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Guide
fiscal 1 : Comment remplir votre déclaration de revenus
1.
Les personnes qui travaillent dans le secteur culturel appartiennent
à l'une des trois catégories fiscales suivantes:
employés salariés, travailleurs autonomes et
double activité (si vous êtes employé
salarié pour une partie de votre travail et travailleur
autonome pour une autre, pendant le même exercice).
Si la totalité ou une portion de votre revenu est le
produit d'un travail indépendant (vous rejoignez alors
55 % des membres du secteur culturel), Revenu Canada considère
que vous exploitez une entreprise. Il est donc important de
déterminer dès le départ à quelle
catégorie vous appartenez.
Les
employés salariés
Travaillez-vous à temps plein ou à temps partiel
pour un organisme, une entreprise ou un particulier qui vous
verse régulièrement un salaire fixe? Voici les
conditions normales de travail qui s'appliquent aux employés:
- les avantages sociaux
déduits à la source incluent les cotisations
à l'assurance-emploi, les indemnités pour
accidents du travail, les congés payés et
vos cotisations d'employé au RPC/RRQ;
- vous avez accès
à la caisse de retraite de l'employeur, au régime
de participation aux bénéfices, au régime
d'option d'achat d'actions, à l'assurance-vie subventionnée,
etc.;
- l'impôt est
retenu à la source, sur tous les chèques de
paye;
- lorsque vient le moment
de calculer votre revenu afin de remplir votre déclaration,
les déductions admissibles se limitent à celles
qui sont énumérées dans la Loi
de l'Impôt sur le revenu , soit les cotisations
syndicales, les cotisations à un régime de
pension et ainsi de suite.
Les
travailleurs autonomes
(30 % de la population active du secteur culturel sont
représentés par des travailleurs exclusivement
autonomes*)
Travaillez-vous comme entrepreneur (dans les arts visuels,
la création littéraire, les arts de la scène,
etc., ou dans l'expertise-conseil) avec plusieurs clients,
depuis votre résidence, dans votre studio ou dans diverses
salles de spectacle? Les conditions suivantes s'appliquent
normalement aux travailleurs autonomes:
- vous devez déclarer
les revenus gagnés en provenance de toutes
les sources ;
- vous n'êtes
admissible ni à l'assurance-emploi ni aux indemnités
pour accident du travail;
- vous devez acquitter
la totalité (portion de l'employé + portion
de l'employeur) des cotisations au RPC/RRQ;
- vous avez l'obligation
de verser des acomptes provisionnels tous les trimestres;
- au moment de calculer
votre revenu, vous pouvez alors déduire tous les
frais afférents à votre travail, sous réserve
que ces frais soient «raisonnables dans les circonstances»
et ne soient ni interdits ni limités aux termes de
la législation fiscale. Ce revenu est considéré,
pour les besoins de l'impôt, comme un revenu d'«entreprise».
Étant
donné qu'un nombre croissant de compagnies choisissent
de sous-traiter des services, un autre terme apparaît
peu à peu, pour décrire le travailleur autonome:
«entrepreneur indépendant». Revenu Canada
considère ces deux termes comme synonymes. Cependant,
certains employeurs préfèrent engager des entrepreneurs
indépendants plutôt que des salariés à
temps plein, croyant ainsi faire des économies. Si
l'une des définitions suivantes s'applique à
vous, il est possible que Revenu Canada vous considère
comme un employé salarié, même en l'absence
de toute déduction à la source:
- vous avez signé
un «contrat de louage de services» («je
travaillerai pour vous et remplirai les tâches qui
me seront confiées, quelles qu'elles soient»)
plutôt qu'un «contrat de services» («je
fournirai certains services bien précis pour atteindre
cet objectif»);
- vous recevez régulièrement
un salaire (horaire, hebdomadaire, bi-hebdomadaire, mensuel)
plutôt qu'un montant forfaitaire;
- l'organisme vous fournit
le matériel de travail (pupitre, téléphone,
ordinateur, télécopieur, local, etc.);
- l'organisme est votre
seul employeur;
- les honoraires que
vous percevez ne sont pas comparables aux tarifs courants
qui s'appliquent au travail pour lequel vous avez été
engagé (des tarifs trop élevés sont
aussi suspects que des tarifs trop bas);
- vous ne possédez
pas ou n'avez pas besoin de local de travail à l'extérieur
du lieu habituel de travail de l'organisme (chez vous, dans
un studio, etc.)
