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Orientations possibles des futures recherches, des soins dispensés par des professionnels et de l'éducation des professionnels et de la population
Le chapitre qui précède offre un résumé des principales conclusions de recherches, tirées dans un document d'accompagnement, qui a pour titre Les troubles anxieux et leur traitement : analyse critique de la littérature sur les traitements fondés sur des preuves. Dans ce chapitre, nous nous pencherons sur les failles décelées dans les études recensées, notamment sur les lacunes méthodologiques. Nous décrirons aussi l'intérêt que présentent les conclusions de recherches pour les soins de santé et l'éducation des professionnels et de la population. Il est à espérer que les renseignements dans ce chapitre suscitera, parmi les divers intervenants des domaines de la santé et de la santé mentale, un débat sur l'efficacité des approches thérapeutiques utilisées contre les troubles anxieux.
1. Lacunes décelées dans la littérature recensée
La qualité des recherches sur le traitement est très variable d'une étude à l'autre. Le mode de financement des différents types de recherches est un des facteurs qui expliquent peut-être ces écarts. En effet, les études sur les traitements pharmacologiques sont souvent financées par des entreprises pharmaceutiques, de sorte que les projets peuvent être plus vastes, le nombre de participants plus élevé et les moyens plus importants. Les études sur les thérapies psychosociales, par contre, sont plus souvent subventionnées par des organismes publics ou sont réalisées sans l'aide financière d'une source extérieure. Bref, les chercheurs qui s'intéressent aux thérapies cognitivo-comportementales, malgré l'abondance des données qui prouvent la valeur de leur démarche, ont à leur disposition moins de ressources.
Nous analyserons ici un certain nombre de lacunes observées dans les recherches sur les traitements administrés contre les troubles anxieux. Nous évoquerons également les failles méthodologiques décelées dans les études qui portent sur le traitement de troubles anxieux précis.
i. Qualité de l'administration des traitements
En examinant les études, il n'était pas toujours évident de savoir si les chercheurs avaient administré le traitement tel qu'ils l'ont indiqué. Par exemple, en ce qui a trait aux études psychothérapeutiques, les thérapeutes de l'école cognitivo-comportementale n'ont pas nécessairement tous le même niveau de compétence. Il est également possible que les participants à ces études n'aient pas observé les consignes du traitement. En outre, certaines des études n'étaient pas rigoureuses pour ce qui est de la mesure de l'observance du traitement et de son intégrité.
ii. Type de paramètre mesuré
Une carence notée dans presque toutes les études recensées est la tendance à ne mettre l'accent sur la mesure des symptômes au détriment de l'évaluation des déficiences fonctionnelles, de la qualité de vie et des autres aspects liés à l'impact du trouble sur le sujet et sur sa famille. En outre, pour certains troubles (p. ex., le trouble obsessionnel-compulsif), les paramètres étaient en général plus précis dans les études sur les traitements médicamenteux que dans celles sur les TCC, alors que pour d'autres (p. ex., l'anxiété généralisée), les chercheurs s'intéressant aux TCC ont généralement utilisé un plus large éventail de paramètres que les chercheurs en phramacothérapie. Par exemple, dans une étude portant sur les effets relatifs et combinés de diverses thérapies cognitives et comportementales contre la phobie sociale, les auteurs ont utilisé « la recherche d'un autre traitement » comme indicateur de l'issue des traitements (Butler, Cullington, Munby, Amies et Gelder, 1984).
Dans l'ensemble, les études sur le trouble panique avec et sans agoraphobie ont recours à des paramètres plus précis que les recherches portant sur certains autres troubles (l'anxiété généralisée, par exemple). De plus, elles reposent sur des méthodologies et font appel à des instruments de mesure plus complexes, entre autres des évaluations de la fréquence des attaques de panique, de l'anxiété, de la dépression, de l'évitement agoraphobique et d'autres aspects du fonctionnement.
