument de surveillance
n'en doit pas moins inclure tous les bénéfices potentiels, qu'ils
relèvent ou non strictement de la surveillance. L'instrument peut en
effet permettre de motiver l'acquisition, la diffusion et l'utilisation de
l'information recueillie à partir des données générées,
et offrir ainsi des avantages «implicites» en plus des bénéfices
«explicites».
On peut évaluer les changements potentiels dans une infrastructure
d'information sur la santé ou dans une de ses composantes, comme une
enquête, en fonction de leur utilité marginale. Pour nous, dans
un système de surveillance optimal, aucune augmentation ou réaffectation
des ressources ne pourrait se traduire par un gain profitable sur le plan
de la valeur de l'information, et aucune soustraction de ressources ne pourrait
se faire sans que les pertes dans la valeur des informations recueillies soient
supérieures aux économies réalisées. Dans l'analyse
coût-bénéfice que cela suppose, il est normalement plus
facile de quantifier les coûts que les bénéfices. Les
réductions de la mortalité et de la morbidité et les
économies de programme sont des mesures quantifiables dont on se sert
pour valider le changement. D'autres avantages, peut-être plus difficiles
à quantifier, notamment en termes économiques, constituent cependant
parfois la principale justification d'un programme, comme par exemple :
- une meilleure connaissance de la visibilité et de l'impact des
politiques et des programmes;
- une meilleure prestation des services de santé (qui ne permet peut-être
pas d'économiser de l'argent, mais qui améliore effectivement
la santé ou le confort de la clientèle ou accroît l'utilité
des services);
- une meilleure compréhension des facteurs influant sur la santé
humaine;
- la production d'informations connexes qui permettent de situer la recherche
ciblée dans un contexte plus large et aide à définir
les futures priorités de la recherche, de la surveillance et des initiatives
stratégiques;
- l'assurance que les problèmes de santé émergents
seront détectés à temps et pourront donner lieu à
une intervention rapide;
- l'assurance que les programmes actuels sont toujours appropriés
et suffisants;
- une meilleure capacité de répondre aux besoins de sous-groupes
particuliers en matière de santé.
Devant des considérations aussi diverses, l'«optimisation»
ne peut se réduire a un simple exercice algorithmique, mais devient
davantage un exercice d'équilibrage. La formulation d'une stratégie
de surveillance cohérente devrait accélérer le processus
évolutif du raffinement du système de surveillance et, en bout
de ligne, diminuer les frais de développement.
Contexte et survol
Le Behavioral Risk Factor Surveillance System (BRFSS)
Le BRFSS est une enquête permanente menée à l'échelle
de l'État, dans le cadre de laquelle on effectue chaque mois un certain
nombre d'interviews téléphoniques à composition aléatoire
(voir le site web du BRFSS pour en savoir davantage11). Officiellement
mis sur pied en 1984 par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC)
et 15 États participants, le BRFSS a par la suite pris de l'expansion;
en 1997, il englobait les 50 États, le District de Columbia et
trois territoires. La population cible est constituée des personnes
de 18 ans ou plus vivant dans des ménages. (Les États-Unis
possèdent également un système de surveillance du comportement
des jeunes à risque qui est mis en oeuvre dans les écoles, mais
que nous n'aborderons pas ici12.) En 1999, la taille des échantillons
dans les États variait de 1 248 à 7 543 par année,
pour une médiane de 2 939 (D. Nelson, communication personnelle).
Cette même année, les CDC ont tenté de financer environ
2 500 entrevues par État; la latitude dont disposent les
États pour dépenser ces fonds et les entrevues supplémentaires
financées par les États eux-mêmes expliquent les variations
dans la taille des échantillons.
Les principales caractéristiques du BRFSS sont la nature de la collaboration
entre le fédéral et les États, l'intervalle mensuel des
sondages et la souplesse. Les CDC coordonnent le système, conçoivent
une bonne partie du questionnaire, fournissent un soutien logistique et assurent
le financement de base. Le questionnaire comprend trois parties : une
partie standard, commune à tous les États et préparée
par les CDC, et consistant en questions fixes, alternées et émergentes;
des modules facultatifs, préparés par les CDC, mais que chaque
État choisit d'inclure ou non; et des questions élaborées
ou acquises par chaque État. Les directeurs de programme du BRFSS jugent
très utiles les questions ajoutées par les États13.
