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Barthélemy Joliette
(1789-1850)
Joseph-Onésime Legault (1882-1944)
1936
huile sur toile
Collection du Musée d'art de Joliette
Don de la Ville de Joliette
1980.055Formé à la profession notariale par un
oncle maternel prospère et habile, le jeune Joliette épouse, en 1813, une fille de
seigneur. En 1822, il abandonne le notariat pour s'occuper de la mise en valeur du bien
familial, la seigneurie de Lavaltrie. Rapidement, il construit un imposant moulin dont le
bois scié sera destiné à l'Angleterre, via Québec. |
Pour le bon fonctionnement du moulin, un village se greffe
qu'il nomme «L'Industrie» ou «Industry» (Joliette). Pour assurer la prospérité du
lieu, une chapelle est nécessaire. Jean-Jacques Lartigue, évêque de Montréal, refuse.
Il flaire le côté intéressé de l'affaire: «... M. Joliette n'a en vue que
l'avancement de son village d'Industrie, je suis entièrement d'avis que sa demande ne
soit pas allouée.» C'est donc seulement en 1841, avec Mgr Bourget, que le
village aura son lieu de culte. Puis, viendront s'ajouter un collège et un chemin de fer
qui complèteront l'oeuvre de ce bâtisseur.
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Articulant «intérêts
privés et actions collectives», selon les termes de l'historien Jean-Claude Robert,
Joliette tire ainsi parti de l'«ancien monde» et le fait entrer dans l'ère
industrielle.
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Le Collège Joliette
vers 1860
Archives des Clercs de Saint-Viateur
à Joliette |
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Au premier plan de la photographie, on aperçoit le bâtiment construit en 1846 par
Barthélemy Joliette et, au deuxième plan, l'aile Langlais ajoutée en 1858.
«À l'entrée du village et auprès de l'église est situé le
collège bâti par le seigneur du lieu. Il est construit de pierre calcaire ayant
quatre-vingts pieds de long et quarante de large, de deux étages pleins, outre le
rez-de-chaussée, dont une moitié contient la cuisine et trois autres pièces à l'usage
des domestiques. Dans l'autre moitié, se trouve le cellier et la cave aux légumes. Le
haut de l'édifice offre des mansardes destinées à servir de dortoirs pour les
élèves.»
(Lettre du curé Antoine Manseau adressée à Mgr Ignace Bourget, le 15
août 1846)
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 Mgr Ignace
Bourget (1799-1885)
Soeur Marie Arsène
1872
huile sur toile
Collection du Musée d'art de Joliette
Dépôt des Clercs de Saint-Viateur de Joliette
1975.414 |
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En 1840, Ignace Bourget devient le deuxième
évêque de Montréal. L'époque est alors, avec la montée de l'industrialisation et le
pays à construire, favorable à un homme d'action. La défaite des libéraux lors de la
rébellion de 1837-38, la menace du protestantisme et le nouveau dynamisme religieux
français sont autant de données contextuelles qui stimuleront son extraordinaire talent
de bâtisseur. Pour l'éducation, en particulier, Ignace Bourget est bien conscient des
besoins.
Pour réaliser son dessein, il a besoin
de main d'oeuvre. Il commence par faire appel aux ressources locales mais, dès le
printemps 1841, on le retrouve en train de recruter en France. Quatre congrégations
répondent à son appel, et il établit un premier contact avec le fondateur des Viateurs,
Louis Querbes. En 1847, Bourget retourne en France et revient avec des religieux et des
religieuses de Sainte-Croix, des Jésuites, des religieuses de la Société du
Sacré-Coeur de Jésus et trois Clercs de Saint-Viateur. |
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Antoine Manseau (1787-1866)
vers 1850
Collection Société d'histoire Joliette-De Lanaudière
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Âgé de 56 ans, le premier
curé du village de L'Industrie (Joliette), n'est pas un nouveau venu. Après avoir été
missionnaire dans les Maritimes, il est devenu «grand vicaire» du diocèse de Montréal,
dont il a d'ailleurs refusé la charge épiscopale. . |
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La collaboration entre Antoine Manseau et Barthélemy
Joliette s'avère fructueuse; ils travailleront de concert à l'établissement de la
paroisse et à la création du collège. Face aux Viateurs français, des étrangers,
Antoine Manseau est méfiant. Lui et Mgr Bourget s'efforceront de favoriser la
«canadianisation» de la communauté, et ce sera sans doute là une des causes du succès
de recrutement que connaîtra la communauté dans les décennies suivantes. |