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Méthode de comparaison et de regroupement d'études sur le coût des maladies : Exemple des maladies cardiovasculaires
Bernard C K Choi et Anita W P Pak Résumé Ce document décrit une méthode de comparaison et de regroupement des résultats de différentes études sur le coût des maladies (CDM). Cette méthode se compose de sept étapes : identification du modèle d'étude; stratification en fonction des éléments de coût; création d'éléments de coût concaténés; prise en compte de l'inflation; prise en compte de la croissance démographique; comparaison des estimations de coûts; et regroupement des estimations de coûts. Sur la base de cette méthode et de données publiées en 1986, 1993 et 1994, le coût des maladies cardiovasculaires est estimé à 20,1 milliards de dollars au Canada en 2000, soit 653 $ par personne et par an. Un élément de coût, la mortalité précoce, a fortement diminué au fil du temps. La méthode décrite dans ce document est sophistiquée mais simple d'emploi, et constitue un moyen efficace de mettre à jour, comparer et regrouper des estimations de coûts. En analysant les changements d'éléments de coûts au fil du temps, elle contribue à la méthodologie de projection d'informations de coûts issues de plusieurs études CDM. Elle facilite grandement les analyses d'incidence économique afin de fournir des informations à jour qui permettront aux responsables de la politique publique de prendre des décisions avisées. Mots clés : analyse économique; coût des maladies; maladie cardiovasculaire; méthode statistique
Introduction Une étude sur le coût des maladies (CDM) évalue deux types de coûts : les coûts directs (médicaux et non médicaux) de la maladie proprement dite, et les coûts indirects associés à la perte de productivité imputable à la morbidité ou à la mortalité précoce1. Lorsqu'on étudie et évalue l'impact économique des maladies, on se demande souvent comment comparer, voire regrouper, les estimations issues de différentes études CDM pour la même période de temps et la même région géographique, et même au fil du temps et entre des régions différentes. Par exemple, trois études révèlent que le coût total des maladies cardiovasculaires au Canada atteignait 16 846 millions de dollars en 1986 (Wigle et coll., 1990)2, 19 721 millions de dollars en 1993 (Moore et coll., 1997)3, et 17 961 millions de dollars en 1994 (Chan et coll., 1996)4. Compte tenu des différences dans les éléments de coût considérés, la période et la population canadienne totale d'une étude à l'autre, comment peut-on comparer ces chiffres sur un pied d'égalité afin de déceler d'éventuelles tendances dans le temps? En outre, sur la base de données publiées, comment peut-on associer ces coûts concernant différentes années afin d'obtenir la meilleure estimation possible pour une année cible en particulier? Peut-on regrouper les données disponibles seulement pour 1986, 1993 et 1994 afin d'obtenir l'estimation la plus juste pour 2000? Ce document décrit une méthode de comparaison et de regroupement des résultats de différentes études sur le coût des maladies, illustrée étape par étape grâce à l'exemple des maladies cardiovasculaires. La méthode La méthode proposée s'articule autour de sept étapes (tableau 1) : TABLEAU 1
Étape 1 : Identification du modèle d'étude La première étape consiste à cerner le modèle suivi par l'étude du coût des maladies. Il n'est pas conseillé de comparer et de regrouper des estimations de coûts issues d'études CDM qui utilisent des modèles différents, car chacun de ces modèles est basé sur une approche et sur une logique bien particulières. La liste de contrôle du tableau 2 permet de définir le modèle de l'étude, déterminée par quatre grandes caractéristiques : la méthode d'estimation, les facteurs d'ajustement, la période de temps et le point de vue3,5-7. 