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VIRUS DE LA FIÈVRE JAUNE

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM: Virus de la fièvre jaune

SYNONYME OU RENVOI: VFJ(1), FJ(1,2,3), fièvre jaune(1,2,3,4,5,6,7,8,9,10) et vomi noir(1), peste américaine.

CARACTÉRISTIQUES: Membre du genre Flavivirus et de la famille des Flaviviridae(2,6). Le VFJ est un virus à ARN monocaténaire de 40 à 50 nm de diamètre(1,5), à polarité positive(1,4,5), enveloppé et sphérique.

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: On estime que 15 à 50 % des personnes infectées par le VFJ présentent une pathologie débutant brusquement par une fièvre, des frissons et des céphalées(5). De ce nombre, environ 57 à 85 % verront leur infection disparaître et se rétabliront sans développer la fièvre jaune classique. Cette dernière se caractérise par trois stades cliniques : infection, rémission et intoxication.

Infection: Ce stade dure habituellement 3 ou 4 jours et est caractérisé par une virémie intense accompagnée de symptômes tels que fièvre, frissons, malaise, maux de tête, douleurs au bas du dos, douleurs aux genoux, douleurs musculaires généralisées, nausées et étourdissements(2,4,5,6). À l'examen, le patient a une fréquence cardiaque plus basse que ce à quoi on s'attend en présence d'une fièvre (signe de Faget), une congestion et un érythème de la conjonctive, de la langue et du visage. La plupart des infections se résorbent à ce stade. Les températures atteignant 40,5 °C sont associées à une maladie grave et à un pronostic sombre(5).

Rémission: Ce stade est caractérisé par une disparition de la fièvre et des autres symptômes constitutionnels sur une période d'environ 48 heures. La virémie peut être encore présente, mais est habituellement en régression(4,5).

Intoxication: Environ 15 à 25 % des personnes qui manifestent des symptômes cliniques (ou 10 % de toutes les personnes infectées) atteignent ce stade, qui survient d'ordinaire 3 à 6 jours après l'apparition de la maladie et peut durer 3 à 8 jours. Pendant cette période, la virémie disparaît, et les anticorps ainsi que les signes classiques de fièvre jaune (ictère, insuffisance rénale et hémorragie) apparaissent(4,5). Les symptômes fréquents à ce stade comprennent la fièvre, une bradycardie relative, des vomissements, des nausées, des douleurs épigastriques, un ictère, une oligurie et des manifestations hémorragiques (mélaena, hématurie, saignements utérins non menstruels, pétéchies, ecchymoses, épistaxis et suintements sanguinolents au niveau des gencives et des points de ponction)(2,5). De nombreux cas évoluent vers une insuffisance polyviscérale dominée par des problèmes hépatiques, rénaux, hématologiques et cardiovasculaires(5).

Le taux de létalité chez les patients présentant une insuffisance hépatique et rénale va de 20 à près de 50 %(5,6). Le décès est habituellement précédé d'une grave hypotension et d'un état de choc difficile à traiter par des liquides et des vasopresseurs(4,5).

ÉPIDÉMIOLOGIE: La fièvre jaune n'existe que dans les régions tropicales d'Afrique et d'Amérique du Sud(4,5,7). On recense environ 200 000 cas de fièvre jaune chaque année(4), dont 90 % surviennent en Afrique(1,7). Jusqu'à 5 000 cas de fièvre jaune sont signalés en Afrique et 300, en Amérique du Sud chaque année, mais on croit que la véritable incidence de la maladie serait 10 à 50 fois plus élevée que ce qui est noté dans les rapports officiels(4).

Il existe trois cycles distincts de transmission. Un cycle sylvatique (dans la jungle) est observé dans les forêts tropicales humides de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, où le virus de la fièvre jaune est transmis entre les primates non humains et les moustiques(5). Les cas humains sont rares et sont habituellement des personnes exposées professionnellement dans les régions forestières ou de transition. Un cycle urbain de transmission de l'humain aux moustiques et de nouveau à l'humain se produit en Afrique et en Amérique du Sud, et finalement, il existe un cycle de type savane qui ne se produit qu'en Afrique et dans lequel la transmission du VFJ se fait entre les singes, les moustiques et les humains.

GAMME D'HÔTES: Humain(1,2,5,6), primates non humains(1,2,5), hérisson et hamster doré(5).

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: La fièvre jaune est transmise à l'humain par des primates non humains et d'autres humains par le biais de piqûres de moustiques des genres Aedes et Haemagogus(2,4,5,6,8).

PÉRIODE D'INCUBATION: 3 à 6 jours(2,4,5,6).

TRANSMISSIBILITÉ: Aucune donnée probante ne laisse croire à une transmission directe d'une personne à une autre.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Dans les régions urbaines : humain et moustiques (Aedes aegypti); dans les forêts tropicales humides : singes et moustiques; dans les savanes : humain, singes et moustiques(1,2,5,8).

ZOONOSE: Oui, indirectement par la piqûre de moustiques infectés par des hôtes réservoirs non humains (transmission de la FJ sylvatique et de type savane)(1,5,6).

VECTEURS: Les principaux arthropodes vecteurs de la FJ diffèrent selon les régions
géographiques(5) :
FJ urbaine : Aedes aegypti en Amérique du Sud et en Afrique(5,6).
FJ sylvatique : Aedes africanus en Afrique et espèces du genre Haemagogus en Amérique du Sud(5,6).
FJ de type savane : Aedes furcifer , Aedes vittatus , Aedes luteocephalus et Aedes africanus en Afrique de l'Ouest, et Aedes africanus et Aedes simpsoni en Afrique de l'Est(5).

