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Nouvelles de la Bibliothèque nationale du Canada

Octobre 1995, vol. 27, no. 10



Le Gopher de la Bibliothèque nationale un an plus tard : les leçons tirées

par Lynn Herbert, bibliothécaire analyste des systèmes, Division des services de référence et d'information

En juin 1995, la Bibliothèque nationale a inauguré son service World Wide Web (WWW), exactement un an après avoir créé son serveur fureteur (voir « Les services Internet à la Bibliothèque nationale du Canada : le serveur Gopher de la Bibliothèque nationale », Nouvelles de la Bibliothèque nationale, vol. 26, nos 8-9, août-septembre 1994, p. 10-12). Le fureteur (gopher) est l'un des premiers services Internet bilingues du Canada, et parmi les premiers services électroniques de l'administration fédérale. Il s'agissait également de la première expérience de la Bibliothèque dans la prestation d'un service Internet. Les efforts se sont révélés fructueux pour plusieurs raisons. Le contenu et la structure du service ont fait l'objet d'éloges, et les données statistiques d'utilisation ont démontré son utilité à la fois pour des Canadiens et des étrangers. Le personnel de la Bibliothèque a développé d'autres compétences techniques, et il s'est appliqué, au sein de l'organisation, à accroître constamment ses connaissances et à évoluer dans sa réflexion au sujet de la prestation de services électroniques.

Un serveur fureteur érigé par des bibliothécaires

Les bibliothécaires possèdent la formation et l'expérience pour constituer et maintenir des services électroniques de qualité. Le processus de préparation du fureteur de la Bibliothèque nationale a nécessité un effort de réflexion soigneux au sujet de la structure hiérarchique, de la logique et de la présentation des menus. Ceux d'entre nous qui étaient responsables du projet ont tenu compte de la clarté et de l'uniformité de la présentation, de l'intégrité de l'information et, surtout, de l'approche de l'utilisateur pour naviguer dans les menus. Ainsi, nous avons bien réfléchi sur la façon dont l'utilisateur pourrait envisager nos services, et non la façon dont ces services sont structurés au sein de la Bibliothèque.

Bien que la constitution du fureteur ait pris plusieurs mois, nos efforts individuels et collectifs ont été récompensés au cours de la dernière année par de nombreux compliments au sujet de sa structure, de son contenu et de son utilité, et on le cite souvent comme un bon exemple de la façon dont il faut bâtir un serveur. À cet égard, nous avons répondu à un besoin, et fourni un exemple du rôle précieux des bibliothécaires dans le milieu de l'information en réseau.

Développement et état du serveur fureteur

Les données statistiques d'utilisation du fureteur se sont révélées relativement uniformes, avec des variations saisonnières prévues. Entre juin 1994 et mai 1995 :

691 728 répertoires ont été repérés (moyenne mensuelle de 57 644).

75 612 documents ont été repérés (moyenne mensuelle de 6 301).

Chaque semaine, on a comptabilisé une moyenne de 1 037 hôtes de connexion différents.

Tandis que le service continue à fonctionner à la fois comme une passerelle vers l'information détenue par les bibliothèques canadiennes et le gouvernement et comme mécanisme de livraison des versions ASCII des publications de la Bibliothèque nationale, des idées concernant d'autres rôles ont évolué avec le temps. Des plans pour étoffer les services gopher de la Bibliothèque ont changé à la suite du développement de la technologie Internet et du service Web de la Bibliothèque. Par exemple, des menus basés sur les matières reliant l'information électronique canadienne n'ont jamais été versés dans le fureteur, mais feront partie du service Web cet automne. À la Division des services de référence et d'information, nous entendons désormais augmenter nos services Internet en incluant la prestation directe de services électroniques, comme les instruments de recherche, les guides de recherche, les passerelles basées sur les matières et les réponses à des questions posées souvent au sujet de la société, de l'histoire, de la littérature et de la musique canadiennes.

L'administration du serveur fureteur a été décentralisée, car plusieurs membres du personnel possèdent une expérience directe des aspects techniques et intellectuels de la gestion du service Internet. Le Comité de rédaction du Gopher/Web offre la continuité nécessaire à l'égard des structures de menu hiérarchiques et assure l'uniformité de la qualité et du contenu tant du fureteur que du nouveau service Web.

Le rôle du fureteur est désormais secondaire à celui du service Web, mais il demeurera complémentaire aussi longtemps que les données statistiques d'utilisation le justifieront. En maintenant les deux services pendant un certain temps, nous aurons l'occasion d'atteindre le plus grand nombre possible d'usagers en offrant divers moyens de diffuser l'information.