1. Méthode d'estimation Deux grandes méthodes d'estimation sont utilisées dans les études CDM : l'approche axée sur le capital humain, et celle basée sur la disposition à payer. Ces deux méthodes produisent des résultats qui ne sont pas comparables, et les estimations basées sur la disposition à payer sont généralement plus élevées que celles basées sur le capital humain3. L'approche axée sur le capital humain (CH), élaborée par Rice et ses collègues8-12, évalue les coûts indirects associés à la maladie et à la mort précoce en termes de pertes de productivité (manque à gagner). Cette approche applique les revenus moyens actuels par âge et par sexe au temps commercialisable perdu et impute la valeur commerciale du temps perdu. Par exemple, le nombre de jours de travail (ou de travail non rémunéré) perdus est multiplié par le salaire journalier spécifique à l'âge et au sexe. L'approche CH tient compte des revenus et des activités ménagères, mais exclut les coûts associés à la douleur et à la souffrance, au temps libre et au travail bénévole, dont la productivité n'est pas reflétée dans les revenus. L'approche axée sur la disposition à payer (DAP) considère la somme d'argent que les individus sont prêts à payer pour diminuer leur risque de blessure, de maladie ou de décès13,14. Cette méthode évalue les coûts en demandant aux individus (malades, familles, experts) ce qu'ils seraient disposés à payer pour éviter une situation indésirable. Cette approche est subjective et peut s'avérer difficile à suivre lorsqu'on évalue la DAP chez les enfants et les personnes âgées, du fait de la complexité des questions posées. 2. Facteurs d'ajustement Plusieurs facteurs d'ajustement sont intégrés à l'évaluation des coûts : le taux d'actualisation pour les revenus futurs, le taux d'inflation pour les coûts passés et des coefficients de pondération pour une perte de revenu partielle imputable à l'invalidité. 2(a) Taux d'actualisation pour les revenus futurs Les pertes de revenus futurs sont actualisées pour tenir compte du fait qu'un revenu futur d'un dollar vaudra moins qu'un revenu actuel d'un dollar, car ce dernier peut être investi et générer de la valeur avec le temps7. Le taux d'actualisation n'est pas lié à l'inflation, car même avec une inflation zéro, un dollar perçu aujourd'hui vaudra plus qu'un dollar perçu dans le futur. Normalement, on applique un taux d'actualisation, ou taux supposé de rendement annuel d'investissements, de 5 %15, mais ce pourcentage peut aller de 2 % à 10 %4. Avec un taux d'actualisation de 5 %, 105 $ perçus la deuxième année seraient actualisés sur une valeur actuelle de 100 $ la première année. Des taux d'actualisation différents génèrent des estimations de coûts différentes. La valeur actuelle (VA) d'une valeur future (VF) après t années, sur la base d'un taux d'actualisation annuel de r, se calcule comme suit15 : VA = VF [1/(1+r)t]. 2(b) Taux d'inflation pour les coûts d'années passées Les données de coûts d'années passées peuvent être gonflées à la même valeur de l'année de base, en appliquant un indice des prix à la consommation (IPC)6,16,17. La valeur année de base (VAB) d'une valeur année passée (VAP) est calculée à partir de l'IPC de l'année de base (IPCB) et de l'IPC de l'année passée (IPCP)15 : VAB =VAP [IPCB/IPCP]. 2(c) Pondérations pour invalidité Pour calculer le coût de l'invalidité, on utilise des coefficients de pondération afin de rectifier le revenu journalier, car un jour d'invalidité n'implique pas forcément qu'aucune activité n'est exercée ce jour. Pour chaque jour d'invalidité, une fraction seulement du revenu journalier est perdue sous l'effet d'un niveau inférieur de productivité. Par exemple, les pondérations suivantes pour différents degrés d'invalidité sont proposées par Wilkins et Adams (1983)18 : incapable d'exercer une activité principale (travail, tâches ménagères, école), 0,5; limité pour les activités principales, 0,4; limité pour les activités secondaires, 0,3. 3. Période de temps Différentes études peuvent se baser sur des périodes de temps différentes pour évaluer les coûts : l'année (prévalence) ou la vie entière (incidence). Comme les données requises sont plus simples, les modèles axés sur la prévalence sont plus largement utilisés que ceux axés sur l'incidence5. Le modèle axé sur la prévalence quantifie les coûts économiques en mesurant tous les coûts imputables à la maladie survenant pendant une période de temps donnée, en général une année, quelle que soit la date de début de la maladie3,5,8,9. Cette approche se prête bien à l'évaluation de l'efficacité du contrôle des coûts et de la réalisation des objectifs en matière de dépenses de santé3,19. Le modèle axé sur l'incidence quantifie les coûts totaux sur une vie entière de nouveaux cas d'une maladie qui se déclarent pendant l'année de base3,5,8. Comme il évalue les coûts des nouveaux cas d'une maladie durant l'année de base depuis le début jusqu'à la fin de la maladie (guérison ou décès), ce modèle exige de nombreux calculs. L'approche axée sur l'incidence est conseillée pour prévoir les conséquences futures de changements des caractéristiques actuelles d'une maladie5. 