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Composantes écologiques de
l'Arctique
Contenu
L'archipel Arctique regroupe la côte nord et les
îles au nord de la côte. La profondeur de l'eau est
généralement caractéristique de la plate-forme
continentale (< 500 m). Pendant l'été,
les eaux sont en général ouvertes à la navigation
pendant deux ou trois mois. À des fins biologiques,
l'archipel Arctique est divisé en deux
écoprovinces, cinq écorégions et
21 écodistricts.
Le bassin arctique est la région située au nord
de l'archipel Arctique. Les eaux y sont en général
profondes (> 2 000 m) et
recouvertes de glace en permanence. Dans cette
écozone, la productivité biologique est réduite au
minimum : les phoques et les ours blancs
en sont les principales espèces animales. Puisque la
navigation y est réduite, nous n'en parlerons pas
davantage.
L'Arctique canadien est soumis à d'intenses
variations de la lumière solaire selon les différentes
périodes de l'année. Dans le Grand Nord, de la
mi-novembre à la fin de janvier, le soleil n'apparaît
pas au-dessus de l'horizon. De la mi-mai à la fin
juillet, le soleil ne se lève pas. Pendant les sombres
périodes hivernales, cette absence d'énergie solaire
provoque des températures bien en dessous du point de
congélation. Dans les régions où le soleil chauffe
constamment pendant l'été, la neige et la glace
fondent, découvrant la mer et la terre. Ce grand écart
de variation de la photopériode est le principal facteur
déterminant de l'activité des plantes et des animaux.
Les plantes produisent la plus grande partie de leur
biomasse au cours des longues journées d'été,
permettant ainsi aux animaux herbivores de se nourrir.
Comme dans tous les écosystèmes
complexes, il existe de nombreuses relations entre les
espèces de l'Arctique, la plupart d'entre elles étant
fondées sur la consommation d'une espèce par une autre.
Le régime alimentaire des animaux est très varié,
notamment chez les mammifères et les
oiseaux. Pour de
nombreuses espèces, le régime alimentaire est
également mal compris. Il est cependant possible de
déterminer les principales sources alimentaires des
principaux groupes d'animaux de l'Arctique. Une version
simplifiée du réseau trophique dans l'Arctique est
illustrée à la figure 2.1. À noter cependant que
seule la consommation de matières vivantes (lesquelles
constitue la biomasse) a été prise en considération.
Les restes d'organismes morts (appelés détritus) sont
voracement dévorés par certaines espèces (tel le
renard arctique qui se nourrit de charognes de phoques,
laissées par les ours blancs rassasiés), le zooplancton (qui se
nourrit de petites particules filtrées dans l'eau) et
les invertébrés benthiques (qui filtrent l'eau pour se
nourrir de petites particules qu'ils peuvent également
attraper dans le fond boueux de la mer).
L'algue qui croît sous la surface de la glace, le
phytoplancton et la
macroalgue (qui
est enracinée dans les fonds océaniques ou qui
flottent dans la colonne d'eau), produisent de la biomasse qui
nourrit une vaste gamme d'animaux. Ces plantes
constituent la catégorie des producteurs primaires.
À noter que le phytoplancton produit la majorité
des éléments comestibles, bien que, dans certaines
régions, l'algue associée à
la glace a une importance équivalente.
Les plantes de l'Arctique
sont absorbées par de petits invertébrés dans le zooplancton. Ensemble, ils constituent les
« herbivores ». Ces animaux sont surtout
des crustacés (notamment des amphipodes et
des copépodes). Certains mollusques notamment les bivalves benthiques et les ptéropodes pélagiques se nourrissent également de phytoplancton.
Il existe dans le
zooplancton, plusieurs espèces de petits invertébrés dont se nourrissent les crustacés, eux-mêmes herbivores. Le zooplancton englobe deux groupes de crustacés
aux multiples espèces : les euphausiacés pélagiques, souvent appelés le
« krill » et les décapodes, comprenant les crevettes (dont
certaines espèces sont pélagiques à l'âge adulte)
et les crabes (qui deviennent benthiques peu de temps
après la naissance). Ces animaux constituent la
catégorie des carnivores primaires.
