Bulletin de la CCA 3/10
22 janvier 2010
La CCA parle culture au Caucus du Parti libéral du Canada
Le 19 janvier dernier la Conférence canadienne des arts a participé à un panel d’experts invités à s’adresser au Caucus du Parti libéral du Canada tenu sur la colline parlementaire. J’ai eu le privilège d’entendre les présentations d’Anne Golden, Pdg du Conference Board du Canada, de Sherri Torjman, v.-p., Caledon Institute of Social Policy et de C. Scott Clark, haut fonctionnaire à la retraite après une carrière de 20 ans au sein du ministère fédéral des Finances, successivement comme sous-ministre adjoint et finalement sous-ministre de de 1997 à 2000.
Chaque paneliste était invité à faire, de divers angles, une mise en contexte pour la planification de la conférence de politique du parti libéral qui doit avoir lieu à Montréal à la fin mars. Scott Clark a présenté son point de vue sur la situation economique et fiscale de la prochaine décennie, tandis qu’Anne Golden a exposé les principaux défis fait face le secteur des affaires. Sherri Torjman a de son côté brossé un tableau des grands enjeux sociaux qui confronteront la société canadienne durant la même période. Environ 80 députés et sénateurs ont assisté aux présentations qui ont été suivies de courtes périodes de questions, le tout durant un peu moins de deux heures.
On m’avait demandé de faire une présentation similaire sur les enjeux du secteur art, culture et patrimoine. Après un bref survol de l’ensemble du secteur culturel et des nombreuses contributions qu’il apporte à la société canadienne, ma présentation a porté essentiellement sur le besoin de développer une approche globale pour l’ensemble du secteur mais adaptée aux réalités spécifiques des populations francophones et anglophones, de façon à répondre adéquatement aux divers défis auxquels fait face un secteur en rapide évolution au sein d’une société et d’une économie elle-même en transition.
J’ai souligné le fait qu’il n’y a pas eu à l’échelle du pays un débat public d’envergure sur la culture depuis le début des années 80. L’impact des nouvelles technologies sur la production, la dissémination et la « consommation » de la culture; le changement de la garde au sein de la communauté des créateurs et travailleurs culturels et les changements importants de la démographie canadienne, tout cela rend impérieux de prendre un bon moment de recul pour développer une stratégie globale qui réponde au nouvel environnement dans lequel évolue la culture au pays. Les politiques et programmes à développer doivent couvrir à la fois les ressources humaines et les infrastructures qui caractérisent le secteur culturel.
J’ai mentionné que malheureusement, le climat pollitique actuel et son contexte hautement partisan ne favorisent pas une réflexion intelligente sur l’avenir du secteur culturel canadien. Trop souvent d’ailleurs, les divers niveaux de gouvernments, préoccupés qu’ils sont par des considérations budgétaires, continuent de voir les arts et la culture comme un luxe et non comme un important investissement social et économique contribuant à la prospérité et à la qualité de vie de notre société.
J’ai terminé mon exposé par un rapide tour d’horizon des principaux enjeux politiques auxquels le secteur est actuellement confronté:
- Développer et mettre en oeuvre une stratégie numérique nationale qui inclue la culture sous toutes ses formes et manifestations;
- Mettre à jour la législation sur le droit d’auteur pour protéger et promouvoir l’innovation, la créativité et la recherche;
- Réviser les lois sur les télécommunications et la radiodiffusion afin de renforcer la poursuite des objectifs culturels inclus dans cette dernière;
- Développer des marchés domestiques et internationaux pour nos artistes, institutions et industries culturelles et réintroduire la culture dans la politique internationale canadienne;
- Continuer d’adapter les politiques de sécurité sociale aux besoins d’un effectif croissant de travailleurs autonomes;
- Revamper nos infrastructures culturelles à travers le pays afin de profiter des nouvelles technologies et soutenir l’objectif social de la culture pour tous;
- Mettre en oeuvre de la politique muséale développée en 2005;
- Investir dans la formation et le mentorat au sein du secteur culture;
- Fournir à titre de bien public des statistiques pertinentes et récentes afin d’appuyer le développement du secteur et l’évaluation des politiques et programmes gouvernmentaux de tous les niveaux.
Répondre à ces nombreux défis requiert une vision nationale et une volonté politique ferme. Et ils ne peuvent être relevés qu’à travers une concertation et une coopération entre les trois niveaux de gouvernement.
Comme organisme non-partisan, la Conférence canadienne des arts encourage tous les partis politiques à reconnaître l’urgence et la pertinence de développer une telle stratégie culturelle globale.
Que puis-je faire?
Contacter votre député local pour exprimer votre appui aux priorités politiques exprimées par la CCA. S’il y a lieu, suggérer que la CCA soit invitée à faire une présentation similaire au Caucus de son parti.
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