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Bulletin de la CCA 32/10

20 décembre 2010

 

De choses et d’autres:

Un ramassis d’avant les Fêtes (deuxième partie)

 

Ceci sera vraisemblablement notre dernier bulletin de l’année, mais avant de vous souhaiter à tous et à toutes nos meilleurs voeux pour l’année nouvelle, il convient de finir notre revue d’un certain nombre d’enjeux d’importance pour le monde de la culture:

Le budget fédéral 2010-11: Radio-Canada s’en tire moins bien que prévu!

Le gouvernement a publié le second budget supplémentaire pour l’exercice financier 2010-11 (La CCA a commenté le premier budget supplémentaire dans son Analyse du budget fédéral 2010).

Un des aspects qui émerge de l’analyse du budget supplémentaire B concerne la source de certains financements annoncés dans le budget principal. Le ministre des Finances avait annoncé originalement que les ministères et agences gouvernementales devaient mettre en place des mesures afin de réduire le taux de croissance des dépenses d’exploitation. Dans les faits, cela veut dire que seulement une partie du financement annoncé dans le second budget supplémentaire est vraiment constituée d’argent neuf, une portion des augmentations provenant de réductions à même les budgets existants.

C’est à Radio-Canada que l’impact de cette approche semble être le plus prononcé. Ainsi, l’augmentation de 60 millions de dollars que la Société reçoit depuis plusieurs années par le biais des supplémentaires B n’est en réalité cette année que de 46,2 millions de dollars, une somme de 13,8 millions provenant en effet des réductions identifiées dans l’exercice de révision stratégique auquel la SRC a été soumise en préparation du budget 2010.

Patrimoine canadien a été similairement affecté par cette approche du Conseil du Trésor. Le ministère reçoit une somme de 33,2 millions de dollars dans le Budget B, dont 2,2 millions proviennent de mesures internes pour contenir la croissance des coûts. Le financement additionnel est dirigé au programme de soutien du sport (30,2 millions $) tandis que trois millions de dollars iront à la Fondation Michaëlle Jean. Étant donné que les nouveaux fonds identifiés dans le budget supplémentaire B ne sont pas destinés à des fins culturelles, on peut se demander combien des 2,2 millions de dollars peuvent venir de programmes culturels. Le document précise que près d’un demi-million de dollars résulte de réductions dans les budgets destinés aux bureaux du Ministre et du Ministre d’état, mais d’où exactement provient le 1,7 millions de dollars qui reste? La CCA a posé la question aux fonctionnaires du ministère et fera état de la réponse reçue.

Patrimoine canadien a également transféré 150 mille dollars à Santé Canada pour aider à financer un projet de recherche sur l’accès aux services communautaires et de santé pour les communautés francophones en milieu minoritaire, ainsi que 272 mille dollars au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour financer un projet de recherche sur la participation dans le sport.

Les musées nationaux qui ont reçu di financement pour faire face à des dépenses d’exploitation ont également participé à divers niveaux à ce financement, comme l’indique le tableau ci-dessous.

 

Organisation

Financement total reçu dans le budget supplémentaire B

Sommes provenant de coupures faites par l’organisation même

Musée canadien de la civilisation

6,3 millions $

488 000 $

Musée canadien de la nature

3,0 millions $

205 853 $

Musée des beaux-arts du Canada

2,0 millions $

314 102 $

Musée des sciences et de la technologie du Canada

3,7 millions $

3 528 $

 

Le budget supplémentaire B transfert un million de dollars de Patrimoine canadien à la Bibliothèque et Archives Canada pour financer le projet du Dictionnaire biographique du Canada tandis que le Centre national des arts se voit attribuer pour son festival, Scène des Prairies  une somme d’un demi-million de dollars dont la moitié provient de Patrimoine canadien et l’autre de Diversification de l’économie de l’Ouest Canada

Les négociations Canada/Union européenne : qu’en est-il de la culture?

Grâce à l’action conjointe de la CCA et de la Coalition pour la diversité culturelle, une seconde rencontre a eu lieu entre des représentants du secteur culturel et des officiels des ministères des Affaires étrangères et du Patrimoine pour discuter des négociations entre le Canada et l’Union européenne en vue de la conclusion d’un Accord économique et commercial global  (AÉCG). Comme convenu lors d’une première rencontre tenue à Toronto en septembre, les parties se sont rencontrées à nouveau le 25 novembre à Ottawa cette fois pour revoir la situation après la cinquième ronde de négociation tenue en octobre dernier. Il a été convenu que les échanges resteraient confidentiels afin de permettre une discussion franche et ouverte et ne pas compromettre les positions du Canada à la table de négociation.  

Au nombre des sujets abordés, la portée de l’exemption culturelle; l’intérêt de Européens dans le domaine de l’édition, l’impression et la distribution du livre; la propriété intellectuelle et la mobilité des artistes et travailleurs culturels; et la négociation parallèle d’un protocole de coopération culturelle, un enjeu cher au gouvernement du Québec.

