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Les troubles anxieux : Orientations futures de la recherche et du traitement

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Chapitre 3

Traitement des troubles anxieux

1. Types d'interventions

Les cliniciens ont à leur disposition un vaste éventail d'interventions pour le traitement des troubles anxieux (p. ex. la thérapie axée sur la compréhension de soi, l'hypnose). On dénombre essentiellement deux types d'intervention éprouvés : (1) les traitements pharmacologiques (emploi thérapeutique de médicaments) et (2) les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), une forme de psychothérapie. Les quelques comparaisons qui existent entre ces interventions et d'autres formes de traitement (p. ex. la psychanalyse) indiquent généralement que ces dernières sont moins efficaces que les premières.

Les recherches indiquent que les antidépresseurs (p. ex. les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine) et les anxiolytiques (comme les benzodiazépines) sont efficaces pour le traitement de la plupart des troubles anxieux, sauf les phobies spécifiques. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) semblent efficaces contre chacun des troubles anxieux, bien que peu d'études convenablement contrôlées aient été effectuées pour évaluer l'efficacité des TCC dans le traitement de l'ESPT et des phobies spécifiques adéquatement diagnostiquées. Parmi les formes de TCC qui ont fait leurs preuves figurent la restructuration cognitive (transformation de pensées, d'interprétations et d'anticipations angoissantes en pensées plus rationnelles et moins anxiogènes), l'exposition aux objets et aux situations redoutés et les techniques de relaxation.

Certaines méthodes ont été conçues et mises à l'essai pour des troubles anxieux précis. Ainsi, chez les sujets atteints de TP, l'exposition systématique aux sensations redoutées à l'aide d'exercices comme l'hyperventilation et l'exécution de mouvements giratoires (c'est-à-dire l'exposition intéroceptive) et les techniques de respiration (qui visent à apprendre à respirer lentement et de manière détendue) semblent donner de bons résultats. Dans les cas de phobies simples, qui concernent le sang et les injections, la tension appliquée aide à accroître la pression artérielle et, ce faisant, à éviter les évanouissements souvent provoqués par ce genre de phobies.

Des recherches non contrôlées ont été entreprises sur divers traitements plus récents. Ainsi, du côté des interventions pharmacologiques, les antidépresseurs, inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (par exemple la paroxétine), ont suscité beaucoup d'intérêt chez les chercheurs. De nouvelles techniques cognitives et comportementales sont aussi mises à l'essai actuellement, entre autres une technique appelée désensibilisation et reconditionnement à l'aide de mouvements oculaires et les TCC assistées par ordinateur. Reste à savoir si ces traitements plus récents seront aussi efficaces, sinon plus, que les traitements déjà éprouvés.

2. Les pharmacothérapies par rapport aux psychothérapies

Malgré le grand nombre d'études qui militent en faveur de l'emploi de médicaments et des TCC, la relative efficacité de chacun de ces traitements et l'importance relative des facteurs biologiques et psychologiques dans l'étiologie des troubles anxieux suscitent toujours énormément de controverse parmi les cliniciens et les chercheurs.

Selon Antony, Brown et Barlow (1992), les tenants de l'explication biologique ont tendance à sous-estimer le rôle des variables psychologiques, se fondant sur des recherches qui établissent des distinctions entre les sujets qui souffrent de troubles anxieux et ceux qui en sont épargnés, à partir de divers paramètres biologiques (imagerie cérébrale, taux d'hormones, tests de provocation, concentrations de substances neurochimiques et données génétiques). Les défenseurs du modèle cognitivo-comportemental considèrent qu'il s'agit là de manifestations biologiques d'un phénomène essentiellement cognitif ou comportemental, citant souvent, à l'appui de leur position, des études qui montrent que ces données biologiques peuvent être tributaires de variables psychologiques. De plus, les partisans des théories cognitivo-comportementales font valoir des données qui indiquent que les sujets atteints de troubles anxieux ont tendance à interpréter l'information de manière biaisée (par exemple à accorder plus d'importance à des éléments d'information qui alimentent l'anxiété) et à attribuer une dimension anxiogène à des objets et à des situations qui, en soi, suscitent la peur. Pour les tenants de l'explication biologique, ces constatations sont des manifestations cognitives d'un phénomène essentiellement biologique.

