Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 4 (II:2) 1964

Accueil
English
Introduction
Histoire
Index annuel
Auteur et Sujet
Crédits
Contact


Cliquez figure 3 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 4 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 5 ici pour une image agrandie






Cliquez figure 6 ici pour une image agrandie





Cliquez figure 7 ici pour une image agrandie

A la recherche d'Adriaen Honing

par Marcel Röthlisberger

Pages  1  |  3 

Les dessins à la manière de Rosa ne représentent pourtant qu'un côté de notre artiste. L'autre, plus personnel et encore plus éloigné du style classique qui domine le paysage romain de ces années, consiste en une dizaine d'études de nature faites à Tivoli. A signaler d'abord une page apparue l'année passée, et à laquelle s'ajouteront sans doute d'autres découvertes futures. Ce dessin, dans la coll. Lugt à l'Institut Néerlandais de Paris (fig. 3), (5) est exécuté dans la technique préférée de l'artiste, sur papier coloré en beige. Avec 43.2 x 30.5 cm., ses dimensions ne sont égalées que par trois dessins sur fond gris foncé: une vue de rochers de Tivoli, au Louvre (fig. 4), (6) et deux vues générales de Tivoli, en largeur, dans la coll. Witt à Londres (MJBK figs. 4, 5). Parmi les autres pages de ce groupe, nous trouvons quatre feuilles en hauteur, toutes mesurant 39.5 x 21.5 cm. Ce sont les passages de rochers de l'Albertine (MJBK fig. 8) et de la coll. Lugt (MJBK fig. 9) ainsi que les deux feuilles sur fond gris à Leyde, illustrées ici (figs. 5, 6). (7) La première montre une fois de plus une partie de rochers avec quelques maisons. L'inscription du revers, "Adriaen Honing dt 1673 alias Lossenbruy," en fait jusqu'à présent la seule oeuvre datée de l'artiste.

Ce groupe de dessins n'a plus rien des compositions légères et conventionnelles selon Rosa. Pris de très proche, l'étrange structure microforme de ces dessins remplit la surface entière de la page. Centré sur lui-même, Honing décrit avec une patience minutieuse les contorsions des rochers, le pointillé du feuillage, les sinuosités des cascades. Mais cette manière si personnelle est en somme assez retardataire. C'est à Bril, Breenbergh, Jan van de Velde que la technique fait penser. Cependant Honing pousse cette manière jusqu'à une abstraction extrême, où la réalité ne sert que de prétexte à la stylisation. Il nous apparaît donc comme une personnalité qui n'éblouit pas par la force de l'invention. Il est un miniaturiste et esprit fin, un styliste qui s'attache aux détails et aux effets particuliers, un artiste éminemment graphique. Parmi le petit nombre de ses oeuvres, nous le voyons copier Rosa ou répéter les mêmes motifs. A deux reprises, un dessin n'est qu'un agrandissement d'une partie d'une autre feuille: ainsi le dessin Lugt, MJBK fig. 9 - "Te Tivoli" - reproduit en grand la partie supérieure du dessin du Louvre fig. 4, et le même pont de Tivoli apparaît en grand et en détail dans deux dessins (MJBK figs. 3, 8). Il serait pourtant faux de ne pas croire cet artiste capable de faire des tableaux. Des paysages peints semblent avoir existé de lui, quoique nous n'en connaissions aucun. Nous pouvons les imaginer dans la manière de Rosa et des vues superficielles et répétitives d'un Roghman ou van Bloemen.

Si les dessins de Honing ne posent pas de problème d'attribution, un nombre considérable d'études de nature contemporaines et anonymes de l'école romaine lui sont extrêmement proches. Qu'il nous soit permis d'en mentionner quelques exemples, souvent attribués simplement au paysagiste le plus en évidence - Claude Lorrain. Par le motif et le style, la fig. 6 se rapproche de la vue de Tivoli fig. 7. (8) Ce dessin, sur papier bleu, est ni de Claude, dont il porte le nom, ni de Grimaldi, nom sous lequel il figure au musée de Besançon, mais d'un artiste à identifier, dont nous connaissons au moins 80 feuillets, tous attribués à tort à Claude ou au Guaspre. Le paysage étendu qui se trouve au verso, en largeur, est peut-être plus typique encore de ce "maître de l'album bleu." La plupart de ses oeuvres, dispersées dans le monde, proviennent de quelques livrets de format standard. Est-ce un italien ou un hollandais? Un côté bolonais, très proche de Grimaldi, mais plus délicat, s'y mêle avec du Claude de la première époque; un petit pas mène à certaines pages du Guaspre et de Silvestre. Tout cela place le groupe bleu dans l'ambiance romaine vers 1650, c'est-à-dire avant Honing. D'autre part la succession bolonaise pose elle aussi bien des problèmes où les Grimaldi, C. Onofri, G. B. Crescenzi, Guillerot Simonneau et tant d'autres artistes se distinguent parfois difficilement. Une main différente encore, et plus agitée, a mi-chemin entre Rosa et le dessin de Honing de la coll. Gobiet (MJBK fig. 10), a créé un groupe d'études d'arbres à la plume, dont quelques exemplaires sont au musée Bonnat de Bayonne (nos.1636, 1637); ou serait-ce là un autre aspect de Honing lui-même?

Des motifs de Tivoli se trouvent enfin sur des douzaines de dessins de Claude, surtout vers les années 1640. Nous pensons d'abord au dessin inédit de la Bibliothèque nationale de Madrid, très proche de la feuille de Besançon, à trois vues fameuses de Tivoli au Musée Britannique et à une feuille à Léningrad. (9) Vers 1640, la technique minutieuse de ces dessins ne représente cependant qu'un côté de l'art de Claude. Quarante ans plus tard, elle sera l'expression la plus caractéristique de l'artiste, ainsi que le montre l'exemple illustré ici (fig. 8), daté de 1676. De grand format, sur papier bleu, d'une exécution fine, avec beaucoup de rehauts blancs, cette composition ressemble aux oeuvres de Honing, qui en sont exactement contemporaines. Un même esprit de finesse marque dans la seconde moitié du siècle la production d'artistes de différentes générations tels que Claude et Honing en Italie, Patel et Pérelle en France.

Page Suivante | Notes

1  |  3

Haut de la page


Accueil | English | Introduction | Histoire
Index annuel
| Auteur et Sujet | Crédits | Contact

Cette collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat pour le compte du programme des Collections numérisées du Canada, Industrie Canada.

"Programme des Collections numérisées, droit d'auteur © Musée des beaux-arts du Canada 2001"