Les grands invertébrés pélagiques, les poissons, les oiseaux et les
mammifères se nourrissent de tous les petits invertébrés. Les invertébrés pélagiques sont
principalement des céphalopodes (surtout des calmars) et des décapodes (principalement de grosses
crevettes). La morue arctique est l'espèce la plus
abondante. Néanmoins, les bancs d'ombles arctiques
et de corégones (aussi appelés cisco) sont
relativement importants (même si ces poissons
passent l'hiver dans les eaux fraîches). Les
colonies d'oiseaux regroupent, entre autres, des
canards et des oies, des pingouins et des huarts. Les
phoques et les petites baleines à dents font partie
des mammifères. Les morses se nourrissent
principalement de bivalves ainsi que de crevettes.
Tous ces groupes constituent les carnivores
secondaires de l'Arctique.
Les carnivores supérieurs sont au sommet de la
chaîne alimentaire : les ours blancs, les
baleines à fanons, les grandes baleines à dents
ainsi que de nombreuses mouettes et rapaces (tels le
faucon pèlerin et le harfang des neiges). Ces
prédateurs se nourrissent de divers organismes
provenant des niveaux inférieurs du réseau
alimentaire. Ainsi, le poisson (carnivore secondaire)
est la proie d'une vaste gamme d'oiseaux et de
mammifères. Quelquefois, lorsqu'elles se nourrissent
de zooplancton, les
baleines à fanons chassent des colonies de poissons
et les engloutissent accidentellement. Les petites et
grandes baleines à dents ainsi que les phoques les
recherchent activement. Les ours blancs les attrapent
à chaque occasion (souvent dans des eaux peu
profondes, y compris dans les mares formées à la
surface des floes lors de la fonte des glaces; ces
mares sont reliées à la mer, ce qui permet le
passage des poissons).
Certains oiseaux deviennent la proie des
mammifères, notamment le renard arctique. Certaines
baleines, d'ordinaire pendant qu'elles absorbent du
zooplancton, ingurgitent des oiseaux se trouvant à
la surface ou juste au-dessus de l'eau. Certains
oiseaux consomment d'autres oiseaux : les
mouettes mangent les oisillons et les ufs de
plusieurs espèces.
Certains mammifères sont des proies pour
d'autres : ainsi, l'ours blanc se nourrit de
phoques (principalement le phoque annelé mais aussi
le phoque barbu). Il attaque également les morses.
À l'occasion, ces ours tuent les bélugas coincés
dans les hauts-fonds à marée basse ou dans des eaux
peu profondes. Les épaulards se nourrissent de
baleines boréales et de nombreuses autres espèces
de baleines, de dauphins et de phoques, sans compter
d'énormes quantités de poissons aussi. Les
habitants des terres arctiques consomment également
du poisson, des oiseaux et des mammifères. Ils en
retirent en outre plusieurs parties aux fins
d'utilisation, notamment le cuir, les os et les dents
(y compris les défenses).
Les animaux tendent à abonder dans
les eaux libres, près des lisières de glaces. C'est
là que se retrouve en général la plus grande
activité biologique de l'Arctique. La partie
inférieure du pack est recouverte d'algues monocellulaires qui servent de nourriture
aux petits crustacés. Ces derniers sont à leur tour dévorés
par une vaste gamme d'invertébrés, de poissons, d'oiseaux et de mammifères.
Les oiseaux et les mammifères cherchent à accéder
à l'abondante nourriture qui se trouve sous le pack.
Mais comme ils doivent respirer de l'air, ils ne
peuvent s'alimenter sous la glace et, par
conséquent, trouvent leurs zones d'alimentation et
de repos dans les chenaux et dans les eaux libres,
près de la lisière. À la fonte des glaces, cette
zone peut constituer une aire d'alimentation lorsque
le phytoplancton s'y trouve en abondance.
Même lorsque la nourriture s'y
fait rare, certains mammifères (comme le narval et
le béluga) se réunissent près de la lisière de
glaces. Ils y attendent la fonte des glaces afin de
migrer vers des champs d'alimentation plus
favorables.
La glace occupe les régions
côtières et les régions proches du littoral. Dans
la partie ouest de l'Arctique, les chenaux permettent
aux baleines boréales et aux bélugas de migrer vers
l'est dans les eaux du large. Dans la partie est de
l'Extrême-Arctique, une série de lisières de
glaces s'est formée le long des principaux bras de
mer. Les oiseaux et les mammifères marins sont
concentrés sur ces lisières et attendent la
dislocation des glaces afin de pouvoir migrer vers
leurs territoires d'été.