D'après Antony et ses collaborateurs (1992), ces phénomènes biologiques et psychologiques peuvent s'expliquer par les deux écoles de pensée, et rien ne justifie que l'on retienne l'une d'entre elles au détriment de l'autre. Une démarche plus pondérée consisterait à intégrer les données biologiques et psychologiques. De récents modèles d'explication des troubles anxieux (par exemple Antony et Barlow, 1996; Barlow, 1988) tentent de montrer le rôle joué par les facteurs tant biologiques que psychologiques dans l'apparition de troubles anxieux. Quoi qu'il en soit, les chercheurs partisans des théories biologique et psychologique collaborent rarement dans le cadre d'études sur le traitement et se lisent rarement entre eux, sauf pour se critiquer les uns les autres. Les études sur les traitements biologiques et psychologiques sont généralement réalisées dans des centres différents, font appel à des mesures différentes et ne sont pas publiées dans les mêmes revues. Au fil du temps, les chercheurs et les cliniciens sont plus nombreux à accepter d'utiliser des modèles pluridimensionnels pour comprendre et traiter les troubles anxieux, mais il y a encore beaucoup à faire pour renseigner praticiens et chercheurs sur la nature de l'anxiété et les troubles qu'elles occasionne.

3. Le traitement des troubles anxieux

a. Effets secondaires possibles des médicaments

Les effets secondaires que peuvent entraîner certains anxiolytiques, surtout les benzodiazépines, suscitent des inquiétudes. Parmi les effets indésirables de ce type de médicaments, qui peuvent s'atténuer à mesure que le traitement avance, figurent : la somnolence, la fatigue, l'ataxie, les troubles de l'élocution et l'amnésie (Noyes et coll., 1988).

Des chercheurs se sont intéressés aux effets secondaires associés à l'arrêt d'un traitement aux benzodiazépines. Selon Pecknold, Swinson, Kuch et Lewis (1988), 35 % des patients qui prenaient de l'alprazolam ont présenté des symptômes de sevrage à l'arrêt du traitement, notamment : la confusion, la désorientation (espace, temps, schéma corporel), la perception sensorielle exacerbée, la dysosmie (anomalie du goût ou de l'odorat), la paresthésie (sensations d'engourdissement ou de picotements), les soubresauts musculaires, les crampes musculaires, la vision floue, la diarrhée, la perte d'appétit et de poids. Ces effets n'étaient, dans aucun des cas, invalidants ou dangereux.

L'arrêt d'un traitement aux benzodiazépines peut aussi entraîner des rechutes ou la récurrence des symptômes. Dans une étude réalisée en 1991, Noyes, Garvey, Cook et Suelzer ont observé que de 63 % à 84 % des patients atteints d'un trouble panique qui prenaient de l'alprazolam ou du diazépam faisaient une rechute. Les écarts entre les taux de rechute s'expliquaient entre autres par l'utilisation de critères différents pour évaluer les résultats. À cause de la difficulté qu'éprouvent la plupart des patients souffrant de TP à abandonner les traitements aux benzodiazépines, les chercheurs ont commencé à mettre au point des programmes particuliers pour aider les patients à s'affranchir des anxiolytiques (Klein, Colin, Stolk et Lenox, 1994).

Si l'on se fie aux recherches, les effets bénéfiques de certains types de médicaments dépendent de la poursuite du traitement. Ainsi, bien que la clomipramine donne de bons résultats dans le traitement du trouble obsessionnel-compulsif, les effets thérapeutiques de la clomipramine ne se sont pas maintenus après arrêt du traitement, dans une étude (Thorén, Åsberg, Cronholm, Jörnestedt et Träskman, 1980). Il faudrait approfondir les recherches sur le sujet.

b. Pertinence des traitements

Certaines études montrent que bien des gens qui souffrent de troubles anxieux ne reçoivent pas les traitements appropriés. Les professionnels des soins de santé, hormis ceux qui travaillent dans des cliniques spécialisées dans les troubles anxieux, ont généralement moins recours à des traitements validés par des recherches empiriques. Par exemple, Swinson et coll. (1992) ont constaté que si la majorité des patients atteints de trouble panique et de phobie sociale avaient essayé des médicaments psychotropes (89 % et 75 % respectivement), la plupart n'avaient jamais reçu les traitements les plus étayés par des données empiriques. Parmi les patients souffrant de TP, seuls 15 % avaient reçu de l'imipramine; 13 % s'étaient vu administrer de l'alprazolam et 11 % avaient suivi une thérapie cognitivo- comportementale. Seuls 4 % des patients souffrant de phobie sociale avaient reçu des inhibiteurs de la monoamine oxydase et 4 %, une thérapie cognitivo-comportementale. D'après Swinson et ses collaborateurs (1992), il convient de parfaire la formation des omnipraticiens et des médecins travaillant dans les services d'urgence en ce qui concerne le dépistage précoce des troubles anxieux et leur traitement. Il faudrait aussi viser d'autres professionnels de la santé et de la santé mentale, notamment des psychologues, des psychiatres, des ergothérapeutes, des travailleurs sociaux, des infirmières spécialisées en psychiatrie. Des colloques sur les différents types de troubles anxieux et les traitements adaptés à chacun et l'uniformisation des méthodes d'évaluation pourraient s'avérer des moyens efficaces de diffusion de l'information dans les domaines de la santé et de la santé mentale.

