Suite de l'extrait d'un article sur le révérend Lepage

Aux grands maux, les grands remèdes, il n'attendit pas la réponse, il alla consulter un autre missionnaire colonisateur de l'Ouest qui lui conseilla de filer immédiatement, que le tout s'arrangerait, etc. Le lendemain soir, son billet acheté, il partait pour l'Ouest sans plus. Il fit halte à St-Boniface durant deux jours, espérant m'y rencontrer. En désespoir d'attente, il fila à Edmonton me rencontrant à mi-chemin. Dans son entrevue avec Monseigneur Legal, il montra à ce dernier une telle détermination de vouloir vivre que Monseigneur lui dit, en fin de cause, que le climat était très favorable à ce genre de maladie, cependant qu'il n'avait pas encore eu connaissance que ledit climat ait ressuscité les morts. « Tout de même, ajouta-t-il, vous pouvez rester; il y a une mission sur les bords du lac La Biche avec une chapelle et petite maison pour le prêtre. Vous pouvez vous y installer et si cela vous va, que le bon Dieu vous bénisse et vous ramène à la santé. »

Le dimanche suivant, il s'y était rendu après avoir parcouru plus de 190 milles en voiture d'hiver et avoir campé un soir à la belle étoile. Il s'y installa tant bien que mal, se mit hardiment et résolument à l'oeuvre, si bien qu'au mois de juin 1916, la chapelle avait été agrandie considérablement et le presbytère était prêt pour recevoir sa mère veuve et sa soeur qui vinrent de Montréal avec nous.

J'en étais tout confus; il me fallut y passer le dimanche et y prêcher. Les remerciements et les compliments du nouveau curé n'eurent d'égaux que les souhaits du visiteur sauveur.

Parti de la ville de Montréal, où sa santé ne tenait qu'à un fil, M. Lepage s'en venait dans une place nouvelle, où presque tout était à faire, où son amour des âmes allait trouver tous les éléments de sacrifices corporels, et où le dévouement pour lequel il était né allait avoir toutes les occasions de se produire.

Il devait trouver à Plamondon une toute petite chapelle et un tout petit presbytère qu'avaient construits les paroissiens sous les ordres du révérend père Boulenc, o.m.i. missionnaire de la région. Ce dernier était bien peu exigeant. Il dormait, paraît-il, dans les couvertures de ses chevaux, sur une paillasse d'où la paille était absente, et se contentait en tout, de s'empêcher de mourir dans le seul but de faire du bien. La fameuse pailliasse fut le lot du nouveau curé qui, après avoir soupé chez M. Amédée Richard, vint s'y coucher ayant son paletot pour couverture. Pourquoi n'a-t-il pas cherché à se loger temporairement dans le voisinage? Il voulait probablement commencer dans un sacrifice pour ses nouvelles ouailles et son ministère qui allait être si fructueux.

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