Tradition: CATHOLIQUE

Sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré
10018 avenue Royale, Québec (Québec) G0A 3C0

ouis-N. Audet, un des architectes de la Basilique, la présente comme une "église à cinq nefs, avec choeur et chapelles absidiales". L'idée de construire "une grande église à cinq nefs viendrait de la cathédrale de Bourges, France. Et les architectes, dans leur intention première voulurent construire "une grande église, gothique dans ses proportions, mais romane dans ses détails". (ABSA 1950, p.342). Le style roman était peu connu à l'époque au pays, mais on commençait à le voir s'imposer sous l'influence de l'architecte américain Richardson. Des églises de ce style avait été construites aux États-Unis at au Canada anglais.

'intérieur de l'église n'a pas toujours été ce qu'il est aujourd'hui. Avant 1954, il consistait simplement en des murs asez dénudés avec, à la section des nefs, des structures en acier, qui faisaient partie de la charpente métallique, érigé en avril 1924, par la Compagnie McKinnon de Sherbrooke, sous la direction du contremaître, M. Désilets. L'ensemble de cette charpente métallique pèse 898 tonnes. Les responsables de l'entretien de la Basilique, les électriciens et les spécialistes en éclairage et en acoustique, qui ont accès au-dessus de la présente voûte, peuvent admirer la puissance de la structure métallique qui a été mise en place, il y a 50 ans.

n 1938, on coula la voûte centrale, le déambulatoire et les chapelles rayonnantes; ce qui ajouta un poids de 212 tonnes de béton. De 1947 à 1954, on revêtit de pierre toute la surface intérieure des murs et des colonnes, soit 41,040 morceaux de pierre, ajoutant ainsi un poids supplémentaire de 4,343 tonnes. À ce poids d 5,000 tonnes à peu près, d'autres additions ont été ajoutées par la suite, mais en quantité moindre. Si l'on ajoute à cela le poids du granit des murs extérieurs, on peut juger de la solidité des assises, sur lesquelles repose cette construction, que constitue la Basilique de Sainte-Anne-de Beaupré.
L'ensemble de la Basilique est aménagé pour accommoder à peu près 1,500 personnes assises, au cours des cérémonies, soit 1,372 dans les nefs et 123 dans le choeur.

Détail de la grande rosace
Photo: D. Stiebeling

La grande rosace
Photo: D. Stiebeling
lle mesure 23 pieds de diamètre et, comme dit M. J.T. Nadeau, ptre, elle est comme le "centre logique de toute la façade": "Inscrite sous les voussures du grand arc, flanquée des pinacles et des niches de contreforts d'angle des tours, la grande rose s'épanouit en ses menaux, centre logique de toute la façade".( ABSA, 1923, p.204)

Intérieur de l'église
Photo: D. Stiebeling

Voûte
Photo: D. Stiebeling

Scène de la vie de sainte Anne
Photo: D. Stiebeling
e travail de la décoration en mosaïque fut confié à deux artistes de Paris, Jean Gaudin et Auguste Labouret. Le premier travail fut réalisé en atelier, à Paris. Quand le programme décoratif fut à point, on se mit à assembler, selon les dessins, quantités de pièces de verre et de céramique, taillés avec grande précision. On collait ensuite sur la face, qui serait exposée à la vue, un papier fort; on numérotait avec soin les morceaux du gigantesque casse-tête et on expédiait le tout, par caisses, à Sainte-Anne-de Beaupré. On y avait déjà commencé à préparer la voûte, pour la pose. Il fallait d'abord boucharder la surface à décorer, c'est-à-dire faire les rainures dans le ciment pour faire adhérer l'enduit. Il restait à appliquer les pièces numérotées au bon endroit, puis lorsqu'elles avaient suffisamment adhéré à la surface, on humectait pour décoller le papier fort. Il restait ensuite à compléter la toilette finale, en comblant les vides laissés par l'assemblage des morceaux.