Il ressort d'un sondage réalisé auprès de psychiatres et de résidents en psychiatrie (McCarley, Steinberg, Spears et Essock-Vitale, 1987) que les professionnels de la santé mentale privilégient plus volontiers les approches biologiques par rapport aux approches axées sur le comportement, tant dans leur formation que dans la pratique. En outre, les démarches psychanalytiques et psychodynamiques sont favorisées au dépens d'autres TCC, bien qu'elles ne soient pas étayées par des données empiriques. Une récente enquête visant des médecins de famille (Hecker, Fink et Fritzler, 1993) aboutit à des conclusions un peu plus optimistes. De l'avis des participants, les TCC sont plus acceptables contre le TP que la thérapie centrée sur le client, les interventions pharmacologiques se situant entre les deux.

Les résultats d'études sur les traitements offerts dans les cliniques spécialisées dans les troubles anxieux sont plus encourageants. Désireux de faire enquête sur l'accessibilité et la pertinence des services offerts aux patients atteints de ce type de troubles au Canada, Swinson, Cox, Kerr, Kuch et Fergus (1992) ont adressé un questionnaire à 240 hôpitaux des quatre coins du Canada et reçu 117 réponses. Seuls 18 des hôpitaux participants comptaient une clinique spécialisée dans le traitement des troubles anxieux. Ces cliniques accueillaient en moyenne 208 patients par an. Les troubles les plus couramment diagnostiqués étaient le TPA (25,4 %), l'AG (22,1 %), le TP (15,2 %), la phobie sociale (13,5 %), l'agoraphobie sans panique (9,9 %), le TOC (8,9 %) et l'ESPT (8,8 %). Malgré la forte prévalence des phobies simples dans l'ensemble de la population, les personnes touchées ne fréquentaient généralement pas les cliniques spécialisées dans les troubles anxieux. La plupart des cliniques ont déclaré pratiquer les TCC, les traitements pharmacologiques ou une démarche mixte.

4. Conclusions de recherches : Traitements efficaces contre les troubles anxieux

Lorsqu'on examine les conclusions exposées ci-après, il ne faut pas perdre de vue que l'atténuation des symptômes est de plus en plus considérée comme un facteur parmi tant d'autres qui doivent entrer en ligne de compte lorsqu'il s'agit de comparer l'efficacité de différents types de traitement. Il convient en effet de tenir compte d'éléments tels que : l'acceptation du traitement par le patient et par sa famille, son impact sur la qualité de vie du patient, notamment l'incapacité fonctionnelle, le temps nécessaire à l'obtention de résultats, le coût du traitement et la facilité d'enseigner le traitement aux professionnels et de l'offrir à la population.

a. Trouble panique avec (TPA) et sans agoraphobie (TP)

Parmi les troubles anxieux, le TP et le TPA sont ceux qui retiennent le plus l'attention des chercheurs. De nombreuses études ont mis en évidence l'efficacité des traitements pharmacologiques, psychologiques et mixtes. En outre, en comparaison des études qui portent sur les autres troubles anxieux, celles qui traitent du TP et du TPA reposent généralement sur des modèles et des mesures plus perfectionnés. C'est le cas notamment des travaux réalisés sur la fréquence des attaques de panique, l'anxiété généralisée, la dépression, l'évitement lié à l'agoraphobie et d'autres aspects du fonctionnement.

