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Les lettres

au service de l'éducation

(1915 - 1957)

L'étude des lettres et la pratique des langues ont toujours constitué un aspect important de l'histoire du Collège.

Au XXe siècle, les bibliothèques vont se développer considérablement, tout comme les activités visant la promotion et la défense de la langue. Il s'organise maintenant des concours d'art oratoire intercollégial, un Mois du bon parler français, etc. et l'Académie Saint-Étienne a 100 ans en 1947.

 

Le journal L'Estudiant

À partir de 1936, les étudiants disposent d'un nouvel outil pour s'exprimer par l'écrit, le journal L'Estudiant, qui survivra jusqu'à l'avénement des cégeps en 1968. C'est sans doute un des meilleurs miroirs de la vie étudiante, sous tous ses aspects, comme en témoignent les nombreux articles sélectionnés ici, dans ce site, pour raconter l'histoire du Collège.

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064let03.gif (24005 octets) L'Académie Saint-Étienne a 100 ans en 1947

L'Académie Saint-Étienne remonte aux origines du Collège et elle est toujours active. Des centaines d'étudiants ont profité de cette tribune pour faire leurs premières armes en tant qu'orateurs. Les procès-verbaux, qui ont conservé les discours, en font preuve.

Au sein de l'Académie Saint-Étienne, les membres discutaient de sujets “engagés” comme la survivance de nos compatriotes de l'Ouest et l'accès à la radio française hors Québec. Le journal L'Estudiant de cette époque témoigne avec éloquence des diverses prises de position adoptées par l'Académie.

   L'académie St-Étienne Jr a pris pour sujet d'étude au cours de ce semestre un problème cher à tout Canadien-français du Québec: le problème scolaire de nos minorités dans les autres provinces du Canada...

L'académie St-Étienne Jr, J.-Jean Tellier, B.-L. B
L'Estudiant Janvier -- Février 1943; Vol. 7, no 3.

     Que peut signifier le refus d'une Radio-Ouest pour nos compatriotes de l'Ouest. Le français n'est-il pas l'une des deux langues officielles du Canada?

Notre français sur le vif ,
Jules Plourde, Rhéto “B” et Michel Plourde
L'Estudiant Vol. XII -- No 2 ; Novembre -- Décembre 1947

 

La qualité de la langue est préoccupante

La même année (1943), Georges Perreault, dans L'Estudiant, s'inquiète de l'état de la langue française, de l'invasion des anglicismes, de l'engouement de beaucoup de Canadiens-français pour la langue anglaise. Selon Georges Perreault, le danger nous viendrait particulièrement du commerce et de l'industrie... 064let04.gif (4719 octets)

     Fait indéniable, la langue française reçoit de sérieuses atteintes; lentement, des termes étrangers, barbares, s'infiltrent au sein même de l'édifice français et menacent de la saper à sa base...

Canadiens français ou métèques ?
Georges Perreault, Philosophe Jr.
L'Estudiant Vol. 7 - No 4 Mars -- Avril 1943

 

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Le notaire Gaëtan Valois, ancien de 1903-1907, avait composé une chanson intitulée Les Gars des États, des élèves qu'il taquine de façon très colorée. Il mentionne entre autres choses que certains ne sont pas allés jusqu'à traduire leur nom en anglais, comme beaucoup des nôtres aux États-Unis, et que s'ils sont si “soupe au lait”, c'est peut-être parce qu'ils sont voisins des Irlandais!

Les Franco-Américains

Saurons-nous résister à l'influence des États-Unis? On avait sous les yeux, au Séminaire même, un bon noyau d'élèves franco-américains.

Dans les séminaires
De notre pays,
Il nous vient des frères
Des États-Unis.
On les r'connaît vite,
Car il parlent l'anglais;
Mais faut l'dir' tout d'suite
Ils sav'nt le français.

...

Les Gars des États
Poème de Gaétan Valois
Extrait de Silence ! Dans l'dortoir !
Revue de conventum (1900 - 1907)

 

En 1944, le responsable de l'Académie Saint-Étienne est le père Étienne Marion, brillant humaniste à large culture. Les travaux de l'année ont porté sur le réalisme et le symbolisme en littérature, en musique, en peinture et en sculpture; de même que sur le cinéma et la littérature québécoise.

Compte-rendu des deux semestres
Par Jacques Tellier, Philosophe Sénior
L'Estudiant Vol. 8 - No 5 ; Mai - Juin 1944

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064let07.gif (17078 octets) En même temps que le centenaire du Séminaire, on célébre en 1947 les 100 ans de l'Académie Saint-Étienne. Le secrétaire de l'Académie, Michel Plourde, trace alors dans L'Estudiant le parcours de l'Académie depuis Le Cercle littéraire, de 1847, qui avait donné naissance au journal L'Écho du Cercle littéraire, journal manuscrit; en passant par l'âge d'or de cette vénérable institution, de 1914 à 1924.

