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Discours et messages du Greffier

NOTES POUR UNE ALLOCUTION DU GREFFIER À L’OCCASION DU FORUM DES SMA 2006

 

LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOI


Je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole au Forum des sous-ministres adjoints de cette année. Je remercie également les coprésidents, Karen Ellis et Marc Grégoire, pour leurs mots de bienvenue et leurs efforts, sans oublier les membres du comité de planification de cet événement. Le Forum joue un rôle important en plaçant la collectivité des sous-ministres adjoints en face de dossiers d’actualité, et en face de conférenciers stimulants exprimant des points de vue variés. Tout cela est important pour avoir un bon système d’élaboration des politiques et de développement organisationnel. Le thème et le programme du forum de cette année, « Le nouvel ordre du jour : Relations clés », répond absolument à ces critères.

À titre de fonctionnaires, nous devons aider le nouveau gouvernement à réaliser son programme avec professionnalisme, et cela en faisant abstraction de tout esprit partisan, car c’est là l’essence même de la fonction publique fédérale. Nous servons les Canadiens en servant le gouvernement au pouvoir.

Je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que les rapports que nous entretenons avec le gouvernement nous préoccupent davantage suivant une élection, car une élection entraîne un nouveau Cabinet, ainsi qu’un nouveau programme stratégique, des nouvelles priorités, et des nouvelles façons de procéder. C’est dans des circonstances comme celles-là que la fonction publique peut véritablement montrer sa force. Les fonctionnaires assurent la continuité. C’est donc nous qui avons la charge d’aider les nouveaux élus. Et nous faisons de notre mieux. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est comment nous le faisons.

Pour servir le gouvernement, nous nous appuyons sur diverses valeurs. L’intégrité et le respect comptent certainement parmi les plus importantes, de même que notre détermination à conseiller au mieux nos ministres respectifs, même si cela ne correspond pas toujours à ce qu’ils veulent entendre. En votre qualité de sous-ministres adjoints, vous vous trouvez constamment en première ligne, ce qui n’est pas toujours la position la plus confortable. Cela dit, le rôle clé que vous êtes appelés à jouer, fait de vous les garants du maintien des valeurs que je viens d’évoquer.

Tous les bons sous-ministres comprennent très tôt que leurs sous-ministres adjoints jouent un rôle crucial dans la réussite de leur ministère. Et tous les greffiers savent que la collectivité des sous-ministres adjoints est essentielle au succès de la fonction publique. Vous aidez à élaborer et à déployer le programme d’action du gouvernement. Vous administrez nos programmes et nos activités. Vous gérez nos quelque deux cent mille (200 000) employés. Pour bien des gens à l’extérieur du gouvernement, vous représentez le visage de la fonction publique.

En bref, vous jouez un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de la fonction publique fédérale. À titre de greffier, je compte sur votre engagement à l’égard de la fonction publique en cette période de changement, en cette période où nous devons rétablir notre valeur aux yeux des Canadiens et Canadiennes.

C’est la raison pour laquelle je suis avec vous aujourd’hui : pour parler de la valeur de la fonction publique et de ceux et celles qui la composent, et pour solliciter votre aide pour faire face aux défis que nous aurons à relever et aux occasions que nous devrons saisir. Je pense par exemple :

  • aux rôles, aux responsabilités et aux imputabilités à l’échelle de la fonction publique,
  • au travail d’équipe et à l’établissement d’une culture axée sur l’excellence,
  • au renouveau de la fonction publique,
  • à l’importance du leadership, et
  • à la planification stratégique à long terme, afin que nous soyons prêts aujourd’hui à relever les défis mondiaux de demain.

Rôles, responsabilités et règles d’imputabilité

Pour que les organisations soient efficaces, des rôles, des responsabilités et des règles d’imputabilité définis avec précision sont essentiels.

Tous les fonctionnaires sont parfaitement conscients de la part d’ambiguïté que comporte leur travail. Nous l’acceptons volontiers face à des éléments qui échappent à notre volonté, mais nous ne pouvons manquer de nous interroger lorsque cette ambiguïté découle de nos propres actions. Nous devons nous rappeler à cet égard que nous disposons de tous les moyens nécessaires pour bien expliquer nos décisions aussi bien que notre démarche.