Les leçons à tirer

L'une des leçons les plus appréciables a été de constater à quel point la technologie évolue rapidement, et le degré d'adaptabilité auquel doivent parvenir les services Internet et les bibliothécaires. Le serveur fureteur venait à peine d'être terminé et annoncé publiquement, qu'il est devenu évident que l'évolution d'Internet le rendait déjà désuet sur le plan tech-nique. Même si des nouveaux serveurs de ce type ont été annoncés à travers le monde au cours de la dernière année, la plupart des institutions reliées à Internet en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest commençaient déjà à offrir leurs services sur le Web.

Nous apprenions en outre à établir les différences entre la technologie du fureteur et du Web comme moyen de diffusion de l'information et d'organisation des ressources sur l'Internet. La croissance rapide de l'information sur l'Internet nous a appris que la Bibliothèque ne peut être une passerelle efficace pour chaque service et chaque site canadien, et que la participation de nombreux membres du personnel est nécessaire pour repérer, évaluer et annoter les ressources choisies dans les études canadiennes, ainsi que l'histoire, la littérature et la musique canadiennes.

Le fureteur a également démontré au personnel de la Bibliothèque les possibilités de servir des chercheurs directement et simultanément, selon des modalités qui étaient impossibles auparavant. Cette découverte nous amène à repenser complètement les services de référence conventionnels.

L'avenir : un rôle intégral pour les bibliothécaires à la référence

Les bibliothécaires ont un rôle essentiel en vue d'aider les chercheurs à surmonter la surabondance d'information, à filtrer, juger et évaluer la qualité de l'information, ainsi qu'à la mettre en forme à titre de produit à valeur ajoutée qui aidera les usagers. Nous pouvons en outre servir d'intermédiaires entre l'information, la technologie et le chercheur, en adoptant des rôles de pilotes, d'organisateurs et d'enseignants.

La plupart des usagers chevronnés d'Internet connaissent quelques bons sites concernant des sujets d'intérêt particulier. Toutefois, le mode d'utilisation d'Internet pour des travaux de référence, lorsque le bibliothécaire ne peut se permettre de naviguer dans l'Internet à loisir, fait en sorte que l'Internet se révèle clairement inutilisable. On peut toujours trouver de l'information utile et pertinente, mais au prix d'un investissement considérable en temps, et même là, le bibliothécaire ne peut jamais être certain qu'il a tout repéré.

Les promoteurs d'Internet se concentrent souvent sur la technologie de création d'index, sont totalement acquis aux possibilités des index en texte intégral, et négligent des problèmes de qualité du contenu ou ne se rendent pas compte des avantages apportés par les vocabulaires contrôlés, les normes d'indexation et l'interaction humaine. Bien que la tech-nologie puisse servir à confectionner les listes de liens entre des documents, des ressources et des services connexes, il s'agit habituellement d'une tâche effectuée, en règle générale, par des personnes. Il en résulte donc que la plupart des listes sont des mélanges de liens à d'autres listes et des liens à des ressources originales, comprenant bien souvent la liste originale à partir de laquelle l'usager a navigué. Ces listes sont souvent également désuètes, incomplètes et mises à jour de façon non uniforme. L'utilisation de ces « répertoires » devient frustrante et prend beaucoup de temps, même si les solutions de remplacement sont rares.

À moins que nous développions des outils et des méthodes efficaces pour trouver, évaluer et fournir l'accès à l'information, les possibilités de l'information en réseau pourraient s'évanouir. Les bibliothécaires devraient jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration de ces outils et méthodes, et l'indexation par machine devrait compléter, plutôt que de supplanter complètement, l'effort intellectuel.

Dans la foulée des rôles éventuels dévolus aux bibliothécaires à la référence dans le monde de l'information en réseau, la Division des services de référence et d'information prévoit d'offrir, selon les ressources disponibles, une gamme de services et de produits électroniques. Ainsi, des membres du personnel souhaitent ardemment contribuer à l'organisation de l'information canadienne que l'on retrouve sur l'Internet et, de concert avec des collègues des Acquisitions et services bibliographiques de la Bibliothèque nationale, nous comptons bien offrir l'accès basé sur les matières à ces ressources. De même, nous proposerons beaucoup d'instruments de navigation produits par le personnel de la Référence afin d'aider les chercheurs à trouver l'information dans nos collections sur une vaste gamme de sujets en études canadiennes. Nous avons également l'intention de maintenir une série de guides en matière de technique et de recherche efficaces pour trouver de l'information sous diverses formes. Il ne fait pas de doute que, plus le temps passera, la tech-nologie continuera à se développer et que les besoins des usagers se diversifieront; d'autres idées concernant l'amélioration des services auprès de nos usagers seront examinées et, si les ressources le permettent, mises en oeuvre. Comme toujours, nous apprécions vos observations.

Renseignements :

Lynn Herbert
Téléphone : (613) 947-0060
Internet : lynn.herbert@nlc-bnc.ca
Division des services de référence et d'information
Bibliothèque nationale du Canada
395, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0N4
Téléphone : (613) 995-9481
Télécopieur : (613) 943-1112
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Internet : ref@nlc-bnc.ca


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