L'Académie Saint-Étienne, 100 ans de vie intellectuelle
Michel Plourde, Rhéto “A”, secrétaire de l'Académie
L'Estudiant, Vol. XII - No 2 Novembre - Décembre 1947

Sous la direction de l'abbé Louis-Philipppe Lamarche, on avait tenté de réaliser un ambitieux programme: l'étude de la littérature des peuples, depuis l'âge biblique. On compléta ensuite le programme en y ajoutant l'histoire nationale et régionale.

 

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Inauguration de l'aile Bonin, 1925

On cultive l'art oratoire

Beaucoup plus qu'aujourd'hui, on encourageait à l'époque l'art de bien parler. Autant au Collège que dans la vie publique, toutes les occasion étaient bonnes pour démontrer son “savoir dire”. Les concours annuels d'art oratoire s'inscrivaient sûrement parmi les activités les plus prestigieuses en cette matière.

L'année 1929 est glorieuse pour le Séminaire de Joliette. Pour le Collège qui remportait la palme, c'était un grand jour. Or le 23 mai 1929, Roch Pinard, élève de Philo sr, gagne le concours d'art oratoire à l'Université de Montréal. Il est aussi choisi pour représenter les collèges classiques du Québec au grand concours international qui aura lieu à Toronto. Puis ce fut le second triomphe du 23 mai. Roch Pinard gagne le championnat oratoire de tout le Canada, à Toronto. Il ira ensuite à Washington.

Dans l'Annuaire du Séminaire, on y mentionne que:

     Pour la première fois, un jeune Canadien-français, parlant dans sa langue, reçoit l'ovation de sept provinces et est choisi comme représentant du Canada au concours international de l'art oratoire qui doit se tenir le 26 octobre à Washington.

La victoire finale se produit le 26 octobre 1929. Roch Pinard triomphe à Washington devant un auditoire de 8000 personnes. Les autres concurrents représentent les États-unis, l'Angleterre, la France, l'Allemagne, le Danemark, le Mexique et le Pérou. Le trophée est remis au vainqueur par Paul Claudel, alors ambassadeur de France aux États-Unis.

L'Annuaire de 1929-1930 consacre presque deux pages à souligner ce fait mémorable et à en tirer des leçons de patriotisme local, provincial, national. Le jeune Pinard sera reçu à la Maison Blanche, à l'Ambassade de France, à l'ambassade du Canada de Washington; puis à l'Université de Montréal et à l'Hôtel de Ville de Montréal. Le lendemain, 30 octobre, c'est au tour du Séminaire de le recevoir à la salle académique. Toute la ville, civique et religieuse, en fait autant.

 

En novembre, c'est le “Mois du bon parler”

Le mois de novembre était consacré chaque année au bon parler français. Les murs du collège étaient placardés d'affiches incitatives. La campagne était lancée solennellement à la salle académique, souvent par un conférencier d'honneur. Tout au cours du mois, chaque classe devait présenter une activité: récitation de fables, etc.

Dans Le mois du Bon Parler rebondit, L'Estudiant de novembre 1936 (Vol. 1 - No 1) consacre quelques lignes à la promotion de cette activité au Collège.

064let09.gif (10615 octets) En 1942, l'étudiant Louis Germain, commence ainsi son résumé du programme de l'automne:

     Ce n'est pas d'hier qu'on critique la qualité de la langue parlée au Québec et qu'on souhaite l'améliorer.

Le mois du Bon Parler
Louis Germain, Rhétorique “A”
L'Estudiant, Vol. 7 - No 2, Nov. - Déc. 1942

 

Nos Collèges au micro

Dans les années 1940 -- et comme à la télévision aujourd'hui -- on organisait des compétitions visant l'évaluation du “savoir”. Lors de ces matchs, les questions portaient sur les connaissances générales et les équipes des collèges rivalisaient entre elles à la radio. Quand le jour dit avait lieu, tout le collège se réunissait à la salle académique pour écouter la diffusion de l'émission.

La fierté des étudiants se manifestait chaleureusement, au point que les applaudissements empêchaient d'entendre la suite des questions et réponses. L'année 1943 est mémorable, le Séminaire de Joliette l'ayant emporté successivement sur le Collège Saint-Laurent, le collège Brébeuf et le Séminaire de Québec. En finale, il s'inclinera devant le Collège Bourget, de Rigaud, au grand désespoir des joliettains.

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Préparation  du texte Apparence de justice, de Jacques Perron, pour la radio de Radio-Canada.

Histoire: Nos collèges au micro:
Jacques Dugas, Jules Bibeau, Luc Forest
L'Estudiant, vol. 7, no 4, mars-avril 1943, p. 2

.

