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Épilogue

La mémoire des générations

L'Alma Mater, comme dans les autres collèges, constitue un des aspects les plus importants de la personnalité du Séminaire de Joliette. Ce terme, employé par les Anciens élèves pour désigner le collège où ils ont étudié, comporte des dimensions multiples, dont l'aspect affectif n'est pas le moindre.

 

Le culte de l'Alma Mater: un être vivant

Selon la conception de l'époque, le collège est sans âge, il est de tous les temps et de toutes les générations. Le Séminaire est objet de culte. Ainsi, on a des devoirs quasi-religieux à rendre à son Alma Mater; on doit lui rendre hommage et reconnaissance pour la formation que l'on y a reçue et, en certaines occasions, lui apporter de l'aide financière.

Pour entretenir ce culte, on enseigne l'histoire du Collège aux élèves. Les fresques de l'ancien Parloir (devenu plus tard infirmerie, puis réfectoire), décrivaient les constructions successives du Séminaire.

Dans les Ordos des élèves du Collège Joliette de 1886 à 1892, le père Cyrille Beaudry raconte l'histoire du Collège, et cette tradition se continuera chez ses successeurs. Puis, à partir de 1899-1900, Les Annuaires contiennent les éphémérides et une chronique du Séminaire paraît toutes les semaines dans les journaux locaux.

À partir de 1918, l'Annuaire du Séminaire comporte un bref historique du Collège, dans lequel on fait valoir la magnificence de la chapelle gothique du père Cyrille Beaudry et la beauté de la cour de récréation, “bordée par la rivière l'Assomption, plantée d'arbres magnifiques, embellie par l'étang, adossée au petit bois.”

Sous le supériorat du père J.-A. Charlebois (1923-1928), les Annuaires présentent des statistiques sur l'oeuvre accomplie depuis la fondation et comprennent un important historique sur le fondateur Barthélemy Joliette, la fondation du Collège, les chapelles, le père Beaudry, les cours de récréation, l'organisation du Collège, les études, les bibliothèques, le musée, l'amicale des anciens et le texte du chant de l'Alma Mater. Depuis 1925 et jusque dans les années 1960 paraîtra le chant de l'Alma Mater de même que l'historique du Séminaire.

En 1931-1932, l'Annuaire contient des annexes inhabituelles, dont une notice nécrologique du père Joseph Morin (avec photo), supérieur du Séminaire et premier doyen de la faculté des Sciences de l'Université de Montréal, décédé en 1931. Il comprend aussi l'Écho du Centenaire des C.S.V. ainsi qu'un exposé sur les collèges classiques, intitulé: L'effort d'adaptation de nos collèges classiques aux besoins modernes, dans lequel le nouveau supérieur, le père Paul-Emile Farley, affirme:

     Les collèges classiques souffrent d'une crise de modestie. Ils ne songent pas assez qu'en notre siècle, quand on “n'annonce” rien, on passe pour n'avoir rien à “annoncer”.

La “grande période du Séminaire”

Avec la construction de l'Aile Bonin, en 1926, débute ce qu'on peut décrire comme la “grande période du Séminaire”. L'Annuaire de 1932-1933 contient plusieurs photographies, dont le but est de mettre en valeur les installations modernes de la nouvelle Aile Bonin: laboratoires, studio de dessin, musée, salle académique, cour. En annexe paraît une importante étude historique et critique sur la chapelle du Sacré-Coeur du père C. Beaudry, par le père Wilfrid Corbeil.

Les Annuaires suivants contiennent des illustrations des activités des élèves, des pièces de théâtres interprétées par les élèves et des photographies des finissants. Celui de 1936-1937 met en valeur la vie culturelle, qui deviendra bientôt une caractéristique du Séminaire. En annexe, des articles portent sur les Musiciens du Séminaire, sur le journal L'Estudiant qui vient d'être fondé et sur le théâtre depuis les vingt dernières années, par le père Louis-Joseph Lefebvre. Celui de 1947-1947 raconte les fêtes du Centenaire du Collège: pageant, etc.

En 1954-1955, le père G. Bibeau, supérieur, utilisait les “lectures spirituelles” pour raconter l'histoire du Collège aux élèves.

