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Propos d'artistes sur la collection
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Un transfuge : de l'art aux
insectes

«Certains peuvent penser que j'ai été transfuge
quand je suis passé de l'art aux insectes.»


«En fait, je dois corriger cela.»

«C'est quand j'ai abandonné les insectes pour l'art que j'ai été transfuge.»

«Les insectes ont passionné toute mon enfance. Je les ai collectionnés. Je voulais être illustrateur d'insectes. Ils sont un peu comme des créatures d'un autre monde, je les ai connus tout jeune. Les premières années de ma jeunesse, je les ai passées à les collectionner. Cela a duré jusqu'à l'âge de 17 ans.»

[JdeT]

Lors du laboratoire-collection, Jacques de Tonnancour a témoigné de sa fascination pour le mouvement. Il a raconté, lors de son allocution, à quel point pendant son passage à l'École des beaux-arts il détestait dessiner des animaux empaillés, des sculptures de plâtre. Malgré cette forme obligatoire d'apprentissage, il s'obstinait à parcourir les bois afin de capter sur le vif, par quelques lignes, le mouvement d'un lièvre en pleine course.
Aujourd'hui, d'un côté il prend plaisir à observer les insectes en mouvement dans leur environnement réel, de l'autre il les collectionne en les rangeant morts, immobiles, les uns à côté des autres.

À l'occasion, il incorpore un spécimen dans une reconstitution fidèle de son habitat puis il le photographie. La bête est alors immortalisée dans une représentation visuelle donnant l'illusion que le photographe aurait surpris cet insecte à l'aide d'une caméra-vérité avant de s'en emparer.

Dans la collection, l'insecte répertorié, rangé, ressorti, rangé à nouveau, reclassé, le souvenir de sa présence dans son milieu contribuent à ce que chaque regard porté sur lui ne soit jamais le même.

Monsieur de Tonnancour est maintenant aux prises avec le fait de ne pas pouvoir montrer sa collection entière puisque ce serait trop long et que personne n'est intéressé à cela ni ne comprend les particularités reliées à toutes ses motivations et à ses choix de collectionneur.

En ce qui a trait à cette forme de deuil de la totalité et de la finalité, la collection et la construction d'une performance partagent une sorte d'affinité.

N'en est-il pas de même avec l'Internet ?

[ST]



Crédits
* Jacques de Tonnancour et des éléments de son diaporama lors de sa conférence, 5 mai 1993, photos Danielle Binet.
* Performance de Sylvie Tourangeau, Les temps de la mémoire, Galerie Axe Néo-7, Hull, 1988, photo Ghislain Blouin.



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