Les données empiriques indiquent que l'évaluation de tous les effets de divers types de traitement devrait reposer sur un suivi à long terme. Cette conclusion est ressortie clairement d'une étude visant à comparer l'imipramine combinée à une thérapie d'exposition assistée par un thérapeute, l'imipramine associée à l'apprentissage de la relaxation assisté par un thérapeute, un placebo assorti d'une thérapie d'exposition assistée par un thérapeute et un placebo associé à l'apprentissage de la relaxation assisté par un thérapeute. Les auteurs n'ont observé aucune différence entre les effets de l'imipramine et du placebo au cours du traitement et pendant la période de suivi d'une année (ce qui s'explique sans doute par la dose, relativement faible, du médicament utilisé). La thérapie d'exposition sous surveillance d'un thérapeute a entraîné une amélioration significativement plus marquée que l'apprentissage de la relaxation, quoique les différences fussent minimes (Marks et coll., 1983). Lors du suivi réalisé deux ans (Cohen, Monteiro et Marks, 1984) et cinq ans (Lelliott, Marks, Monteiro, Tsakiris et Noshirvani, 1987) après le traitement, les participants ont continué de faire des progrès; toutefois, on n'a guère observé de différence entre les groupes.
iii. Instruments d'évaluation
Autant dans le domaine clinique que dans celui de la recherche, on se sert d'instruments d'évaluation pour déterminer la présence ou l'absence de symptômes de trouble anxieux, ou pour faire les diagnostiques cliniques. Il existe une foule d'instruments différents pour chacun de ces troubles et l'« étalon » pour chaque trouble ne fait guère l'unanimité. En outre, nombre de ces instruments servent à différents domaines; par exemple, certains portent sur l'aspect psychologique alors que d'autres mesurent l'aspect biologique. La longueur, la complexité, et les qualités psychométriques (p. ex. la fiabilité et la validité) des instruments sont également variables (Santé Canada, 1994, 1996). C'est ce qui explique que les comparaisons entre les études, même celles qui portent sur le même trouble anxieux (p. ex., la phobie sociale), s'avèrent souvent ardues.
Un autre facteur doit être pris en considération, à savoir si les instruments sont destinés à être utilisés par des évaluateurs (cliniciens) ou par des patients. Une évaluation faite par un patient ne donnera pas nécessairement les mêmes résultats qu'une évaluation faite par un clinicien, puisque le patient peut attacher plus d'importance à certains domaines soumis à l'évaluation que le clinicien. Ainsi, une méta-analyse des antidépresseurs et des thérapies cognitives et comportementales utilisées contre le trouble obsessionnel-compulsif a révélé que tous ces types de traitement sont plus efficaces que les placebos, si l'on se fie aux évaluations faites par les cliniciens. Par contre, si l'on en juge par l'opinion des patients, les thérapies comportementales et les traitements mixtes donnent généralement des résultats supérieurs comparativement aux antidépresseurs (van Balkom et coll. 1994). Des facteurs comme ceux-là doivent entrer en ligne de compte lorsqu'on réalise ou examine des études sur les traitements. (Le lecteur que la question intéresse trouvera à l'Annexe 3 une liste de références utiles concernant les outils de mesure des troubles anxieux.)
2. Lacunes méthodologiques des études sur le traitement de troubles anxieux précis
i. Trouble obsessionnel-compulsif
Dans le cas du TOC, bon nombre des études qui concluent à l'efficacité des TCC reposent sur des échantillons très réduits et sur un choix peu judicieux de sujets-témoins. Les études pharmacologiques concernant le TOC sont à cet égard supérieures aux autres, mais de manière générale, elles n'ont pas fait appel à des entretiens diagnostiques dirigés.
ii. Phobies spécifiques
Presque toutes les études portant sur les phobies spécifiques n'ont pas sélectionné les patients à l'aide de critères diagnostiques appropriés. En outre, s'il existe plusieurs études sur le traitement de la zoophobie et de la phobie du sang, il y a lieu d'entreprendre d'autres études contrôlées sur d'autres types de phobies (phobie des hauteurs, claustrophobie, phobie des orages, des avions, etc.). Enfin, la quasi-totalité des études sur le traitement des phobies simples par des approches comportementales s'intéressent exclusivement aux thérapies d'exposition.