Publications et comptes-rendus

Les divers comptes-rendus et publications qui paraissent à l'occasion des Fêtes du Séminaire ont permis de conserver la mémoire de ces événements. Les Noces d'or de 1897, les Noces de diamant de 1910, l'album du centenaire de 1947, diffusent l'image du Séminaire et l'oeuvre accomplie.

Le journal L'Estudiant (fondé en 1936) a lui aussi fait beaucoup pour propager l'image et le souvenir du Collège. D'autres publications, comme les Gerbes de souvenirs de l'abbé Alphonse-Charles Dugas (qui racontent la vie collégienne d'autrefois), seront distribuées comme prix de fin d'année à des générations d'élèves.

 

La glorification des fondateurs

Le cycle liturgique de l'Alma Mater comprend un certain nombre de fêtes: en premier lieu la fête annuelle du Séminaire, où tous les anciens sont convoqués.

On célèbre avec particulièrement d'éclat les origines du Collège: les noces d'or de 1897, les noces de diamant de 1910, le 75e anniversaire de 1922, le Centenaire de 1947. Mais il y a aussi des fêtes spéciales comme la bénédiction et l'inauguration des ailes nouvelles, par exemple les fêtes de 1910, 1926, 1952, 1960, sans oublier les bénédictions des pierres angulaires qui inaugurent le début des constructions.

Ces fêtes donnent lieu à de grands rassemblements, où on célèbre les origines et les fondateurs du Collège et où aussi on lance des souscriptions.

La célébration des origines s'incarne particulièrement autour de deux personnages: le fondateur du Collège, Barthélemy Joliette, et celui que l'on a appelé le second fondateur, le père Cyrille Beaudry.

Barthélemy Joliette

Barthélemy Joliette, fondateur de Joliette et du Collège, a droit à la reconnaissance du Collège. Son souvenir est constamment évoqué. Le Collège prend part à toutes les fêtes qui ont lieu en son honneur: 50e anniversaire de sa mort, le 11 juin 1900, inauguration de son monument au Parc Renault de Joliette, le 30 septembre 1902, fêtes du centenaire de Joliette en 1923.

Toutes les fêtes du Séminaire sont prétextes à faire l'éloge et à rappeler les “oeuvres” du fondateur du Collège et de Joliette. Le portrait de Barthélemy Joliette est installé dans le Hall d'entrée du Séminaire en 1936.

Tous les éloges et tous les hommages manifestés auparavant sont repris périodiquement. Les Fêtes du Centenaire du Séminaire de 1947 et du Centenaire de la ville de Joliette, en 1964, rediront en mieux la reconnaissance due au fondateur.

Cyrille Beaudry, c.s.v.

Le père Cyrille Beaudry été surnommé le second fondateur du Collège Joliette, dont il fut le supérieur pendant 36 ans. Il avait connu les premières générations d'élèves du Collège. Mort en 1904, il représentait le lien entre les deux siècles. Bientôt il fut identifié au Séminaire et le personnifia. Sa réputation de sainteté sacralisa l'Alma Mater. Depuis 1925, l'Annuaire du Séminaire fait paraître une notice biographique du père Cyrille Beaudry qui sera répétée sans interruption jusqu'en 1968.

Le Séminaire célèbre le service anniversaire du premier, des 5e, 10e, et 25e anniversaires de sa mort. On participe aux fêtes qui entourent l'érection de son monument au cimetière des C.S.V. de Joliette en 1929. Et pour bien célébrer le centenaire de sa naissance, en 1936, on lui élèvera un monument en face du Séminaire, oeuvre du sculpteur Alfred Laliberté. L'Aile Beaudry, construite en 1959-1960, rappelle son souvenir.

Comme le père Beaudry s'était identifié à la dévotion au Sacré-Coeur, tout ce qui se rattache à ce culte, en particulier la chapelle gothique de 1881-1882 et la statue qu'il avait fait ériger sur le collège, rappelle sa mémoire.

 

Le culte des anciens élèves

Le sentiment commun est que les anciens ont reçu beaucoup de leur Alma Mater et qu'ils doivent compenser pour les services reçus. Surtout acquitter les dettes que leurs parents ont laissées traîner.