C’est clair, peu d’entre vous le contesteraient. Cela dit, la plupart des personnes ici présentes rétorqueraient aussi que la réalité dans la fonction publique est trop souvent faite de mandats qui se chevauchent, de rôles imprécis, de responsabilités floues et d’une imputabilité partagée. Je comprends ces préoccupations, et je m’y rallie.

Les ministères doivent absolument se voir confier un mandat précis; ils en auront l’entière responsabilité, et ils devront rendre compte de l’utilisation des ressources mises à leur disposition ainsi que des résultats obtenus.

Prenons les organismes centraux. Les organismes centraux devraient assurer le contexte, la cohérence, la coordination et les remises en question. Ils dressent le cadre financier dans lequel les gouvernements exercent leur pouvoir. Ils instaurent un régime d’imputabilité qui détermine le fonctionnement du gouvernement. Ils établissent d’une façon générale le paradigme politique pour orienter l’élaboration des politiques. Dans ce contexte, le BCP fixe les priorités du gouvernement à l’échelle de tous les ministères, puis laisse ceux-ci faire leur travail en se basant sur ces priorités avec, pour compléter le tout, un rôle rigoureux de remise en question. Il ne faut pas toutefois que les organismes centraux fassent de la microgestion ou de la cogestion des dossiers. Ils devraient ajouter de la valeur, et non pas des étapes supplémentaires, au processus d’élaboration des politiques et des opérations gouvernementales.

La fonction publique actuelle a été édifiée petit à petit au fil des ans par des politiques vigoureuses, des pratiques solides et des employés hors pair. Malheureusement, à la suite des événements déplorables survenus au cours des dernières années, la fonction publique en général a perdu une partie de la confiance du public. Cette situation préoccupe les Canadiens, mais moins encore qu’elle ne préoccupe chacun d’entre nous. Dans le discours intitulé « L’imputabilité et la fonction publique » qu’il a prononcé le 23 mars, le Premier ministre du Canada a dit qu’il appuyait sans réserve la fonction publique fédérale et que son gouvernement axerait ses efforts sur un renforcement de l’imputabilité. Le gouvernement compte en fait, par le biais de mesures législatives et d’actions corrélatives, établir une approche fondée sur des principes pour être un gouvernement transparent et vigoureux axé sur l’imputabilité.

Tous autant que nous sommes, notre travail est évalué en fonction des résultats que nous avons réussi à obtenir avec les ressources qui ont été mises à notre disposition. Nous ne devons jamais l’oublier. Une vision claire de ce qu’il y a à faire et des moyens d’y arriver, la poursuite constante de l’excellence et la recherche de tout ce qui peut améliorer la vie des Canadiens et des Canadiennes : voilà autant d’éléments qui pourraient être pris en considération dans la réforme de cette institution dont nous faisons tous partie.

Mettre à l’honneur une culture axée sur le travail d’équipe et l’excellence

Un des éléments les plus importants de toute organisation qui a du succès, c’est la mise en place d’une culture axée sur le travail d’équipe chez tous les principaux intervenants. Malgré les nombreuses demandes concurrentes pour une place à la table du gouvernement, il ne faut jamais perdre de vue le fait que nous faisons tous partie de la même équipe.

Le nouveau gouvernement se fait un point d’honneur d’établir un nombre restreint de priorités en énonçant de façon très précise ses objectifs et en fixant des échéanciers précis de réalisation. L’accent mis par le gouvernement sur cinq priorités clés a des conséquences importantes pour la fonction publique. Sans être tous directement impliqués, nous allons appuyer collectivement ces priorités. C’est là l’essence même d’une culture axée sur le travail d’équipe.

Pour ce faire, diverses options s’offrent à chacun d’entre nous. La diversité est l’une d’entre elles : ne perdez jamais de vue l’importance d’une équipe capable de considérer tous les aspects d’une même question. Les politiques gouvernementales s’enrichissent toujours de la diversité des points de vue – linguistiques, géographiques ou culturels – exprimés par des représentants de plusieurs sphères d’activité. Dans le cadre du renouvellement en cours et de nos efforts pour recruter la relève, nous avons la possibilité de renforcer la diversité et d’en faire l’un des atouts de la fonction publique. 