4. Point de vue Différents points de vue (perspectives) peuvent également conduire à différentes évaluations de coûts. On peut adopter plusieurs perspectives, mais il est recommandé que toutes les études coûts-avantages, coûts-utilisation et de rentabilité adoptent la perspective de la société7. La perspective de la société tient compte des coûts pour tous les secteurs de la société. Elle a plusieurs caractéristiques. Premièrement, les coûts supportés par tous les secteurs de la société - individus, employeurs, gouvernements, système de santé, mutuelles de santé privées ou accords de partage des coûts entre ces secteurs, sont intégrés4,5. Deuxièmement, comme les coûts reflètent ce que les membres de la société abandonnent, ils incluent également la perte de productivité (manque à gagner) causée par la maladie, les accidents7 ou les décès précoces5. De la même façon, ils incluent une valeur associée à la suppression du temps où l'individu serait en bonne santé7. Troisièmement, les coûts excluent les paiements de transfert entre des acteurs de la société, comme les allocations sociales, car ces paiements ne font que transférer le fardeau de l'individu à la société et ne modifient pas les ressources totales de cette dernière3,5. Quatrièmement, les coûts de gestion des paiements de transfert imputables à la maladie sont pris en compte, car ces coûts administratifs n'auraient pas été induits en l'absence de maladie5. La perspective du gouvernement considère uniquement les coûts assumés par le gouvernement, comme ceux du système de soins de santé et de justice5. Elle possède plusieurs caractéristiques. Premièrement, elle considère les coûts supportés par tous les secteurs du gouvernement, aux échelons fédéral, provincial et territorial (ou des États), et local7. Deuxièmement, les transferts de fonds de la société à l'individu, comme les allocations sociales, les pensions et les indemnisations des accidents du travail sont pris en compte3. Troisièmement, la perte de productivité due à la maladie, aux accidents et aux décès précoces n'est pas considérée comme un coût pour le gouvernement3. Il existe d'autres perspectives. Celle des prestataires de soins de santé considère les coûts imposés à différents types d'hôpitaux, d'organismes de soins de santé intégrés et d'autres prestataires de soins de santé7. La perspective des entreprises examine l'incidence des maladies sur les avantages sociaux liés à la santé7. La perspective individuelle tient compte des coûts personnels de la maladie7. De ce point de vue, les coûts peuvent être internes (supportés par les individus et éventuellement par leurs familles également touchées par la maladie) ou externes (supportés par des personnes non touchées par la maladie)5. Après avoir utilisé la liste de contrôle permettant de définir le modèle des études du coût des maladies (tableau 2) afin de déterminer que les différentes estimations de coûts proviennent d'études partageant un modèle identique ou similaire, on peut passer à l'étape 2. TABLEAU 2
Étape 2 : Stratification en fonction des éléments de coût L'étape 2 stratifie et examine les estimations de coûts des différentes études CDM en fonction des éléments de coût afin de déterminer le type de coûts inclus. Même si les études sont réalisées sur le même modèle, des éléments de coût différents rendront toute comparaison nulle. On distingue trois principales catégories de coûts : directs, indirects et intangibles3,5,6. Chaque catégorie peut être subdivisée en éléments fondamentaux. D'autres auteurs ont établi des listes détaillées d'exemples de coûts directs, indirects et intangibles5,13. Les coûts directs sont les ressources consacrées aux activités de prévention ou aux soins de santé1. Ils incluent les hôpitaux et d'autres établissements de soins de santé, les médecins et d'autres professionnels de la santé, les médicaments et les appareils médicaux, les recherches en sciences de la santé, les frais administratifs et d'autres dépenses de soins de santé3,4,20. Les coûts directs peuvent également englober la main-d'oeuvre, comme celle des professionnels et des auxiliaires de la