Au début du printemps :
Une tendre couche spongieuse
de glace dans laquelle poussent des algues,
se forme sous la surface du pack. Les
amphipodes et autres animaux se nourrissent
de ces algues. La morue arctique s'alimente
de ces espèces sous-aquatiques. Dans les
chenaux, les lisières de glaces et les
polynies, les oiseaux et les mammifères
peuvent se nourrir des animaux immergés sous
la glace.
Lors de la débâcle, le
zooplancton recommence ses cycles de vie et
la reproduction s'effectue. L'arrivée de la
débâcle dans diverses régions se reflète
sur la composition des phases de vie dans le
zooplancton.
Les bébés phoques annelés
naissent dans des repaires, sous la glace.
Les caribous migrent vers le
nord, à travers la glace, dans le
golfe Coronation (Coronation Gulf).
Les oiseaux de mer et les
oiseaux d'eau arrivent et se nourrissent dans
les eaux libres.
Au printemps :
La glace demeure le long des
rivages. Toutefois, les chenaux, la dérive
des lisières de glaces et les ouvertures
dans le pack permettent la migration des
mammifères marins.
Les mammifères marins, ne
pouvant accéder à leurs territoires d'été
dans l'ouest, migrent donc le long des
chenaux de la mer de Beaufort. Dans l'est,
ils attendent sur les crêtes côtières ou
le long des lisières de la banquise
côtière, la dislocation des glaces.
Les phoques annelés se
regroupent sur la glace pour se dorer au
soleil.
Les oiseaux de mer et les
oiseaux d'eau reconstruisent leurs nids et
pondent leurs ufs.
L'été, les mammifères marins se retrouvent dans
des régions traditionnellement plus chaudes. Les
bélugas se déplacent quotidiennement jusqu'à
l'estuaire du fleuve MacKenzie, puis dans les
estuaires de l'Extrême-Arctique et dans la baie d'Hudson.
Les morses passent de longues périodes sur
leurs traditionnels sites terrestres. Les narvals et
les phoques du Groenland se dispersent dans les eaux
de l'Arctique. Les oiseaux de mer et les oiseaux
d'eau élèvent leurs petits après l'éclosion des
ufs. La façon la plus simple de caractériser
l'été dans cette région, du point de vue de ses
manifestations, est de dire qu'il s'agit de la
période intermédiaire entre le printemps et
l'automne.
Le début de l'automne est
caractérisé par :
- La migration vers le
sud des oiseaux d'eau et des oiseaux de
rivage, adultes nourriciers et protecteurs,
ainsi que des oisillons. (Les oiseaux non
nourriciers migrent en général au milieu de
l'été).
L'automne est en cours
quand :
- Les mammifères marins
migrateurs quittent les zones d'alimentation
estivale vers les zones d'hivernage.
Certaines migrations s'effectuent
rapidement : tout le troupeau est parti
en une semaine. D'autres sont plus lentes et
les animaux migrent en groupes : les
mâles adultes, les jeunes animaux et les
mères avec les bébés quittent à des
moments différents.
- Tous les oiseaux
marins, les oiseaux d'eau et les oiseaux de
rivage ont migré vers le sud.
- La glace se forme dans
les eaux libres pendant la nuit (elle peut
fondre ou se disloquer pendant la journée).
- La glace non fondante
apparaît dans les eaux libres.
- Les mammifères marins
migrateurs sont absents. (Certains
mammifères comme le morse peuvent demeurer
à l'année longue dans certaines régions,
tant que l'on y trouve des eaux libres.)
- Les caribous migrent
vers le sud, se déplaçant sur les glaces de
mer du golfe Coronation.
Non inclus dans les saisons
biologiques car la majorité des espèces hiberne
pendant la période où l'obscurité reigne
24 heures par jour.
Les peuples autochtones de l'Arctique canadien
sont au sommet de la chaîne alimentaire; ils
pêchent le poisson et chassent les oiseaux ainsi que
les mammifères terrestres et marins. Par le fait
même, ils sont en interaction avec l'écologie
qu'ils influencent. Les activités socio-économiques
des peuples autochtones sont présentées dans la
section du site consacrée aux peuples autochtones.
Cliquez ici pour de plus amples
renseignements sur les peuples autochtones.
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