« Pourquoi l'immersion et l'enseignement
de la langue seconde seront importants
dans notre plan d'action »
Notes pour une allocution
de l’honorable Stéphane Dion
Président du Conseil privé et
ministre des Affaires intergouvernementales
Discours prononcé dans le cadre de la conférence
« Célébrons nos succès, partageons nos idées
et cheminons vers l'avenir »
Delta Ottawa Hotel and Suites
Ottawa (Ontario)
le 18 octobre 2002
L'allocution prononcée fait foi
Vu les responsabilités que le Premier ministre Jean Chrétien m’a
confiées à titre de ministre responsable de la coordination des langues
officielles, je ne saurais trop insister sur le fait que c’est pour moi un
honneur et un privilège d’être l’invité d’honneur d’une organisation
comprenant pas moins de 17 000 parents anglophones qui, chaque jour, s’efforcent
d’appuyer le fait français au Canada. Il y a déjà 25 ans que votre
organisation existe. Canadian Parents for French est encore très jeune, mais
vous avez déjà fait beaucoup pour les Canadiens.
Il est vraiment important que nous nous parlions, car mes collègues,
notamment Mme Sheila Copps, ministre de Patrimoine Canada, et
moi-même, sommes en train de préparer un plan d’action pour relancer la
politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada. L’année
dernière, à pareille date, j’ai rencontré Joan Netten, votre présidente
nationale. La lecture de votre rapport annuel de l’an dernier, intitulé «The
State of French Second Language Education in Canada» nous a guidés dans
nos réflexions et j’attends avec impatience l’occasion de prendre
connaissance du nouveau rapport que vous avez rendu public aujourd’hui.
Le Premier ministre Chrétien est convaincu que le français ne fait pas
seulement partie de notre patrimoine, mais qu’il constitue aussi, et surtout,
un élément clé d’un avenir prospère pour tous les Canadiens. C’est une
conviction qui vous anime aussi et c’est sur cette base que nous devons
renforcer notre partenariat.
Aujourd’hui, j’aimerais parler davantage de l’importance de ce que vous
faites pour vos enfants et pour l’avenir du Canada. Je commencerai par vous
rappeler trois faits élémentaires. Premièrement, il est bon d’apprendre une
deuxième langue. Deuxièmement, il est bon d’apprendre le français.
Troisièmement, le Canada, avec votre aide, a élaboré un modèle efficace pour
l’apprentissage des langues.
Cela dit, d’énormes défis se posent pour le bilinguisme au Canada, et j’en
parlerai en quatrième partie. Finalement, en cinquième et dernière partie, je
décrirai le rôle clé que l’apprentissage des langues secondes jouera dans
le plan d’action, en plus de tout ce que nous ferons pour le développement
des collectivités de langue officielle. Ce plan vous concerne au plus haut
point, et il importe que je puisse recueillir toutes vos suggestions.
1. Pourquoi apprendre une deuxième langue?
Le bilinguisme n’est pas un fait rare. On estime que la moitié de la
population mondiale est bilingue1. Chaque langue
inventée par l’homme fait partie d’un patrimoine culturel commun. L’apprentissage
d’une deuxième ou troisième langue a toujours été une source d’enrichissement.
À la Renaissance, une personne instruite parlait en général au moins trois
langues : le grec, le latin et sa langue maternelle.
Les avantages de l’apprentissage d’une langue seconde ont été bien
documentés au cours des trente dernières années2 :
-
les élèves qui parlent couramment deux langues obtiennent de meilleurs
résultats aux tests d’intelligence verbale et non verbale;
-
les élèves qui apprennent une deuxième langue réussissent mieux aux
épreuves de lecture, de langues et de mathématiques;
-
le fait d’apprendre une deuxième langue renforce les compétences de
la personne dans sa propre langue, que l’on pense à la lecture, au
vocabulaire, à la grammaire ou à la communication;
-
les élèves qui apprennent une deuxième langue ont une meilleure
sensibilisation interculturelle et s’adaptent mieux que les autres à
différents contextes culturels.
