[Environment]

Conditions glacielles générales et lisières de glaces de l'Arctique


Généralités

La banquise côtière, aussi appelée glace fixe ou fixée, ainsi que le pack, qui constitue une banquise non fixe (voir explication ci-dessous), peuvent comporter des zones de nouvelle glace (de moins d'une année), de glace de deuxième année, de glace de plusieurs années et de vieille glace (âge inconnu). Pendant l'hiver, les chenaux au nord de l'Arctique central, tels que le détroit de Melville (Melville Sound) et le détroit de M'Clintock (M'Clintock Channel), sont principalement recouverts de glace de plusieurs années. Les floes y sont en général plus épais et plus solides que ceux des glaces de première année. La rudesse de la zone glaciaire dépend des types de conditions climatiques. Dans l'Arctique, la couverture glaciaire atteint son maximum en avril. C'est vers la fin d'août ou au début septembre qu'elle est réduite au minimum. Les zones sans glace pendant l'année entière sont appelées des polynies.

  • La banquise côtière (glace fixe ou fixée)

En général, la banquise côtière se reforme chaque année. Elle peut toutefois contenir des icebergs et des floes de vieux pack. Ces icebergs et ces floes peuvent se retrouver bloqués lors de la formation de la banquise côtière, à l'automne. Malgré le relief des icebergs et des floes, la surface de la banquise côtière est en général plane. L'épaisseur n'excède pas 2,2 mètres. Dans certaines zones où l'on retrouve un intense déplacement glaciaire, comme dans le chenal Parry (Parry Channel), de grands plateaux de glace brisée et de crêtes peuvent se créer. La glace y est alors plus épaisse.

Le champ de la banquise côtière peut varier de quelques mètres à plusieurs centaines de kilomètres à partir du rivage, d'un mur de glace, de hauts-fonds ou de icebergs échoués. La couverture de la banquise côtière est en général déterminée par la profondeur de la mer. En effet, la banquise côtière s'arrête lorsque l'eau atteint environ 25 mètres de profondeur. Au-delà de cette profondeur, les crêtes glaciaires et les autres hummocks demeurent rarement attachés à la côte. Les icebergs échoués peuvent être bloqués dans la banquise côtière et la profondeur de la glace peut alors excéder les limites habituelles.

D'intenses vents du large peuvent quelquefois déloger d'immenses champs de glace de la banquise côtière. Ces champs de glace constituent alors le pack. En hiver, la plupart des chenaux situés entre les îles de l'Arctique central sont recouverts de banquise côtière.

  • Le pack

Le pack est constitué de champs de glace provenant de banquises côtières détachés du rivage et de champs de glace formés en mer. Il peut comporter d'immenses champs de glace plats; mais en général, le mouvement des floes les uns contre les autres lui donne un relief escarpé. Cette pression engendre la formation de crêtes qui peuvent avoir plusieurs mètres d'épaisseur. Le pack n'est pas toujours continu; il peut être brisé par endroits, avec des chenaux entre les floes de glace. Pendant l'hiver, les chenaux gèlent à nouveau après qu'ils ont été formés. Une nouvelle couche de glace s'ajoute alors à la couverture existante.

Le pack persiste toute l'année dans l'océan Arctique. Au printemps, à cause de la fonte et de la dislocation des glaces, l'étendue du pack s'accroît dans l'archipel Arctique. Cette fonte permet à la plus grande partie de l'archipel Arctique et aux régions situées plus au sud, de profiter d'une période de deux mois environ sans glace. (Cette période varie : elle est plus longue dans les régions situées plus au sud et plus courte dans les régions situées plus au nord et à l'ouest.)

 

La zone de cisaillement glaciaire

De larges crêtes et des zones de glace brisée se produisent entre le pack dérivant et la banquise côtière stationnaire. Lorsque les vents font dériver le pack ou l'ancrent littéralement le long de la lisière de glaces, des crêtes se forment sous la pression. Ces crêtes peuvent mesurer jusqu'à 25 mètres de profondeur et agir comme ancrages marins pour la banquise côtière adjacente. On retrouve également plusieurs chenaux dans la zone de cisaillement glaciaire. Lorsque les vents du large arrachent des morceaux de glace à la banquise consolidée, de larges chenaux se forment entre la lisière de la banquise côtière et celle de la zone de cisaillement. Ce phénomène est très répandu dans la mer de Beaufort.

 

Emplacement saisonnier des lisières de glaces

Chaque année, les polynies se reproduisent en général à la même place. Mais d'une année à l'autre, l'emplacement saisonnier des lisières des banquises côtières peut grandement différer. Ceci est attribuable aux variations — au cours des années précédentes et de l'année en cours —, des directions et forces du vent, des températures de l'air, du rayonnement solaire et des courants océaniques. Les variations de la lisière de glaces dans le détroit de Barrow (Barrow Strait) et le détroit de Lancaster (Lancaster Sound) sont illustrées au tableau 1.1 qui montre également l'emplacement printanier de la lisière de glaces de la banquise côtière de 1964 à 1989, soit pendant vingt-six ans.

 

TABLEAU 1.1

  Emplacement Année Pourcentage
A Île Devon (Devon Island) jusqu'à l'île Bylot (Bylot Island) à l'est du détroit de Navy Board (Navy Board Inlet) 1978, 1979, 1983, 1987 15 %
B Île Devon jusqu'au cap Charles Yorke (Cape Charles Yorke), à l'île de Baffin (Baffin Island) 1970, 1984 8 %
C Île Devon jusqu'au centre de la presqu'île Brodeur (Brodeur Peninsula) 1982, 1989 8 %
D Île Devon jusqu'à l'île Prince Leopold (Prince Leopold Island) jusqu'à l'île Somerset (Somerset Island) 1965, 1966, 1967, 1968, 1971, 1972, 1973, 1975, 1977, 1980, 1981, 1985, 1988 50 %
E Resolute jusqu'à l'île Griffith (Griffith Island) jusqu'à l'île Somerset 1964, 1969, 1974, 1976 15 %
F Resolute jusqu'à l'île Griffith jusqu'à l'île Lowther (Lowther Island) et l'île Russell (Russell Island) 1986 4 %

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