Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 12  (VI:2), 1968

Accueil
English
Introduction
Histoire
Index annuel
Auteur et Sujet
Crédits
Contact

A propos d'un portrait d'Alfred Pellan

par Jean-René Ostiguy
conservateur chargé de la recherche en art canadien
Galerie nationale du Canada


Pages  1  |  3  

Assurément ce tableau de Pellan n'est pas le seul de son genre dans la production de l'artiste. Le Jeune Comédien (vers 1935) (fig. 3), qui appartient à la collection de la Galerie nationale, est lui aussi conçu dans le même esprit. Il se rattache à l'oeuvre post-cubiste de Picasso, plus particulièrement à la série des Arlequins (fig. 4). Pellan a peint un nombre considérable de portraits et de têtes dans des styles légèrement différents; on en compte environ vingt-cinq. Les portraits exécutés sous l'influence de Matisse et de Picasso font suite aux portraits inspirés par Corot, au commencement de la carrière de Pellan. Deux de ces portraits, très personnels, annoncent le Pellan d'après-guerre: ce sont les gouaches intitulées Figure (1941) et Type de la rue Saint-Laurent (1941), toutes deux dans des collections particulières, à Montréal. Le dernier portrait surtout est tout empreint de mouvance et de mystère et s'apparente étrangement à l'autoportrait de Victor Vasarely intitulé Sept ans de Malheurs (1945). Mais Pellan n'est-il pas en effet un peintre étonnant qu'il faudrait inclure dans une rétrospective du portrait du XXe siècle?

L'acquisition de la Jeune fille aux anémones enrichit de plus d'une manière la collection canadienne de la Galerie nationale. Cette toile permet de faire un intéressant parallèle avec le célèbre portrait de Vera par Frederick Varley (fig. 5), acquis en 1930, et dont l'inspiration se rattache à une pensée similaire. Varley n'est plus un jeune homme lorsqu'il peint à Vancouver, en 1929, le portrait de Vera Weatherbie. Il a depuis longtemps terminé ses études en Angleterre et en Belgique, il habite le Canada depuis dix-sept ans et réside à Vancouver depuis près de trois ans. On sait, par des documents écrits, que cette ville l'enchante par la richesse de son paysage et que la jeune femme dont il fait le portrait symbolise pour lui ce monde nouveau. On ne doit pas perdre de vue ces faits si l'on veut donner tout son sens à la comparaison. L'oeuvre de Pellan rend témoignage à la découverte fervente du milieu européen; celle de Varley, au vif mouvement de sympathie de la vieille Europe envers les valeurs canadiennes. L'opposition de ces deux mentalités si différentes n'est pas moins intéressante. Varley se sent attiré par une dévotion presque mystique envers les êtres et la nature, Pellan par une délectation de la pure beauté des formes et des couleurs. Ces différences ne s'expliquent pas seulement par des différences d'âge et de caractère, elles prennent leur source dans les différences qui distinguent deux mondes culturels.

Page Suivante | Notes

1  |  3  

Haut de la page


Accueil | English | Introduction | Histoire
Index annuel
| Auteur et Sujet | Crédits | Contact

Cette collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat pour le compte du programme des Collections numérisées du Canada, Industrie Canada.

"Programme des Collections numérisées, droit d'auteur © Musée des beaux-arts du Canada 2001"