Des essais pharmacologiques ont montré que divers médicaments sont plus efficaces que les placebos pour le traitement du TP et du TPA, entre autres des antidépresseurs et des anxiolytiques (par exemple les benzodiazépines). Bien que l'alprazolam (par exemple Ballenger et coll., 1988) et l'imipramine (par exemple Mavissakalian et Perel, 1995) soient les médicaments les plus fréquemment étudiés, l'efficacité d'autres substances a été démontrée, entre autres le clonazépam (Beauclair, Fontaine, Annable, Holobow et Chouinard, 1994), l'adinazolam (p. ex. Carter et coll., 1995), le clomipramine (p. ex. Johnston, Troyer et Whitsett, 1988), le lorazépam (p. ex. Schweizer et coll., 1990), la fluvoxamine (de Beurs, van Balkom, Lange, Koele et van Dyck, 1995) et plusieurs autres médicaments. De plus, il semble y avoir peu de différences entre ces médicaments pour ce qui est de l'efficacité (p. ex. Cross National Collaborative Panic Study, Second Phase Investigators, 1992). Toutefois, on attribue généralement des résultats plus rapides aux benzodiazépines (entre autres l'alprazolam) (Cross National Collaborative Panic Study, Second Phase Investigators, 1992) et on associe aux antidépresseurs tels que l'imipramine des taux de rechute plus élevés après arrêt du traitement (Rickels, Schweizer, Weiss et Zavodnick, 1993). Fait intéressant, on a observé que les TCC aidaient les patients à cesser de prendre leurs médicaments sans subir de rechutes (Otto et coll., 1993).

Basoglu, Marks, Kiliç, Brewin et Swinson (1994) ont relevé des prédicateurs de l'issue de traitements pharmacologiques administrés contre le TP et le TPA. Ils ont constaté que les patients qui attribuaient l'amélioration de leur état au médicament (qu'il s'agisse de l'alprazolam ou du placebo) étaient plus nombreux à éprouver des symptômes de sevrage et à perdre leurs acquis que ceux qui l'attribuaient à leurs propres efforts. Parmi les prédicateurs de mauvais résultats immédiats figuraient la consommation de psychotropes pour la première fois par le sujet, la sévérité de l'agoraphobie et l'ancienneté de la maladie. Au nombre des prédicateurs de mauvais résultats à long terme figuraient la sévérité des symptômes agoraphobiques, l'âge avancé, les antécédents de dépression et l'ancienneté de la maladie.

De nombreuses études ont établi l'efficacité des TCC par rapport à l'absence de traitement et à d'autres interventions psychologiques comme la psychothérapie d'appoint (voir Clum, Clum et Surls, 1993). Bien qu'il semble y avoir, d'une étude à l'autre, peu de différences constantes concernant l'efficacité des diverses formes de thérapies cognitivo-comportementales (par exemple la restructuration cognitive, l'exposition aux objets et aux situations redoutés, l'application de techniques de relaxation, etc.), certaines études montrent que la relaxation est quelque peu moins efficace que les autres techniques (p. ex. Marks et coll., 1993).

Certains chercheurs se sont penchés sur l'importance du soutien apporté par la famille dans le contexte des thérapies cognitivo-comportementales axées sur le TPA. Il ressort d'une étude que les patientes dont le conjoint avait participé aux séances de thérapie ont obtenu des résultats sensiblement meilleurs que les autres aux mesures de l'agoraphobie (Barlow, O'Brien et Last, 1984). Pendant une période de suivi de deux ans (Cerny, Barlow, Craske et Himadi, 1987), les patientes du groupe avec conjoint ont continué à s'améliorer, contrairement à celles de l'autre groupe, surtout la première année. Les premières ont été moins perturbées dans leur fonctionnement que les secondes dans l'année qui a suivi le traitement.

Plusieurs études indiquent en outre que les TCC sont plus efficaces les pharmacothérapies pour le traitement du TP et du TPA, surtout à long terme (p. ex. Clark et coll., 1994; Marks et coll., 1993). D'autres études (p. ex. de Beurs et coll., 1995) ont constaté peu de différences entre les traitements pharmacologiques et les interventions psychologiques. À quelques rares exceptions près (p. ex. Telch, Agras, Taylor, Roth et Gallen, 1985), une approche qui associe les médicaments et la TCC ne semble guère plus efficace que l'un ou l'autre traitement pris isolément, bien que certaines données indiquent que les patients qui attribuent une amélioration de leur état à des médicaments présentent plus de risques de rechute que ceux qui l'expliquent par une intervention psychologique (Basoglu et coll., 1994).

