|
Nouvelles de la Bibliothèque nationale |
Diane Schoemperlen
 Diane Schoemperlen |
En début de journée le 17 novembre 1998, on m'a décerné le Prix littéraire du Gouverneur général, dans la catégorie Romans et nouvelles, pour mon livre Forms of Devotion: Stories and Pictures 1. Tout de suite après la conférence de presse au cours de laquelle les prix ont été remis, on s'est emparé de moi pour des entrevues qui ont duré plus de deux bonnes heures. Chaque intervieweur commençait par la même question : « Comment se sent-on ? ». J'ai fait usage de tous les adjectifs de circonstance auxquels je pouvais penser : « C'est merveilleux, fantastique, absolument super ». Toutes ces épithètes ne traduisaient même pas une fraction de ce que je ressentais.
Puis, les intervieweurs sont partis, en direction de leurs bureaux respectifs pour rédiger leur article. Mais ils ont manqué les meilleurs moments de la remise du prix. Durant la soirée, nous avons assisté à la cérémonie et au dîner somptueux à Rideau Hall. La soirée suivante se tenait la grande Soirée de lecture, au Château Laurier, parrainée par la Bibliothèque nationale. Le surlendemain, les lauréats étaient présentés officiellement à la Chambre des communes, puis nous avons pris le thé dans le bureau du président de la Chambre des communes, M. Gilbert Parent.
Tout cela était bien loin de la vie normale, et le retour à la maison a un peu constitué un choc, même si la cuisine était remplie de fleurs, que la boîte aux lettres débordait de cartes, et que le répondeur était inondé de messages de félicitations. Tous ces gens voulaient eux aussi savoir comment on se sent. Il m'était encore impossible d'exprimer à quel point j'étais honorée et profondément émue.
Depuis que j'ai remporté le prix, les mois ont passé rapidement, mais la joie que j'ai ressentie ce jour-là ne s'était pas estompée. On me demande encore parfois : « Comment se sent-on ? ». Honnêtement, je peux dire que l'on est habité par un sentiment aussi merveilleux, fantastique et absolument super que lors de cette journée. Dans mon allocution de remerciements, je mentionnais que même s'il se présente trop peu de moments dans la vie qui offrent un plaisir si pur, celui-là en faisait assurément partie. Et il dure encore.
__________
1 Schoemperlen, Diane. Forms of devotion. Toronto : Harper Collins, ©1998.