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En 1876, père François-Xavier Michaud devient responsable de la paroisse de Bouctouche. Il rêve d'y fonder un couvent pour l'instruction des jeunes filles et une chapelle en l'honneur du Sacré-Coeur. « Ce couvent sera une des gloires de l'Acadie, une pépinière de vocations religieuses et sacerdotales... ». Marguerite Maillet, une institutrice, donne aux soeurs de la Charité un terrain de 40 arpents pour la construction d'un couvent. Peu de temps après, elle se fait religieuse chez les SCIC et prend le nom de soeur M.-Julienne. En 1892, elle est nommée supérieure au couvent de Bouctouche, mandat qu'elle conserve jusqu'à sa mort en 1911.
Les charpentiers de Bouctouche construisent le couvent bénévolement avec du bois fourni par les familles. Les soirs, après leur longue journée de travail, ces charpentiers se rendent, à pied, au lieu de construction du couvent pour consacrer deux heures de leur temps. Terminé en 1879, il est ce qu'il y a de mieux comme architecture de l'époque. Le père Michaud obtient que les SCIC viennent à Bouctouche, et on nomme l'édifice Couvent de l'Immaculée-Conception en leur honneur.
La chapelle est considérée comme la plus belle réussite architecturale du N.-B. du 19e siècle. Son décorateur, Léon Léger, n'a jamais fait de hautes études en architecture, mais il a le sens des proportions et le goût des fines décorations. Le décor des autels est entièrement sculpté à la main.
Les quatre premières soeurs arrivent le 4 mai 1880 : les soeurs M.-Xavier (supérieure), M.-Hélène, M.- Édouard (née Philomène Belliveau, l'institutrice pionnière de Memramcook) et M.-Fidélis. Pendant les vacances de 1880, mère Frances Routanne, la nouvelle supérieure (membre fondatrice des SCIC), remplace soeur M.-Xavier, l'ancienne supérieure.
Description de l'arrivée
des soeurs à Bouctouche
« Rien d'émouvant comme la réception dont elles furent l'objet. La voie ferrée qui relie Moncton à Bouctouche n'étant pas encore construite, le trajet de Shédiac se fit en voiture distance de 22 milles. Arrivées à la rivière, elles durent traverser en gandelot, car le cyclone avait détruit le pont. De l'autre côté de la rive, les paroissiens réunis en grand nombre attendaient leurs futures bienfaitrices et les escortèrent jusqu'à l'église. La joie était dans les coeurs; les cloches sonnaient à toute volée annonçant la grande nouvelle aux districts les plus lointains. Il y eut adresse de bienvenue, discours et salut du Saint-Sacrement qu'on termina par le Te Deum. Le groupe se rendit ensuite au couvent pour la prise de possession officielle. »
MICHAUD, Marguerite. La reconstruction française au Nouveau-Brunswick, Frédéricton, Presses Universitaires, 1955, p. 114.
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L'influence du couvent de Bouctouche en Acadie est considérable. On y enseigne les cours exigés par la province du N.-B., la musique et les sciences ménagères. Le nombre des élèves, dont plusieurs pensionnaires, augmente rapidement à au-delà de 150. Entre 1880 et 1955, plus de 6 000 élèves passent par le pensionnat. Au-delà de 450 institutrices acadiennes y préparent leur brevet d'enseignement. Plus de 150 anciennes élèves entrent dans des communautés religieuses et huit prêtres y reçoivent leur instruction primaire.
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Soeur Marie-Anne travaille au couvent de Bouctouche de 1908 à 1911 et de 1918 à 1924. C'est de là qu'elle planifie les
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démarches qui aboutissent à la fondation des Religieuses NDSC.
L'esquisse du coeur destiné à être porté à l'extrémité de la guimpe du nouveau costume des soeurs NDSC a été préparé à Bouctouche. Le premier échantillon, laminé en or, est demeuré au cou de la statue de la Vierge de la chapelle de 1923 à 1966. En 1924, cet échantillon modifié a été fabriqué en argent par un bijoutier.
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Le couvent, sous la direction des Religieuses NDSC, sert comme pensionnat de 1924 à 1965. Les élèves d'alors couchent dans de grands dortoirs.
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Les soeurs accordent beaucoup d'importance aux valeurs religieuses. Bon nombre d'élèves sont reçues Enfants de Marie.
Le couvent sert d'externat aux garçons et aux filles du village jusqu'aux années 1960. Le mouvement Jeunesse étudiante catholique (JEC) organise des parades au village de Bouctouche.
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Le couvent est utilisé pour la formation des novices de 1966 à 1969.
En 1980, on fête le centenaire du couvent lors d'un grand rassemblement de 800 anciennes et anciens. Une assiette souvenir est créée pour cet événement. À l'occasion du 110e anniversaire du couvent en 1990, les anciennes et les anciens du couvent se rassemblent encore une fois pour témoigner leur reconnaissance aux Religieuses NDSC.
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Depuis 1977, le couvent de Bouctouche a été légué au comité touristique de Bouctouche. On l'a transformé en musée dont le contenu illustre l'histoire du comté de Kent, tout en conservant le cachet conventuel de l'édifice.
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