Dans notre monde moderne – un monde sans frontières où les Canadiens
sont de plus en plus appelés à interagir avec d’autres pays et d’autres
cultures –, la maîtrise de deux langues est un facteur déterminant pour
le succès de notre nation?
Pour chacun des Canadiens, et pour le Canada en tant que nation, c’est une
question d’enrichissement culturel, car le bilinguisme ouvre la porte à une
vision différente du monde. C’est également une question d’enrichissement
économique puisque le fait de parler deux langues nous ouvre plus de marchés
et de possibilités et facilite la mobilité des Canadiens, ce qui signifie que
nous pouvons intéresser ainsi les personnes qui possèdent les compétences
recherchées, peu importe où elles se trouvent.
Mais avons-nous seulement le choix? Permettez-moi de reprendre une
phrase-choc tirée d’un rapport des Nations Unies sur les politiques
linguistiques au XXIe siècle : on peut acheter n’importe
quoi dans n’importe quelle langue, dit le rapport, mais on ne peut vendre que
dans la langue du client. Nombreux sont nos concurrents qui ont compris cela
dans le monde. Les pays européens, par exemple, investissent de façon massive
dans l’acquisition de compétences linguistiques.
Je reviens tout juste de Finlande. Là-bas, une bonne proportion de la
population parle le finnois, le suédois et l’anglais, et il n’est pas rare
de trouver des gens qui parlent même une quatrième langue comme l’allemand
ou le français. Pourquoi la situation est-elle différente au Canada? À ce que
je sache, les Canadiens sont aussi intelligents que les Finnois.
Certains pourraient répliquer que les anglophones n’ont pas à se
préoccuper d’apprendre une autre langue puisque l’anglais est devenu la lingua
franca moderne. Certains prétendent même que l’anglais a acquis un
statut de langue internationale qui dépasse le statut dont jouissait le latin
dans l’Antiquité. Ils disent que c’est la langue des affaires, des
sciences, de la culture de masse, de l’Internet et ainsi de suite.
Beaucoup se disent : «Pourquoi apprendre une autre langue? Chaque fois
que je voyage et que j’essaie de dire quelques mots, les gens s’impatientent
et me répondent en anglais. » En tant que leaders dans le domaine de l’immersion
française, vous entendez probablement cet argument assez souvent. Je suis sûr
que vous répondez, comme je le fais, que l’apprentissage d’une deuxième
langue a une valeur intrinsèque et que, de toute façon, la vaste majorité des
habitants de la planète ne parle pas anglais.
Certaines populations anglophones comprennent très bien cela. Prenons l’exemple
de l’Irlande. Il a suffi d’une dizaine d’années aux Irlandais pour
transformer leur économie du tout au tout et faire place à la technologie de
pointe en investissant dans la formation des gens. Et si les Irlandais ont
réussi à s’imposer sur l’échiquier mondial, c’est notamment parce qu’ils
ont appris d’autres langues.
2. Pourquoi le français?
L’anglais et le français sont des choix logiques pour les Canadiens. L’apprentissage
de l’anglais est un choix tellement évident pour les Canadiens de langue
française. Ils choisiraient cette langue même si elle n’était pas celle de
leurs concitoyens, car l’anglais est la langue internationale par excellence.
Au Québec, qui est ma province, il y a actuellement un débat concernant l’opportunité
de commencer à enseigner l’anglais dès la première année. À l’heure
actuelle, l’enseignement de l’anglais n’est obligatoire qu’en quatrième
année.
Pour un Canadien anglophone, quel intérêt y a-t-il à choisir le français
comme langue seconde? Eh bien, le français est la langue maternelle d’un
Canadien sur quatre. De plus, le français est également une langue
internationale puisqu’on le parle un peu partout dans le monde. D’après les
estimations, il y aurait entre cent millions et deux cent cinquante millions
de francophones dans le monde. Vingt-cinq pays ont d’ailleurs le français
comme langue officielle.