Chaque État mène son propre sondage. La mise en oeuvre diffère
quelque peu selon les États; par exemple, certains États font
appel à des services maison pour mener les entrevues, alors que d'autres
les font faire à contrat. On estime que ce système d'enquête
basé sur l'État permet de traiter plus facilement les questions
locales, comme l'impact d'un nouveau programme d'État.
L'étalement uniforme de l'échantillon annuel sur douze mois
fait du BRFSS un système permanent, ce qui a en retour une incidence
bénéfique sur la qualité des données, facilite
l'analyse et accroît la capacité de réagir face aux problèmes
émergents. Les employés peuvent demeurer en poste sur une base
continue et les intervieweurs peuvent bénéficier d'une formation
poussée et acquérir une expérience et une cohérence
précieuses avec le temps. Il est également apparu, à
la lumière de l'expérience du BRFSS, qu'il est plus facile de
détecter un changement dû à un biais (comme un changement
dans la proportion de répondants sous-déclarant un comportement
particulier) à partir de données mensuelles continues lorsqu'une
question ou une méthode était modifiée (D. McQueen,
communication personnelle).
La valeur ajoutée des séries de données ainsi obtenues
peut être considérable pour l'analyse statistique par rapport
à des séries de données agrégées par année.
Les séries chronologiques continues à intervalles mensuels obtenues
pour des questions de base fixes offrent les avantages suivants :
- les données permettent de mieux détecter les changements
temporels;
- les données sont recueillies à des intervalles assez rapprochés
pour permettre de suivre les effets d'un programme ou d'une politique dans
le temps, caractéristique précieuse lorsque ces effets se concrétisent
rapidement;
- il est facile d'agréger les données en des périodes
plus longues (p. ex., annuelles, semestrielles, trimestrielles)
ou pour établir des comparaisons avant-après lorsqu'un nouveau
programme est mis sur pied ou que d'autres impacts potentiels surviennent;
- les composantes saisonnières peuvent être étudiées
à la fois pour elles-mêmes et pour désaisonnaliser la
surveillance des tendances temporelles;
- des méthodes statistiques semblables à des techniques de
contrôle de la qualité (p. ex., graphiques en p,
cartes à somme cumulée5) permettent de réagir
rapidement à des changements statistiquement significatifs dans le
temps.
Les questions standards alternées génèrent des cycles
de données de 12 mois alternant avec des interruptions de 12 mois.
Généralement, ce genre de données est regroupé
par année et considéré comme s'il s'agissait de résultats
d'enquêtes biennales; les données mensuelles permettent cependant
d'examiner aussi les composantes saisonnières. Il existe par ailleurs,
pour les années hors-cycle, des modules standards alternés facultatifs
qui permettent à chaque État d'exercer une surveillance permanente
de ces variables. Ainsi, l'Illinois divise l'échantillon d'État
et administre deux questionnaires (année en cours et année précédente)
de façon à administrer en continu tous les modules «standards
alternés» (B. Steiner, communication personnelle).
En pratique, la plupart des données sont totalisées par année
aux fins de la reddition de comptes et de l'analyse14. À
titre d'exemples d'utilisation des données mensuelles, mentionnons
l'examen des profils saisonniers de l'activité physique exercée
pendant les loisirs15 et l'analyse des séries chronologiques
des tendances du coût perçu comme un obstacle aux soins médicaux16.
On a pu tirer deux autres leçons de l'expérience du BRFSS,
soit que l'utilisation des données de surveillance s'accroît
avec le temps13 et que la concentration des ressources sur la collecte
des données «en amont» aux dépens de l'analyse des
données «en aval» peut se traduire par un rendement informationnel
sous-optimal.
Les enquêtes nationales sur la santé
menées au Canada jusqu'en 1998
L'Enquête sur la maladie au Canada menée en 1950-1951 a inauguré
ce qui est devenu aujourd'hui une tradition d'un demi-siècle d'enquêtes
nationales sur la santé de la population17. Ces enquêtes
ont permis de recueillir une foule d'informations sur la santé. Leur
répétition constitue généralement la meilleure
façon de détecter les changements temporels. Parmi les enquêtes
nationales en cours qui doivent être reprises sur une base permanente,
mentionnons l'Enquête nationale sur la santé de la population
(ENSP), l'Enquête sociale générale (ESG), l'Enquête
Nutrition : évolution et tendances, l'enquête «Nos
jeunes, leur santé», l'Enquête longitudinale nationale
sur les enfants et les jeunes (ELNEJ), le Sondage indicateur de l'activité
physique et l'Enquête nationale sur la couverture vaccinale17.
