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Nouvelles de la Bibliothèque nationale du Canada

Septembre 1995, vol. 27, no. 9



Observations concernant le Manifeste de l'UNESCO sur la bibliothèque publique

Le Manifeste de l'UNESCO sur la bibliothèque publique constitue une déclaration merveilleuse quant aux idéaux que nous partageons tous envers les bibliothèques publiques.

Toutefois, mon expérience personnelle au cours des dix-huit derniers mois m'amène à suggérer un ajout et une question, auxquels on doit s'attaquer.

Le premier, à l'énoncé de mission, amènerait les bibliothèques publiques « à contribuer, par leurs collections et l'expertise de leur personnel, au bien-être économique de la collectivité. » Je crois que la santé économique d'une collectivité est aussi importante pour la survie de la bibliothèque publique que le milieu culturel et éducatif. Les petites entreprises représentent le secteur qui croît le plus rapidement dans l'économie ici sur la côte ouest, et nous savons, en pratique, qu'il existe un lien direct entre nos services et le développement des petites entreprises.

La seconde, concernant la section sur le financement, répond à l'hypothèse implicite selon laquelle le financement des bibliothèques publiques doit provenir uniquement de l'État afin que la bibliothèque puisse assurer un service équitable sans recourir à des influences externes. Franchement, ayant eu à faire face à une compression d'un million de dollars dans le soutien des services, et ayant observé mes collègues de l'Ontario et d'ailleurs qui font face à des coupes beaucoup plus sévères à cet égard, je ne suis plus du tout convaincue de la validité de cette position. Si le logo d'une entreprise sur une carte de bibliothèque me permet de ne pas imputer de frais aux emprunteurs, ou si une grande société fait en sorte que nous puissions doubler notre activité dans le domaine de l'alphabétisme, alors je suis tout à fait en faveur. Depuis longtemps, la bibliothèque publique de Vancouver bénéficie de « partenariats d'entreprises » du secteur privé (citons les compagnies d'assurance, de services immobiliers et de firmes d'ingénierie) et elle n'a jamais accepté de compromis, ou voire été amenée à compromettre ses normes ou critères de sélection.

  -- Madeleine Aalto
    Directrice 
    Bibliothèque publique de Vancouver
  
La déclaration de l'UNESCO offre une vision irrésistible de ce que la bibliothèque publique devrait être, et pourquoi. Je trouve qu'elle est bien structurée, complète et concise. Je pourrais éventuellement m'en servir pour faire des exposés devant des clubs de services locaux, le conseil municipal ou le conseil d'administration de la bibliothèque pour expliquer le rôle de la bibliothèque publique. Elle pourrait s'avérer utile pour formuler des énoncés de mission.

Voici la liste de certaines de mes préoccupations au sujet du texte, et peut-être, des principes directeurs :

(paragraphe 3)

« Ce Manifeste proclame la confiance que place l'Unesco dans la bibliothèque publique en tant que force vive au service de l'éducation, de la culture et de l'information, et en tant qu'instrument essentiel du développement de la paix et du progrès spirituel par son action sur l'esprit des hommes et des femmes

Remplacer par... « par son action sur l'esprit des adultes et des enfants. »

(paragraphe 6)

« Des services et des documents spécifiques doivent être mis à la disposition des utilisateurs qui ne peuvent pas, pour quelque raison que ce soit, faire appel aux services ou documents courants, par exemple, les minorités linguistiques, les personnes handicapées, hospitalisées ou emprisonnées. »

«Des services et des documents spécifiques doivent être mis à la disposition...» [Remplacer par] «On devrait s'efforcer de desservir les utilisateurs qui ont des besoins spéciaux, par exemple...»

« Doivent être mis à la disposition de» sont des mots très forts en effet, en particulier à notre époque où les ressources s'amenuisent. Certaines bibliothèques pourraient offrir des services à domicile, mais non dans les hôpitaux et les prisons. Certaines bibliothèques ont des problèmes d'accessibilité qu'elles ne sont pas en mesure de régler.

(paragraphe 9)

« Les collections et les services doivent être exempts de toute forme de censure idéologique, politique ou religieuse, ou de pressions commerciales. »

[Ajouter] «La liberté d'accès à l'information est d'une importance cruciale. Les collections et les services doivent être exempts de...»