(Veuillez noter qu'il ne s'agit ici que de grandes lignes
et non de règles coulées dans le béton.)
Dans
tous les cas, il est recommandé de faire examiner votre
contrat par un avocat ou un comptable, afin de vous assurer
qu'il répond aux critères du travail indépendant
appliqués par Revenu Canada. Faute de quoi, vous et
votre organisme risquez de subir un redressement fiscal assorti
de diverses pénalités.
Double
activité
(25 % de la population active du secteur culturel entrent
dans cette catégorie*)
Il est courant pour un membre de la communauté culturelle
du Canada, d'être à la fois employé salarié
dans un domaine et travailleur autonome dans un autre. C'est
généralement le cas des artistes en arts visuels,
des musiciens ou des écrivains qui, en sus de l'exercice
de leur profession, sont employés par un établissement
d'enseignement. Il peut arriver également qu'un artiste
soit employé dans un domaine totalement différent
de sa profession artistique (par une compagnie de taxi ou
une entreprise de tourisme, pour n'en nommer que quelques-unes).
Voilà
qui risque de semer la confusion au moment de remplir votre
déclaration de revenus. Souvenez-vous que les dépenses
reliées à votre emploi salarié ne sont
pas déductibles. En revanche, vous pouvez déduire
les frais raisonnables qu'occasionne votre travail indépendant.
Si votre emploi et votre travail autonome occasionnent le
même genre de frais (par exemple, l'utilisation de votre
voiture), vous devez alors établir le pourcentage d'utilisation
occasionné par votre travail indépendant et
c'est ce pourcentage que vous déduirez.
Utilisez
les documents fournis par Revenu Canada pour déterminer
à quelle catégorie vous appartenez et pour vous
aider à remplir votre déclaration. Vous trouverez
ci-joint une liste des documents à votre disposition.
2.
Revenu Canada admet qu'un certain temps puisse s'écouler
avant qu'une petite entreprise réalise des bénéfices.
Pendant cette période de démarrage, le contribuable
peut déduire de ses autres revenus les pertes de son
entreprise. Le secteur culturel diffère des autres
car il doit respecter ce que Revenu Canada appelle «l'attente
raisonnable de profit». Revenu Canada reconnaît
qu'en votre qualité d'artiste professionnel, vous ne
considérez pas votre activité comme industrielle
ou commerciale. Toutefois, cela risque de vous porter préjudice
au moment de la déclaration. Un plan d'affaires, dans
lequel vous expliquez pourquoi vous ne déclarez pas
de bénéfices à ce moment précis
et décrivez vos prévisions pour l'avenir (soit
à quel moment et dans quelle mesure vous estimez que
votre situation s'améliorera) pourrait se révéler
très utile pour monter votre petite entreprise artistique
et extrêmement précieux si vous faites un jour
l'objet d'une vérification. (Voir le Guide
fiscal 2: L'élaboration de votre plan d'affaires).
La CCA continue de collaborer étroitement avec Revenu
Canada pour interpréter cette clause.
Si
les opérations auxquelles vous vous livrez laissent
un profit ou si vous avez un «espoir raisonnable de
tirer un profit», on vous considère comme «en
affaires», et les dépenses que vous faites
sont déductibles.
La fiscalité et les arts: Un guide pratique ,
par Arthur C. Drache, avocat; publié par la Conférence
canadienne des arts en 1987 (épuisé).
3.
