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L'Estudiant, Vol. 8 - No 5
Mai - Juin 1944 |
Académie St-Étienne
Compte-rendu des deux semestres
Parmi les nombreuses associations de toutes sortes qui jalonnent les sept années de notre cours d'études pour nous aider à parfaire notre culture dans tous les domaines, il en est une très vieille, qu'on pourrait surnommer la doyenne, c'est l'Académie Saint-Étienne, octogénaire, à ce qu'on dit. Elle aurait contribué à la formation de nos grands-pères. Aujourd'hui, malgré la guerre qui rationne — et plus ou moins intelligemment parfois — le temps des étudiants-soldats, elle poursuit, riche de d'expérience de plusieurs générations, son oeuvre de complément indispensable dans l'art de penser et dans l'art de dire.
Sous l'active impulsion de son directeur, le P. Etienne Marion, un humaniste à la vaste culture, l'Académie a abordé cette année le Réalisme et le Symbolisme dans les arts.
Les premiers mois de l'année ont été consacrés à l'étude des maîtres de l'école réaliste; en littérature, par des travaux de synthèse, d'analyse ou des récitations; en musique, par l'audition de disques; en peinture, voire en sculpture, par la reproduction sur l'écran des oeuvres les plus caractéristiques. Aussi certaines séances [à propos de l’utilisation de diapositives en classe], sans avoir même la peine de se lever de son siège, on passait de la conférence au concert ou au musée d'art. Merveille de la science moderne qui permet de vérifier pleinement l'éternelle formule de Beaudelaire: “Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.”
On a ainsi mis à l'Affiche: Le conte de Lisle et Flaubert, pour la poésie et le roman; Duarc et Fauré, pour la musique; Courbet, Manet, Corot, Millet pour la peinture.
Comprenant que les Muses étaient soeurs, on s'est donc appliqué à rechercher d'un même regard dans les diverses branches de l'art humain des réalisations identiques de facture, quoique d'expression différente, d'une même pensée, la pensée parnassienne.
Le deuxième semestre a étudié le Symbolisme, surtout avec Beaudelaire. Deux séances de discussion sur le cinéma comme moyen de culture ont ensuite démontré d'une façon vivante et intéressante que l'Académie ne méconnaît pas les problèmes modernes.
Puis, comme un grand poète de chez nous venait de publier à la gloire de notre sol une oeuvre magnifique, pleine de beauté, l'Académie, qui n'ignore pas non plus la littérature canadienne, a demandé à un autre poète de venir nous en causer. Et c'est ainsi que nous eûmes la savoureuse et magistrale conférence du P. Gustave Lamarche, c.s.v., sur “L'Abatis” de l'abbé Savard.
[…]
Jacques Tellier
Philosophe Senior
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