Vue de la nef
Photo: D. Stiebeling

Voûte
Photo: D. Stiebeling

Choeur de l'église
Photo: D. Stiebeling
n a choisi de décorer la voûte centrale en racontant la vie de sainte Anne, à qui l'église est dédiée. On se basa surtout, pour choisir les 26 scènes de sa biographie, sur le récit qu'on trouve dans le "Protévangile de Jacques", un livre du IIe siècle, qui compile les éléments traditionnels de la vie de la mère de Marie et grand-mère de Jésus.

ne exigence de la décoration en mosaïque c'est de respecter la fonction primordiale, qui est avant tout décorer un ensemble architectural; il faut lier la décoration à l'architecte. Le décorateur se plie à l'édifice qu'il décore, respecte les formes architecturales, mais cherche en même temps à donner une grande unité à son travail. D'autre part, par la suite de la distance où se fait la lecture du travail de l'artiste, soit à 85 pieds de l'oeil du spectateur, le mosaïste doit surveiller l'échelle, dans l'exécution de son travail: dimension des personnages, importance des éléments décoratifs, précision des inscriptions. Enfin, les exigences du respect des lignes architecturales imposent aussi le choix de la coloration. La couleur se doit être sobre, tout en étant bien mise en valeur sur un fond clair. On a choisi pour l'ensemble une sorte de tapis ocre et brun, rehaussé de rouges et d'ors. L'or toutefois n'est pas employé par masses, mais en sorte de semis d'accompagnement, et réparti de telle manière qu'il fasse scintiller la voûte, au hasard des intensités lumineuses qui l'éclairent.



Voûte de la chapelle
Photo: D. Stiebeling

Le Coeur Eucharistique de Jésus
Photo: D. Stiebeling
a Chapelle du Saint-Sacrement
La voûte est aussi décorée d'une mosaïque, réalisée par Auguste Labouret. Au centre de la voûte, un grand soleil d'or, puis une guirlande de blés et grappes de raisins. On peut y lire les paroles consécratoires: "Prenez et mangez, ceci est mon corps" et "Prenez et buvez, ceci est mon sang". Dans les écoinçons de la voûte, on voit quatre symboles: coeur couronné d'épines, globe du monde, coeur percé de la lance, calice et hostie.


a Chapelle de Notre-dame-du-Perpétuel-Secours
La sainte Vierge est invoquée chez les Rédemptoristes sous le titre de Notre-Dame- du-Perpétuel-Secours, d'après le nom d'une icône ancienne, conservée dans l'église de Saint-Alphonse, Via Merulana, Rome. Cette image a été confiée à la congrégation du Très-Saint-Rédempteur, par le Pape Pie IX, avec la mission de la faire connaître. L'image originale est une icône, ou peinture sur bois, couronnée d'une auréole précieuse. On a placé cette image au centre de la décoration de la chapelle, mais on l'a faite en mosaïque, pour l'accorder avec la décoration de la chapelle qui est en marbre et en mosaïque. L'image est encadrée d'une sculpture de Leone Tommasi, représentant six anges qui supportent l'image près du mur.

La Vierge du Perpétuel-Secours, Jean Gaudin
Photo: D. Stiebeling
ne mosaïque sert de fonds à l'image de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, sur le mur où se trouve placé l'autel. Sur le mur, qui fait face au déambulatoire on a représenté Notre-Dame-de-la-Paix, titre sous lequel la Vierge était invoquée au Congrès Marial d'Ottawa, en 1946. La chapelle a été offerte par l'archdiocèse d'Ottawa, Mgr Alexandre Vachon a voulu perpétuer le souvenir de ce Congrès. Aux côtés de la Madonne de Paix, on voit la cathédrale d'Ottawa, le Parlement, le Reposoir du Congrès Marial d'Ottawa et la Basilique de St-Pierre de Rome.


a Chapelle de Saint Joseph
La statue en bois de tulipier, sculptée par H. Angers de Québec, a été décorée par les Soeurs du Bon-Pasteur de Québec, sous la direction de Soeur St-Amédée. Elle est placée sur un socle en granit rosé.
La voûte est revêtue d'une mosaïque, créée et réalisée par Walter del Mitro. Au dessus d'une bande décorative, on voit une grande scène: l'Esprit-Saint, flanqué de deux anges aux ailes déployées, domine l'ensemble; le grand prêtre remet à saint Joseph, le bâton où des lys ont fleuri, pour manifester, d'après la tradition, qu'il a été choisi par Dieu, pour devenir l'époux de la Vierge Marie. Au bas de la voûte, on peut lire une inscription latine: "Egredietur virga de radice Jesse et flos de radice ejus ascendet et requiescet super eum Spiritus Domini", c'est-à dire "Une tige sortira de la racine de Jessé et une fleur pointera de cette racine. L'Esprit de Dieu se reposera sur elle".