En retour, la place des anciens élèves est importante dans la vie du Séminaire. Ils visitent fréquemment leur Alma Mater et sont reçus au Salon des Anciens. Le Supérieur et ses principaux assistants sont en étroite relation avec les anciens et participent toujours aux réunions annuelles des filiales de Montréal, des États-Unis, du Saguenay, d'Abitibi, d'Ottawa-Hull, etc. À chaque décès et à chaque événement important de la vie ses Anciens, le Séminaire est représenté.

Les archives du Séminaire possèdent un fichier des anciens élèves et plusieurs classeurs contenant les dossiers des Anciens. La liste et les adresses des Anciens sont continuellement tenues à jour, de même que la liste des bienfaiteurs.

On suivait la carrière, les succès et le décès de chacun. Un représentant du Séminaire assistait aux funérailles de chaque ancien élève. Les éphémérides publiées dans les Annuaires depuis 1899, L'Estudiant, journal du Séminaire fondé en 1936, Les Anciens de Joliette, fondé en 1953, racontaient leurs faits et gestes.

Dans les relations avec les Anciens, deux personnages, entre autres, se sont fait remarquer. Le père J.-A. Charlebois, supérieur de 1923 à 1928, avait remis à jour les dossiers des Anciens et avait écrit un livre en leur honneur: Les Anciens du Séminaire: écrivains et artistes, où il retrace la carrière d'une soixantaine d'Anciens qui avaient rempli de brillantes carrières dans les lettres et les arts.

Le père Robert Valois, archiviste du Séminaire, avait fondé en 1953 la revue Les Anciens de Joliette, qu'il rédigea jusqu'à sa mort en 1960. On disait de lui qu'il connaissait tous les Anciens par leur nom, par leur numéro de cours et qu'il servait d'indicateur au supérieur du Séminaire lors de la fête des Anciens.

À partir de 1924-25, l'Annuaire du Séminaire fait une place spéciale à l'Association des Anciens, fondée en 1910. On rappelle l'historique et les buts de l'Association, on mentionne le président des Anciens, et on inclut le texte du chant l'Alma Mater. “Aux fêtes, ils [les anciens] sont nombreux pour chanter avec les élèves actuels le chant “national” dont le solo est toujours exécuté par un ancien.”

Le rôle des anciens élèves a été important dans les souscriptions qui ont permis les agrandissements de 1908, 1925, 1951 et 1960. Pour le Séminaire, il s'agissait là de reconnaissance envers l'Alma Mater.

 

Le prestige et la vocation régionale du Séminaire

Quel fut le prestige ou la renommée du Séminaire de Joliette par rapport aux autres collèges classiques? Nous avons posé cette question à un grand nombre d'anciens élèves ou d'anciens professeurs. La réponse est parfois positive, d'autres fois nuancée, selon les époques et les disciplines enseignées.

Une chose est certaine: le Séminaire se fait une haute idée de lui-même et de sa valeur. Quelques exemples le montreront.

Dans l'Annuaire de 1924-1925, le Séminaire défend son cours de sept ans, plus bref que celui des autres collèges:

     D'ailleurs les résultats obtenus aux concours intercollégiaux ou aux examens de l'Université prouvent que, sous ce régime, les élèves ne sont pas inférieurs. Le Séminaire de Joliette a remporté plusieurs fois le prix du prince de Galles, et l'an dernier encore sur 27 candidats, 25 étaient reçus bacheliers en rhétorique.

En 1944, le Conseil d'Administration a la conviction que le Séminaire de Joliette a été un leader dans l'enseignement des sciences. Si le Conseil vote 2000$ pour l'installation d'un laboratoire de biologie, c'est d'abord parce qu'il convient de fournir l'équipement nécessaire au père Alphonse Thérien, nouveau diplômé en biologie; mais,

     ..... [...] de plus, le Séminaire se doit de garder, parmi les collèges d'enseignement secondaire de la Province, le rang enviable qu'il s'est conquis dans l'enseignement des sciences, en prenant l'initiative dans l'enseignement de la biologie, comme il l'a fait avec succès en chimie et en physique.