Selon une étude Eurobarometer réalisée en 2001, la langue la plus
couramment parlée par les Européens en plus de leur langue maternelle est l’anglais
(41 %), suivie du français (19 %), de l’allemand (10 %), de l’espagnol
(7 %) et de l’italien (3 %). Autrement dit, presque le cinquième
des Européens non francophones disent connaître le français. C’est
également la deuxième langue en importance parmi toutes les langues
enseignées dans le monde. Et c’est la deuxième des langues le plus souvent
utilisées sur Internet.
Le français et l’anglais sont les principales langues de la diplomatie
mondiale. Le français est l’une des langues officielles des Nations Unies, de
la Croix-Rouge internationale, du Comité international olympique, de la
Communauté économique européenne, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique
Nord et du Bureau international du Travail.
De nombreux arguments militent en faveur du français langue seconde pour les
Canadiens d’expression anglaise. Comme le français est l’une des deux
langues officielles du Canada, nous avons le savoir-faire, l’expérience et
toutes les ressources pour promouvoir l’utilisation de cette langue. Apprendre
le français dans des conditions aussi favorables peut ensuite mener à l’apprentissage
d’autres langues. C’est l’une des raisons pour lesquelles, pour des motifs
purement pratiques, le français est le choix le plus fréquent de la majorité
de nos concitoyens anglophones qui décident d’apprendre une autre langue.
Plus de deux millions de Canadiens parlent le français comme langue
seconde.
Les Européens disent que quelqu’un qui parle trois langues est trilingue,
quelqu’un qui parle deux langues est bilingue et quelqu’un qui ne parle qu’une
seule langue est ... un Américain. Il est certain que le bilinguisme du
Canada constitue un avantage concurrentiel. La présence du français et de l’anglais
au Canada ouvre la porte à d’autres langues. C’est un net avantage que nous
avons par rapport aux Américains.
Les Canadiens sont de plus en plus conscients que c’est là une chance
unique et qu’il ne faut pas la rater.
Notre capacité d’enseigner le français aux anglophones et aux allophones
est un atout pour le Canada. Cette capacité sert de modèle ailleurs dans le
monde. Permettez-moi de vous parler un instant de ce qu’on a appelé le
modèle d’immersion canadien.
3. Le modèle canadien
Nos programmes d’immersion linguistique servent de modèle dans une
demi-douzaine de pays, à savoir les États-Unis, l’Australie, la Finlande,
Hong Kong, Singapour et l’Espagne.
Dans un rapport préparé en 1993 pour l’UNESCO par la Fédération
internationale des professeurs de langues vivantes, les auteurs mentionnent
que, grâce aux initiatives canadiennes et aux débats professionnels qu’elles
ont déclenchés, il est possible de formuler certains principes à recommander
à ceux qui désirent régler les problèmes actuels découlant du bilinguisme
de leur société.
Cette opinion était de nouveau confirmée en décembre 2000 dans un rapport
intitulé «Foreign Language Teaching: What the United States can
learn from other countries», préparé par le Center for Applied
Longuistics, où l’on pouvait lire, en substance : [traduction]« L’une
des expériences les mieux réussies et les plus largement étudiées en
éducation par immersion ces trois dernières décennies est celle du
Canada. »
Comme je le mentionnais, je reviens tout juste de Finlande, où notre modèle
d’enseignement par immersion a été importé. Un pionnier suédois de l’immersion,
le professeur Siv Bjorklund, disait que le programme n’existerait pas sans l’initiative
des parents. Nous avons besoin de ce type d’organisation nationale, comme l’association
Canadian Parents for French, pour favoriser l’expansion du programme d’immersion
en Finlande. En fait, les Finnois tirent parti de notre savoir-faire en
enseignement linguistique et obtiennent de meilleurs résultats que nous. Il est
certain que nous pouvons faire mieux au Canada.
Le plan d’action que le Premier ministre m’a demandé de préparer avec l’honorable Sheila Copps,
ministre du Patrimoine canadien, et tous mes collègues, tirera certainement
parti de nos points forts : nos collectivités de langues officielles et le
désir des Canadiens de participer pleinement à notre dualité linguistique.
Cela comprend évidemment le succès de nos programmes d’immersion en
français. Le Canada a besoin de votre savoir-faire, vous les membres de
Canadian Parents for French.
