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Première église en pierre,

1750-1819

Après avoir remis en ordre les finances de la fabrique, le curé Degeay prend en main son projet de nouvelle église pour la paroisse. Il repère près du Portage, un site propice, facile d’accès par la rivière et à l’abri de la crue des eaux printanières. Sous seing privé, le 12 juillet 1748, il acquiert à ses propres frais, de Jean Beaudoin et de Thérèse Homier, son épouse...

" ... Un arpent Et demie de terre de front situé sur le bord de la Rivière de l' assomption sur laprofondeur qui se trouvera Depuis Le fosset De la Ligne Entre Jacque Vaine jusqueau Bord de Ladite Rivière de Lasomption, joignant dun cotté au Nord est. au Domaine de messieurs les Seigneur dud. Lieu Et au Sud ouest a Jean Baptiste Lesage, a La Reserve, Cependant, De Deux Emplacement Que Lad. Baudoin a Vendu a Jean Baptiste Senet Et Charle Neveu Qui sont sur ledit terrin Vandu... " (sic)

(Minute J.B. Daguilhe, Vente 5 avril 1752.).

 


Aquarelle représentant la première église en pierre de l'Assomption.
l'Originale de cette aquarelle a été acquise par un collectionneur ontarien.

 

Aujourd’hui cet emplacement occupe l’espace compris entre la rue Du Portage et une ligne imaginaire nord-est passant au milieu de la cour du couvent, puis entre la rivière jusqu’au milieu de la cour de l’école Marguerite-Bourgeois, au-delà de la rue Saint-Jacques.

Le curé Degeay fait planter une croix bien en vue au milieu de l’emplacement sur le coteau du Portage (possiblement où s’élève aujourd’hui le monument au Sacré-Coeur) pour annoncer à tous et sans équivoque son intention d’y édifier la future église de la paroisse. Au cours de sa visite pastorale le 9 juin 1749, monseigneur De Pontbriand, l’évêque de Québec, donne son accord " au projet de bâtir une église de pierre sur le coteau du Portage " et accepte " le terrain destiné à cet effet ". Cependant il demande au curé Degeay de formaliser sa donation du site par un contrat en bonne et due forme.

Le 20 juillet suivant, les habitants assemblés dans le vieux presbytère, procèdent à l’élection de trois syndics Blaise Juillet, Charles Prud’homme et Jean-Baptiste Lesage, " pour tout le temps de la bâtisse de l’église et du presbytère ". Chaque tenancier doit fournir une toise de pierre, dix planches, cinq madriers et deux poteaux de cèdre.

Degeay et les syndics Blaise Juillet et Charles Prud’homme passent chez le notaire Bouron le 2 mars 1750 après-midi, le contrat de maçonnerie.

L’entrepreneur, Toussaint Pénneau dit Lamarche, sera payé à la toise. Les travaux sont inaugurés le 23 juin 1750 lors de la pose de la première pierre.

Malgré quelques voix discordantes dans le Bas et le Haut-L’Assomption, l’entreprise arrive à terme et l’église à peine achevée est bénite le 28 novembre 1752 par messire Louis Normant de Faradon, supérieur du Séminaire de Montréal et grand vicaire de l’évêque de Québec. Une église de pierre en forme de croix latine domine maintenant le Portage, là où s’élève aujourd’hui l’église actuelle. Le pont des cloches, assis sur le faîte de la façade, est recouvert d’un toit temporaire. Les paroissiens seront à l’abri pour l’hiver mais le chantier est loin d’être terminé.

Dans les années qui suivent, la fabrique fait appel aux artistes de l’époque pour créer et élaborer l’ornementation de l’église. Gilles Boivin, Philippe Liébert, Paul Richard, François Guernon et Louis Champagne rivalisent de talent pour doter l’église de Saint-Pierre-du-Portage d’un décor intérieur digne de la maison de Dieu.

Un clocher neuf en bois est dressé vers 1770 au centre du portail de l’église. Pour solidifier et soutenir cette nouvelle structure, la paroisse doit élever deux piliers à l’intérieur qu’on dissimule par la construction du premier jubé.

Le clocher de l’église Degeay abrite bientôt un carillon de trois cloches qui rythment le quotidien des paroissiens, les convoquant aux rassemblements liturgiques ou aux assemblées de la fabrique et, subitement, clamant le départ d’un voisin, d’un ami ou d’un parent pour l’éternité. La paroisse commande en 1747 une première cloche au négociant Louis Charly-St-Ange, ami de la paroisse et du curé Degeay. Le sulpicien Gilbert-Alexis Favard, confesseur des soeurs de la Congrégation-de-Notre-Dame et confrère de monsieur Degeay, baptise la nouvelle cloche le 21 novembre 1749. Le parrain est messire Louis Normant, supérieur du séminaire des Sulpiciens et grand-vicaire du diocèse, la marraine, madame Marie-Ursule de Tonnancour, épouse du Sieur Louis Charly-St-Ange, bienfaiteur.

Grâce à la générosité du curé Jacques Degeay, deux autres cloches viendront se joindre à celle-ci. Dans son testament, en 1774, Degeay nous apprend qu’il avait acheté deux cloches dont la paroisse profite largement. L’une appelée " Catherine " est identifiée comme la seconde cloche et possiblement achetée au moment où Degeay bâtissait son église et bénite le même jour le 28 novembre 1752. Elle perturbera quelque peu la vie paroissiale des Assomptionnistes. L’autre, nommée " Louise " est désignée comme la troisième cloche, acquise à Londres en 1771, et qui chante encore aujourd’hui dans le clocher sud-ouest de l’église actuelle.

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