iii. Anxiété généralisée
La grande difficulté que posent les études sur l'AG tient à ce que les critères diagnostiques ont changé de manière assez radicale au fil des ans et à ce que la plupart des recherches sont fondées sur une définition dépassée de ce trouble. Lorsque l'AG a été intégrée au DSM-III (American Psychiatric Association, 1987), elle a été présentée comme une affection qui touche les sujets qui présentent une anxiété accrue pendant au moins un mois, qui ne souffrent pas de phobie, qui ne répondent pas aux critères applicables au trouble panique et qui ne sont pas déprimés. Dans le DSM-III-R (American Psychiatric Association, 1987), l'AG désignait une affection caractérisée essentiellement par une anxiété excessive ou irraisonnée à l'égard d'au moins deux aspects de la vie (par exemple le travail, la famille), qui persiste pendant au moins six mois et qui s'accompagne de six symptômes sur une série de dix-huit. Dans le DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994), l'AG demeure un trouble caractérisé par une inquiétude excessive présente pendant six mois ou plus; toutefois les critères ont été révisés, de sorte que l'inquiétude doit être difficile à maîtriser; porter sur diverses questions (et non plus sur deux aspects de la vie ou plus) et s'accompagner de trois symptômes sur six.
Jusqu'ici, la plupart des études sur l'AG ont été réalisées à partir des critères du DSM-III. Les critères ayant été révisés, il est probable que les études menées avant que les modifications ne furent apportées ne soient plus valables pour les sujets qui répondent aux critères établis actuellement à l'égard de ce trouble. C'est pourquoi l'efficacité des traitements pharmacologiques et des interventions psychologiques contre l'AG, telle qu'elle est actuellement définie, reste encore à déterminer. Enfin, les mesures des résultats utilisées dans les études pharmacologiques ont été jusqu'ici moins précises que celles utilisées dans les études sur les psychothérapies.
iv. Phobie sociale
Dans le cas de la phobie sociale, les études n'ont, dans l'ensemble, pas établi de distinction entre la phobie sociale généralisée et la phobie sociale spécifique. Comme il est prouvé que ces deux types de phobie sociale diffèrent à divers égards, les études sur les traitements de ces troubles devraient mettre davantage l'accent sur ces sous-catégories d'affections. Ainsi, malgré les preuves indiquant que les bêta-bloquants (p. ex. l'aténolol) ne donnent pas de bons résultats en cas de phobie sociale généralisée, ces médicaments sont souvent utilisés en pratique clinique pour le traitement de phobies sociales spécifiques (p. ex. la peur de parler en public). Toutefois, hormis quelques études indiquant que les bêta-bloquants ont pour effet de réduire l'anxiété dans les populations normales qui éprouvent une anxiété accrue à l'idée de se produire en public (p. ex. les musiciens), aucune étude ne montre leur efficacité auprès de cas diagnostiqués. Il y aurait lieu d'entreprendre des recherches sur l'utilisation de bêta-bloquants contre l'anxiété liée au fait de se produire en public, chez les sujets atteints d'une phobie sociale spécifique.
v. État de stress post-traumatique
Très peu d'études ont été publiées sur l'ESPT, et les rares qui existent aboutissent à des conclusions divergentes. Il reste encore beaucoup à accomplir sur les plans de l'élaboration et de l'évaluation de traitements contre l'ESPT.
3. Orientations possibles des futures recherches
Comme l'état des recherches varie selon le type de trouble anxieux, certaines recommandations concernent chaque type de trouble, soit :
Trouble panique avec et sans agoraphobie :
Trouble obsessionnel-compulsif :
Phobie sociale :
Anxiété généralisée :
Phobie spécifique
4. Autres conclusions dégagées de l'analyse de la littérature sur les traitements fondés sur des preuves
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