Remerciements à [de] la ville de Joliette
au Séminaire, à l'Occasion du succès du Séminaire à Nos collèges au micro,
L'Estudiant, Vol. 7, no 4, mars-avril 1943, p. 6.

 

On constitue des bibliothèques modernes

Les premières bibliothèques du Collège étaient plutôt modestes. Mais le nombre des volumes augmente graduellement, comme le font remarquer les Rapports annuels du Surintendant de l'Instruction publique. Pour alimenter la bibliothèque, on compte surtout sur les dons des professeurs, des anciens, des amis, des gouvernements provincial et fédéral, et L'Annuaire rend compte fidèlement des dons reçus chaque année. Un des objectifs de L'Association des anciens élèves, fondée en 1910, était justement de contribuer à l'achat de livres.

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064let12.jpg (34197 octets) À partir de 1925, les Annuaires font grand état de la richesse de la bibliothèque des professeurs, qui contient 900 volumes “antérieurs au XIXe siècle et bon nombre au XVIIe , voire au XVIe siècle”. Quant à la bibliothèque des élèves, on est en train de compléter les collections.

En 1938-1939 apparaît un complément important à la bibliothèque, le “foyer de lecture”, un local offrant aux élèves un choix de livres adaptés à leurs besoins, avec accès direct aux rayons.

 

Le foyer de lecture
Aux derniers jours de janvier avait enfin lieu
l'inauguration du nouveau “Foyer de lecture”...

Bibeau, Jules, Philo jr,
L'Estudiant Vol. 7, no 3, janvier-février 1943.

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Ce fut le grand mérite du P. Médard Laroche, l'un des premiers diplômés de L'École de Bibliothéconomie de l'Université de Montréal, d'organiser une bibliothèque moderne, de type américain et tout à fait adaptée aux nouveaux besoins pédagogiques, avec accès direct aux rayons. Logée dans la nouvelle Aile du Centenaire en 1951-1952, elle fut relocalisée en 1960 dans la nouvelle Aile Beaudry, avec un équipement des plus modernes. Grâce à un budget généreux, le père Médard Laroche en fit un modèle de bibliothèque, dont devaient s'inspirer plusieurs collèges.

064let14.jpg (11954 octets) Les auteurs Gustave Lamarche et Paul-Émile Farley

En 1934, les pères Gustave Lamarche et Paul-Émile Farley composent un manuel d'Histoire du Canada appelé à un brillant avenir. Plusieurs rééditions suivront, et le manuel sera en usage dans plusieurs collèges. Ce manuel recevra les éloges de l'historien Marcel Trudel, selon qui les auteurs avaient innové (pour l'époque).

Le père Paul-Émile Farley avait été un innovateur en orientation scolaire. Il faisait des conférences sur le sujet et avait écrits des livres sur l'orientation professionnelle.

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Le père Farley a aussi écrit le roman Jean-Paul, qui raconte la vie de collège. Édité pour la première fois en 1929, le roman sera réédité en 1939 avec quelques dessins du père Wilfrid Corbeil. Ce site reprend quelques extraits de ce roman ainsi que les illustrations du père Corbeil publiées dans la deuxième édition.

Dans l'extrait suivant, le père Farley témoigne de ses préoccupations quant à l'orientation professionnelle des élèves en faisant parler le jeune Jean-Paul au sujet de son choix de carrière.

     Une confidence en attire une autre. Roland voulut, lui aussi, déclarer ses secrets à son ami. Il annonça qu'il se destinait au journalisme. Ah ! non pas à un journalisme quelconque, à la tâche banale de reporter; mais il entendait poursuivre ses études, obtenir la licence ès-lettres, s'initier aux questions sociales, afin de pouvoir ensuite consacrer sa vie à la défense des idées grandes et belles qui relèveraient la patrie. En lui-même, il songeait que le Canada français pourrait bien avoir un jour son Louis Veuillot; et dans l'intime de son âme, il pensait un peu que ce serait lui. Après avoir ébauché son rêve, il s'arrêta brusquement:

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-- Et toi donc, qu'est-ce que tu feras?

-- Moi ! Je ne sais pas encore, mais j'y réfléchis beaucoup depuis quelque temps.

-- Penses-y. Tu sais, ça aide toujours d'entrevoir une carrière, ça nous stimule, ça nous pousse vers un idéal. On marche mieux et plus vite quand on va quelque part et que l'on sait où l'on va. Parles-en à ton directeur. Il te dira sans doute, comme à moi, qu'il faut se demander deux choses: où nous serons le plus heureux (en cette vie et en l'autre évidemment, au fond cela se rejoint); et où nous serons le plus utile, c'est-à-dire, où nous ferons le plus de bien. Souvent d'ailleurs la seconde question comprend la première.

Jean-Paul, roman
Paul-Émile Farley

 

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