Diverses enquêtes portant des noms différents ont également
recueilli des informations sur la même variable dans le temps. On peut
comparer les résultats d'une série éclectique d'enquêtes
pourvu que la population cible et le libellé des questions soient étroitement
comparables et que les méthodologies n'introduisent pas de biais significatifs
ou du moins que les biais soient constants.
Les articles de Stephens18-19 et de Gilmore20 sur
la consommation de tabac illustrent diverses forces et faiblesses de la série
d'enquêtes nationales sur la santé visant à surveiller
les changements temporels avant 1998. Dans son analyse de la consommation
de tabac et des attitudes et des connaissances à l'égard du
tabac, Stephens18 puisait à quatre sources d'enquête
différentes : l'Enquête sur la population active (EPA) pour
11 années différentes entre 1965 et 1986, l'Enquête santé
Canada de juillet 1978 à mars 1979, l'Enquête Promotion santé
Canada pour juin 1985 et l'Enquête sociale générale (ESG)
pour octobre 1985. Les facteurs favorisant l'intégration des multiples
sources de données étaient les suivants :
- plans d'échantillonnage similaires;
- libellé presque identique des questions pertinentes;
- totalité des données recueillies par Statistique Canada;
- méthodes bien documentées permettant de porter des jugements
éclairés sur les variations dans les approches.
La cohérence était toutefois compromise par des variations
méthodologiques (p. ex., on a utilisé autant des visites
de ménages que des entrevues par téléphone) et, en particulier,
par l'acceptation, dans l'EPA, de données indirectes. On a montré
que les estimations de la consommation de tabac chez les jeunes établies
au moyen de données indirectes donnaient lieu à une forte erreur
systématique par défaut; par ailleurs, avant 1981, les données
de déclaration par procuration ne pouvaient pas être séparées
des données autodéclarées.
Stephens19 fait état des résultats d'un atelier
sur les tendances de la prévalence du tabagisme entre 1991 et 1994.
Un événement majeur a marqué cette période :
la décision, le 8 février 1994, par le fédéral
(suivi par cinq provinces), d'abaisser considérablement les taxes sur
le tabac afin de contrer la contrebande de cigarettes. L'ESG de 1991 et l'Enquête
sur le tabagisme au Canada de 1994 ont fourni des informations capitales sur
la prévalence du tabagisme, mais aucune information comparable n'existait
pour 1992 et 1993. Il a donc fallu inférer la prévalence du
tabagisme pour ces deux années des données tirées de
plusieurs enquêtes nationales et provinciales de moindre envergure,
dont trois enquêtes commerciales portant sur un échantillon relativement
petit (mais dont les séries chronologiques étaient cohérentes),
de même que des statistiques de l'industrie sur la consommation de tabac.
Gilmore20 a analysé la signification statistique des changements
dans la prévalence de la consommation de cigarettes entre 1985 et 1999
en se basant uniquement sur les données d'enquêtes de Statistique
Canada. Cette étude fait ressortir les difficultés que pose
la détection des changements à partir d'enquêtes continuellement
changeantes. Les données de l'ESG pour 1991 et 1996, celles de l'ENSP
pour 1994-1995 et 1996-1997, et celles de l'ESUTC pour la première
moitié de 1999 ont été jugées comparables. Les
données de l'Enquête nationale sur la consommation d'alcool et
de drogue de 1994 et celles de l'ESG de 1995 ont été jugées
raisonnablement comparables à celles des autres enquêtes pour
ce qui est des taux de consommation quotidiens, mais non pour ce qui est des
taux courants et non quotidiens, à cause de différences dans
les questions.
Pour plusieurs raisons, nous ne nous attarderons pas sur ces enquêtes
dans les parties qui suivent. L'ENSP et l'ENLEJ sont des enquêtes longitudinales,
limitées comme instruments de surveillance5, 21. Le
contenu de l'ESG portant sur la santé est maintenant limité.