santé, ainsi que le capital, comme les équipements, bâtiments, fournitures, services et terrains4. Les coûts indirects sont les ressources perdues à cause d'une maladie1. Ils recouvrent la perte de productivité du fait d'une invalidité et d'une mortalité précoce, entraînant l'absentéisme ou l'incapacité d'exercer des activités non marchandes4,6. Les activités non marchandes, comme les tâches ménagères, sont parfois exclues des analyses ou évaluées sous forme d'un certain pourcentage de la valeur des activités marchandes6. Les coûts intangibles sont les coûts de la douleur, de la souffrance, de l'anxiété, du deuil et de la perte de temps libre, auxquels on attribue une valeur monétairex5,6,13. Les coûts intangibles sont normalement évalués par l'approche axée sur la disposition à payer (DAP). Étape 3 : Création d'éléments de coût concaténés Lorsque les éléments de coût sont identifiés, l'étape suivante consiste à dresser une liste uniforme d'éléments de coût concaténés qui s'excluent mutuellement pour les différentes études CDM, et à recalculer ou à supprimer des valeurs de coût si nécessaire. Ce processus est basé sur une analyse détaillée de la liste des éléments de coût, par catégories de coûts (directs, indirects et intangibles), réalisée pour les différentes études CDM à l'étape 2. Les coûts inclus ou exclus dans chaque élément de coût pour chaque étude CDM doivent être précisés. Une liste uniforme d'éléments de coût qui s'excluent mutuellement peut être constituée pour les différentes études CDM par concaténation, c.-à.-d. en regroupant des éléments similaires tirés des différentes études. Comme cette étape est décisive dans la préparation des données à des fins de comparaison, il faut veiller à être le plus objectif possible. Étape 4 : Prise en compte de l'inflation Si les coûts comparés ne concernent pas la même année ou si plusieurs estimations de coûts de la même année sont utilisées pour calculer une estimation de coût pour une année cible différente, il convient de ramener les estimations issues de différentes années à un niveau constant pour les rendre comparables. Par exemple, si plusieurs études CDM ont été menées pour différentes années, les estimations de coûts doivent être gonflées ou déflatées, en appliquant l'IPC, pour les ramener à un niveau annuel constant et corriger ainsi l'effet de l'inflation. Si les coûts comparés se rapportent à la même année, aucune correction n'est nécessaire. Mais si plusieurs études relatives à une même année sont utilisées pour obtenir la meilleure estimation pour une autre année, les estimations de coûts doivent être gonflées, ou au contraire déflatées, sur cette année. (Cet article ne s'intéresse pas aux études CDM menées dans différents pays avec plusieurs devises, qui nécessitent de répondre aux questions posées par des mécanismes d'inflation différents et par les fluctuations des taux de change.) Étape 5 : Prise en compte de la croissance démographique Hormis l'inflation, un autre facteur qui a une incidence sur la validité des comparaisons d'estimations de coûts est la croissance démographique au fil des ans. Le coût par habitant pour chaque élément de coût, et le coût par habitant pour tous les éléments de coût pour les différentes études CDM, peuvent être estimés en imputant les populations totales durant les années étudiées. Étape 6 : Comparaison des estimations de coûts À cette étape, une fois que le coût par habitant et le coût total de la maladie pendant une année constante sont connus, les chiffres sont directement comparables parce qu'ils ont été corrigés pour tenir compte de l'inflation et de la croissance démographique au fil des années. Des méthodes graphiques ou autres, comme la régression, peuvent servir à effectuer une comparaison et à déterminer si les estimations de coûts corrigées de l'inflation et de la croissance démographique de différentes études sont raisonnablement homogènes et cohérentes. Étape 7 : Regroupement des estimations de coûts Si l'on considère que les estimations de coûts en dollars constants par habitant pour certains éléments de coût sont raisonnablement homogènes et cohérents au fil des ans, ces estimations issues de plusieurs études CDM peuvent être regroupées, en calculant la moyenne afin d'obtenir la meilleure estimation des coûts par habitant pour ces éléments et pour une année cible. Si toutefois une tendance est décelée