Chacun des organisateurs de la conférence et, en fait, chacun d’entre
vous, ont travaillé pour faire du Canada un meneur mondial éminent dans l’apprentissage
d’une langue seconde. Ce succès est dû à vos efforts constants et à l’engagement
pris par les familles canadiennes dans l’ensemble du pays.
4. Résultats impressionnants, défis à relever
Depuis un quart de siècle, nos progrès en tant que pays dans l’enseignement,
la promotion et l’utilisation d’une langue seconde ne sont rien de moins que
remarquables, si l’on tient compte d’où nous sommes partis.
En tant que ministre responsable de la coordination de la politique sur les
langues officielles, je suis parfaitement au courant de tout ce qui n’a pas
été fait et de ce qui reste à faire, et je n’ai pas l’intention de passer
outre. J’y reviendrai dans quelques instants.
Pourtant, je crois qu’il est utile, lors d’un anniversaire comme
celui-ci, de se réjouir, de regarder avec une satisfaction, bien justifiable,
les fondements solides que nous avons établis et de voir avec optimisme ce que
nous réaliserons en raffermissant nos initiatives futures.
Actuellement, 2,6 millions d’enfants, soit la moitié de ceux qui
fréquentent les écoles primaires ou secondaires du Canada, apprennent le
français ou l’anglais langue seconde. Environ 324 000 d’entre eux
sont dans des cours d’immersion en français.3
Actuellement, 24 p. 100 des jeunes Canadiens diplômés du
secondaire connaissent les deux langues officielles. Nous avons la génération
de jeunes Canadiens la plus bilingue de notre histoire. C’est une prouesse
exceptionnelle, si l’on songe qu’en 1981, seulement 8 p. 100 des
jeunes anglophones hors-Québec pouvaient parler français. Aujourd’hui 19 p.
100 de ces jeunes anglophones parlent français. Les progrès ont été
particulièrement étonnants dans les provinces à prédominance anglophone
comme l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador et la
Nouvelle-Écosse. Entre 1981 et 1996, le bilinguisme a connu une croissance de
plus de 100 % dans quatre provinces et territoires, et de plus de
50 %, dans six autres.4
Dans ma propre province, au Québec, les anglophones et les francophones,
parents et enfants, font mentir le mythe des deux solitudes. Au Québec, le taux
de bilinguisme chez les francophones est de 34 % selon le recensement de
1996. Parmi les anglophones, ce taux est passé de 37 % en 1971 à
63 % en 1996. En l’espace d’une génération, un nombre impressionnant
de Québécois d’expression anglaise sont devenus bilingues. Quel exemple pour
les autres Canadiens!
Ces résultats sont impressionnants, mais il y a encore des défis à
relever. Lors des consultations que j’ai tenues avec des enseignants de langue
seconde et divers intervenants, vous m’avez signalé une longue liste de
problèmes qui ne sont pas encore réglés. Vous savez comme moi que le manque
croissant d’enseignants dans l’ensemble du Canada se fait particulièrement
sentir dans des domaines spécialisés comme l’immersion en français. L’offre
est déjà inférieure à la demande pour les professeurs de langue seconde.
Les problèmes sont complexes et varient d’une région à l’autre. Il
existe toutefois des problèmes communs :
En tant parents et qu’enseignants, vous êtes les dernières personnes
auxquelles il faut rappeler que les problèmes sont semblables dans l’ensemble
du pays :
-
manque d’utilisation continue de la langue seconde;
-
échec du suivi jusqu’à l’université;
-
taux de décrochage élevé dans les écoles primaires et secondaires;
[Halsall et Cummings].
-
matériel scolaire inadéquat;
-
absence de ressources de récupération;
-
rareté des enseignants qualifiés.
Vous savez tout aussi bien que moi que la pénurie d’enseignants partout au
Canada se fait de plus en plus sentir et est particulièrement aiguë dans des
domaines spécialisés comme l’immersion en français. La demande d’enseignants
en langue seconde dépasse déjà l’offre.