Le thème de la surveillance des jeunes mérite un traitement
distinct, et les autres enquêtes portent sur des sujets spécialisés.
Le rôle et la conception de ces enquêtes sur le plan de la surveillance
devront être réévalués en vu de la façon
dont elles s'intègrent aux capacités de surveillance de l'ESCC
et de l'ESUTC. Ces nouvelles enquêtes devraient toutefois avoir relativement
peu d'impact sur la plupart des enquêtes précédentes,
qui fournissent en général des informations complémentaires
sur la santé.
L'Enquête de surveillance de l'usage du tabac
au Canada (ESUTC)
Dans le cadre de l'ESUTC, on procède chaque mois à des sondages
par interviews téléphoniques assistées par ordinateur22.
La population cible est constituée de personnes de 15 ans ou plus,
à l'exclusion des résidents des territoires et des personnes
résidant à plein temps en établissement. La taille visée
de l'échantillon annuel est de 20 000 répondants,
répartis également entre les provinces et entre deux groupes
d'âge (15-24 ans et 25 ans ou plus). Le premier questionnaire
comprenait 35 questions sur la consommation de tabac, en plus de questions
démographiques. Les résultats de l'analyse des deux premières
phases de l'enquête, allant de février à juin 1999,
ont été publiés à la mi-janvier 2000. On
prévoit de publier des rapports à chaque semestre de l'année
civile22.
L'Enquête sur la santé dans les collectivités
canadiennes (ESCC)
L'ESCC a débuté en septembre 200023. Le plan de
sondage (au 1er novembre 2000) prévoit deux enquêtes
alternées par année, sur un cycle de deux ans (brièvement
décrit ici, le plan est analysé plus en détail dans Béland
et al.24). Lors de la première année du cycle,
on mènera une enquête à l'échelle de la région
socio-sanitaire; cette enquête comporte une composante sur mesure pour
répondre aux priorités individuelles des 136 régions
socio-sanitaires. La population cible est composée des résidents
de ménages âgés de 12 ans ou plus dans la totalité
des provinces et des territoires, à l'exclusion principalement des
personnes vivant dans les réserves autochtones, dans les bases des
Forces canadiennes et dans certaines régions éloignées.
Les jeunes (12-19 ans) et les aînés (65 ans ou plus)
seront systématiquement suréchantillonés. L'échantillon
agrégé de 130 750 personnes comprendra 115 000 interviews
sur place assistées par ordinateur (IPAO) et 15 750 interviews
téléphoniques assistées par ordinateur (ITAO), soit des
échantillons de 2 000 à 42 260 répondants
par province, de 800 à 900 répondants par territoire, de
280 à 3 410 répondants par région socio-sanitaire23-24.
Lors de la deuxième année du cycle, une enquête menée
à l'échelle provinciale comprendra 30 000 interviews
sur place assistées par ordinateur. La population cible diffère
quelque peu de celle de l'enquête à l'échelle de la région
socio-sanitaire; ainsi, la première enquête à l'échelle
provinciale, qui portera sur la santé mentale, se limitera aux personnes
de 15 ans ou plus (B. Diverty, communication personnelle).
L'ESCC fait un survol des déterminants de la santé, de l'état
de santé et de l'utilisation des services de santé. L'enquête
de 45 minutes menée à l'échelle de la région
socio-sanitaire comporte un segment de contenu commun de 30 minutes,
un segment facultatif de 10 minutes tiré d'un ensemble de modules,
et un segment de cinq minutes à teneur socio-économique et démographique.
L'enquête menée à l'échelle provinciale comportera
un segment commun supplémentaire et un segment thématique (traitement
en profondeur d'un sujet particulier)23, le premier segment devant
durer au moins une heure (B. Diverty, communication personnelle).
On prévoit de publier chaque trimestre des indicateurs de haut niveau
de la santé de la population23.
Comparaison de l'ESUTC et de l'ESCC avec le BRFSS
Les composantes fixes de l'ESUTC et du BRFSS génèrent des
séries de données ayant la même structure temporelle,
soit des séries chronologiques continues uniformes à intervalles
mensuels. L'ESUTC ne porte que sur l'usage du tabac; la composante fixe
du BRFSS englobe un éventail plus large de variables, la consommation
de tabac étant abordée dans des modules facultatifs.
