Tradition: CATHOLIQUE

Chapelle votive Cap-de-la-Madeleine
626, rue Notre-Dame, Cap-de-la-Madeleine (Québec) G8T 4G9

n 1659, Pierre Boucher, gouverneur des Trois-Rivières, érigea une chapelle au centre d'une "redoute" sur une terre que lui avaient concédée les Jésuites. Deux ans plus tard, il vendit sa chapelle aux Jésuites, la fit transporter et rebâtir sur le site de l'église actuelle du Cap-De-la-Madeleine. Ce modeste édifice, de 30 pieds par 18, dédié à Marie-Madeleine, servit à la mission pendant plus d'un demi-siècle pour les Indiens convertis.
Photo: D. Stiebeling

n 1714, Mgr de Saint-Vallier, évêque de Québec, déclara aux habitants "que son intention était qu'ils fissent paraître leur zèle pour l'honneur de la grande sainte, leur patronne en travaillant à lui bâtir une nouvelle église". La construction s'échelonna sur cinq ans, soit de 1715 à 1720.
L'église, de 60 pieds par 30, fut érigée selon un plan simple: la nef était terminée par un choeur en hémicycle. Une seule chapelle flanquant la nef et la sacristie était aménagé dans le rond-point, derrière l'autel. Ce n'est qu'en 1672 qu'on commença la construction de la sacristie actuelle, derrière le sanctuaire.
En élévation, l'église a conservé son apparence originale, du moins d'un côté. La petite chapelle y paraît comme une adjonction plutôt que comme un transept dégageant des croisillons de part et d'autre de la nef. En façade, même si les ouvertures sont conformes à celles mentionnées dans les archives, il est vraisemblable que celles-ci aient été modifiées au fil des années, tout comme le clocher d'ailleurs, reconstruit à plusieurs reprises. De façon générale, c'est la restauration de 1904 qui rendit à l'édifice son cachet ancien.


Photo: D. Stiebeling
'église du Cap-De-la-Madeleine, tout comme celle de Saint-Pierre de l'île d'Orléans, est un bon exemple de la première architecture paroissiale particulière au Québec, dévéloppée à partir des modèles européens. Dans ce sens, ce n'est pas un début mais déjà un aboutissement dans l'architecture religieuse de la Nouvelle-France.

n 1879, il fut question de démolir l'église pour faire place à un édifice nouveau. Elle fut conservée à la suite d'un voeu du curé, qui souhaitait un pont de glace sur le fleuve pour le transport de la pierre. Exaucé, le curé plaça l'église ancienne sous la protection du Très Saint-Rosaire. L'église nouvelle, construite d'après les plans de l'architecte trifluvien Jean-Baptiste Bourgeois, adopta le sanctuaire actuel comme chapelle dans le prolongement de son transept. Lorsqu'on construisit le sanctuaire actuel du Cap-De-la-Madeleine, d'après les plans de l'architecte Adrien Dufresne, on démolit l'édifice de 1879, pour le remplacer par l'annexe moderne qui flanque aujourd'hui le côté sud de l'église ancienne.

e décor intérieur a été entièrement refait lors des travaux de 1904. On a malgré tout recherché à conserver un cachet ancien en reconstruisant un retable et une voûte à l'image de ceux du XIXe siècle. Le tabernacle du maître-autel est cependant ancien et demeure la pièce maîtresse de ce décor intérieur. Selon toute vraisemblance, c'est une oeuvre française importante au XVIIIe siècle, même si elle a pu subir quelques modifications au fil des années.

ouvent cité comme une oeuvre de Pierre Boucher, le tableau historique du Rosaire est vraisemblablement une oeuvre du XIXe siècle, ou du moins a-t-elle été fortement altérée à cette époque.
Conservée comme chapelle votive, l'église du Cap-De-la-Madeleine a survécu grâce à cette vocation nouvelle. A ce titre, elle est, parmi toutes les églises anciennes du Québec, la plus visitée par les pèlerins du Canada et des États-Unis. Il reste à la faire connaître et apprécier par ceux qui l'ignorent et pour qui le Cap-De-la-Madeleine ne suggère que le sanctuaire moderne.

Bibliographie:
Anonyme, Cap-de-la-Madeleine, cité de l'avenir. Cap-de-la-Madeleine [s.édit.] -34p.
Anonyme, "Notes sur le Cap-de-la-Madeleine", In: BRH, vol. XXXIII, pp.96-97.
Breton, (père),Le Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières, 1937.
QQIBC, Fonds Gérard Morisset. Dossiers Cap-de-la-Madeleine, église.

Texte: Luc Noppen, Les Églises du Québec (1600-1850), Éditeur officiel du Québec, FIDES, 1977, p.86

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