Enfin, selon diverses études, les patients atteints de TP et de TPA peuvent obtenir seuls de bons résultats avec une intervention minimale d'un thérapeute, notamment en utilisant des guides d'initiative personnelle (Gould, Clum et Shapiro, 1993) et des conseils téléphoniques (Swinson, Fergus, Cox et Wickwire, 1995).

b. Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC)

De manière générale, il est prouvé que divers médicaments sont efficaces pour le traitement du TOC, surtout les inhibiteurs du recaptage de la sérotonine comme la clomipramine (Clomipramine Collaborative Study Group, 1991), la sertraline (Chouinard et coll., 1990), la fluvoxamine (Perse, Greist, Jefferson, Rosenfeld et Dar, 1987) et la fluoxétine (Tollefson et coll., 1994).

En outre, les études contrôlées sur les TCC montrent toutes l'efficacité des techniques comportementales pour le traitement du TOC (p. ex. Fals-Stewart, Marks et Shafer, 1993; Foa et Goldstein, 1978). Parmi les techniques généralement utilisées dans les TCC pour diminuer l'anxiété figurent l'exposition aux situations et aux pensées redoutées et la prévention de rituels. De plus, certaines études intègrent la restructuration cognitive au traitement du TOC.

Les études qui visent à comparer les résultats de traitements ne font pas apparaître, sur le plan de l'efficacité, de différences constantes entre les TCC, les pharmacothérapies et les approches mixtes (p. ex. Cottraux et coll., 1990; Marks et coll., 1988). Cette conclusion est confirmée dans des méta-analyses de traitements contre le TOC (p. ex. Cox, Swinson, Morrison et Lee, 1993; van Balkom, van Oppen, Vermeulen et van Dyck, 1994).

c. Phobie sociale

Rares sont les essais pharmacologiques contrôlés qui ont été réalisés sur les phobies sociales, mais les données préliminaires indiquent que certains médicaments pourraient être employés avec succès, par exemple le clonazépam (Davidson et coll., 1993), la phénelzine (Liebowitz et coll., 1992), la sertraline (Katzelnick et coll., 1995) et la brofaromine (Fahlen, Nilsson, Borg, Humble et Pauli, 1995).

En outre, de nombreuses études préconisent les TCC dans les cas de phobie sociale. Au nombre des techniques qui ont donné de bons résultats figurent l'exposition aux situations redoutées, le jeu de rôle, la thérapie cognitive et l'amélioration des aptitudes sociales. Les TCC semblent plus efficaces que la psychothérapie d'appoint (p. ex. Heimberg, Dodge, Kennedy et Zollo, 1990) et l'absence de traitement (Newman, Hofman, Trabert, Roth et Taylor, 1994).

Des études visant à comparer diverses démarches cognitives et comportementales ont abouti à des conclusions différentes. Une récente méta-analyse qui avait pour objet de comparer des modèles cognitivo-comportementaux à des thérapies fondées sur la simple exposition à des situations redoutées (Feske et Chambless, 1995) n'a constaté aucune différence entre les deux approches. Autrement dit, le fait d'associer les techniques cognitives et l'exposition aux situations redoutées ne semble pas modifier l'issue du traitement. On n'a pas non plus observé de lien entre la durée et l'issue du traitement; par contre, une nombre plus élevé de séances d'exposition était associé à de meilleurs résultats.

Des données préliminaires donnent à penser que les TCC sont au moins aussi efficaces que les interventions pharmacologiques, sinon plus, à long terme (Gelernter et coll., 1991; Heimberg et coll., 1994). Il y a lieu de pousser beaucoup plus loin les recherches avant de tirer en toute assurance une telle conclusion. En outre, il n'existe aucune étude publiée sur l'efficacité des traitements contre le phobie sociale qui allient l'intervention psychologique et les médicaments.

d. Anxiété généralisée (AG)

Il semble y avoir des pharmacothérapies et des psychothérapies efficaces contre l'AG. Bien que la plupart des études qui portent sur les médicaments reposent sur des critères diagnostiques qui datent (et qui ont été considérablement remaniés), il y a lieu de croire que diverses interventions pharmacologiques donnent de bons résultats dans le cas de l'anxiété généralisée, notamment le buspirone, l'imipramine et diverses benzodiazépines comme le diazépam, l'alprazolam et le loraxépam. À quelques exceptions près, la plupart des études ont prouvé que ces médicaments étaient plus efficaces que les placebos; par contre, elles ont constaté peu de différences entre les médicaments (p. ex. Hoehn-Saric, McLeod et Zimmerli, 1988; Rickels et coll., 1982; Rickels et coll., 1993; Sacchetti, Zerbini, Banfi et Tansella, 1994). Certaines études aboutissent cependant à la conclusion que les benzodiazépines agissent plus rapidement que d'autres substances (p. ex. Rickels et coll., 1993).