La Chapelle de saint Joseph
Photo: D. Stiebeling


La Chapelle de La Grande Relique
Photo: D. Stiebeling
a Chapelle de La Grande Relique
Comme cette chapelle est la plus importante de la Basilique, on a voulu la faire belle et riche. La table de l'autel est faite de granit noir poli, avec filet de denticules sur la face et les côtés. La table repose sur six pilastres en onyx vert de Brésil de 14 pouces de largeur, avec deux minces cannelures en V… Le palier de l'autel est en marbre rouge stalatite, décoré d'ornements en marbre rouge, jaune et noir…Le mur est revêtu de marbre stalatite, et orné de colonnes en onyx mexicain de Pedrara, dont le fût a quatre pieds et six pouces de hauteur. Les chapiteaux de marbre blanc, qui surplombent ces colonnes, ont été sculptés par Leone Tommazi de Pietrasanta, Italie. L'onyx vient de la firme Merbès-Sprimont de Bruxelles.
a chapelle est voûtée en cul-de-four et décorée d'une mosaïque d'Auguste Labouret. On y voit le Père Éternel et en-dessous sainte Anne qui étend son manteau pour protéger les pèlerins, les malades et certains personnages, qui ont exercé un rôle important dans l'expansion de la dévotion à sainte Anne au pays: le Père Jean Tielen, un des premiers Rédemptoristes belges à travailler au Sanctuaire, le Père Lamontagne, qui a exploré le passé de sainte Anne, le frère Camille, le sacristain de l'ancienne Basilique et Mère Marie-Anne, fondatrice des soeurs de Sainte-Anne.

l y a plusieurs reliques de sainte Anne à Sainte-Anne-de Beaupré, comme on peut le constater lorsqu'il y a vénération solennelle de la relique, après la procession du soir. La première avait été donnée par Mgr de Laval lui-même et pendant longtemps on avait vénéré la "Grande Relique", apportée de Rome par Mgr Calixte Marquis et offerte au Sanctuaire par le Cardinal Taschereau. Celle qui est actuellement exposée à la vénérération est l'avant-bras de sainte Anne, provenant de la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs et offerte au Sanctuaire par le Pape Jean XXIII, le 3 juillet 1960.



Sainte-Anne-Auray
Photo: D. Stiebeling
a sainte d'Auray occupe le centre avec sa fille; au bas, se déroule une procession d'Auray, avec les costumes nationaux devant la Basilique. Le vitrail de gauche montre Nicolazic, avec la satue qu'il vient de trouver; au-dessus de Nicolazic, des marins en détresse. Le vitrail de droite représente Kériolet, le grand pèlerin d'Auray, avec la besace et le bâton de pèlerin. Le haut de la verrière de Kériolet continue la scène précédente: les marins retournent à la mer et font une pêche abondante. Ils offrent leurs filets remplis en reconnaissance" (Eugène Lefebvre, C.Ss.R., ABSA, 1949, p.198)
Au bas de la verrière, on peut lire: "Bonne sainte Anne, protégez France et Canada".

Sainte Anne, verrière du transept,
Auguste Labouret
Photo: D. Stiebeling

Bûcheron d'Abitibi, Pilot de St-Laurent,
verrière du transept
Photo: D. Stiebeling

Verrière du transept
Photo: D. Stiebeling

Maison de Dieu, au bas des fenêtres
simples du transept, du côté de
l'entrée du choeur
Photo: D. Stiebeling
n y a rappelé deux symboles qui se rapportent à l'église elle-même. La verrière rappelle son rôle de Maison de Dieu et Porte du ciel. Ces deux invocations sont tirées des litanies de la Vierge.

Texte: Samuel Baillargeon, C.Ss.R., Votre visite au Sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, Charrier et Dugal ltée, 1965

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