Il n'est un secret pour personne que la J.E.C. veut transformer le milieu étudiant et le convertir à un catholocisme mieux compris et vécu plus intensément. [...]

     Nous, les jeunes d'aujourd'hui, nous vivons une vie trop matérialiste et dédaignons trop les valeurs spirituelles, nous contentant d'une facile médiocrité; le laisser-aller, convenons-en franchement, est devenu une mode; une quasi-nécessité de l'heure. La peur de l'effort, l'insouciance nous ont conduits au “je m'en foutisme”; les trois-quarts de nos jours se passent dans une léthargie presque lamentable. On dirait un retour en bloc à l'insouciance, à la mort, au néant, tellement le dynamisme manque à nos actions quotidiennes. [...]

     Voilà toute la raison d'être du Congrès National qui se tiendra à Montréal, le 25 juin prochain. En guise de préparation à ces assises, un congrès diocésain, groupant la jeunesse étudiante du diocèse, s'est tenu à Joliette, le 24 mai dernier.

     À l'invitation lancée par le bureau diocésain de la J.E.C, un très grand nombre de jeunes ont spontanément répondu, prenant d'assaut tout Joliette et animant de leur pétulance notre cité ordinairement tranquille. Dès huit heures et demie, le matin, de forts groupements venus de partout étaient reçus aux portes de la ville par les étudiants de Joliette, à Saint-Pierre, au Christ-Roi et du côté de Saint-Thomas, tandis qu'une délégation des Trois-Rivières et de Saint-Hyacinthe s'ajoutait aux rangs de nos dignitaires. Nos rues virent alors d'enthousiastes cohortes défiler avec entrain vers la cathédrale, au milieu d'un concert de cloches, de sirènes et de sonneries les plus variées. [...]

     Puis l'immense groupe étudiant se rendit ensuite au Parc Lajoie. Le corps de police, formé d'élèves du Séminaire, sut maintenir dans l'interminable procession un ordre merveilleux. De leur côté, les animateurs de chant attisaient sans répit l'ardeur des divers groupes; de sorte que du pas de marche on passa aisément au pas de danse: il fallait bien donner un peu de détente au besoin général d'expansion.

     Puis vint l'heure du dìner. À regret, on laissa les danses et, sur l'herbe toute neuve du parc, l'on attaqua les sandwichs préparées par l'ami des jeunes, Tarzan (M. Gaston Pelland). La bonne humeur ne le céda en rien à l'appétit: ce n'était partout que rires et chants, juste image d'une jeunesse fière et exhubérante. L'entrain toucha à son comble quand, la partie champêtre terminée, l'énorme foule se disposa en cercles concentriques sur la place du Marché, pour la grande danse collective.

     Une demi-heure durant, garçons et filles repassèrent prestement les plus belles rondes du répertoire étudiant: “Si tous les étudiants du monde voulaient s'donner la main...”, “Mahomet est prophète...”, “La Bourgogne”, “Les gars de Lochminé”, etc. La nécessité, mère de l'invention, fit se diviser la longue chaîne de danseurs qui encerclait le Marché et l'Hôtel-de-Ville; et dans tous les coins de la place, la danse reprit avec plus d'entrain; les groupes ne faisaient que renchérir sur l'éclatante voix de l'ensemble dont les joyeuses clameurs étaient entendues de tous les coins de la ville. Les vieux monuments joliettains se réveillèrent, étonnés, de leur sommeil centenaire; rarement pareille allégresse était venue troubler leur repos; il n'importe, c'était la fête des jeunes, des étudiants!

     Cependant, une fois de plus, il fallut suspendre les évolutions rythmiques de la gent juvénile. Pour plus de discipline, les jeunes filles ouvrirent d'abord la marche vers l'Aréna. Les garçons, laissant aller à regret leurs charmantes compagnes, se consolèrent dans d'autres chants et d'autres danses. Puis, après cet au revoir passager, tous nos jeunes se retrouvèrent groupés à l'Aréna pour chanter ensemble la fierté étudiante: “Ami, chante à voix pleine...”