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Vous êtes les
bienvenus, si vous voulez sortir |
“Vous êtes les bienvenus,
si
vous voulez sortir”
C’était bref et définitif. Le Frère Coulombe vous mettait poliment à la porte en vous montrant le “tronc” destiné aux oboles en faveur du musée.
Vous l’avez reconnu, le Frère Coulombe, avec son paletot qui rassemblait toute la gamme des couleurs, de l’infra-rouge à l’ultra-violet. Et sa calotte noire qui ne le quittait jamais. Pour quiconque a déjà visité le musée avant 1932, sa figure est intimement liée à cette œuvre à laquelle il s’était donné, corps et âme.
Il avait commencé de s’en occuper même avant la construction de “l’aile des professeurs”, en 1910. Il était un taxidermiste expert et devait donner au musée du Séminaire toute l’importance qu’il a aujourd’hui. Mais s’il est resté si vivant dans la mémoire de tous, ce n’est pas tant par son talent de “bourreur” que par les nombreuses aventures auxquelles il s’est trouvé mêlé… Le sujet par excellence, à qui il ne pouvait arriver que des aventures drôles, pour les témoins, mais qui prenait à ses yeux un telle importance…
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Le musée, d'après la conception personnelle du Frère Coulombe, n'était pas fait pour être visité. L'on ne devait pas non plus (pour la même raison, peut-être) savoir quelles étaient les bêtes qui y entraient. C'est dire qu'il devait user de subterfuges. Ainsi, s'il s'agissait de monter un minuscule serin, une boîte de 2 pieds par 3 (58 centimètres par 87 centimètres) pouvait bien le dissimuler — et si c’était un chat, la boîte pouvait prendre les dimensions d'un piano… C'est ainsi qu’il pouvait dépister la “ouace de vipères” qui cherchait à savoir quels mystérieux congénères étaient prisonniers au 4e étage… |
Une des plus glorieuses “ascensions” au musée fut celle de l’original, en février 1922…
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Ce fut tout un événement, et L'Action Populaire du 16 février rapporte:
Empaillé dans l'ombre et le mystère par le Rév. Frère Coulombe, l'orignal du Séminaire, nouveau cheval de Troie, porté par des élèves finissants, est enfin monté au musée à trois heures de l'après-midi, mercredi dernier, le 8 février 1922.
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L'événement fit d’autant plus sensation que personne n’en savait l'heure d'une façon certaine; et c'est une chose reconnue qu’à la diplomatie secrète correspond d'ordinaire un système d'espionnage adverse.
Voilà pourquoi, répondant à l'appel de la cloche, du timbre ou du téléphone, au moins trente-cinq personnes eurent le plaisir de voir l'orignal au sortir de sa retraite.
Aussi bien le spectacle en valait la peine. On ne voit pas tous les jours ce roi de nos forêts canadiennes se fourvoyer dans la ville et apparaître immobile, détaché en relief sur la neige, dans la clarté du soleil couchant.
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