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A la
recherche d'Adriaen Honing
par
Marcel Röthlisberger
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Les dessins à la manière de Rosa ne représentent pourtant qu'un côté
de notre artiste. L'autre, plus personnel et encore plus éloigné
du style classique qui domine le paysage romain de ces années,
consiste en une dizaine d'études de nature faites à Tivoli. A
signaler d'abord une page apparue l'année passée, et à laquelle
s'ajouteront sans doute d'autres découvertes futures. Ce dessin,
dans la coll. Lugt à l'Institut Néerlandais de Paris (fig. 3), (5)
est exécuté dans la technique préférée de l'artiste, sur papier
coloré en beige. Avec 43.2 x 30.5 cm., ses dimensions ne sont égalées
que par trois dessins sur fond gris foncé: une vue de rochers de
Tivoli, au Louvre (fig. 4), (6) et deux vues générales de Tivoli,
en largeur, dans la coll. Witt à Londres (MJBK figs. 4, 5). Parmi
les autres pages de ce groupe, nous trouvons quatre feuilles en
hauteur, toutes mesurant 39.5 x 21.5 cm. Ce sont les passages de
rochers de l'Albertine (MJBK fig. 8) et de la coll. Lugt (MJBK fig.
9) ainsi que les deux feuilles sur fond gris à Leyde, illustrées
ici (figs. 5, 6). (7) La première montre une fois de plus une partie
de rochers avec quelques maisons. L'inscription du revers,
"Adriaen Honing dt 1673 alias Lossenbruy," en fait jusqu'à
présent la seule oeuvre datée de l'artiste.
Ce groupe de dessins n'a plus rien des compositions légères et
conventionnelles selon Rosa. Pris de très proche, l'étrange
structure microforme de ces dessins remplit la surface entière de
la page. Centré sur lui-même, Honing décrit avec une patience
minutieuse les contorsions des rochers, le pointillé du feuillage,
les sinuosités des cascades. Mais cette manière si personnelle est
en somme assez retardataire. C'est à Bril, Breenbergh, Jan van de
Velde que la technique fait penser. Cependant Honing pousse cette
manière jusqu'à une abstraction extrême, où la réalité ne sert
que de prétexte à la stylisation. Il nous apparaît donc comme une
personnalité qui n'éblouit pas par la force de l'invention. Il est
un miniaturiste et esprit fin, un styliste qui s'attache aux détails
et aux effets particuliers, un artiste éminemment graphique. Parmi
le petit nombre de ses oeuvres, nous le voyons copier Rosa ou répéter
les mêmes motifs. A deux reprises, un dessin n'est qu'un agrandissement d'une partie d'une autre feuille: ainsi le dessin
Lugt, MJBK fig. 9 - "Te Tivoli" - reproduit en grand la
partie supérieure du dessin du Louvre fig. 4, et le même pont de
Tivoli apparaît en grand et en détail dans deux dessins (MJBK
figs. 3, 8). Il serait pourtant faux de ne pas croire cet artiste
capable de faire des tableaux. Des paysages peints semblent avoir
existé de lui, quoique nous n'en connaissions aucun. Nous pouvons
les imaginer dans la manière de Rosa et des vues superficielles et
répétitives d'un Roghman ou van Bloemen.
Si les dessins de Honing ne posent pas de problème d'attribution,
un nombre considérable d'études de nature contemporaines et
anonymes de l'école romaine lui sont extrêmement proches. Qu'il
nous soit permis d'en mentionner quelques exemples, souvent attribués
simplement au paysagiste le plus en évidence - Claude Lorrain. Par
le motif et le style, la fig. 6 se rapproche de la vue de Tivoli
fig. 7. (8) Ce dessin, sur papier bleu, est ni de Claude, dont il
porte le nom, ni de Grimaldi, nom sous lequel il figure au musée de
Besançon, mais d'un artiste à identifier, dont nous connaissons au
moins 80 feuillets, tous attribués à tort à Claude ou au Guaspre.
Le paysage étendu qui se trouve au verso, en largeur, est peut-être
plus typique encore de ce "maître de l'album bleu." La
plupart de ses oeuvres, dispersées dans le monde, proviennent de
quelques livrets de format standard. Est-ce un italien ou un
hollandais? Un côté bolonais, très proche de Grimaldi, mais plus
délicat, s'y mêle avec du Claude de la première époque; un petit
pas mène à certaines pages du Guaspre et de Silvestre. Tout cela
place le groupe bleu dans l'ambiance romaine vers 1650, c'est-à-dire
avant Honing. D'autre part la succession bolonaise pose elle aussi
bien des problèmes où les Grimaldi, C. Onofri, G. B. Crescenzi,
Guillerot Simonneau et tant d'autres artistes se distinguent parfois
difficilement. Une main différente encore, et plus agitée, a
mi-chemin entre Rosa et le dessin de Honing de la coll. Gobiet (MJBK
fig. 10), a créé un groupe d'études d'arbres à la plume, dont
quelques exemplaires sont au musée Bonnat de Bayonne
(nos.1636, 1637); ou serait-ce là un autre aspect de Honing lui-même?
Des motifs de Tivoli se trouvent enfin sur des douzaines de dessins
de Claude, surtout vers les années 1640. Nous pensons d'abord au
dessin inédit de la Bibliothèque nationale de Madrid, très proche
de la feuille de Besançon, à trois vues fameuses de Tivoli au Musée
Britannique et à une feuille à Léningrad. (9) Vers 1640, la
technique minutieuse de ces dessins ne représente cependant qu'un côté
de l'art de Claude. Quarante ans plus tard, elle sera l'expression
la plus caractéristique de l'artiste, ainsi que le montre l'exemple
illustré ici (fig. 8), daté de 1676. De grand format, sur papier
bleu, d'une exécution fine, avec beaucoup de rehauts blancs, cette
composition ressemble aux oeuvres de Honing, qui en sont exactement
contemporaines. Un même esprit de finesse marque dans la seconde
moitié du siècle la production d'artistes de différentes générations
tels que Claude et Honing en Italie, Patel et Pérelle en France.
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