Dans le domaine de laviation, la Première Guerre mondiale a permis
à des Canadiens dacquérir des compétences de mécaniciens, de concepteurs, de
constructeurs et de pilotes. Plus de 2 000 rapatriés étaient des pilotes de combat
entraînés. Le désir de rester dans laviation, ce que plusieurs dentre-eux
ont fait, a servi de tremplin au développement du vol de brousse. Sans le moindre doute,
laviation de brousse est la plus importante contribution du Canada à
lhistoire de laviation.
En 1919, la majeure partie des vastes territoires nordiques du pays était encore
inexplorée. Mais cela allait changer, grâce aux intrépides pilotes de brousse et à
leurs appareils robustes. Ces pilotes ont joué un rôle essentiel dans lexploration
et la mise en valeur des ressources naturelles abondantes du Canada. Ils ont aussi
contribué à lunité du pays en créant de véritables « autoroutes du
ciel ». Au Canada, les pilotes de brousse ont vécu des aventures légendaires, à
faire dresser les cheveux sur la tête, dans quelques-unes des régions les plus
inhospitalières de la Terre.
De nombreux records ont été établis à cette époque : Alcock et Brown ont réussi la
première traversée sans escale de lAtlantique et Lindbergh a répété cet exploit
seul dans un monoplan, le Spirit of Saint Louis. Mais, au Canada, il
nétait pas nécessaire de traverser les frontières pour franchir des distances
considérables. Grâce à des hydravions à coque comme le Curtiss HS-2L, les pilotes
avaient accès à des milliers daéroports improvisés : les nombreux lacs et
rivières du pays.
Lhydravion à coque Curtiss HS-2L La Vigilance
est une des acquisitions dont le Musée est le plus fier. Pendant la Première Guerre
mondiale, les HS-2L ont effectué des patrouilles le long des côtes de la France, des
États-Unis et du Canada. Après la guerre, lindustrie forestière sest
intéressée à lutilisation davions pour la patrouille des forêts. La
Vigilance était lun des deux HS-2L provenant de surplus de guerre que la St.
Maurice Forest Protective Association (association pour la protection des forêts du
Saint-Maurice) a achetés pour faire le repérage des incendies de forêt, des levés
aériens et le transport de pompiers et de leur matériaux. La Vigilance a
effectué le premier vol de brousse commercial au monde, dans la vallée du Saint-Maurice,
au nord de Trois-Rivières, en 1919.
Curtiss HS-2L
© Musée national de laviation (Canada)
En 1969, le Musée a réussi à récupérer La Vigilance, qui se
trouvait au fond dun lac sans nom près de Kapuskasing, en Ontario, à la suite
dun accident au décollage en 1922. Après une minutieuse restauration réalisée en
utilisant des pièces de deux autres HS-2L en plus de celles de lappareil original, La
Vigilance, unique HS-2L survivant, a pris sa place au Musée, dans la Promenade
dans le temps.
Pendant les années 1920 et 1930, de nombreuses petites sociétés spécialisées dans le
vol de brousse sactivaient dans tout le pays. Elles transportaient des passagers, du
matériel et du ravitaillement, surtout pour les industries de transformation des
ressources naturelles. Elles acheminaient aussi le courrier et effectuaient des levés
aériens. En 1934, le Canada battait le record mondial pour la quantité de marchandises
transportées par avion courrier, machines, oeufs, dynamite, vaches, canots,
médicaments et meubles, tout ce quon peut imaginer était alors transporté par la
voie des airs.
Deux autres véritables bêtes de somme aériennes sont à signaler : le Noorduyn Norseman, considéré comme le meilleur avion
de brousse de son temps, et le Fairchild FC-2W-2. Leur
cabine fermée rendait le vol plus confortable au cours des durs hivers canadiens
fini le temps des doigts gelés sur le manche à balai !
Noorduyn Norseman
© Musée national de laviation (Canada)
Fairchild FC-2W-2
© Musée national de laviation (Canada)