On n’a pas parlé culture lors des trois dernières rondes de négociation, mais les choses vont changer sous peu alors qu’on approche de la fin du processus. La prochaine séance de négociation aura lieu à Bruxelles à la mi-janvier. La CCA suit la chose de près et vous tiendra au courant de tout développement.

Le recensement long-format : des précisions sur la « solution alternative » du gouvernement

En juillet dernier, la CCA se joignait à un nombre croissant d’organisations de tous genres et de tous les coins du pays pour protester contre la décision du gouvernement d’abolir le recensement obligatoire long format en faveur d’un sondage volontaire des foyers que les experts, tant au pays qu’à l’étranger, ont dénoncé comme à la fois plus coûteux et fondamentalement vicié

En défendant sa décision d’abolir le recensement long-format obligatoire, le gouvernement a déclaré qu’il consacrerait trente millions de dollars pour encourager les Canadiens et Canadiennes à participer au sondage volontaire. On apprenait récemment dans un article de la Presse canadienne que Statistique Canada allait utiliser cinq des trente millions promis pour couvrir les coûts additionnels d’impression et de poste reliés au fait que le sondage volontaire sera expédié à un tiers des foyers canadiens plutôt qu’au quart qui devaient recevoir le recensement long-format. Un autre dix millions de dollars sera par ailleurs nécessaire pour ajouter deux questions sur la langue dans le recensement court, qui reste obligatoire pour tous les citoyens.

La CCA continue de partager les préoccupations de tous les groupes qui ont protesté contre la décision gouvernementale, particulièrement en ce qui a trait à la sous-représentation d’un certain nombre de Canadien qui en résultera, notamment pour les Premières Nations, les plus pauvres et les plus riches parmi la population et les travailleurs autonomes, catégorie où l’on trouve un très grand nombre d’artistes et de créateurs. Par conséquent, nous allons perdre des données cruciales concernant la main-d’œuvre du secteur culturel.

Une autre conséquence de cette déplorable décision pour le secteur culturel découle de l’impact de la nouvelle approche sur la préparation d’autres sondages. Rien ne peut remplacer un recensement complet de la population dans la préparation d’échantillons scientifiques pour des sondages spécifiques. Les experts sont unanimes : s’en remettre à univers qui résulte d’un sondage volontaire pour effectuer d’autres sondages affecte la validité de tout le processus statistique.

Un retour sur la Fête de la culture 2010

Fin novembre, j’ai eu le privilège de participer à un week-end de discussions à Toronto avec une trentaine de personnes de tous les coins du pays qui s’étaient réunies aux frais de leurs organismes respectifs pour analyser les résultats de la première célébration pancanadienne des arts et de la culture. Établie sur le modèle des Journées de la culture du Québec, la Fête de la culture est un mouvement bénévole de collaboration qui vise à accroître la prise de conscience, l’accessibilité, la participation et l’engagement de tous les citoyens dans la vie artistique et culturelle de leurs communautés.

Le but de la rencontre de deux jours était de procéder à une revue de ce qui avait bien et moins bien fonctionné, non seulement pour le profit de l’édition 2011 mais pour les perspectives à long terme de cette nouvelle initiative dont les promoteurs principaux sont les organismes membres du Sommet des arts. Selon tous les critères utilisés, on peut dire que cette première nationale a été un succès considérable, ne serait-ce qu’au chapitre du niveau de connaissance du public : en quelques mois seulement, un Canadien sur trois avait entendu parler de la Fête de la culture! Il s’agit là d’une rare réussite de mise en marché pour le lancement d’un nouveau « produit ». 

Plusieurs enjeux ont été identifiés, entre autre l’important défi de sensibiliser les individus et organismes participant au fait qu’il s’agit là d’un investissement à long terme pour mieux positionner les arts et la culture auprès de la population générale, un investissement dont il ne faudrait pas s’attendre à ce qu’il se traduise par une augmentation immédiate des ventes de billets de spectacles ou d’œuvres d’art. Un autre sujet de discussion a porté sur le caractère gratuit de la célébration : même au Québec, où les Journées de la culture célébreront l’an prochain leur quinzième anniversaire, plusieurs critiquent le fait que les artistes, qui sont les premiers à subventionner la culture, soient encore appelés à faire les frais de sa promotion auprès de la population.

Des échanges ont porté sur les rôles respectifs des trois niveaux d’organisation (national, provincial et local) d’un événement qui se doit d’abord et avant tout d’être enraciné dans les diverses communautés. Plusieurs leçons utiles ont été tirées de cette première expérience et à en juger par le niveau d’énergie dans le groupe, on peut prédire sans risque de se tromper que l’édition 2011 profitera grandement de l’exercice. L’édition 2011 de la Fête de la culture se tiendra du vendredi 30 septembre au dimanche 2 octobre. 

 

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