Le
père Joseph-Eucher Laporte,
alias Michel
(1828-1908)
Le père Joseph-Eucher Laporte était un personnage original et coloré. L'abbé A.-C. Dugas en parle fréquemment dans ses Gerbes de souvenirs et ses anciens élèves rappelaient ses bons mots.
Né à L'Épiphanie en 1827, sous le nom de Joseph-Eucher, il fut toujours appelé le père “Michel”, sans qu'on sache trop pourquoi. Il enseigna dans les classes de rhétorique et de philosophie. Sans être un spéculatif ou un érudit, il savait vulgariser son enseignement de la philosophie en utilisant les images et les comparaisons célèbres mais, par dessus tout, il avait le sens de la formule.
Le père Michel Laporte était impliqué dans la vie étudiante, que ce soit dans les travaux de la cour qu'il dirigeait (plantation d'arbres) ou dans les sorties avec les élèves où il leur faisait admirer la nature. Selon l'abbé A.-C. Dugas, “Pas un homme n'aimait plus les beautés naturelles et le charme de la vie champêtre que le père Laporte.”
Il était nationaliste et connaissait tout de la vie et de l'histoire des paroisses de la région. Il faisait lire à ses élèves de philosophie Jean Rivard, le Défricheur et l'Économiste, d'Antoine Gérin-Lajoie. Il s'en excusait ainsi: “Ne dites pas que vous lisez Jean Rivard en Philosophie, car on ajoutera que vous êtes trop bêtes pour lire des choses plus sérieuses.” Sait-on que la description de Rivardville, qu'on peut lire au chaptire V de cet ouvrage, est en fait une description du Village de L'Industrie?
Le père Michel dissimulait son affection pour ses élèves sous des expressions étonnantes, qu'il fallait interpréter. Pour certains d'entre eux, il avait un répertoire de bons gros mots: “bêtes, innocents, bêtas, braques, pas fins, etc.” À la rentrée des élèves, il leur donnait un nom: Grandis Ruber, Batoche, Soie Blanche, etc. Une de ses expressions que tous les anciens élèves ont retenues était: “Non, mais faut-il être innocents!... faut-il être bêtes!”.
Gerbes de souvenirs, tomes I, II et III.
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