Revenu Canada considère le travailleur autonome
comme une petite entreprise. Par conséquent, souvenez-vous
de ce qui suit:
- si possible, consultez
un professionnel, surtout si vous débutez ou si vous
songez à élargir votre entreprise. Même
si vous prévoyez déclarer des pertes pendant
les premières années, vous devriez faire en
sorte de démarrer du bon pied. En vous offrant au
départ les services d'un comptable, qui vous montrera
comment tenir vos livres, vous économiserez des centaines,
voire des milliers de dollars ensuite. Sans compter que
les honoraires professionnels sont déductibles! Si
vous ne pouvez en aucun cas vous permettre de consulter
un comptable, demandez à votre association professionnelle
de vous recommander un guide pratique, applicable à
votre discipline, et essayez de vous débrouiller
par vous-même;
- il est plus facile
de tenir régulièrement ses comptes que de
se fier à sa mémoire ou à des notes
griffonnées sur des bouts de papier qu'il faudra
retrouver deux ans plus tard;
- les travailleurs autonomes
dont le revenu annuel dépasse 30 000 $ par an ont
l'obligation de s'inscrire au bureau de la TPS/TVH. Il existe
toutefois une «méthode simplifiée»
de versement de la taxe, qui vous fera gagner du temps et
vous épargnera la nécessité de calculer
la taxe que vous avez acquittée sur chacune de vos
dépenses professionnelles;
- conservez séparément
les reçus et factures professionnels et personnels;
une carte de crédit commerciale vous faciliterait
la vie;
- si vos affaires marchent
et que votre entreprise prend de l'ampleur, ouvrez à
la banque un compte commercial distinct de vos comptes personnels;
- il est utile d'inscrire
sur votre agenda les projets sur lesquels vous travaillez,
les noms des personnes que vous avez rencontrées
(quand, dans quelles conditions et pourquoi) et les dépenses
professionnelles (dont vous devez conserver les reçus
et factures);
- vous avez le droit
d'arranger vos affaires de manière à alléger
au maximum votre fardeau fiscal. Néanmoins, vous
devez conserver tous les justificatifs et pouvoir expliquer
de manière raisonnable toutes les déductions
que vous réclamez.
...
certaines observations sur la nature des déductions
peuvent être degagées, à savoir si
les pertes déclarées ne viennent pas, dans
une large mesure, de la déduction des frais d'utilisation
d'une voiture ou d'un bureau ou d'un atelier à
la maison ... Les fiscalistes «conservateurs»
... pensent qu'il ne faut pas porter en déduction
de telles dépenses si elles encourent seulement
à créer une perte ou ajoutent à l'importance
de la perte qu'on s'apprête à déclarer
pour fins d'impôt. Mais on risque de vous servir
le puissant argument que, si quelqu'un a le droit de demander
une déduction, il doit la demander et au diable
le reste! Il n'y a que vous qui puissiez prendre la décision.
Ibid.
4.
Tenez un registre complet et exact de toutes les
dépenses occasionnées par votre travail. En
particulier, il convient de noter soigneusement le détail
des frais suivants:
- l'utilisation d'un
véhicule automobile personnel; achetez-vous un journal
de voyage et inscrivez-y le montant de toutes vos factures
d'essence, réparations, entretien général,
distances parcourues, etc. Vous devriez également
préciser si vos déplacements ont été
effectués pour une raison personnelle ou professionnelle.
Dans le cas d'un déplacement à la fois personnel
et professionnel, essayez d'estimer quelle portion était
professionnelle et calculez le pourcentage des frais occasionnés
par cette portion;
- voyages: lorsque les
voyages ont lieu pour des raisons à la fois personnelles
et professionnelles, la règle ci-dessus s'applique.
Si votre déplacement est effectué pour des
raisons uniquement professionnelles, vous pouvez déduire
toutes les dépenses qu'il a occasionnées;
- frais
de représentation (repas et divertissement): seulement
50 % de ces frais sont déductible seulement
s'ils ont pour but de vous permettre de percevoir
un revenu à l'aide de votre travail indépendant.
Les montants déduits doivent être raisonnables
et non exagérés;
- utilisation d'un bureau
ou d'un studio à domicile: le local doit être
exclusivement consacré à votre profession
artistique ou au travail afférent à l'exercice
de cette profession. Il ne suffit pas de débarrasser
la table de la cuisine après dîner et d'y installer
votre ordinateur portatif pour pouvoir déclarer que
vous possédez un bureau à domicile. Vous pouvez
déduire une partie des frais d'entretien de votre
local (chauffage, assurance, électricité,
produits de nettoyage, impôts fonciers) en calculant
la proportion qui correspond au local (soit la superficie
dudit local par rapport à la superficie totale du
domicile). Vous pouvez également déduire les
intérêts hypothécaires. Mais si vous
souhaitez avoir droit à la déduction pour
amortissement (DPA) pour un bureau à domicile, nous
vous recommandons de consulter un comptable qui vous expliquera
tout ce que cela entraîne. Si vous êtes en location,
vous pouvez déduire une portion de votre loyer.