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS La ribavirine est active in vitro contre le virus de la FJ à des concentrations élevées (potentiellement cytotoxiques)(5).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Le virus est inactivé par le formaldéhyde à 3-8 %, le glutaraldéhyde à 2 %, le peroxyde d'hydrogène à 2-3 %, le chlore actif à 500-5 000 ppm, l'alcool, l'iode à 1 % et les phénol-iodophores(11).

INACTIVATION PHYSIQUE: Le virus est inactivé par la chaleur (50 à 60 °C pendant au moins 30 minutes), les rayons ultraviolets et les rayons gamma(11).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: L'infectiosité est maintenue à basse température, sa stabilité étant maximale sous -60 °C(11).

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Surveiller l'apparition des symptômes. La confirmation de l'infection se fait par isolement du virus dans le sang(1,2,6) ou le liquide céphalorachidien(2) pendant la phase virémique. Les autres méthodes de détection comprennent l'immunofluorescence(1,2,6), la PCR(2,6), la PCR en temps réel(2), la fixation du complément, l'inhibition de l'hémagglutinine, la neutralisation(1) et l'épreuve ELISA avec capture des IgM(1,2,6).

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Traitement de soutien et soulagement des symptômes. Le traitement peut toutefois varier, car l'infection diffère grandement d'un cas à l'autre(2). Les traitements et soins peuvent comprendre le maintien de l'alimentation et la prévention de l'hypoglycémie, le sondage naso-gastrique pour prévenir la distension gastrique et l'aspiration, l'administration de cimétidine par voie intraveineuse pour prévenir les hémorragies gastriques, le traitement de l'hypotension par remplacement des liquides et la prise de médicaments vasoactifs, l'administration d'oxygène, la correction de toute acidose métabolique, le traitement des hémorragies par du plasma frais congelé, la dialyse en cas d'insuffisance rénale, et le traitement des infections secondaires par des antibiotiques(4).

IMMUNISATION: Il existe deux vaccins vivants atténués contre la fièvre jaune : le vaccin neurotrope de Dakar(2) et la souche 17D(2,5,6,7,8), ce dernier étant la seule préparation homologuée au Canada. L'immunité débute 10 jours après la primovaccination et persiste plus de 10 ans(12). Seuls les centres de vaccination contre la fièvre jaune désignés et approuvés par l'ASPC peuvent administrer le vaccin(13), et la vaccination doit être consignée dans un certificat international de vaccination validé.

PROPHYLAXIE: L'immunisation est requise par la loi pour tous les voyageurs qui visitent une région endémique ou qui quittent une région endémique pour se rendre dans un pays où la FJ ne sévit pas(2). Les anticorps passifs, l'interféron et les inducteurs d'interférons peuvent aussi être efficaces s'ils sont donnés avant l'infection par le VFJ ou pendant la période d'incubation(3). La plupart du temps, ils sont utilisés lorsqu'il est clair que la personne a été exposée à la fièvre jaune (p. ex. en laboratoire)(4,5). Les voyageurs devraient également prendre des précautions contre les piqûres de moustiques lorsqu'ils se trouvent dans une région où la transmission de la fièvre jaune est possible.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: 38 cas ont été signalés jusqu'en 1980, dont 8 se sont terminés par le décès(14).

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Sang(1,4,5,6), tissu hépatique(6) et liquide céphalorachidien(2).

DANGERS PRIMAIRES: Contact avec du sang et/ou des tissus infectés(9,10).

DANGERS PARTICULIERS: Exposition directe ou indirecte à des aérosols du vaccin 17D concentré(8). Le virus a déjà été transmis à un soignant par le biais du sang infecté d'un patient(9), de même qu'à des employés de laboratoire par des tissus de singes ou de souris infectés, et lors de la manipulation d'animaux de laboratoire infectés(10).

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 3(15).

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 3 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Avant d'entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville et ses bijoux pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c'est-à-dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire peut être portée par-dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de matériel infectieux, comme un sarrau uni à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(16).

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les activités avec du matériel infectieux doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou dans un autre dispositif de confinement primaire adéquat, avec un équipement de protection individuelle. La centrifugation des matières infectées doit s'effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(16).

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (30 minutes)(16,17).

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(16).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(16).

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Octobre 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

RÉFÉRENCES

  1. Acha, P. N., & Szyfres, B. (2003). Yellow Fever. Zoonoses and Communicable Diseases Common to Man and Animals (3rd ed., pp. 377-387). Washington D.C.: Pan American Health Organization.
     
  2. Krauss, H., Schiefer, H. G., Weber, A., Slenczka, W., Appel, M., von Graevenitz, A., Enders, B., Zahner, H., & Isenberg, H. D. (2003). Viral Zoonoses. Zoonoses: Infectious Disease Transmissible from Animals to Humans (3rd ed., pp. 52-57). Washington D.C.: ASM Press.
     
  3. Monath, T. P. (2008). Treatment of yellow fever. Antiviral Research, 78 (1), 116-124.
     
  4. Monath, T. P. (2001). Yellow fever: An update. Lancet Infectious Diseases, 1 (1), 11-20.
     
  5. Marfin, A. A. (2006). Yellow Fever. In R. Guerrant, D. Walker & P. Weller (Eds.), Tropical Infectious Diseases: Principles, Pathogens, and Practice (2nd ed., pp. 797-812). Philadelphia, PA: Elsevier Churchill Livingston.
     
  6. (2004). In D. L. Heymann (Ed.), Control of Communicable Diseases Manual (18th ed., pp. 595-600). Washington, D.C.: American Public Health Association.
     
  7. Barnett, E. D. (2007). Yellow fever: Epidemiology and prevention. Clinical Infectious Diseases, 44 (6), 850-856.
     
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