De façon générale, les études qui font appel aux TCC pour le traitement des sujets atteints d'AG utilisent des mesures plus nombreuses et des critères diagnostiques plus récents que les études qui portent sur les interventions pharmacologiques. Diverses techniques semblent donner de bons résultats chez les patients souffrant d'AG, entre autres les techniques cognitives (la restructuration cognitive, par exemple) et les techniques comportementales (p. ex. l'application de techniques de relaxation). Les TCC semblent plus efficaces que les autres types de traitement, y compris le diazépam, la psychothérapie analytique, la psychothérapie non directive et les placebos (Durham et coll., 1994; Power, Simpson, Swanson et Wallace, 1990). Certaines études ont montré que les différentes approches cognitives et comportementales n'ont pas toutes la même efficacité, mais la plupart ont constaté peu de différences sur ce plan (p. ex. Barlow, Rapee et Brown, 1992; Borkovec et coll., 1987; Borkovec et Costello, 1993).

e. Phobie spécifique

Aucune étude contrôlée n'a été effectuée sur les interventions pharmacologiques utilisées auprès de sujets qui répondent aux critères diagnostiques établis à l'égard de la phobie spécifique.

Beaucoup d'études ont mis en évidence l'efficacité des thérapies comportementales comme moyen d'atténuer la peur éprouvée à l'égard de divers objets et situations, entre autres les hauteurs (Bourque et Ladouceur, 1980), les visites chez le dentiste (Jerremalm, Jansson et Öst, 1986), les lieux clos (Öst, Johansson et Jerremalm, 1982), les animaux (Öst, 1989) et le sang (Öst, Lindahl, Sterner et Jerremalm, 1984). En règle générale, tout traitement efficace contre les phobies simples repose principalement sur l'exposition à la situation phobogène. L'exposition se fait habituellement dans un contexte réel (affrontement de la situation phobogène), bien que l'on ait parfois recours à une technique d'exposition par l'imagination. Certaines études, qui ont établi une comparaison entre l'exposition et l'application de techniques de relaxation (une approche qui intègre la relaxation à l'exposition aux situations redoutées), en ont conclu que les deux techniques semblent efficaces. En outre, la tension appliquée (une technique qui consiste à contracter les muscles afin d'accroître la pression artérielle) semble efficace pour le traitement des phobies liées au sang, qui sont souvent associées à des évanouissements.

Presque toutes les études qui visent à évaluer les thérapies d'exposition utilisées contre des peurs précises ont été réalisées auprès de volontaires éprouvant des peurs intenses, qui répondent ou non à tous les critères applicables aux phobies simples (y compris une profonde détresse ou une diminution des capacités fonctionnelles). En fait, on ne compte que quatre études dans lesquelles les participants ont été évalués rigoureusement à la lumière de critères diagnostiques récents. Ces travaux (qui portent sur des sujets atteints de zoophobie ou de phobie du sang) montrent tous la très grande efficacité des thérapies comportementales auprès de la quasi-totalité des sujets traités (p. ex. Öst, Fellenius et Sterner, 1991; Öst, Salkovskis et Hellström, 1991).

D'après des études préliminaires, les méthodes fondées sur l'auto traitement (p. ex. les manuels autodidactiques) seraient moins efficaces contre les phobies simples que contre le TP et le TPA.

f. État de stress post-traumatique (ESPT)

On ne sait pas grand-chose de l'efficacité des traitements utilisés contre l'ESPT. Peu d'études contrôlées ont été menées sur les traitements pharmacologiques, et les rares qui soient publiées aboutissent à des conclusions divergentes. Certaines ont démontré que les antidépresseurs (p. ex. l'amitriptyline, la désipramine, la phénelzine) sont plus efficaces que les placebos (p. ex. Kosten, Frank, Dan, McDougle et Giller, 1991); d'autres n'ont constaté aucune différence (p. ex. Davidson et coll., 1990). Les études sur les traitements pharmacologiques réalisées à ce jour présentent diverses failles, entre autres la taille réduite des échantillons et la durée du traitement, trop brève pour donner des résultats concluants.

De façon générale, les études sur les TCC ont abouti à des conclusions plus prometteuses (p. ex. Foa, Hearst-Ikeda et Perry, 1995; Keane, Fairbank, Caddell et Zimering, 1989), mais on n'a pas encore poussé assez loin les recherches pour pouvoir conclure à l'efficacité des TCC. De plus, aucune technique cognitivo-comportementale ne semble supérieure aux autres.

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