Pour
trouver une liste complète de tout ce que vous
pouvez déduire à titre de frais généraux
(dépenses professionnelles), reportez-vous aux
publications de Revenu Canada énumérées
en annexe.
Les
dépenses déclarées doivent être
occasionnées dans le but de percevoir un revenu
à partir d'un travail indépendant et doivent
être raisonnables pour être déductibles.
Tax Time Primer , par Warren McCann, MBA , CA
,Words & Music, mars 1997.
5.
Vérification n'est pas synonyme de persécution.
Revenu Canada choisit
régulièrement de vérifier, au hasard,
certaines déclarations de revenus, afin de s'assurer
que le système fonctionne sans anicroche. Peut-être
vous demandera- t-on simplement de fournir des justificatifs
ou des explications. Il est possible que le ministère
entreprenne un examen plus approfondi de votre déclaration.
Si vous subissez une vérification fiscale en bonne
et due forme, nous vous recommandons de faire preuve de coopération
en classant soigneusement vos reçus et factures, en
mettant vos livres à jour et en soumettant tout autre
document requis. Si un comptable ou autre professionnel vous
a aidé, peut-être souhaiterez-vous bénéficier
de sa présence au moment de la vérification.
Avec
un régime d'auto-cotisation, tous
les contribuables doivent être prêts à
justifier tant le bien-fondé que le but de toute
dépense d'entreprise dont ils demandent la déduction.
(Nous avons ajouté les caractères gras)
Rapport du sous-comité sur l'imposition des créateurs
et des interprètes, Comité permanent des communications
et de la culture, juin 1984.
6.
Profitez de la documentation fournie gratuitement
par Revenu Canada (voir liste en annexe). Souvenez-vous toutefois
que les bulletins d'interprétation ne sont publiés
qu' à titre indicatif . Ils n'ont
pas force de loi.
...
j'avais acquis la conviction que la chose à faire
était d'adopter des mesures législatives qui
fassent des artistes un groupe à part aux fins de
l'impôt.
La fiscalité et les arts: Un guide pratique ,
par Arthur C. Drache QC, publié par la Conférence
canadienne des arts en 1987 (épuisé).
Documents
utiles, fournis gratuitement par Revenu Canada
Guides
fiscaux
- Guide général de l'impôt
sur le revenu
- Revenu d'entreprise et de profession
libérale
- Frais afférents à un emploi
Brochures
- Le paiement de l'impôt par acomptes
provisionnels
- Renseignements fiscaux à l'intention
des artistes de profession(épuisé; la CCA
possède quelques exemplaires mais les informations
qu'ils contiennent peuvent être désuètes)
Bulletins
d'interprétation
- IT-504R2, Artistes visuels et écrivains
- IT525R, Artistes de la scène
- IT-75R3, Bourses d'études, bourses
de perfectionnement, bourses d'entretien, récompenses
et subventions de recherche
- IT-110R2, Dons et reçus officiels
de dons
- IT-120R4, Résidence principale
- IT-257R, Subventions du Conseil des
Arts du Canada
- IT-273R, Aide gouvernementale - Observations
générales
- IT-357R2, Frais de formation
- IT-407R4, Disposition de biens culturels
au profit d'établissements ou d'administrations désignés
situés au Canada
- IT-490, Troc
- IT-514, Frais de local de travail à
domicile
- IT-521, Frais de véhicules à
moteur déduits par des travailleurs indépendants
- IT-522, Frais afférents
à un véhicule à moteur, frais de déplacement
et frais de vendeurs engagés ou effectués
par les employés
Circulaires
d'information
- IC71-14R3, La vérification fiscale
- IC75-7, Nouvelle cotisation relative
à une déclaration de revenu
- IC78-10, Conservation et destruction
des livres et des registres
Si
vous résidez au Québec, les guides provinciaux
suivants pourraient vous être utiles:
- IMP.128-12, Traitement des dépenses
pour un artiste-interprète indépendant
- IMP.80-5/R2, Attente raisonnable de profit
- IMP.80-3/R2, Utile pour déterminer
si un artiste est employé salarié ou travailleur
autonome
Des
informations utiles sont également à votre disposition
sur le site web de Revenu
Canada.
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Statistiques fournies par le Conseil des ressources humaines
du secteur culturel
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