sur plusieurs années pour les estimations de coût en dollars constants par habitant pour d'autres éléments de coût, des méthodes de régression doivent être appliquées afin d'évaluer les coûts par habitant pour ces autres éléments pour une année cible. Les coûts totaux pour chaque élément et pour l'année cible peuvent être calculés en appliquant la taille de la population totale durant l'année cible. Exemple des maladies cardiovasculaires Une analyse documentaire a répertorié trois études du coût des maladies cardiovasculaires au Canada : Canada 19862, Canada 19933 et Canada 19944. Il était souhaitable de comparer les estimations de coût pour déceler l'existence éventuelle d'une tendance dans le temps, et de regrouper ces évaluations de coûts issues de plusieurs études afin d'obtenir la meilleure estimation possible du coût des maladies cardiovasculaires au Canada durant l'année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles. Étape 1 : Identification du modèle d'étude Le tableau 2 a été utilisé pour repérer les modèles des trois études CDM sur les maladies cardiovasculaires au Canada. Toutes les trois appliquent l'approche du capital humain, un taux d'actualisation de 6 %, une inflation basée sur l'IPC, le modèle de prévalence et le point de vue de la société. Bien que les pondérations attribuées à l'invalidité diffèrent quelque peu (tableau 3), les trois études sont, pour l'essentiel, de conception similaire. TABLEAU 3
Étape 2 : Stratification en fonction des éléments de coût Les éléments de coût examinés dans les trois études CDM ont été dans un premier temps consignés dans un tableau (tableau 4), avant d'examiner leurs définitions en détail (annexe). Il s'avère que certains éléments de coût, bien qu'appelés différemment dans chaque étude, désignent en réalité le même coût. Par exemple, dans les trois études, «soins médicaux», «médecins» et «services médicaux» se rapportent au même élément de coût, à savoir les services médicaux et connexes. Dans deux études, «invalidité chronique» et «invalidité de longue durée» ont la même signification. Une étude inclut des éléments de coût non pris en compte par les deux autres : «autres institutions», «autres professionnels» et «autres coûts directs». Toutefois, cette même étude ne fournit qu'un élément de coût global relatif à l'invalidité, et omet de distinguer invalidité de courte et de longue durées. La stratification a permis de mettre en évidence certaines incohérences dans les éléments de coût. TABLEAU 4
Étape 3 : Création d'éléments de coût concaténés Une nouvelle liste uniforme d'éléments de coût qui s'excluent mutuellement a été établie par concaténation (tableau 5). Des éléments de coût qui ne s'excluent pas mutuellement, issus des trois études, ont été classés en créant un élément de coût uniforme appelé «médecins» afin d'englober les «soins médicaux», «médecins» et «services médicaux» des trois études. Les éléments de coût qui ne devaient pas être inclus dans une étude CDM adoptant le point de vue de la société, comme les pensions et les allocations, ont été supprimés, car le point de vue de la société ne considère pas les paiements de transfert opérés entre différents secteurs comme de véritables coûts. Certaines valeurs de coût ont été recalculées à partir des données publiées pour s'assurer qu'elles étaient comparables aux valeurs de coût d'autres études concernant le même élément de coût. Par exemple, les estimations de base pour l'invalidité et la mortalité précoce rapportées dans une étude4 étaient fondées sur la moyenne d'estimations calculées par la Méthode d'enquête sur l'invalidité et la Méthode de paiement de l'assurance-invalidité. Comme la Méthode d'enquête sur l'invalidité était utilisée dans les deux autres études2,3, les valeurs de coût ont été recalculées pour cette étude afin de les rendre comparables aux deux autres (tableau 5). Lorsqu'il était impossible de les recalculer, certaines ont été exclues de la comparaison. Ainsi, les coûts d'invalidité n'étaient pas ventilés entre invalidité de courte durée et de longue durée dans une étude4 et ne pouvaient donc pas être utilisés pour établir des comparaisons avec les valeurs des deux autres études2,3. TABLEAU 5