D’autres facteurs importants sont les repères que nous nous fixons et le soin que nous apportons à l’accomplissement de notre travail. Dans ce contexte, l’attitude est importante. Chaque jour, deux questions fondamentales doivent retenir toute notre attention : est-ce que nous visons réellement l’excellence dans les politiques publiques et la fonction publique, et est-ce que nous nous montrons vraiment à la hauteur de la tâche à accomplir? Je crois, chers collègues, que nous devons faire de l’excellence notre quête.

Je compte sur vous pour m’aider à ancrer bien solidement l’excellence dans la culture de la fonction publique et dans le quotidien des fonctionnaires. Ensemble, faisons de l’excellence le point de référence en fonction duquel nous nous jugerons nous-mêmes ainsi que le travail que nous accomplissons. En établissant une norme d’excellence et en gérant cette norme, en montrant aux employés qui font un travail exceptionnel que nous reconnaissons leurs efforts, nous augmenterons non seulement leur fierté, mais aussi l’estime du public pour la fonction publique et pour les fonctionnaires. Il est important d’avoir une image de marque, et notre image de marque devrait être celle de l’excellence.

Renouveau de la fonction publique

Les difficultés démographiques que pose le vieillissement de l’effectif sont bien connues, mais on oublie trop souvent les possibilités qu’offre la réforme en cours d’amener les jeunes Canadiens et Canadiennes à s’engager dans une fonction publique vouée au changement, de convaincre la génération montante de tout ce qu’une carrière dans la fonction publique peut avoir de profondément satisfaisant.

Je fais appel à vous tous et toutes, mes chers collègues, pour m’aider à faire du renouveau de la fonction publique une réussite. Il est essentiel de réaliser des progrès au niveau du recrutement, du maintien en poste, de la planification de la relève et du transfert des connaissances. Le diagnostic est bien établi et le défi est clair. L’approche que nous devons maintenant adopter devrait être pragmatique, focalisée et axée sur les résultats. L’objectif n’est pas d’élever le niveau des attentes, mais d’obtenir des résultats tangibles.

Il est essentiel que nous recrutions les meilleurs candidats possible dans les établissements d’enseignement supérieur canadiens, et des candidats en milieu de carrière dans le secteur privé. Il est essentiel que nous les gardions dans nos rangs en leur offrant des expériences de travail qui tirent parti de leurs compétences et de leur expertise. Il est essentiel que nous les appuyions par le biais de politiques de ressources humaines et de formation répondant à leurs besoins professionnels. En outre, dans tous les ministères et organismes fédéraux, il est essentiel que nous mettions l’accent sur une culture axée sur le renouveau qui offre aux jeunes membres du personnel la possibilité d’assumer des niveaux plus élevés de responsabilité tenant compte de leur expérience et de leur potentiel. En bref, il est essentiel que nous réalisions une relève par la génération montante dans la fonction publique, dans le cadre du renouvellement d’une institution canadienne d’importance capitale.

Le leadership, la plus importante caractéristique d’un fonctionnaire

En avançant dans le XXIe siècle, il est crucial que nous tenions compte du fait que maintenant, plus que jamais, les fonctionnaires sont appelés à remplir des tâches d’une complexité croissante, dans une économie mondiale de plus en plus complexe. Le travail vingt-quatre heures par jour et sept jours sur sept est devenu une réalité mondiale. En quoi cela change-t-il le monde dans lequel nous vivons? En ce qui concerne les hauts fonctionnaires, ce changement exige une focalisation stratégique sur la voie dans laquelle nous nous engageons. Au lieu de tenter de tout régler à la fois, il est essentiel de concentrer nos efforts sur la réalisation de quelques tâches et de très bien les accomplir. Notre objectif doit être une fonction publique énergique et souple. Le plus important, cependant, c’est le leadership.

