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Le musée du Séminaire
L’Estudiant
, Oct. 1938, Vol. 3 – No.
Par Marcel Roussin E.E.D. ; Sc. S

 

Le musée du Séminaire

 

     Le musée du Séminaire passe pour un des plus beaux de la province.

     Il est installé dans une vaste pièce à deux étages avec galeries. Depuis 1910, il existe comme tel. Avant cette époque, on nous rapporte que le musée se résumait à quelques chiens oubliés dans l'ancien laboratoire de physique. Mais dès qu'on eut trouvé un local convenable, le Frère Coulombe sut bien le garnir, et à l'insu de tous.

067a2.jpg (27388 octets)      Aujourd'hui, si vous voulez, nous irons le visiter…

     Le premier coup d'oeil tombe sur la ménagerie rassemblée au centre du musée. Ce sont les bêtes qu'on appelle “sauvages”. Un lion nous toise des pieds à la tête. Un tigre se faufile entre le léopard et le jaguar. Les gazelles s’inquiètent du voisinage de la panthère. Le chevreuil, les cariboux et les ours semblent unir leurs regrets de la forêt perdue… Des chiens montent la garde, tandis qu'un coyote reste interloqué devant les têtes sans corps d'un bison, de deux orignaux et d'un wapiti. Comme vue d'ensemble, entre les quatre poteaux de fer, on croirait à un combat royal…

     Le dévoué curateur nous montre ensuite, perchés dans des armoires, toutes les espèces d'oiseaux du Canada et quelques étrangers de passage… Il y a des paons prétendus orgueilleux, des oiseaux du paradis aux couleurs chatoyantes. Plus loin, des faisans. Il y a aussi tous les oiseaux aquatiques imaginables, du goéland au vulgaire canard… Les hiboux et les chouettes ont l'air de se demander ce que nous leur voulons, tandis que l'aigle étend son aile… N'approchez pas, il est “bourré”…

     Les amateurs de petites bibittes admirent les quelque 5200 insectes offerts à leur curiosité… Les femmes, elles, se pâmeront devant les martres de roche, les visons et les renards… “Ma chère, vois donc cette hermine!”… mais elles regarderont à distance les porcs-épics et les… putois (pouah!).

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     Voici la basse-cour, avec ses poules et ses lapins… Un chat fixe sournoisement un oiseau… Là, les singes nous font des signes amicaux. Dans un coin, les loups rôdent. De différentes espèces: loups-cerviers, loups gris; je n'ai pas vu de… loup-garou.

     Notre cicerone nous invite à le suivre à l'étage supérieur. À droite, un musée illustrant la petite industrie indienne. Nos prédécesseurs avaient réellement des doigts agiles et un goût marqué pour les couleurs voyantes. Ils ont laissé des mocassins sertis de pierres peut-être précieuses, des raquettes de toutes formes et de toutes longueurs, des calumets avec lesquels on “fumait” la paix… et un canot d'écorce… en écorce! Il y a évidemment des flèches et un carquois dont Cupidon serait joliment embarrassé… C'est qu'il n'est pas un sauvage, lui!

     Les indigènes africains nous ont aussi envoyé des échantillons exposés dans une autre armoire. On remarque toute la collection des armes offensives et défensives, du coutelas minuscule au bouclier de peau, assez large pour abriter deux personnes. Encore des flèches, des vêtements en peau de quelque chose, et un instrument de musique qui tient le milieu entre le tambour et l'orgue électronique.

     Plus loin, on voit des souvenirs de nos ancêtres à nous. Un dévidoir, un “braye”, des rouets, un grand métier à tisser, une essoreuse en bois et nombre d'autres instruments dont une gentille fermière pourrait vous donner le nom et expliquer le mécanisme bien mieux que moi… (si toutefois il y a encore des “gentilles” qui soient fermières!) — Nous nous attardons à examiner un fléau, des javeliers, une herse en bois.