Les ensembles de données de l'ESCC concernant les questions propres
soit à l'enquête menée à l'échelle de la
région socio-sanitaire, soit à l'enquête menée
à l'échelle de la province et qui sont répétées
lors des cycles subséquents auront la même structure temporelle
que ceux du noyau en alternance du BRFSS : 12 estimations mensuelles
alternant avec une période de 12 mois sans données. Une
partie du contenu commun de l'enquête à l'échelle de la
région socio-sanitaire devrait se transmettre à l'enquête
à l'échelle provinciale. Comme on peut totaliser les données
recueillies à l'échelle de la région socio-sanitaire
pour obtenir des estimations à l'échelle provinciale, il est
possible de produire des séries chronologiques continues à intervalles
mensuels pour les questions à contenu commun. Ces séries chronologiques
auront la propriété particulière d'être générées
par des enquêtes alternant aux deux ans. Les résultats que l'on
peut obtenir autrement au moyen d'analyses des séries chronologiques
pourraient être obscurcis par des différences méthodologiques,
mais des solutions existent pour réduire ces différences au
minimum ou les éliminer. Par exemple, en excluant les données
des ITAO, on pourrait faire, pour les années d'enquête à
l'échelle de la région socio-sanitaire, des estimations uniquement
à partir des IPAO, estimations qui correspondraient essentiellement
à la méthodologie des années d'enquêtes à
l'échelle provinciale, menées uniquement par IPAO (G. Catlin,
communication personnelle).
Selon nous, on aurait pu déterminer plus rapidement et plus clairement
l'impact de la réduction de taxes sur les cigarettes de 1994 si une
enquête de surveillance mensuelle avait été en place.
L'ESUTC a vraisemblablement comblé ce besoin aujourd'hui en permettant
de générer des séries chronologiques uniformes sur la
consommation de tabac à l'échelle nationale et à celle
des provinces. Mais ne serait-il pas raisonnable de vouloir aussi exercer
une surveillance de même niveau pour d'autres variables de la santé?
La prudence voudrait que l'on dispose d'un instrument de surveillance rapprochée
au cas où d'autres besoins venaient à se manifester, comme le
suivi de la dynamique temporelle et démographique de l'utilisation
d'Ectasy et de l'exposition à cette drogue. Nous présentons
brièvement ci-dessous quelques scénarios qui permettraient d'améliorer
la surveillance.
Options pour l'amélioration de la surveillance
Adapter le modèle du BRFSS pour le Canada
À titre de comparaison, il est utile de considérer à
quoi pourrait ressembler une adaptation canadienne du modèle d'enquête
décentralisé du BRFSS. Compte tenu de diverses méthodes
de répartition, un échantillon national d'environ 20 000
à 30 000 répondants apparierait la qualité des informations
à l'échelon de la province ou de l'État. En adoptant
la norme courante de 2 500 répondants par État
fixée par le BRFSS, on obtiendrait un échantillon annuel national
de 25 000 répondants pour les provinces (ce qui ressemble au plan
de sondage actuel de l'ESUTC); des échantillons supplémentaires,
mais vraisemblablement plus petits, seraient nécessaires pour couvrir
les territoires. Vu le poids que représentent l'Ontario et le Québec
dans le total national (de loin supérieur à celui que pourrait
avoir toute paire d'États aux États-Unis), il serait sans doute
préférable d'adopter une méthode de répartition
conçue pour équilibrer les exigences de fiabilité entre
les échelons national et provinciaux ou territoriaux. Une méthode
utilisée lors de l'ENSP de 1994 a donné un échantillon
national de base de 22 000 répondants, composé de
1 200 (minimum fixe) à 1 996 répondants par province
ou territoire, à l'exception de l'Ontario (4 817) et du Québec
(3 584)25. Quelques provinces ou territoires pourraient choisir
de partager une même unité d'enquête tout en administrant
des questionnaires distincts.
Au nombre des avantages qu'offre cette option, mentionnons la collaboration
étroite entre les systèmes de santé provinciaux et le
système de surveillance national, la latitude accordée aux provinces
et aux territoires quant au contenu du questionnaire, et l'expérience
et l'expertise du BRFSS. Des questionnaires distincts devraient certes être
conçus pour le Canada, mais les questions reproduisant celles de l'enquête
américaine permettraient par ailleurs de faire des comparaisons de
nation à nation ou de province à État, ce qui pourrait
s'avérer intéressant vu l'énorme différence entre
les modèles de soins de santé canadien et américain.