De plus, l’érosion des effectifs pose également problème. Comme vous le
savez, les motifs de l’attrition sont multiples et complexes et comprennent
notamment un manque de variété dans les choix de cours et des problèmes dus
à la qualité des programmes. Toutefois, dans l’ensemble du pays, le nombre d’inscriptions
stagne depuis dix ans dans les programmes de langue seconde et se situe aux
environs de 50 p. 100 pour les cours essentiels des programmes d’immersion
en français et des programmes de langues. Actuellement, 7 p. 100 des
élèves admissibles dans l’ensemble du pays sont inscrits dans des programmes
d’immersion en français.
Nous devons travailler de concert pour veiller à ce que chaque enfant ait la
possibilité d’apprendre sa deuxième langue officielle.
Vous n’êtes pas seuls pour relever ces défis. Permettez-moi de vous
parler du plan d’action que le gouvernement fédéral prépare pour donner
plus de dynamisme à nos politiques des langues officielles.
5. Préparation d’un plan d’action pour le Canada
Lorsque le Premier ministre m’a demandé une première fois, en avril 2001,
de rajeunir et de redynamiser notre engagement, il m’a demandé de coordonner
la politique des langues officielles du gouvernement du Canada et de présider
un groupe de référence ministériel sur cette question.
Depuis lors, j’ai voyagé dans toutes les régions du pays, mené des
consultations, reçu nombre de mémoires et rencontré des représentants de
toutes les parties intervenantes intéressées, notamment Canadian Parents
for French. Les rapports annuels préparés par CPF, intitulés « The
state of French second language Education in Canada », nous sont très
utiles."
Au cours de mes consultations, j’ai rencontré en octobre dernier la
présidente nationale de CPP, Joan Netten.
Il y a trois semaines, dans le discours du Trône, le Premier ministre a
souligné à nouveau notre intention d’agir et d’imprimer vision et
leadership à la promotion des langues officielles.
Dans le discours du Trône, le Premier ministre a réitéré clairement cet
engagement : « La dualité linguistique est au coeur de notre
identité collective. Le gouvernement verra à l’application d’un plan d’action
sur les langues officielles mettant l’accent sur l’enseignement dans la
langue de la minorité et l’enseignement de la langue seconde, avec pour
objectif entre autres de doubler d’ici dix ans le nombre de diplômés des
écoles secondaires ayant une connaissance fonctionnelle du français et de l’anglais.»
[Discours du Trône, le 30 septembre 2002].
Pour parvenir à doubler dans la décennie qui vient le nombre de diplômés
bilingues au secondaire, compte tenu qu’actuellement, 24 p. 100 des
diplômés des écoles secondaires canadiennes connaissent les deux langues
officielles, le Canada devra investir dans l’enseignement en langue seconde. C’est
un objectif réalisable et nous devons l’atteindre.
Les ententes conclues avec les provinces dans le cadre du Programme des
langues officielles dans l’enseignement (PLOE) doivent être reconduites l’an
prochain, en 2003. Mme Copps travaillera de concert avec ses
homologues des provinces pour obtenir des résultats concrets, reposant sur des
objectifs déterminés conjointement. Nous savons tous à quel point Sheila est
l’avocate infatigable du bilinguisme dans notre pays. Tous reconnaissent sa
passion et sa croyance dans la nécessité d’appuyer et de permettre l’épanouissement
de nos deux langues.
L’Honorable Jane Stewart, ministre du Développement des ressources
humaines, a fait une priorité, dans la stratégie sur l’innovation et les
compétences, de doubler le taux de diplômés bilingues. Les ministres
travailleront en équipe dans le sens de cet objectif. Voici ce que nous devrons
faire :
-
attirer davantage d’élèves à s’inscrire dans les programmes d’enseignement
de la langue seconde;
-
augmenter le nombre d’enseignants à tous les paliers et relever leurs
compétences;
-
augmenter la qualité de l’enseignement de la langue seconde;
-
accroître la disponibilité de matériel scolaire, de ressources de
récupération et d’enseignants qualifiés;
-
fournir aux diplômés du secondaire des possibilités d’utiliser leurs
compétences en langue seconde par des emplois d’été, des programmes d’échange
et un accès accru à l’enseignement post-secondaire.
