La fête patronale, le 29 juin 1794

La coutume de célébrer le jour de la fête du titulaire de la paroisse nous vient de France. À L’Assomption, cette fête remonte au temps de Degeay. Dans les comptes du marguillier Louis Payette en 1769 apparaissent deux dépenses "pour avoir fait mener le prédicateur de la St-Pierre en ville " et " aux chantres pour la fête de la paroisse. "

Cette fête cause souvent dans la paroisse des désordres qui donnent bien des maux de tête aux curés. Ici, à leur requête, on supprime par "ordre de l’évêque la célébration de la grand-messe ce jour-là. Il n’y avait qu’une messe basse dite à six heures du matin après laquelle l’église était fermée pendant le reste de la journée."

La Saint-Pierre correspond chez nous avec la revue annuelle des membres de la milice. Tout homme de 18 à 60 ans doit se rapporter à L’Assomption, chef-lieu de la région. Cette journée du 29 juin rassemble donc une foule inhabituelle d’hommes qui, après la revue, se rencontrent, discutent politique, s’adonnent à la fête, comparent leur monture, engagent leurs chevaux dans des courses endiablées et tiennent des paris. Ensuite, ils prennent un, deux, trois... petits verres, qui les entraînent dans des discussions animées où des écarts de conduite surgissent spontanément.


Voici un extrait du livre de Pierre-Georges Roy, La Famille Tarieu De Lanaudière. Il illustre l’agitation qui peut survenir et troubler le décorum de certaines assemblées tenues le jour de la Saint-Pierre.

" Les officiers étaient montés sur une estrade pour haranguer la foule, afin de transmettre la teneur de la nouvelle ordonnance de milice adoptée le 31 mai 1794, pour la province de Québec. L’une des raisons était, qu’il valait mieux vivre avec les Anglais que d’être conquis par les Américains. Ces derniers mécontents se mirent à répéter : A bas les seigneurs, à bas les messieurs!... L’estrade s’effondre et durant ce pêle-mêle général, les officiers se relèvent et disparurent, seul monsieur De Lanaudière demeure sur place. Ce dernier, montant sur une clôture, prit la parole, et en termes énergiques se permit de reprocher aux gens leur conduite déloyale, et de leur exprimer tout le mépris qu’elle leur inspirait: le calme se rétablit.

Cet acte de bravoure de monsieur De Lanaudière produisit le meilleur effet sur les émeutiers, alors un des principaux meneurs s‘approche de lui, dit d’un ton insolent:

Il vous sied bien de nous parler ainsi lorsque vous avez vos pistolets en mains et votre sabre au côté!

Qu’à cela ne tienne! Reprit monsieur De Lanaudière, lançant en même temps ses pistolets au loin, après avoir tiré en l’air et brisant son épée en deux sur son genou, laissant tomber les tronçons à ses pieds.

À vous maintenant mes amis! Reprit ce dernier

Frappé d’admiration à la vue d’une telle intrépidité, personne ne se présente devant lui, au contraire de vigoureux applaudissements se firent entendre de toute part... ". (sic)

 

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