Reconfigurer l'ESCC
Tel que mentionné plus haut, l'ESCC offre au moins le potentiel de
générer des séries chronologiques continues, sous réserve
de régler quelques problèmes liés à l'uniformité
des données et à la capacité de contenu. Si l'ESCC avait
été conçue de façon que son volet mené
à l'échelle de la région socio-sanitaire soit réparti
uniformément sur 24 mois au lieu de 12, nous disposerions déjà
d'un instrument pour mener des enquêtes permanentes uniformes à
intervalles mensuels pour un large éventail de variables de la santé.
L'échantillon national annuel de 65 000 répondants
permettrait en général d'obtenir, pour les totaux cumulatifs
provinciaux, des informations de qualité comparable sinon supérieure
à celle des normes habituelles du BRFSS pour les États; les
échantillons annuels comprendraient plus de 2 000 répondants
pour toutes les provinces, sauf l'Î.-P.-É. (1 000). Même
les régions socio-sanitaires plus vastes auraient des échantillons
annuels tout à fait raisonnables. Aux États-Unis, parmi les
quelques États qui stratifient l'échantillonnage du BRFSS par
district sanitaire, l'Idaho vise un objectif de 700 interviews par région
et par année (J. Aydelotte, communication personnelle).
Il aurait sans doute été plus simple, sur le plan opérationnel,
d'étaler sur deux ans les enquêtes menées à l'échelle
des très grandes régions socio-sanitaires, mais le plan de sondage
actuel de l'ESCC semble avoir été motivé par la nécessité
d'obtenir rapidement des informations à l'échelon de la région
socio-sanitaire. La concentration des plus petits échantillons pour
les régions socio-sanitaires peu peuplées offre également
des avantages sur le plan de l'analyse; on craignait, par exemple, en étalant
l'échantillonnage sur 24 mois, de diminuer la validité
des estimations pour les petites régions. Par contre, si l'enquête
à l'échelle de la région socio-sanitaire fonctionnait
en continu, les moyennes mobiles pourraient offrir certains avantages comme
moyen de déclarer les informations recueillies.
Il est difficile de trouver un défaut aux compromis théoriques
qui ont été faits - l'ESCC peut fournir des données
sur la santé à un niveau de résolution géographique
sans précédent avec la même structure temporelle que le
noyau de questions alternées du BRFSS, et donne aux provinces et aux
régions socio-sanitaires la latitude dont elles ont besoin pour choisir
un contenu qui réponde à leurs priorités. Il se pourrait
fort bien qu'il y ait peu à gagner d'une surveillance plus étroite
de la plupart des variables. Mais nous ne croyons pas que cela soit le cas
pour la consommation de tabac, et on ne peut non plus présumer que
ce le soit pour toutes les autres variables. La mesure dans laquelle il est
souhaitable ou nécessaire de reconfigurer l'ESCC pour répondre
à ces besoins dépendra, en partie, de la capacité de
surveillance, encore à déterminer, de la composante de contenu
commun et, possiblement, des connaissances que l'on tirera du premier cycle
de l'enquête. Même si l'ESCC est capable de générer
des séries chronologiques mensuelles continues, il restera quand même
à déterminer si elle constitue le meilleur instrument pour le
faire.
Élargir l'ESUTC de façon à
y inclure d'autres variables
Comme l'ESUTC est déjà un sondage téléphonique
mensuel permanent, il semblerait relativement facile d'en élargir la
portée de façon à inclure quelques autres variables.
Le suréchantillonnage des jeunes et des jeunes adultes est une caractéristique
nominale utile pour la surveillance d'autres facteurs de risque. Même
si l'enquête était désignée par un autre nom, la
valeur des données existantes demeurerait intacte.
Il y a certes place pour ajouter des questions au questionnaire tout en
lui gardant une taille raisonnable. Ainsi, même en y ajoutant la totalité
du noyau fixe des questions du BRFSS non liées au tabac et portant
sur la santé, il compterait toujours moins de 90 questions.
