L'oeuvre du Père Lamarche et la critique L’Estudiant, Vol.1 – No.1, Nov. 1936

La pièce de théâtre Jonathas suscite de nombreux commentaires. Dans L'Estudiant de 1936, en réponse à un article paru dans le journal Le Devoir, l’étudiant Jean-Marie Rondeau relate les propos de l'auteur, Gustave Lamarche. Le compositeur Gabriel Cusson avait signé la musique originale.

L'oeuvre du Père Lamarche et la critique

     L'opéra, dit-il, ne pouvait me tenter, n'offrant guère de prise à la littérature. Le simple mélodrame ne me semblait pas valoir la peine de solliciter le concours d'un bon musicien. Enfin, dans les genres intermédiaires, on sait quelle souffrance impose à l'auditeur la brusque transition de la parole chantée au simple parler. L'enchantement est rompu à chaque fois, signe d'une esthétique bien faible. Si donc on veut faire alterner chants et paroles, musique et poésie, il faut graduer les effets, il faut ménager des passages moins heurtés d'un langage à l'autre. Dans Jonathas, où la foule déclame en musique, les paliers sont obtenus par la musique de scène ou les préparations symphoniques.

Gustave Lamarche, c.s.v.

     Hier soir, au Collège Bourget, à Rigaud, a eu lieu la première représentation de Jonathas... On a eu l'impression très nette qu'une oeuvre a été créée qui durera. En tout cas, il y a là un admirable effort de deux des nôtres pour faire avancer la littérature et la musique canadienne.

La Presse, Montréal.

Quand le théâtre s'éclaire ou s'assombrit, les explosions de colère ou d'amitié, les déchirements du coeur, les angoisses, les prières ardentes à Jéhovah accompagnent les jeux de lumières, les rayonnements, les éclats de tonnerre. Et le style se plie allègrement à tous ces mouvements. Tour à tour, éclat, souplesse, grâce, majesté apparaissent dans ces fusées d'images, dans ces figures hardies qui traversent en éclairs notre imagination, dans ces passages sans transition de la prose rythmée au vers classique et au vers à libre facture, du langage élevé de la prophétie au ton familier du récit et aux accents lyriques de la complainte. J. M., à l'auteur.

     Le style du P. Lamarche s'inspire de la bible; il est simple et riche d'images tout ensemble, sa phrase toujours correcte, sa langue de bonne venue... Son effort de reconstitution historique est remarquable et son jeu de mise en scène fort réussi...

Abbé Elie-J. AUCLAIR, dans L'Avenir du Nord

     Je retiens qu'il y a là un théâtre éducationnel de premier ordre...

Jean RIDDEZ, de l'opéra de Paris.

     J'ai rarement flagorné qui que ce soit et je n'ai pas envie de commencer aujourd'hui; mais je vous dirai que votre Jonathas mérite qu'on s'y arrête... Les personnages ne sont pas en mastic et l'âme qui les anime n'a pas l'air d'être éclose dans un corset de glace... Mais, Père et ami, il y a une chose, une chose extrêmement rare au Canada, une chose que par miracle vous avez conservée, robuste, intégrale, perceptible, cette chose pour laquelle je vous remercie infiniment, c'est l'originalité... Cette précieuse qualité... se divulgue d'elle-même dans la plupart des scènes de Jonathas et de Tobie, et à cause d'elle, je crois qu'un bel avenir dramatique vous est réservé. Outre que vous aurez l'honneur d'avoir créé chez vous le théâtre chrétien si florissant en France, vous aurez encore la gloire qui s'attache aux belles lettres...

C. B., critique littéraire, à l'auteur

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