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Dépistage du cancer colorectal : mise en garde Des arguments convaincants ont été présentés en faveur d'un programme de dépistage du cancer colorectal1-3. Il faudrait cependant réfléchir aux modalités de mise en oeuvre d'un tel programme et à ses répercussions sur le système de santé. Le dépistage de masse s'accompagne généralement d'une multiplication de cas diagnostiqués. Si les ressources thérapeutiques demeurent inchangées, le nombre de patients en attente d'un traitement grossira, et malgré la réduction de l'intervalle entre l'apparition du cancer et son diagnostic, l'intervalle entre le diagnostic et le traitement, lui, s'allongera. Le but du dépistage étant de réduire l'intervalle entre l'apparition de la maladie et son traitement, les avantages potentiels du dépistage s'en trouvent alors réduits. On peut démontrer mathématiquement (voir l'annexe) qu'à moins d'augmenter les ressources thérapeutiques, l'intervalle entre l'apparition de la maladie et son traitement reste le même et, partant, le dépistage est inefficace. Même après le retour à la normale du nombre de cas diagnostiqués, l'efficacité reste moindre : lorsqu'une file d'attente s'est formée, elle subsiste à moins que des ressources supplémentaires soient prévues pour l'éliminer. Des preuves empiriques appuient cette théorie. Au Québec, tant le nombre annuel de femmes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein que l'intervalle médian entre le diagnostic et la première chirurgie ont augmenté de 45 % au cours de la période de 1992 à 19984 par suite de la mise en oeuvre du programme de dépistage par mammographie5. En Ontario, par suite de l'adoption d'un programme de dépistage au moyen de l'antigène prostatique spécifique, l'augmentation du nombre annuel de cas de cancer de la prostate a entraîné un allongement du délai d'attente pour une prostatectomie radicale et la radiothérapie6. Étant donné qu'un accroissement substantiel des ressources est peu probable en période de restrictions budgétaires, et même si des fonds étaient éventuellement accordés, le seul moyen d'éviter ces engorgements est de mettre en oeuvre progressivement le dépistage en ciblant certains groupes en fonction des facteurs de risque. Références
Coordonnées des auteurs Dr Gerry Hill, Département de santé communautaire et d'épidémiologie, Université Queen's, Kingston (Ontario), Canada Patti Groome, Cancer Care and Epidemiology, Cancer Research Institute, Université Queen's, Kingston (Ontario), Canada Correspondance : Dr Gerry Hill, Département de santé communautaire et d'épidémiologie, Université Queen's, 263 Chelsea Road, Kingston (Ontario), Canada, K7M 3Z3; fax : (613) 533-6686; courriel : hill1930@hotmail.com Annexe Utiliser la formule suivante pour le diagnostic et le traitement du cancer :
Où
Avant le début du dépistage, où d = do et s = so, les valeurs constantes de X et Y, Xo et Yo sont : X0 = N/d0 , Y0 = d0X0/s0 = N/s0 Le nombre annuel de traitements = s0Y0 = N Le délai moyen d'attente pour un diagnostic wx = X0/N = 1/d0 Le délai moyen d'attente pour un traitement wy = Y0/N = 1/s0 Le délai d'attente total, de l'apparition du cancer au diagnostic Supposons que le dépistage commence à la date t = 0, qu'il entraîne une hausse du taux de diagnostic à d1 mais que les ressources thérapeutiques (à supposer qu'elles soient les mêmes pour les deux méthodes de diagnostic) ne sont pas augmentées. Alors, les équations différentielles pour X(t) = nombre de cas non diagnostiqués, et Y(t) = nombre de cas en attente de traitement après la date t du début du dépistage sont : dX(t)/dt = N - d1X(t) dY(t)/dt = d1X(t) - N compte tenu des conditions initiales X(0) = X0, Y(0) = Y0. Les solutions sont : X(t) = X0exp(-d1t) + N[1 - exp(-d1t)]/d1 Y(t) = Y0 + N(1/d0 - 1/d1)[1 - exp(-d1t)] Lorsque t augmente, X(t) diminue, passant de Xo à une nouvelle
valeur constante X1 = N/d1 = X0 - N(1/d0
- 1/d1), et Noter que w1 = X1 + Y1 = X0 + Y0 = w0, de sorte que le délai d'attente total demeure inchangé. Le but du dépistage étant de réduire le délai d'attente entre le début de la maladie et son traitement, et partant, d'améliorer le pronostic, le corollaire important suivant s'impose : Si le dépistage ne s'accompagne pas d'une augmentation des ressources thérapeutiques, alors il sera inefficace.
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Dernière mise à jour : 2004-01-09 | ![]() |