Nous avons l’intention de mettre en oeuvre, de concert avec nos partenaires
provinciaux, une stratégie visant à dynamiser l’apprentissage d’une langue
seconde au Canada. Cela comprendrait l’appui du gouvernement fédéral aux
projets ciblant les points suivant :
-
l’amélioration de l’enseignement de base de la langue seconde,
notamment l’appui au développement culturel et à la création d’instruments
pédagogiques, ainsi que de nouvelles approches innovatrices comme l’enseignement
intensif;
-
la relance de l’immersion en appuyant des initiatives et des mesures de
recrutement pour étendre l’accès aux programmes d’immersion;
-
l’accroissement du nombre d’enseignants qualifiés par la mise en
place de mesures visant le recrutement, la formation, la conservation de l’effectif;
-
l’appui aux mesures qui permettent aux diplômés d’utiliser la
langue seconde qu’ils ont apprise. Nous examinons des mesures visant à
accroître les échanges linguistiques et des incitatifs pour augmenter l’inscription
dans la langue seconde au niveau postsecondaire.
Conclusion
Je suppose que vous aurez déjà deviné que vous avez notre appui. Vous avez
déjà un partenaire décidé, le gouvernement du Canada. Dans les mois qui
viennent, je vous invite à me faire part de toutes vos idées. Nous nous sommes
fixé un but important, ambitieux même, mais il est, avant tout,
réalisable : doubler le nombre de diplômés bilingues du secondaire au
Canada, et, de façon plus large, tracer la voie vers la dualité linguistique
pour le siècle qui commence.
Je sais que nous avons l’appui des Canadiens. Huit personnes sur dix -- et
pas moins de sept personnes sur dix dans chaque province -- appuient la
politique du Canada en matière de langues officielles. Parmi les jeunes (de 18
à 24 ans), 91 % sont en faveur de la politique et appuient le bilinguisme.
Cette génération et celle de vos enfants a le droit de profiter pleinement de
son double patrimoine linguistique. Nous n’avons pas le droit d’y faire
obstacle.
Je sais que vous réussirez, car Canadian Parents for French a
consacré 25 années à prouver que les parents, dans l’ensemble du pays,
veulent que vous réussissiez.
Grâce à nos collectivités dynamiques de langues officielles, et avec la
participation de tous les Canadiens et particulièrement avec l’aide de
Canadiens comme vous-mêmes, nous sommes sur la première ligne de la dualité
linguistique, parents et enseignants. Le Canada réussira, in French et
en anglais.
-
Grosjean, François, Life with Two Languages: An Introduction to
Bilingualism, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1982.
-
Alberta Education, Government of Alberta, Impact of Second language
Education Study.
-
Données recueillies par le Centre des statistiques sur l'éducation de
Statistique Canada et publiées dans «Canadian Heritage: Official
Languages, Annual Report :2000-2001.»
-
Île-du-Prince-Édouard (170 %), Terre-Neuve-et-Labrador
(167 %), Territoires du Nord-Ouest (105 %), Nouvelle-Écosse
(100 %), Saskatchewan (88 %), Manitoba (82 %), Yukon
(77 %), Colombie-Britannique (72 %), Alberta (70 %) et
Nouveau-Brunswick (69 %).
-
Selon le sondage effectué par CPF dans les arrondissements scolaires,
65 % de ceux-ci connaissent actuellement un faible manque d'enseignants
en immersion française au niveau primaire, 71 % au niveau des
enseignants du secondaire et 93 % au niveau des suppléants. La plupart
prévoient que la situation se maintiendra ou s'aggravera. Le manque
d'enseignants du cours de base en français se fait particulièrement sentir
au niveau primaire (69 % signalent un faible manque). Il est moins
grave au niveau secondaire (49 % signalent un faible manque).
-
Selon l'étude sur le manque d'enseignants effectuée par CPF, juste un
peu plus du quart des arrondissements scolaires indiquent des difficultés
à retenir les enseignants du cours de français de base et plus du tiers
signalent des difficultés à retenir les enseignants en immersion
française.
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