     Et voici le premier souvenir d'intérêt purement historique: la table sur laquelle fut dite la première messe dans la paroisse de St-Côme. Tout à côté, la première cloche du noviciat. Un peu plus loin, la première pompe à incendie de Joliette: une “pompe à bras” qui ne laisse que vaguement prévoir les pompes à gazoline d'aujourd'hui. Elle pourrait peut-être encore servir pour les petits, petits feux !

067a4.jpg (33152 octets)      Dans des boîtes, on peut voir une magnifique collection de roches. Ce sont des cailloux, mais bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux… Au bord d'une fenêtre, quelques champignons de différentes dimensions.

     Dans cette armoire, au coin, brrr!… passez vite auprès des monstres de la création. Ils [les insectes] sont au nombre de trente, et aucun parmi nous ne les vit jamais… Voulez-vous que je vous les décrive… J'y renonce.

     Allons maintenant admirer de magnifiques spécimens de bois canadien. On dit que toutes nos essences forestières y sont représentées. Le Cercle des Jeunes Naturalistes possède ici une admirable collection de feuilles dont un profane tente vainement de vous dire la beauté.

     Arrêtons-nous devant le musée chinois. Assis sur un trône (tout de même!), un bouddha se contemple rituellement le nombril… Au mur, sur de grandes lisières de papier, un historique des religions chinoises qui a l'air d'un chemin de la croix imprimé sur “funny-papers”… Quelques grandes pipes, de délicats petits bonshommes taillés au couteau, un parchemin qu'on dit venir d'un proche parent d'Aaron, celui qui a déjà fait parler de lui avec son frère Moïse… Des experts lui donnent plus de 1000 ans d'existence.

     C'est réellement une des pièces de grande valeur du musée… Il y a aussi des vêtements tissés à la main, par les Chinois ou les Japonais, et ornés de pierres précieuses.

     Plus loin sont réunis des souvenirs de la Communauté, entre autres une calotte blanche ayant appartenu à Sa Sainteté le pape Pie X. Beaucoup de reliques historiques. Des armes datant de la guerre franco-allemande et du dernier conflit. Des “fisi”, des masques à gaz, des sabres, des obus, etc. De quoi recommencer une nouvelle guerre… On montre en particulier l'épée dont se servit Louis Riel à Batoche… Je crois qu'on conserve aussi un souvenir de Louis Cyr, le Yvon Robert du temps.

     Le Colonel Shepperd a laissé son uniforme d'officier au musée… Dans le domaine des antiquités s'alignent des fers à repasser fonctionnant à l'huile, une des premières machines à écrire (elle n'a rien du linotype), une boîte à musique, avec rouleaux hérissés de pointes, une ceinture fléchée pour laquelle le musée provincial a déjà offert, paraît-il, quelques mille dollars! On voit aussi les premiers fanaux ayant servi à éclairer les rues de Joliette, et quantité d'autres objets hérétoclites.

     Les maquettes du Séminaire et du noviciat sont admirables de précision technique — (La maison de Tom Nulty a disparu). — Enfin, précieux témoins de l'histoire locale, le bureau de travail de Monsieur Joliette avec quelques lettres de lui, le vieux banc du manoir, et une lettre du citoyen Voltaire.

     La visite n'est pas terminée, car l'abbé Gravel, dévoué curateur du musée, nous signale la magnifique collection de monnaies, dont plusieurs de la Grèce antique, d'Alexandrie et de Syracuse. Les pièces d'or, toutefois, reposent maintenant dans la voûte de sûreté. Il faut aussi signaler la collection de timbres, peut-être moins importante que celle du regretté Frère Carter, mais qu’on évalue à plus de soixante-quinze mille dollars. Au prix où est le beurre!

     Notre visite est terminée. Vous n'avez pourtant rien vu des incomparables beautés ramassées en ce lieu. On passerait des heures et des heures à admirer dans le détail chacune des collections qui s'y trouvent. C’est un riche musée!

     “Vous êtes les bienvenus… Si vous voulez sortir!”

 

Marcel Roussin,E. E. D.; Sc. S

 

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