Le leadership ne consiste pas à prolonger les heures de travail ou à travailler plus dur, ni à prendre des responsabilités supplémentaires. Il consiste à mobiliser les employés et les clients, à fixer le programme d’action, à prendre des risques et à donner l’exemple. À ce propos, voici ce qu’a dit Henry Mintzberg, professeur de gestion à l’Université McGill : « Je conçois les vrais leaders comme des personnes qui incitent les autres personnes à s’engager. Ils les incitent à s’engager par leur sensibilité et par leur humilité parce qu’ils s’engagent eux-mêmes dans ce qu’ils font et ne le font pas pour leur profit personnel ». Un leadership vigoureux et efficace est essentiel à une fonction publique vouée à l’excellence. C’est aussi une qualité primordiale que nous devons tous posséder.

Une planification stratégique à long terme : être en avance sur son temps

Je voudrais terminer par quelques réflexions sur l’importance d’une planification stratégique à long terme dans la fonction publique. Dans un monde où les événements quotidiens paraissent souvent écrasants et où une semaine paraît une éternité, il est essentiel que la fonction publique ait en outre la capacité d’adopter une perspective à très long terme. Les tendances de demain ne devraient pas être une surprise pour nous aujourd’hui.

D’après la plupart des critères d’évaluation, le Canada est un pays extrêmement prospère qui réussit très bien. Ces résultats ne sont toutefois pas prédéterminés et il ne faudrait pas les prendre pour acquis non plus. Ils dépendent de la qualité de nos politiques et de nos institutions ainsi que de la qualité de nos ressources humaines et de nos richesses nationales. Dans un monde profondément planétaire, ils dépendent non seulement de l’orientation des politiques gouvernementales et des stratégies d’affaires, mais aussi de leur souplesse et de leur adaptabilité.

Comment rester en avance sur son temps? Comment rendre l’économie canadienne plus concurrentielle et plus productive au cours des prochaines années? Que faudra-t-il faire pour accroître la croissance de la productivité canadienne de façon soutenue dans le but de combler nos écarts de productivité par rapport aux États-Unis? Comment réaliser des progrès concrets dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre? Et, en ayant l’esprit davantage tourné vers l’avenir, comment s’assurer que nous pourrons faire concurrence à la Chine et à l’Inde au cours des prochaines décennies? Les éléments de réponse se trouvent apparemment dans une amélioration de notre capital humain par l’instruction et par la formation, dans le but d’avoir une des sociétés les plus instruites au monde, et dans l’édification d’une capacité de recherche-développement de stature mondiale, dans le but de créer constamment de nouvelles idées et de nouveaux produits. Cependant, toutes ces questions, et d’autres aussi, sont des questions stratégiques à long terme auxquelles il est essentiel de réfléchir dès aujourd’hui.

Conclusion

En guise conclusion, mes chers collègues, je pense que c’est une période très stimulante pour un fonctionnaire fédéral. Maintenant plus que jamais, nous avons l’occasion de jouer un rôle clé pour aider le gouvernement du Canada à aller de l’avant.

En tant que fonctionnaires, nous nous sommes engagés sur une voie semée d’embûches, mais jalonnée aussi d’occasions à saisir. Nous serons constamment appelés à revoir nos façons d’agir, à essayer chaque jour de faire encore mieux. Nous aurons à trouver un juste équilibre entre l’élaboration des politiques à long terme et, d’un point de vue plus pratique, la satisfaction des besoins immédiats, et c’est ensemble que nous y arriverons. Nous travaillerons à redorer le blason de la fonction public en montrant aux Canadiens et aux Canadiennes que nous savons allier pragmatisme et bon sens à notre quête d’idées neuves et d’excellence.

J’ai accepté l’invitation du Premier ministre de devenir greffier parce que je crois dans la valeur d’une fonction publique vigoureuse et efficace pour le Canada. Les responsabilités qui m’ont été confiées en tant que chef de la fonction publique, je les accepte avec humilité et j’entends m’en montrer digne. Je suis persuadé que le travail que nous accomplissons à titre de fonctionnaires est essentiel pour des millions de Canadiens et Canadiennes, d’un océan à l’autre. Il ne faut jamais perdre de vue le noble défi que nous avons à relever pour renforcer l’institution pour laquelle nous travaillons – la fonction publique du Canada. Je sais que je peux compter sur vous pour atteindre cet objectif. Soyez assurés par ailleurs que vous pouvez également compter sur moi.

Je vous remercie pour votre attention.

 

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Mise à jour: 2006-04-11  Avis importants