Cette option pourrait par contre susciter une résistance de la part
des responsables de l'ESUTC si ceux-ci avaient l'impression qu'en élargissant
la portée de l'enquête on en diminuerait le contenu sur l'usage
du tabac ou qu'on la transformerait en un lourd outil donnant des informations
moins pertinentes. Rien ne nous porte cependant à croire que ces craintes
ne pourraient être apaisées; au contraire, l'assurance d'un financement
stable, d'un éventuel accroissement de la taille des échantillons
et d'une meilleure couverture démographique pourraient s'avérer
un argument convaincant en faveur du changement.
Analyse
Les systèmes d'information sur la santé ne peuvent qu'évoluer
étant donné qu'ils réagissent aux changements dans les
caractéristiques démographiques, dans les priorités de
dépense, dans les technologies médicales, dans les pratiques
de soins de santé, et dans les technologies de l'information. Tout
système de surveillance doit être assez souple pour permettre
éventuellement une réorientation de certaines de ses capacités
de collecte de l'information en réponse aux nouvelles informations
et priorités, tout en maintenant la stabilité de certaines de
ses composantes pour faciliter la détection et l'évaluation
des changements temporels. Le Canada dispose déjà de plusieurs
enquêtes nationales sur la santé qui ne nécessitent qu'un
financement stable pour continuer à servir d'instruments de surveillance.
Comme les populations, les besoins, les ressources, les institutions et
les traditions des deux pays diffèrent, l'adaptation du modèle
du BRFSS des États-Unis offre à la fois des avantages considérables
et des inconvénients de taille. La structure d'enquête décentralisée
du BRFSS a l'avantage important de susciter un intérêt pour le
développement et l'utilisation des informations sur la santé
à l'échelle des États et des régions. L'argument
voulant que Statistique Canada devrait pouvoir utiliser une méthodologie
plus uniforme pour améliorer la qualité des comparaisons entre
les provinces et les territoires semble fondé, mais de nombreuses études
ont fait l'éloge de la fiabilité et de la validité des
données du BRFSS16. Il est probablement plus efficace d'offrir
à l'échelle nationale l'expertise spécialisée
nécessaire pour tirer plus d'information des données de surveillance
au moyen d'analyses statistiques plus perfectionnées.
Au nombre des options qui s'offrent pour générer des séries
chronologiques uniformes à des intervalles mensuels, la plus simple
consiste à élargir l'ESUTC afin d'y inclure d'autres variables.
Si l'ESCC conserve son plan actuel, l'une des deux enquêtes serait en
mesure de générer un ensemble de données ayant la même
structure temporelle qu'une quelconque variable du BRFSS. La composante courante
de contenu de l'ESCC pourrait générer des séries chronologiques
continues satisfaisantes, à défaut d'être entièrement
uniformes. L'ESCC pourrait éventuellement englober l'ESUTC si l'on
arrivait à régler les problèmes de profondeur du contenu
et de rapidité d'exécution. Cette ESUTC élargie intégrerait
une partie du contenu de l'ESCC, qui semble de toute façon déjà
saturée sur le plan du contenu. Nous faisons observer ici que le BRFSS,
malgré sa portée quelque peu plus étroite que l'ESCC,
permet d'administrer des doubles questionnaires pour répondre à
la demande de contenu accru (D. Nelson, communication personnelle).
Pour Ferrence et Stephens6, l'ESUTC et l'ESCC sont complémentaires
et non pas en concurrence au chapitre de la surveillance de l'usage du tabac.
L'ESUTC donne des résultats plus rapides (délai total estimé
à 8-9 mois comparativement à 2-2,5 ans ou plus pour
l'ESCC, la principale différence tenant au temps nécessaire
à l'intégration de nouveaux thèmes), ne surveille que
l'usage du tabac et génère des séries chronologiques
continues à des intervalles mensuels, tandis que l'ESCC couvre un éventail
d'âges plus large (12 ans ou plus contre 15 ans ou plus pour
l'ESUTC) et couvre mieux les petites régions lors des années
d'enquête menée à l'échelle de la région
socio-sanitaire. Ce rapport de complémentarité devrait demeurer
intact si les besoins en matière de surveillance rapprochée
des variables non liées au tabac étaient comblés par
une ESUTC élargie ou par le biais du contenu commun de l'ESCC.