Étape 4 : Prise en compte de l'inflation Comme les trois études CDM rendent compte d'estimations de coût au Canada pour des années différentes, à savoir 1986, 1993 et 1994, les chiffres ont été gonflés en appliquant un coefficient d'inflation basé sur l'IPC pour les différentes années au niveau du dollar constant canadien de 2000 (tableau 6). Par exemple, 3 539 millions de dollars (tableau 5, colonne 1) ´ 1,4733 (tableau 6, coefficient d'inflation dans la note de bas de page) = 5 214 millions de dollars (tableau 6, colonne 1). TABLEAU 6
Étape 5 : Prise en compte de la croissance démographique Le coût par habitant pour chaque élément de coût, et le coût par habitant pour tous les éléments de coût pour le Canada en 1986, 1993 et 1994, ont été calculés en fonction de la population canadienne totale durant ces années (tableau 7, colonnes 1-3). Par exemple, 5 214 millions de dollars (tableau 6, colonne 1) / 26,2 millions (tableau 7, taille de la population en note de bas de page) = 199,01 $/personne (tableau 7, colonne 1). Étape 6 : Comparaison des estimations de coûts Ces chiffres (tableau 7, colonnes 1-3) sont désormais directement comparables car ils sont basés sur le niveau du dollar constant en 2000 et ils ont été corrigés pour tenir compte de la croissance démographique au fil des ans. Les coûts par habitant sont assez constants, en termes de dollars canadiens constants de 2000, pour le Canada en 1986, 1993 et 1994 (figure 1). (Dans la figure 1, une échelle logarithmique pour le coût par habitant a été choisie de préférence à une échelle linéaire afin de montrer le changement en pourcentage plutôt que le changement absolu). Les coûts directs totaux restent, eux aussi, assez constants avec le temps. La seule exception est peut-être la mortalité précoce, dont l'estimation du coût par habitant est plus élevée en 1986 qu'en 1993 ou 1994, en dollars constants de 2000. Cela conduit à une diminution des coûts indirects totaux, et donc des coûts totaux, avec le temps. Une méthode de régression linéaire (procédure «Régression linéaire» SPSS)24 a été appliquée pour établir si le coût apparent de la mortalité précoce pour les trois études avait diminué entre 1986, 1993 et 1994. Les résultats de l'analyse de régression révèlent que les coûts des hôpitaux, médecins, médicaments et recherches étaient homogènes et cohérents sur les années étudiées, mais que le coût de la mortalité précoce a fortement chuté au fil du temps (p = 0,033) (tableau 8). Étape 7 : Regroupement des estimations de coûts Pour les estimations du coût par habitant jugées raisonnablement homogènes et cohérentes au fil des ans, on a calculé des moyennes pour 1986, 1993 et 1994 afin d'obtenir la meilleure estimation des coûts par habitant en 2000 (tableau 7, colonne 4). Par exemple, pour les coûts directs des hôpitaux (199,01 $ + 185,92 $ + 211,51 $) / 3 = 198,81 $. Pour la mortalité précoce, le coût par habitant en 2000 a été estimé par projection basée sur les résultats de la régression. Par exemple, dans le tableau 8, 52 037,024 $ + 2000 (-25,97 $ / an) = 97,02 $ (tableau 7, colonne 4). En additionnant les estimations de coûts directs et indirects, le coût des maladies cardiovasculaires au Canada en 2000 ressort à 653,02 $ par personne (tableau 7, colonne 4). Le coût total par habitant de 653,02 $ n'a pas été obtenu en calculant la moyenne des coûts totaux des trois études, soit 933,40 $, 754,05 $ et 718,77 $ (ce qui aurait donné 802,07 $), ou par une analyse de régression de ces trois coûts totaux (qui aurait donné 564,51 $), mais en additionnant les valeurs de coûts figurant à la colonne 4. De cette façon, l'estimation de coût est plus complète, car deux études2,3 ne fournissent pas d'estimation d'éléments de coût du type autres institutions, autres professionnels et autres coûts, comme le fait une autre étude4. Dans les calculs, il a été décidé d'utiliser les estimations de l'invalidité de courte et de longue durées issues de deux études2,3 et de rejeter celles de la troisième étude4. L'estimation est ainsi non seulement plus complète, mais également plus précise, car la régression a révélé une tendance significative dans le temps dans seulement un élément de coût, et pas dans les autres. Les coûts totaux pour chaque élément de coût en 2000 (tableau 7, colonne 5) ont été calculés en appliquant la population canadienne totale en 2000. Par exemple, pour les coûts directs pour les hôpitaux, 198,81 $/personne (tableau 7, colonne 4) ´ 30,8 millions (tableau 7, taille de la population dans la note de bas de page) = 6 123 millions de $ (tableau 7, colonne 5). Le coût total des maladies cardiovasculaires au Canada en 2000 est estimé à 20 113 millions de dollars, en dollars de 2000 (tableau 7, colonne 5). |
