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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Septembre 1999
Vol. 31, no 9



La programmation publique à la Bibliothèque nationale

Randall Ware,
Services de recherche et d’information

Quand l’éminent écrivain Norman Levine est venu faire une lecture à la Bibliothèque en mars 1991, il m’a dit pendant le dîner estimer que nous offrions beaucoup trop de lectures. À son avis, les lectures à la Bibliothèque nationale devraient être réservées aux écrivains qui ont déjà fait leur marque et ne devraient pas être offertes aux écrivains débutants. La remarque de Norman, bien intentionnée naturellement, signifiait que ce devrait être un honneur et une récompense d’être invité à présenter une lecture à la Bibliothèque nationale. J’ai beaucoup réfléchi à la suggestion de Norman, mais je n’ai pas suivi son conseil.

Dernièrement, j’ai passé un après-midi agréable à parcourir les brochures des Programmes publics sur une période de dix ans pour me rafraîchir la mémoire au sujet des centaines de lectures, spectacles, conférences, lancements de livres et autres activités que nous avons parrainées. Moins de deux mois après la visite de Norman, nous avons présenté deux lectures; une par une poète dont c’était le deuxième recueil et une autre par un écrivain dont c’était le premier roman. On comptait peut-être 40 personnes dans la salle dans le premier cas, et 55 dans le second. La poète était Anne Michaels, qui depuis est saluée dans le monde entier pour son roman Fugitive Pieces (La Mémoire en fuite. Traduit par Robert Lalonde. Montréal : Boréal, 1998.). Le romancier était Rohinton Mistry, l’un de nos écrivains les plus appréciés. Lors de leur plus récente visite, ils ont chacun rempli notre auditorium de 400 places ! Notre investissement, faut-il le dire, a rapporté dans ces cas évidents, mais il a également et souvent été fructueux lors de lectures et de conférences après lesquelles les gens ont quitté la salle stimulés ou transformés d’une certaine façon. Une bonne lecture, un bon spectacle ou une bonne conférence sont bénéfiques pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le nombre de spectateurs. Heureusement, l’engagement de la Bibliothèque est le même pour l’ensemble de ses manifestations, grandes ou petites. Dans ce cas, le nombre importe peu !

Du fait que la Bibliothèque nationale rassemble des documents imprimés et enregistrés canadiens de manière exhaustive, nous pensons que notre programmation publique doit refléter l’expression la plus large possible de notre culture. Donc, contrairement à la plupart des autres séries de lectures au Canada, nous invitons régulièrement des essayistes de même que des poètes et romanciers. Nous offrons également des programmes destinés aux enfants, et ce dans les deux langues officielles. Dans nos spectacles, nous avons des musiciens canadiens et encourageons le répertoire canadien.

Et pourquoi faisons-nous tout cela ? Simplement, pour animer nos collections. Et pour ce faire, rien ne vaut mieux que d’entendre l’écrivain discuter de son œuvre ou le musicien interpréter ses compositions. Chaque lecture ou spectacle constitue un panneau-réclame pour une petite partie de notre collection. Cela incite à utiliser nos collections et invite à les examiner.

De même, nous aimons présenter des auteurs dont les manuscrits littéraires sont conservés ici. Quand Carol Shields, Michel Tremblay, Jane Urquhart ou Marie-Claire Blais sont venus lire un extrait de leur oeuvre, nous avons choisi des documents provenant de leurs fonds (manuscrits, lettres, photos, journaux) et les avons exposés dans le cadre de l’activité. De telles activités encouragent l’étude et la lecture d’œuvres littéraires canadiennes, et elles aident à rapprocher l’écrivain du lecteur.

La Bibliothèque nationale a toujours reconnu que notre littérature et notre musique ont une influence à l’étranger. Ainsi, nous avons été heureux d’accueillir des musiciens et des écrivains d’autres pays. Gloria Steinem, Richard Ford, E. Annie Proulx, Derek Walcott, Yevgeny Yevtushenko, Stephen Sondheim, Vikram Seth et les Soweto Singers font partie des artistes exceptionnels qui se sont produits ici au cours des dix dernières années.

Nous sommes en outre les seuls à avoir établi à Ottawa une série de spectacles de jazz de style théâtre, en invitant certains des musiciens les plus talentueux du Canada. Les amateurs de jazz reconnaîtront les noms de Kenny Wheeler, Renée Rosnes, D.D. Jackson, Jane Bunnett, Alain Trudel et Lorraine Desmarais – qui se sont tous produits sur notre scène. En musique classique, Rémi Boucher, Antonin Kubalek, Louise Bessette, Angela Hewitt, Davis Joachim, Beverley Johnson et le Nouvel Ensemble Moderne ont rehaussé le prestige de notre auditorium et partagé leurs dons artistiques avec nous.

Après dix ans de programmation, nous pensons que nous nous sommes acquis un auditoire qui compte sur nous pour lui présenter ce que l’édition canadienne a de mieux à offrir. Nous savons que nos programmes ont beaucoup fait pour accroître la visibilité de la Bibliothèque nationale dans son milieu immédiat, et dans le milieu plus vaste des écrivains et éditeurs. Et nous continuons à nous délecter du succès constant que connaît l’écriture canadienne d’aujourd’hui. Norman, nous sommes honorés par la présence de tous les écrivains.

Auteurs et musiciens qui se sont présentés à la Bibliothèque nationale au cours des années

Bessette, Louise
Bissoondath, Neil
Blais, Marie-Claire
Christensen, Andrée
Itani, Frances
Maillet, Antonine
McLean, Stuart
Mistry, Rohinton
Moore, Brian
Rabello, Rafael
Shields, Carol
Tremblay, Michel


Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 1999-9-1).