(section : « Mission de la bibliothèque publique »)

« Il faut tenir compte des missions-clés de la bibliothèque publique relatives à l'information, l'alphabétisation, l'éducation et la culture, qui sont les suivantes : (2) soutenir à la fois l'auto-formation ainsi que l'enseignement conventionnel à tous les niveaux »

On ne peut supposer que les bibliothèques publiques soutiendraient l'enseignement à tous les niveaux. Les ressources pour soutenir les programmes éducatifs sont du ressort des établissements d'enseignement provinciaux. Ici, le rôle de la bibliothèque publique est de complémenter les ressources éducatives des établissements qui remettent des diplômes. Les bibliothèques publiques ne recueilleraient pas de documents de recherche au niveau du deuxième cycle (sauf peut-être pour l'agglomération torontoise).

(section : « Financement, législation et réseaux »)

« En principe, la bibliothèque publique doit être gratuite. » Nombre de mes collègues du Chief Executives of Large Public Libraries of Ontario (CELPLO) et du Council of Administrators of Large Urban Public Libraries (CALUPL) contesteraient cette affirmation. Le conseil municipal nous incite de plus en plus à imposer davantage de frais pour nos services, y compris des frais d'adhésion. Je suis certaine que vous savez qu'il s'agit d'une pratique courante en Alberta.

(section : « Fonctionnement et gestion »)

Je suis très contente que l'on ait inclus cette section. Elle pourrait donner à penser qu'une politique de collection des documents est également essentielle. Voir aussi l'Alberta Library Act pour obtenir un bon groupe de politiques.

  -- Karen Harrison 
    Bibliothécaire en chef 
    Bibliothèque publique de Thunder Bay
  

Il s'agit d'un document nécessaire qui offre un but à atteindre pour tous les pays du monde. Dans un contexte international, il est révolutionnaire, et lorsqu'il sera atteint, il fera en sorte que tous les habitants de la planète seront mieux informés. De bien des façons, il représente un modèle que nous avons déjà atteint au Canada, bien que nous devions désormais éviter la complaisance, et nous assurer de ne pas perdre ce que nous avons, par de l'inattention, des compressions dans le financement public, ou parce que nous ne le valorisons pas suffisamment.

D'un point de vue canadien, nous devons publiciser ce document le plus possible auprès de nos bibliothèques, de nos décideurs et de nos usagers. Nous devons nous considérer et être considérés comme faisant partie d'un réseau mondial dont les objectifs et les buts sont les mêmes.

  -- Margaret Law 
    Bibliothèque régionale de Parkland 
    Lacombe (Alberta)
  

Le Manifeste de l'UNESCO sera très utile pour nous aider à défendre les bibliothèques publiques, pas seulement dans notre collectivité, mais dans toute la province. Nous souffrons tous des contraintes budgétaires et sommes considérés comme moins valables que les services ambulanciers et un certain nombre d'autres choses qui sont offertes à l'échelle municipale. Donc, le poids du document de l'UNESCO et le fait que celle-ci appuie si fortement les bibliothèques est très valable.

  -- Frances Schwenger 
    Conseil des bibliothèques de l'agglomération torontoise
  

Cette déclaration publique, forte et positive, constitue l'un des énoncés les plus encourageants que j'aie lus dans cette décennie. En en prenant connaissance, j'ai eu l'impression qu'au cours des dernières années, les auteurs ont participé aux mêmes rencontres que moi, dans un contexte où les membres du personnel des bibliothèques publiques et les administrateurs sont aux prises avec des missions, des visions, des mandats, le virtuel par-ci, le virtuel par-là, des crises de financement, des secrétariats de cabinet, des représentants élus, de même qu'avec tous ceux qui ont affaire au domaine à un moment ou à un autre. En dernière analyse, nous en venons tous aux mêmes conclusions au sujet de ce que nous devrions faire pour les usagers.

Je sais ce que veut dire en pratique, dans ma région « ...la bibliothèque publique en tant que force vive au service de l'éducation, de la culture et de l'information... ». L'UNESCO et l'IFLA nous disent que cette réalité recèle un potentiel reconnu à l'échelle mondiale. Il ne saurait être question de crise d'identité ici ! À mesure que les membres du personnel et les administrateurs des bibliothèques publiques continuent de chercher de nouveaux partenariats pour soutenir et développer les services auprès des usagers, je considère que le Manifeste représente une méthode d'approche toute indiquée.

  -- Ian A. Wilson 
    Bibliothécaire municipal 
    Bibliothèque régionale de Saint-Jean 
    Saint-Jean (N.-B.)
  


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