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TABLEAU 7
FIGURE 1: TABLEAU 8
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Discussion Des études du coût des maladies (CDM) sont fréquemment réalisées pour évaluer leurs coûts directs liés à la maladie et leurs coûts indirects liés à la perte de productivité due à la morbidité ou à la mortalité précoce. Les coûts économiques des maladies sont des informations importantes pour les responsables de la santé publique. Toutefois, les estimations des coûts économiques disponibles sont rapidement obsolètes, et leur mise à jour exige souvent une nouvelle étude, processus complexe et fastidieux. En outre, la nouvelle étude risque d'être pénalisée par la non-disponibilité de données sur certains éléments de coût pour l'année concernée. L'estimation du CDM basée sur diverses études publiées s'avère plus efficace et plus stable que la réalisation d'une nouvelle étude. Ce document décrit une méthode permettant de comparer et d'associer différentes études CDM menées sur une ou plusieurs années, dans la même zone géographique ou dans des zones différentes et avec la même devise. Cette méthode peut également servir à fournir la meilleure estimation de coût pour une année cible, basée sur des estimations de coûts tirées d'études publiées. La méthode proposée est à la fois sophistiquée et simple d'emploi. Les intrants sont minimes, puisqu'ils se limitent aux estimations de coûts d'études CDM déjà publiées, aux indices des prix à la consommation pour la période allant des années étudiées à l'année cible, et à la taille de la population durant les années étudiées et l'année cible. En appliquant cette méthode, les chercheurs sont en mesure de calculer la meilleure estimation des coûts d'une maladie en utilisant les données existantes et disponibles. L'utilisation de cette méthode est illustrée par un exemple concernant les maladies cardiovasculaires. Dans cet exemple, trois études CDM, menées au Canada trois années différentes (1986, 1993 et 1994), sont comparées et regroupées pour obtenir la meilleure estimation possible du coût par habitant des maladies cardiovasculaires au Canada en 2000. Le principal écueil dans le regroupement d'estimations CDM provenant de différentes études et de différentes années en une seule estimation de coût à une date future est le risque de changements des éléments de coût au fil du temps. La méthode proposée tient compte de cette préoccupation en effectuant une analyse de régression pour modéliser les changements des éléments de coût. La méthode contribue donc à réaliser une projection sophistiquée d'informations de coût issues de plusieurs études CDM. La méthode proposée se limite à des régions géographiques qui utilisent la même monnaie, comme le Canada. Elle ne s'adresse pas aux études CDM réalisées dans différentes régions (ou différents pays) dotées de monnaies différentes. À l'avenir, il faudra adapter cette méthode afin qu'elle puisse prendre en charge des mécanismes d'inflation différents et les fluctuations des taux de change. Remerciements Les auteurs souhaitent remercier Richard Lemay et Rachel Moore pour leurs suggestions et commentaires pertinents. Références
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ANNEXE
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Coordonnées des auteures Bernard C K Choi, Division de la surveillance et de l'évaluation des risques, Centre de prévention et de contrôle des maladies chroniques, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, Santé Canada, et Département des sciences de santé publique, Faculté de médecine, Université de Toronto et Département d'épidémiologie et de médecine communautaire, Faculté de médecine, Université d'Ottawa Anita W P Pak, Fondation de recherches sur les blessures de la route, Ottawa, Ontario Correspondence : Bernard C K Choi, Division de la
surveillance et de l'évaluation des risques, Centre de prévention
et de contrôle des maladies chroniques, Direction générale
de la santé de la population et de la santé publique, Santé
Canada, PL#1918C3, pré Tunney, Ottawa (Ontario) Canada K1A 0K9;
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Dernière mise à jour : 2002-06-20 |