La direction du Séminaire est aussi consciente que sa tradition théâtrale et musicale lui recrute des élèves. L'Estudiant, qui reflète bien la pensée officielle du Séminaire des années 1936-1950 par sa présentation luxueuse et son contenu à haute teneur artistique, ne laisse aucun doute sur l'importance des arts et de la musique au Séminaire de Joliette.

Cette perception avantageuse de sa valeur s'appuie sur les réalisations du Séminaire, sur les résultats scolaires de ses élèves et les succès de ses anciens élèves, sur la compétence et les publications de son personnel enseignant, et particulièrement dans les domaines des sciences, des arts plastiques, du théâtre et de la musique.

Le fait d'avoir été choisi pour figurer dans le film de l'O.N.F. Le Collège contemporain, en 1961, dans lequel le Séminaire “figure pour le tiers des images”, confirme ses prétentions.

Tous les témoins consultés sont d'accord sur un fait: vers les années 1930-1940 (la “grande époque”), plusieurs personnalités de grande envergure se sont rencontrées au Séminaire.

Les livres de comptes font grandement écho à ce désir d'excellence et soulignent les imposants investissements en hommes et en argent du Séminaire. En 1968, quand le Séminaire laisse la place au Cégep, il avait amplement dépassé le statut de “Collège de campagne” et le Cégep Joliette-De Lanaudière qui a pris la relève a profité de l'expertise du Séminaire de Joliette.

Un collège à vocation régionale

Le premier pas vers la régionalisation du Séminaire de Joliette fut accompli en 1904. En devenant “Séminaire diocésain”, le Collège Joliette se mettait davantage au service de la région. Son nouveau statut lui a été bénéfique et c'est à ce titre, sans doute, qu'il a pu devancer son émule, le Collège de L'Assomption, quant aux effectifs étudiants.

Entre 1915 et 1950, le Séminaire déborde largement la région de Joliette, alors que près de 40% de ses élèves viennent d'autres régions. D'un côté, cette vocation extérieure est flatteuse, parce qu'elle confirme que sa réputation est reconnue au loin.

À partir des années 1949-1950, le Séminaire se régionalise encore plus en mettant à la disposition du public adulte de Joliette et de la région son Service extérieur d'éducation.

Auparavant, la population adulte avait pu profiter de la salle académique et de nombreuses activités culturelles, le musée des sciences naturelles, le musée d'art et ses expositions de peinture, les concerts, les pièces de théâtre, les Jeunesses musicale, etc.

L'ouverture du Service extérieur d'éducation, mis sur pied en janvier 1949 offrit au public de Joliette et de la région les services de son bureau d'orientation, des cours dans de nombreuses disciplines, l'accès au studio d'art, etc.

Bientôt devaient s'ajouter la bibliothèque des jeunes, la bibliothèque des adultes, et à partir de 1960, la piscine et le gymnase.

L'impact économique et culturel

Peut-on vérifier l'hypothèse de Barthélemy Joliette, à savoir que son collège était indispensable au développement de son village de L'Industrie (ancien nom de la ville de Joliette)?

La taille qu'avait atteinte le Séminaire de Joliette en 1968 en avait fait un des plus importants collèges de la région de Montréal; comme on l'a vu plus haut, à certaines époques de son existence, le Séminaire allait chercher plus de 40% de ses élèves en dehors de la région de Lanaudière. À ce seul titre, le Séminaire apportait déjà une importante contribution financière à la ville de Joliette et à la région de Lanaudière.

Comme client, employeur, créateur d'industries culturelles, le Séminaire a-t-il réellement joué dans le secteur tertiaire un rôle économique équivalant à celui d'une P.M.E.? Les nombreuses industries culturelles qui sont issues du Séminaire de Joliette ont-elles eu des retombées importantes sur l'économie lanaudoise? Nous laissons aux lecteurs le plaisir de répondre eux-mêmes.

 

Les supérieurs du Collège et du Séminaire de Joliette (1846-1968)

Collège Joliette (1846-1904)

Séminaire de Joliette (1904-1968)

 

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