Une histoire de cloches

Degeay éprouve beaucoup de sympathie pour les Acadiens qu’il avait reçus dans sa paroisse. Il le démontre à la fin de sa vie, à l’Hôtel-Dieu, quand il dicte son testament, le 4 août 1774. Il donne et lègue la cloche nommée "Catherine" à la paroisse Saint-Jacques-de-L’Achigan. Mais comme cette cloche se trouve déjà dans le clocher de la paroisse depuis plusieurs années, le curé Degeay prend la peine de préciser dans son testament " que la dite église Saint-Pierre aura le privilège de garder la susdite cloche en en payant la valeur à la dite fabrique de Saint-Jacques ".

Après avoir reçu la requête de l’exécuteur testamentaire, messire Brassier, le successeur du curé Degeay, Pierre Huet de la Valinière, p.s.s., convoque une assemblée des anciens et nouveaux marguilliers, le 26 mars 1775, pour délibérer sur la demande et procéder à la remise de la cloche ou d’en payer la valeur à la fabrique de Saint-Jacques.

Arguant que cette cloche avait occasionné des frais par rapport au jubé ou appui pour soutenir la dite cloche, et que messire Degeay avait oublié à cause de sa santé défaillante qu’il l’avait presque donnée à la fabrique du Portage en la laissant installer au clocher de l’église, les marguilliers s’opposent à la requête de messire Brassier et refusent de laisser descendre la cloche.

Pour en finir avec le litige, le curé Huet de la Valinière fait dire aux habitants de Saint-Jacques qu’il leur laisse la cloche léguée par Degeay à la condition qu’ils viennent eux-mêmes la chercher au clocher (1) " La tradition a conservé le souvenir de cette fameuse descente qui prit tout juste un petit quart d’heure à ces vigoureux Acadiens. Ils déployèrent une force musculaire si étonnante que tous les spectateurs en furent stupéfaits! "

 

(1) (François Lanoue, Une Nouvelle Acadie, Saint-Jacques-de-L’Achigan, 1972. p.110)

 

 

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