La question de savoir quelles variables doivent faire l'objet d'une surveillance
plus étroite mérite une étude plus poussée. La
nature dynamique de l'usage du tabac et son statut prioritaire comme risque
évitable pour la santé en font certes un candidat idéal26,
mais il est peu probable qu'il s'agisse du seul choix valable. Le noyau fixe
du BRFSS de l'an 2000 comptait quatre questions sur l'état de santé,
sept sur l'accès aux services de santé, une sur le diabète,
cinq sur l'usage du tabac, 11 sur la santé des femmes et 11 sur le
VIH/sida. Cette série est-elle nécessaire et suffisante? Dans
le cadre de la planification pour la prochaine décennie, les critères
proposés pour le choix des indicateurs de base du BRFSS se fondent
sur l'impact sur la santé publique, la validité scientifique,
l'utilité des données et diverses considérations liées
à la mise en oeuvre26. Toutefois, le placement entre
le noyau fixe et le noyau alternant demeure une question ouverte. En théorie,
il est justifié d'exercer une surveillance rapprochée de toute
variable si l'on s'attend à en tirer une valeur supplémentaire
suffisante. À notre avis, tout facteur sur lequel une politique publique
peut avoir un lourd impact, notamment par le biais de la législation
ou de la taxation, devrait être inclus. Pour ce genre de variables,
la valeur la plus grande des données de surveillance pourrait provenir
de la meilleure image de l'impact (ou de l'absence d'impact) que permet d'obtenir
l'analyse rétrospective des séries chronologiques chevauchant
le moment du changement.
Du point de vue de la structure temporelle de l'ensemble de données,
l'ensemble des enquêtes nationales canadiennes sur la santé offre
à peu près toutes les capacités du BRFSS. Celui-ci a
toutefois une certaine souplesse que n'ont pas les enquêtes canadiennes
et, dans leur rôle de coordonnateur, les CDC sont probablement mieux
placés que Statistique Canada pour voir à ce que le contenu
des enquêtes réponde le mieux possible aux besoins d'information
en santé publique. Statistique Canada a tenu une vaste consultation
auprès des utilisateurs de l'information sur la santé afin de
définir le contenu de l'ESCC28, mais nous estimons qu'il
revient à la communauté canadienne de la santé d'assurer
la qualité du contenu. Selon nous, il vaut mieux assurer la capacité
de surveillance rapprochée de variables autres que l'usage du tabac.
Les enjeux et questions clés auxquels il faudra répondre à
mesure qu'évolueront les enquêtes nationales sur la santé
sont les suivants :
- quel contenu inclure et quels niveaux de résolution temporelle
et géographique sont en un certain sens optimal pour chaque variable?
- la couverture des jeunes et des autres populations spéciales est-elle
suffisante?
- tirer plus de valeur des données au moyen d'une application accrue
de méthodes statistiques spécialisées;
- intégrer l'information provenant d'enquêtes et d'autres sources;
- fournir un soutien adéquat et prévoir une souplesse suffisante
pour aider les provinces/territoires et les régions socio-sanitaires
à répondre à leurs besoins en matière d'information;
- assurer un transfert maximal de l'information aux responsables des politiques
et de la pratique de la santé.
Remerciements
Nous tenons à remercier Michael Ackland (Victorian Department of
Human Services, Melbourne, Australie), James Aydelotte (Idaho Department
of Health and Welfare), Gary Catlin (Statistique Canada), Margaret de Groh
(Santé Canada), Brent Diverty (Statistique Canada), Richard Mathias
(University of British Columbia), David McQueen (CDC), David Nelson (CDC),
Bruce Steiner (Illinois Department of Health) et deux examinateurs anonymes
pour l'aide qu'ils ont gracieusement apportée à la préparation
de cet article.
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Référence des auteurs
Gary J Umphrey, Department of Mathematics and Statistics, Université
de Guelph, Guelph (Ontario)
Ora Kendall, Division de la recherche et de l'analyse quantitative,
Agence de santé publique du Canada, Santé Canada, Ottawa (Ontario )
Ian B MacNeill, Department of Statistical and Actuarial Sciences,
The University of Western Ontario, London, Ontario
Correspondance: Dr Ora Kendall, Division de la recherche
et de l'analyse quantitative, Agence de santé publique du Canada, Santé Canada, Pré
Tunney, IA 0602D, Ottawa (Ontario) K1A 0L2; téléc. : (613)
952-0844; courriel : Ora_Kendall@hc-sc.gc.ca
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